Sur Ravnica, un tableau de quêtes extraplanaires est proche de réunir deux êtres... Vous trouverez l'article original ici.
Note pour un étranger
Sur le mur extérieur d'une auberge de la cinquième circonscription de la ville-plan de Ravnica est suspendu le Tableau d'Affichage du Voyageur, protégée magiquement de la pluie, du temps et de ceux qui n'ont pas d'Etincelle de Planeswalker. Le tableau est suspendu dans un espace privé d'un square public, mis à l'abri par un nid de lierre et l'ombre charitable du toit de tuiles de l'auberge. Il est difficile d'attraper quelqu'un en train d'afficher quelque chose sur le tableau, parce que peu nombreux sont ceux qui peuvent le voir, moins nombreux encore ceux qui prennent la peine de marcher à travers toute la cinquième circonscription, mais si quelqu'un devait approcher, il trouverait une large étendue de liège et le musc terreux d'une jungle fraîche et lointaine. Dispersées comme des graines à travers le tableau se trouvent des dizaines de requêtes, d'avertissements, de lettres d'amour, d'avis de recherche, de primes, d'esquisses admirablement dessinées, des portraits mal faits et toutes sortes de notes et remarques, chacune placée par les voyageurs les plus rares.
Les notes sont rangées par utilité. Sur le parchemin, se trouvant tout au centre :
DEUX TICKETS SUPPLEMENTAIRES. Championnat de combats en 1 contre 1, à l'Etendue de la Valeur, au prochain quart de lune planaire. Laisser une adresse de contact planaire si intéressé !!
Juste à sa droite, au dos d'un menu :
PERDU : Pince à cravate – scarabée argent. Vu pour la dernière fois : campement Chuchoteurs, mtgns Qal Sisma, Tarkir. Ramener pour 20 unités de Halo. Laisser sous sac violon, 187 R, 14 St, Nouvelle-Capenna.
Sur un vieux bout de papier déchiré par les ans et le temps, en un griffonnage hasardeux, en gras :
POUR DU BON TEMPS, 44 TOFANA PLAZA, PALIANO, FIORA.
Mais, un matin estival, chaud, ambré, une nouvelle note est affichée à l'aide d'une fine épingle d'argent, proche du haut :
Recherche cuivre brut.
Echange en monnaie au choix. Discrétion de mise.
–R
Ici, au Tableau d'Affichage du Voyageur, se tient le Planeswalker Huatli, les pieds fermement plantés dans le sol, menton levé tant par confiance en soi que par petite taille, et parcourt le tableau parce que et pourquoi pas. Son œil est saisi par la nouvelle note tout en haut, et elle se souvient que le cuivre brut ramené d'Ixalan pour l'échange, quand elle arriva pour la première fois sur ce plan.
Sur la place derrière elle, les tilleuls resplendissent, éloge verdoyant, et les pissenlits et trèfles poussent entre les pavés, les débris des récentes peines de la ville enfin nettoyés.
Pas du genre à laisser un étranger en attente, Huatli monte sur la pointe des pieds pour accrocher un vieux bout de papier à un coin du tableau et répond d'une graphie ronde et élaborée. Ainsi commence leur correspondance.
Un endroit approprié pour échanger si intéressé ?
–H
Ecrit ton initiale sur la boîte sous les papiers du tableau. Ta signature a été encodée dans la rune de protection.
–R
« Ça m'a l'air superflu, » murmure Huatli à part elle-même. Elle regarde en bas. En effet, à ses pieds se trouve une boîte d'argent attachée au pieu avec une délicate chaîne d'argent. Huatli y donna un petit coup de son pied couvert d'acier. Oui. Ce doit être cette boîte.
Elle s'agenouille, pas vraiment certaine de faire cela comme il faut, et utilise son index pour dessiner un rapide H sur le couvercle de la boîte. Elle s'ouvrit silencieusement, révélant qu'elle était vide.
« Euh... »
Se sentant un peu rassurée par ce progrès, Huatli place un morceau de cuivre de l'Empire du Soleil de taille moyenne, ainsi qu'une rapide question.
Es-tu un espion ?
–H
Elle scelle la boîte, ne se rendant compte qu'après sa fermeture qu'elle avait oublié de dire quelle monnaie elle voulait en échange. Huatli dit un mot qu'elle avait entendu utilisé par Angrath une fois et dessine le H sur la boîte à nouveau.
Elle reste fermée.
Ce n'est que lorsqu'elle revient le lendemain et essaie de nouveau que la boîte se rouvre, avec une nouvelle note à l'intérieur.
Je suis un espion des plus authentiques.
Aussi, tu as oublié de dire comment je devrais te payer.
–R
Huatli sourit. Qui que l'espion soit, il est effronté.
A l'intention de : Agent secret R,
En tant que très authentique agent secret, qu'est-ce qui t'a inspiré l'idée de devenir un outil de l'État ? Quel honneur trouves-tu dans les ombres ? Qu'est-ce qui enrichit l'âme d'un guerrier qui cache qui il est ? Et, plus encore, quel genre de garrot comptes-tu construire à partir de mon cuivre ?
J'attends ta transmission encodée, Agent R.
Pas un agent secret non plus,
–H
PS : Je suis une femme d'honneur et ne demande pas de compensation en échange des biens que j'offre par pur altruisme.
Le matin suivant apporte une nouvelle note de l'auteur mystère, qui tire un sourire plus grand et un rire ainsi qu'un frisson dans son cœur.
Pas un Agent Secret,
J'ai dû demander à mon collègue ce qu'était un garrot et je regrette de l'avoir fait.
Pour en revenir aux affaires. Je ne mentionnerai pas de nouveau le problème du paiement. J'apprécie ta générosité – tu m'aides inconsciemment à bien accomplir un tort extraplanaire incroyable.
Cela dit... tu m'as eue et je ne pense pas que je ferais un bon espion de toute manière. Être un « outil de l'État » ne m'a pas l'air très amusant. Je pense que j'aurais besoin d'apprendre à mieux mentir, déjà. Qu'est-ce qui m'a trahie – est-ce que c'est de dire que j'étais un espion vraiment véritable ? Je pensais que ce serait une bonne couverture, malheureusement.
Ton cuivre ne sera pas utilisé pour faire un garrot, je le promets, mais c'est un conducteur de bonne qualité que j'intègre dans un projet que je construis pour un ami ! Ce que je dis là est vrai. Vraiment. Sérieusement. Je suis une demoiselle, non un menteur.
Tu écris magnifiquement bien, au passage. Qu'est-ce qui t'amène sur ce plan, à moins que tu sois d'ici ?
–R
Huatli passe le jour suivant le cœur léger, contente que sa supposition soit correcte. « Je suis une demoiselle. » Elle passe le jour à lire et relire la lettre, rayonnant de victoire en secret. Droit dans le mille.
Elle passe de consultation en consultation, des archives législatives des Azorius à une longue rencontre avec le sous-lieutenant des Boros. Pendant tout ce temps elle ne peut s'empêcher de penser à R, son espion-qui-n'en-est-pas-un.
Après un après-midi à tenter de se contenir, elle revient à la boîte et laisse sa réponse.
Mademoiselle, Non un Menteur,
J'ai passé les deux derniers mois sur ce plan à étudier la structure exécutive des guildes. Le système gouvernemental de chez moi est assez différent, mais j'ai découvert avec le temps qu'il y a toujours à apprendre des autres. (Je m'en rends compte à présent, est-ce que je suis un outil de l'État ?! Quel embarras.) J'espère rapporter mes enseignements pour aider mon plan à s'améliorer.
Peut-être est-ce naïf. Le gouvernement de Ravinca a été fondé par magie, formé par la main d'un Planeswalker étranger ; il a l'air fait pour inciter au conflit mais fonctionne de la même manière. Je ne suis pas convaincue que la structure exécutive des guildes soit supérieure à la nôtre, mais on peut bien glaner de l'inspiration depuis de nombreuses sources étonnantes.
Je pense à la guerre et aux conflits chez moi et je me demande s'il y a quelque chose de mieux. Peut-être qu'un ancien faux espion comme toi aura quelques conseils pour mettre fin à un conflit. Est-ce naïf de chercher l'utopie ?
–H
Chercheuse d'Utopie,
Utopie, hein ? J'ai entendu certains décrire mon propre plan ainsi ! Le principe de l'utopie est que c'est impossible, mais même là, le principe de l'impossible est de toujours lutter pour l'atteindre quoiqu'il arrive, non ? Rien n'est jamais fini – c'est ce qu'on m'a appris. L'incapacité de mon mentor à se montrer enthousiaste m'a appris à être le genre de créatrice qui ne peut pas abandonner mes outils et me dire que j'ai vraiment vécu. Est-ce pour cela que tu cherches à apprendre des autres plans ? Veux-tu parfaire ton propre plan, même si tu sais que le travail ne sera jamais accompli ?
Je ne pense pas que tu sois naïve. Je pense que c'est beau que tu veuilles faire de ton foyer un meilleur endroit.
Ancien Faux Espion,
–R
R,
Le moins qu'on puisse faire dans la vie, c'est d'essayer. Plus j'apprends la manière dont chacun lutte pour la perfection, plus je peux aider mon plan.
Tu parles de ton mentor avec chaleur mais décris ce qui me frappe comme étant un traitement cruel. Si cette boîte que nous utilisons est une preuve de ton génie, je suis en colère pour toi, à l'idée que ton mentor soit peu enthousiaste à propos de ton travail. C'est vraiment remarquable.
Tu devrais être fière que faire de si belles choses,
–H
H,
Je suis flattée que tu te presses pour défendre mon honneur ! Je t'en prie, ne pense pas que ce soit de la mauvaise foi – mon mentor m'encourage toujours pour que je grandisse et m'améliore. Elle vaut le monde entier pour moi, comme tes mots agréables.
Que sais-tu de Dominaria ? J'y suis restée en faisant des allers-retours sur Ravnica pour des missions d'approvisionnement. Je ne te connais pas, mais je pense que tu aimerais ce plan.
Peut-être pourrais-tu me rencontrer ici un jour ?
Bien à toi,
–R
Le cœur de Huatli saute dans sa gorge tandis qu'elle lit sa missive matinale. Par réflexe, elle manqua de formalité.
Chère R,
Tout ce que je sais de Dominaria, ce sont des ragots de vieux hommes négligents. Je fais confiance à ton jugement, ceci dit. Si tu dis que c'est beau, ce doit être un lieu à chérir ! J'aimerais le voir et te rencontrer en personne, si tu es souple.
–H
Aucune réponse n'arrive en deux jours.
Huatli s'inquiète d'avoir fait quelque chose de mal. Jusqu'à ce qu'un matin, dans sa boîte au tableau d'affichage...
H,
Coupons à la chasse. Je suis intéressée, tu es intéressée. Tu veux boire un verre ?
Bien à toi – si tu le veux,
–R
Huatli ne fait pas une crise cardiaque, mais presque. Elle répond instinctivement, sans honte, dans un réflexe de poésie.
R,
Tu te précipites quand je plonge, et ton coup en avant m'a frappée au cœur, et éclairé le rouge de mes joues.
Tout ce que je veux, c'est faire de mon foyer le paradis qu'il pourrait être. Peut-être que le paradis est quelque chose que nous pouvons chercher ensemble.
Je serai à la Taverne d'Iveta demain au coucher du soleil. Accepte ma charité, et laisse-moi te payer un verre.
–H
H,
A cause de toi, je me sens comme une adolescente. J'aimerais savoir écrire avec autant d'art que toi. Oui, je serai là.
Nous pouvons commencer la soirée sur Ravnica, mais pourquoi pas voyager vers un endroit plus amusant pour le dîner ? Je connais un endroit fascinant pour la deuxième tournée dans les Hauts-Parcs ! T'es-tu déjà rendue sur la Nouvelle-Capenna ? C'est ma destination favorite pour des vacances – il y a même une belle salle de danse que nous pourrions aller voir. Tu n'auras jamais vu autant d'or dans ta vie ! Parfois il y a des rixes, mais c'est très sûr, promis. Des boissons géniales, une mode géniale, des ragots glorieux et danses très rapides ! J'espère que ce n'est pas intimidant. Nous pouvons nous voir chez Iveta pour la première tournée et transplaner de là ?
Viens danser avec moi, H,
–R
Cette fois, Huatli ne peut contenir son souffle flatté. Elle passe le reste de la journée à essayer de ne pas s'exalter dans son anticipation. R a dit oui. Et suggéré un deuxième lieu ? Avec de la danse ? L'esprit de Huatli virevolte. A quel point ces danses sont-elles rapides ? Rapides en comparaison de quoi ? Y a-t-il une variété de vitesses autorisées aux danses ? [i]Est-ce que ce sont des danses par couple ? Huatli annule ses rendez-vous et passe l'étendue de l'après-midi à tourner en rond dans son appartement, essayer de trouver ce qu'elle portera, surveillant anxieusement le ciel pour voir si le soleil n'accélère pas son coucher.
Tandis que l'après-midi s'étire jusqu'au soir, Huatli plonge anxieusement dans son coffre de voyage. Un deuxième lieu requiert des couches potentielles. Doit-elle prendre un sac ? Mettre ses affaires pour une nuit dans ce sac ?! Huatli n'hyperventile pas, mais elle écrit en panique quelques lignes de poésie galante dans un moment d'ardeur fervente... juste au cas où.
Quand le soir arrive enfin, Huatli, chaude, présente et parfumée par son jasmin rampant d'été, attache ses nattes, enfile sa veste d'été, et se dirige vers la rue avec un grand sourire. D'une manière ou d'une autre, son cœur tremblant parvient à rester sous ses côtes.
La dernière chose qu'elle s'attend à voir, c'est le visage familier qu'elle remarque, au-dessus des pavés de la Dixième Circonscription.
« Saheeli ? » s'exclame-t-elle, incrédule.
La femme dans la rue s'arrête, puis couine, un bruit heureux qui porte par-dessus les pavés. Les autres piétons n'y prêtent pas attention ; l'étrangeté des étrangers est un fait banal dans la vie d'une ville-plan.
Saheeli porte un châle imperméable par-dessus un sari d'azur lumineux, et elle glisse presque sur les pavés trempés alors qu'elle bondit vers Huatli. « Je ne t'avais pas reconnue sans ton armure ! »
Les souvenirs émergent dans l'esprit de Huatli. Elle se souvient de son premier transplanage, ces quelques jours heureux quand elle avait rencontré Saheeli. Elle n'était pas restée longtemps, mais c'était assez long pour fantasmer souvent sur son retour prochain...
Huatli étend les bras et prend la pose. « Ai-je l'air d'une vraie Ravnicane, à présent ?
- Tu souris, c'est ce qui fait que je vois que tu n'es pas d'ici, » raille Saheeli.
Les yeux de Huatli sont attirés par le ciel et le chemin impatient de la lune. Il se fait tard. R va l'attendre.
« Que fais-tu là ? » demande Huatli. Elle incline un pied en s'avançant, son corps déchiré pour savoir quelle femme chercher.
Saheeli le remarque. Croise ses bras. « Je ne fais que passer. J'avais aimé te rencontrer à Kaladesh, sortir quelques jours. J'espère que je t'ai aidée à faire de ton premier transplanage une bonne expérience, Huatli. »
Quelque chose sombre dans le cœur de Huatli. Elle aussi, elle avait aimé cela, mais ce moment avait été bref. La vie et ses obligations s'étaient mises en travers de son chemin, et Huatli n'avait jamais eu la chance de dire à Saheeli qu'elle était intéressée.
Un instant, Huatli se rend compte qu'elle peut le dire à Saheeli ici, maintenant.
Huatli s'arrête.
Ou presque.
Mais l'éclat de la lune derrière l'autre femme lui rappelle que ce n'est pas le moment. R l'attend. Huatli frissonne. Viens danser avec moi, H.
Elle trouve ses mots. « Je me suis amusée, aussi. Heureuse que tu aies aimé apprendre des choses sur les dinosaures. » Elle esquisse un sourire gêné, mais ne peut s'empêcher de remarquer les bras croisés de Saheeli. La lune rampe au-dessus des toits.
« Je dois y aller, ajoute Huatli, interrompant ce que Saheeli allait dire.
- Oh ! Très bien ! dit Saheeli, à la place. On se voit bientôt ? »
Huatli est déjà retournée quand elle crie « Bien sûr ! » par-dessus son épaule, comme si c'était une phrase.
Elle fait la course avec l'ascension de la lune.
Ses pas dans les flaques éclaboussent les passants, la rue qui s'étend devant elle lui semble une piste de course, la montée des étoiles l'éperonne. Elle prend un brusque virage à gauche, un plus large à droite, fonçant à travers la Dixième vers la Taverne d'Iveta comme l'acier vers un aimant. La foule vespérale commence à remplir les rues de loisir et de rire. Des restaurants déversent leurs clients sur la voie, et une volée d'oiseaux passe sous le pont que Huatli dépasse.
Là.
Huatli se ralentit et se calme avant de passer la porte de chez Iveta. Le tintillement de la cloche annonce son arrivée.
La Taverne d'Iveta est d'une fraîcheur salutaire dans la chaleur de l'été, ses murs ornés de tapisseries et de peintures élaborées, un grand miroir suspendu derrière le comptoir. Huatli se voit dans le reflet, agréablement surprise de l'apparence que lui donne sa tenue. Elle remarque, sur les tables, les fleurs fraîchement coupées dans les vases, sent leur parfum emplir la pièce et se mêler avec la senteur des levures et souvenirs de sucre. Le plafond est bas, son parquet agréablement marqué par l'histoire. Il y a deux autres couples dans la taverne, aucun client seul à une table. Huatli soupire de soulagement. Elle n'a pas fait attendre R.
Huatli commande rapidement deux cafés (et, dans la panique, deux verres supplémentaires de vin, ne sachant pas ce qui, pour R, était une première tournée) et s'assied, portant prudemment les quatre boissons en un aller, avant de s'installer dans sa chaise.
Elle continue de mourir, silencieusement, encore et encore et encore, attendant une femme qu'elle n'a jamais vue traverser le pas de la porte.
Son anticipation est rompue quand un visage que son cœur connaît bien entre au son de la cloche.
Saheeli.
Huatli retient sa respiration. Saheeli l'avait-elle suivie là ?
Leurs yeux se fixent dans une surprise mutuelle et la prise de conscience les frappe en tandem. Et tandis que Saheeli approche, la vérité s'échappe des deux femmes d'un seul coup :
« H pour Huatli.
- R pour Rai. »
Elles se regardent l'une l'autre, en transe.
Hypnotisées.
Un moment chargé du genre de magie que personne ne peut maîtriser.
La concentration de Huatli se restreint. Le reste de la taverne n'existe pas. Le Multivers se compresse, impossible et proche, chargé et précieux. Tous les plans se sont effondrés pour se concentrer dans ce moment avec la femme qui se tient en face de sa table.
Saheeli, brillant d'un cobalt parfait, les yeux étincelant d'une fascination extrême, s'effondre dans le siège en face de Huatli et regarde les quatre boissons entre elles.
Huatli explique, doucement, sonnée : « J'ai paniqué. »
Un sourire chaleureux et joueur illumine le visage de Saheeli. Elle s'avance à travers la touffe de verres et de tasses et caresse de ses doigts le dos de la main de Huatli. Leurs yeux se croisent tandis que Saheeli murmure : « C'est parfait. »
Les confessions de Huatli percent. Saheeli rit, se confesse de même, se lamente et rit de nouveau. Une blague en commun d'identités secrètes, leur petite table, leur utopie privée. Une partie de Huatli enregistre les autres clients toujours dans la taverne, et elle frissonne car elle se sent observée. Sont-ils jaloux, pense-t-elle, face au miracle en face d'elle ?
Leur conversation s'écoule sans difficulté. Tout est simple avec elle.
Elles partagent l'un des cafés sur la table, car Saheeli affirme qu'elles en auront besoin pour danser. Elle se lève, et Huatli la suit, attiré par le poids du heureux hasard et de la promesse de cette nuit.
L'une tire l'autre vers la porte, laissant derrière elles des pièces sur la table, emmêlant leurs mains. Le bout des doigts de la guerrière-poétesse explore les cales de celles de l'artisane tandis que leurs lèvres se rencontrent sous le ciel indigo de Ravnica, et les deux femmes s'écartent de la lumière de la lune d'un plan pour émerger sous les étoiles brillantes d'un autre.