Bonjour la secte ! Ce numéro de (Re)formule du jour est la suite du (Re)formule du jour sur L'invasion des Machines - Partie 1. On va donc continuer de s'intéresser à l'extension L'invasion des Machines ainsi qu'à l'extension Commander associée.
Cette semaine, on va se focaliser sur la capacité main-forte, sur des termes changeants ou inexistants, sur des remarques de design et sur de potentielles erreurs de formulation.
Capacité de main-forte
La capacité de main-forte est si inhabituelle qu'elle modifie deux règles fondamentales de formulation
Ordre des capacités
Ordre sans main-forte
Normalement, les capacités d'une carte Magic suivent un ordre assez précis. Par exemple :
- le Flash est généralement dans les premières capacités,
- une capacité qui se déclenche quand la créature arrive sur le champ de bataille est dans les premières, mais après toutes les capacités qui influent sur la façon de la lancer le sort (comme le Flash),
- et certaines capacités qui offrent des alternatives à la carte sont plutôt mises à la fin, comme la Folie ou le Recyclage.
Or, la capacité Main-forte est la première capacité à s'intéresser à l'ordre des capacités. En conséquence, les cartes qui possèdent cette capacité font des entorses à l'ordre usuel. C'est ainsi que le Yeti fracasseur de cordillère a sa capacité de recyclage en premier, ce qui ne serait pas justifié s'il n'avait pas la Main-forte, comme le montre le Batailleur de la milice du fourneau.
« Cette créature »
En temps normal, une créature fait référence à elle-même en s'appelant par son nom. J'avais eu l'occasion d'en parler dans le (Re)formule du jour sur Innistrad, chasse de minuit, paragraphe Carte non-référencée par son nom. L'idée est que si appeler la créature par son nom risque d'embrouiller les joueurs, alors on évite. Par exemple, sur le Fouineur de hangar, si la capacité disait « À chaque fois que le Fouineur de hangar devient engagé, vous pouvez vous défausser d'une carte. Si vous faites ainsi, piochez une carte. », et qu'on donnait cette capacité à Yargle et Multani, on aurait pu penser que la capacité sur Yargle et Multani se déclenche quand le Fouineur de hangar devient engagé, ce qui n'est pas le cas d'après les règles. Pour éviter cette confusion plus que compréhensible, il a été décidé d'écrire « cette créature ». Cela vient s'ajouter à la liste des exceptions qui utilisent « cette créature », qui comprenait déjà les créatures avec la mutation, les cartes qui se transforment, les cartes d'Unfinity qui ont des noms à trous et les stickers.
Une conséquence de cette formulation est que certaines cartes deviennent ambigües. Par exemple, Brille-paume, éveilleuse de l'âme dit « À chaque fois que cette créature attaque, doublez le nombre de marqueurs +1/+1 sur une créature ciblée. Cette créature ne peut pas être bloquée par des créatures de force inférieure ou égale à 2 ce tour-ci. » On ne sait pas si la deuxième occurrence de « cette créature » (en gras) fait référence à Brille-paume, éveilleuse de l'âme ou à la créature ciblée. Cette ambigüité est propre au français, car l'anglais distingue "this creature" (« cette créature » dans le sens « la créature sur laquelle cette capacité est imprimée ») de "that creature" (« cette créature » dans le sens « la créature dont on vient de parler »). Cette distinction est perdue en français. Dans le cas de Brille-paume, éveilleuse de l'âme, l'anglais utilise "that creature", ce qui signifie que c'est la créature ciblée qui aura la Capacité d'évasion.
Termes changeants et non-existants
Le vocabulaire de Magic évolue pour le bonheur des funcardeurs, ou pas.
Le chaos s'ensuit
Après
La formulation « À chaque fois que vous obtenez » est devenue « À chaque fois que le chaos s'ensuit ». Cela permet de faire en sorte que le chaos s'ensuive autrement qu'en obtenant le symbole sur le dé planaire, comme c'est notamment le cas sur le cycle des Voies de L'invasion des Machines Commander (Voie de l'animiste, Voie de la pyromancienne, Voie du conspirateur, Voie de l'énigme et Voie de la chasseuse de fantômes)
Permanent bicolore ?
Malheureusement, le terme bicolore n'existe pas encore, comme le montre le Parangon du Pacte des Guildes qui utilise la formulation « qui a exactement deux couleurs ».
Formulation et design
Certaines formulations étranges reflètent des volontés de designs plus ou moins importantes.
Ce sort ne peut pas être copié
C'est la première fois qu'une capacité dit « Ce sort ne peut pas être copié. » On sent l'importance de cette capacité sur la carte Voir double. Sans elle, on pourrait la copier avec sa propre capacité (enfin, la capacité d'un deuxième Voir double, car un sort ne peut jamais se cibler lui-même), et faire un nombre arbitrairement grand de copies de créatures (dans le cas où l'adversaire a plus de huit cartes dans son cimetière).
Défausser vers le cimetière
La dernière capacité de Kogla et Yidaro demande de défausser Kogla et Yidaro pour détruire une cible, puis pour mélanger Kogla et Yidaro depuis notre cimetière dans notre bibliothèque. C'est étrange de préciser « depuis votre cimetière », sachant que Kogla et Yidaro se trouvent forcément dans notre cimetière puisqu'on vient de le défausser. En fait non, il est possible que Kogla et Yidaro ne soient pas dans notre cimetière, par exemple si notre adversaire contrôle Repose en paix. Dans ce cas, cette précision permet de laisser Kogla et Yidaro en exil et de ne pas le mélanger au cimetière, et donc de ne pas contourner l'effet de Repose en paix. Cela permet aussi d'éviter des interactions insolubles dans le cas où la carte est défaussée vers une zone cachée, comme avec Roue du soleil et de la lune. Cette façon de formuler est en fait la norme, comme le montre le Sac sans fond et le Convertisseur de devises.
Erreurs de formulation
Certaines formulations sortent de la norme sans qu'il y ait de réelle raison.
Cette cible
Le Barrage lithomantique formule « Le Barrage lithomantique inflige 1 blessure à une cible, créature ou planeswalker. Il inflige 5 blessures à la place si cette cible est blanche et/ou bleue. » Normalement, la formulation devrait être « Le Barrage lithomantique inflige 1 blessure à une cible, créature ou planeswalker. Il inflige 5 blessures à la place si ce permanent est blanc et/ou bleu. », comme sur Flamme déchiqueteuse, Mains brûlantes ou Défaite de Chandra. La formulation « cette cible » est à éviter, et à n'utiliser qu'en dernier recours. Le seul autre cas est Éclairer la nuit (« Éclairer la nuit inflige X blessures à n'importe quelle cible. Il inflige X plus 1 blessure à la place si cette cible est une créature ou un planeswalker. »), où l'utilisation est cette fois-ci inévitable, car la cible peut être de n'importe quel genre (joueur, créature, planeswalker et même bataille désormais).
Qui n'est pas un dieu
Héliode, l'Aube radieuse parle d'« une carte d'enchantement ciblée qui n'est pas un dieu ». Pourquoi ne pas simplement dire « une carte d'enchantement non-dieu ciblée » ? Au début, je pensais que c'était parce que dieu est un type de créature et non un type d'enchantement, et que pour je ne sais quelle raison, on aurait voulu éviter de caractériser une carte par un type qu'elle ne peut pas avoir normalement. Mais Gideon, l'assermenté fait exactement ça, en parlant de « deux créatures non-Gideon », où Gideon est un type de planeswalker et non de créature. J'avoue donc ne voir aucune raison pour formuler de la sorte.
La tournure « qui n'est pas [caractéristique] » est utilisée vraiment dans des circonstances exceptionnelles :
- quand la caractéristique fait plusieurs mots (comme « de toutes les couleurs » sur le Maelstrom iridien),
- quand on parle de « n'importe quelle cible » (comme sur le Dragon rouge furieux),
- ou à la rigueur, quand il y a beaucoup de caractéristiques à exclure (comme sur Rakdos, le clou du spectacle, qui exclut les démons, les diables et les diablotins ; quoique la formulation « non-démon, non-diable, non-diablotin » aurait été possible, comme sur le Mot de pouvoir mortel).
C'est tout pour L'invasion des Machines, à la prochaine !