La part de fantaisie dans un monde comme celui de Magic a besoin d'inspiration. Or nos lointains ancêtres n'en manquaient pas. C'est pourquoi tous les plus grands auteurs de notre histoire qui ont écrit des mondes fantaisistes ont immanquablement recours aux mythologies anciennes, et notamment antiques puisque c'est celle-ci qui est à la base de notre patrimoine culturel commun. La preuve en est que tout le monde connaît ici dans les grandes lignes au moins l'œuvre d'Homère (et je ne parle pas ici de Simpson mais du poète du VIIIè siècle av. JC auquel on doit l'Iliade et l'Odyssée). D'ailleurs, Odyssée n'est-il pas le nom d'une édition Magic parue en 2001 ? Cocasse lorsqu'on sait que le mot Odyssée veut en fait dire en grec ancien Ulysse. Mais ce qui est intéressant ici, c'est que ce mot est passé dans le langage commun pour prendre un autre sens que tous les amateurs de fantaisie n'hésite plus à s'approprier. Une Odyssée, c'est une aventure, un voyage qui nous immerge au plus profond d'un monde magique, peuplé de mythes et d'histoires extraordinaires. C'est pour ça qu'on a besoin d'un lien entre les cartes, qu'une histoire relie les créatures légendaires, que les textes d'ambiance participent à la réussite d'une carte, car cela les inscrit dans le mythe Magic.
Oui, nous pouvons le dire, parce que Magic a ses mythes. Parce que c'est un monde de Medieval Fantasy, il est légitime d'y trouver des sources d'inspiration issues comme partout ailleurs de la religion polythéiste, notamment de la Grèce antique. On retrouve les mêmes références chez J.R.R. Tolkien, G.R.R. Martin, David Gemmell et même chez J.K. Rowling.
Tiens ! Et tant qu'à parler d'inspiration, utilisons aussi cette expression des artistes qui peignent souvent les mêmes modèles : leurs muses. MTG aussi a ses propres muses ! Aujourd'hui, je vous propose de (re)découvrir les 5 muses qui ont pu charmer tous les amateurs de l'édition Légions sortie en 2003.
A la base, les muses de l'Antiquité sont les filles de Zeus et de Mnémosyne, déesse de la mémoire. C'est donc normal qu'on se souvienne d'elles. Selon Hésiode, elles sont 9 sur le mont Olympe et sont les gardiennes des arts. Citons par exemple Clio déesse de l'histoire ou encore Uranie pour l'astronomie. Quoiqu'il en soit, les muses à l'image d'Euterpe sont dans l'imaginaire collectif toujours étroitement liées à la musique, à la danse et à la poésie. Et c'est ici ce que reflète le texte d'ambiance des 5 muses de l'édition Légions qui ont chacune leur couleur. Sur chacune de ces cartes, on voit une légende parler du pouvoir de leur voix (sauf pour la rouge).
Commençons par la Muse née des tombes, charmante au demeurant mais redoutable pour celui qui l'utilise.
On parle-là d'une zombie 3/3 pour un coût de . Sa capacité est pour le moins à double tranchant.
Au début de votre entretien, vous piochez X cartes et vous perdez X points de vie, X étant le nombre de zombies que vous contrôlez.
Personnellement je l'adore lorsque je joue avec mon deck zombie (voir cliquer ici) parce qu'elle me permet de piocher de nombreuses cartes créatures et de disposer de beaucoup de zombies en main de façon assez rapide. Ceci peut être très avantageux lorsque vous avez en main Horrible résidu par exemple qui dispose de cette capacité clé Amplification . C'est d'ailleurs une des seules façons à mon sens d'utiliser à bon escient ce zombie-là qui, lorsqu'on l'a en main, affiche un très inquiétant 0/0 ! D'ailleurs, elle est la seule des 5 à être deux types de créatures à la fois. Si toutes ses homologues ne sont qu'esprit, elle est esprit et zombie, ce qui a un intérêt certain lorsqu'on possède Celui-qui-n'a-pas-d'âme.
Quoiqu'il en soit, je conseille fortement à quiconque veut utiliser Choupinette (c'est le surnom que je lui ai donné) d'avoir une autre créature en jeu ou un sort en main capable à tout moment de la sacrifier, du genre Frappe-crâne ou le Moissonneur de cadavres. Ne comptez pas sur votre adversaire pour vous en débarrasser comme je l'ai déjà escompté une fois tant elle me tirait dans les flancs. Ce dernier s'est fait un malin plaisir à me voir souffrir jusqu'à ce que mort s'en suive. C'est le petit côté kamikaze cette muse-là !
Esthétiquement, je trouve la carte magnifique. Elle avance entre ses vêtements en volute blanc devant un clair de lune et dans le dos d'une autre créature noire (un esclavagiste de la coterie ?). Elle a quelque chose de spectral et nous lance un regard assez terrible. Une sorte de beauté fatale qui fait payer cher le fait de la côtoyer. Malheureusement, Il faut reconnaître qu'elle est difficile à utiliser. Et c'est la raison pour laquelle malgré tout, elle est sans doute la moins intéressante des 5 muses de cette édition. D'ailleurs cette carte fut très peu rééditée par la suite.
Vient ensuite la muse née de la lave, originaire des montagnes et donc forcément liée à la couleur rouge. Comme la précédente, elle est une 3/3, mais sa capacité est différente.
Au début de l'entretien de chaque adversaire, si ce joueur a deux cartes ou moins dans sa main, La Muse née de la lave inflige 3 blessures à ce joueur.
Elle oblige généralement votre adversaire à ralentir le développement de son jeu, le contraignant à réfléchir à deux fois avant de poser ses cartes. Elle est donc redoutable contre les decks à développement rapide qui ont tendance à déverser rapidement toutes leurs munitions sur le champ de bataille. Qui plus est, elle n'est pas excessivement chère à la vue de sa capacité et de son 3/3 tout à fait honorable.
Question ambiance, nous restons dans ce que l'on a déjà pu voir ci-dessus, la muse apparaît sous la forme d'un spectre sous des giclées de lave. On est donc pile dans la bonne thématique bien évidemment. Le bas de son corps vaporeux nous rappelle bien que nous avons affaire à un esprit. Son visage et ses boucles d'oreilles lui donnent un charme oriental. Notons le texte d'ambiance qui, et c'est la seule dans ce cas, n'est pas une citation d'une carte légende. Il faut dire que pour la couleur rouge, la légende est dans l'édition Légions Rorix ailelame. Et il semble que ce dragon ne sait pas parler. On a donc choisi de faire parler ici un obscur lavamancien, Matoc, qui n'a pas d'autre existence dans l'univers Magic.
La muse née des rêves se place à la suite de cette présentation. Toujours pour un coût de , vous disposez cette fois d'une 2/2 (c'est la plus faible de toutes les muses) dotée d'une capacité là encore assez puissante.
Au début de l'entretien de chaque joueur, ce joueur meule X cartes, X étant le nombre de cartes dans sa main.
Bien sûr, sur la carte originelle de l'édition Légions, le terme Meuler n'est pas utilisé puisqu'il n'existait pas encore dans les règles officielles. La définition du lexique des Magiciens Fous l'explique très bien. On retombe là sur une carte à double tranchant puisqu'elle s'applique aussi à soi-même. Cependant, si on peut anticiper suffisamment son coup, on peut limiter cet effet en posant bien sûr le maximum de cartes avant d'invoquer la musé née des rêves. Une nouvelle fois, elle peut infliger de terribles dégâts à un propriétaire de la muse née des tombes ou à un deck doté de grosses cartes bien chères. Mais si vous additionnez cette carte à la meule, déjà de nombreuses fois éditées à cette époque et à une créature qui est sortie quelques mois après, à savoir le maître de la guilde du corbeau, alors la pioche de votre adversaire devrait fondre comme neige au soleil. Malheureusement, l'ensemble de ces cartes restent relativement vulnérables et il est difficile de fonder entièrement sa stratégie là-dessus. C'est pourquoi il paraît impératif de booster la muse née des rêves pour qu'elle soit plus solide et surtout enchanter avec le vol par exemple le maître de la guilde des corbeaux.
L'illustration de la muse née des rêves a de nombreux points communs avec sa cousine noire. Et pour cause, les deux ont été dessinées par la même personne : Kev Walker. Dans les deux cas, on a affaire à une ambiance assez crépusculaire avec cette belle lune en arrière-plan qui vient renforcer leur aspect fantomatique. Leur silhouette et leurs vêtements se ressemblent et on retrouve la même recherche de réalisme dans les détails du corps. Bref, à mon sens, nous sommes là en présence des deux plus belles muses éditées en cette année 2003 même si l'on peut parfois déplorer les limites de leur utilisation. Mais ça claque de poser l'une de ses deux cartes dans son jeu.
Passons maintenant à la muse née des vents issue comme le montre son illustration de la plaine.
Mais son appartenance au blanc est moins flagrant que ses sœurs puisqu'elle ne réclame qu'une plaine alors que les autres muses nécessitent deux manas de couleurs définis (sauf la muse née de la lave). Donc, pour un coût de , vous obtenez une belle petite créature 2/3 qui vole ! Logique puisqu'elle est portée par les vents. Sa capacité additionnelle reste cependant aussi fort intéressante :
Les créatures ne peuvent pas vous attaquer à moins que leur contrôleur ne paie pour chaque créature qu'il contrôle qui vous attaque.
C'est un véritable obstacle à un deck très offensif du type gobelin qui appelle à des attaques incessantes de petites créatures assez peu puissantes qui comptent plus sur le nombre pour vous faire mal. Elle permet de canaliser les offensives adverses et participent ainsi grandement à votre défense.
La puissance de cette carte est reconnue d'ailleurs puisqu'elle a été rééditée à sept reprises depuis 2007. Mieux, un enchantement copie mot pour mot sa capacité pour un coût de . Il s'agit de la prison fantomale sortie sous l'édition Guerriers de Kamigawa en 2004, elle-même rééditée par la suite 14 fois ! On a la même chose donc avec la muse née des vents mais qui a en plus l'avantage d'être une créature avec le Vol 2/3, ce qui la rend néanmoins un peu plus vulnérable.
Cette muse-là est illustrée par Adam Rex, une référence de premier plan aux Etats-Unis pour cet auteur célèbre de livres de jeunesse et dont l'une des œuvres a figuré, excusez du peu, au New York Times best seller. Il est aussi l'auteur de l'illustration de la dernière des muses dont nous n'avons pas encore parlée, la muse née des graines. On voit d'ailleurs de nombreux points communs entre ces deux. Elles ont un peu le même visage, le positionnement des bras pour l'une, de la cape pour l'autre nous donnent l'impression qu'elles sont en train de voler, de planer grâce à une certaine forme de légèreté qu'on pourrait appeler de la grâce ; chose que l'on ne retrouve pas du tout chez les trois autres muses. C'est sur ce genre de détail que l'on voit la patte d'un dessinateur et ce qui peut donner autant de caractère à une carte. Et à la fois, nous retrouvons dans leurs yeux vides quelque chose d'un peu effrayant, d'implacable (c'est d'ailleurs le terme que l'on retrouve dans le texte d'ambiance). C'est peut-être cet ensemble qui explique le grand succès de la muse née des vents dont l'illustration est toujours restée la même malgré les nombreuses rééditions.
Arrive enfin la dernière des cinq muses de l'édition : la muse née des graines qui est sans aucun doute la plus puissante des 5. Elle vient de la forêt comme son nom le laisse penser et coûte un poil plus cher que les autres muses, soit . Mais bon, c'est une habitude pour les decks verts de payer le prix fort pour des créatures puissantes, notamment les bêtes qui à cette époque font passer 5 manas pour de la petite monnaie (au hasard l'écorche-nuage krosian et son coût ). Il est donc fréquent de trouver pour cette couleur des moyens d'augmenter artificiellement sa réserve de mana comme avec le canaliseur de Brinbois ou l'elfe de Brinbois. Mais une fois que vous l'amenez en jeu, alors là attention. Vous disposez d'une 2/4 qui vous offre une capacité bien plus puissante que la simple Vigilance (pour rappel, ce mot-clé n'existe pas encore dans les règles de l'époque) et qui affecte toutes vos créatures !
Dégagez tous les permanents que vous contrôlez pendant l'étape de dégagement de chaque autre joueur.
Concrètement, ça veut dire que non seulement vous avez la Vigilance pour toutes vos créatures, ce qui est déjà énorme, mais que cela marche aussi pour les autres types de Permanent comme les enchantements et surtout vos terrains ! Vos éphémères et les capacités de vos créatures peuvent donc être utilisés à plusieurs reprises dans un tour de jeu, même si vous vous êtes servi au préalable de toute votre réserve de mana. C'est juste énorme ! Et en plus, si vous faîtes une partie multi-joueurs, l'intérêt de la muse née des graines est décuplé. En fait, vous ne vous arrêtez jamais de pouvoir jouer et vous restez grâce à cette simple carte une menace constante. Une vraie plaie, quoi. Qui plus est, son endurance de 4 la rend plus difficile à éliminer, bien plus en tout cas que la muse née des rêves qui est seulement une 2/2.
Peut-être que je me fourvoie, mais je n'ai jamais vu cette capacité ailleurs, ce qui classe à mon sens cette carte parmi les plus puissantes du jeu. Et justement, la muse née des graines est de loin la carte qui aujourd'hui a le plus de valeur sur le marché des sites spécialisés pour l'édition Légions. Invariablement, elle est la plus chère (hors foils) devant des légendes pourtant redoutables comme Akroma, ange de la colère et Phage l'intouchable. C'est dire !
On comprend mieux maintenant pourquoi à l'époque posséder les cinq muses de l'édition Légions pouvait tenir du fantasme. Elles se ressemblent autant qu'elles sont différentes et rejoignent fidèlement les qualités, et les défauts, des couleurs auxquelles elles appartiennent. Les prendre aujourd'hui devant soi pour les admirer toutes les cinq les unes à côté des autres est un vrai kiff, même si certaines sont difficiles à trouver. En ce qui me concerne, j'ai dû faire venir ma Muse née des graines de Finlande, et non c'est pas une blague. Toutes les cinq, même si elles n'ont jamais été des créatures légendaires pourraient comme on l'a dit dans l'introduction directement rejoindre la catégorie des cartes mythiques, non ?
Le 05/09/2024
epoque Odysée-carnage, un de mes deck preféré que j'avais moi meme build ( en meme temps a l'epoque le netdecking!!!)
des coleres de dieux, des contraintes des foi renouvelées, des adorations, des brulures de mana et quand tu avait bien essoré ton oppo, un grand souhait vivant pour prendre le finisseur qui convenait !!!!
controle abzan avec les muses noires
Le 04/09/2024
Lavaborn Muse inflige des dégâts si on a 2 cartes ou moins en main, elle punit les mains vides ou presque vides et non pas les mains remplies comme tu le prétends.
Les effets de type Windborn Muse ne sont pas synergiques avec les attaques forcées. En effet, un adversaire peut refuser de payer pour faire attaquer une créature, même si un effet la force à attaquer alors qu'il a le mana pour ce faire.
2 réponse(s)
Le 05/09/2024
Merci pour ta vigilance, l'article a été amendé.
Le 06/09/2024
Oui, je suis désolé. J'ai relu la carte trop rapidement en anglais. Ca m'apprendra. Quant à l'autre règle, je n'étais tout simplement pas au courant. C'est encore sur ce genre de détails que je dois progresser.