Kaldheim - Direction. But. Honneur. Gloire. - Magic the Gathering

Kaldheim - Direction. But. Honneur. Gloire.

Kaldheim - Direction. But. Honneur. Gloire.

Ranar, valeureux gardien, se retrouve à sa mort en Istfell ; mais il compte bien, même dans la mort, être mené jusqu’à Starnheim par les Valkyries.

  La storyline de Magic / Kaldheim

Ranar, valeureux gardien, se retrouve à sa mort en Istfell ; mais il compte bien, même dans la mort, être mené jusqu’à Starnheim par les Valkyries.

  La storyline de Magic / Kaldheim



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le , par Drark Onogard
1791

Ranar, valeureux gardien, se retrouve à sa mort en Istfell ; mais il compte bien, même dans la mort, être mené jusqu'à Starnheim par les Valkyries. Vous trouverez l'article original ici.

Direction. But. Honneur. Gloire.



Ranar ouvrit les yeux pour se retrouver dans un endroit peu glorieux. Le vieux guerrier était couché sur le dos, bien qu'il n'eût pas dormi. Il se leva. Autour de lui s'étendait une toundra clairsemée et sans fin, un vert pâle se fanant en noir alors que la terre glaciale cédait la place au ciel sans lumière. Il était seul. Il s'appuya sur sa hache, prenant un moment. Il remarqua alors que sa poitrine était hérissée de flèches sombres empennées de plumes graisseuses.

Ah, pensa Ranar. Je suis mort et pris par les Valkyries.

Un souvenir s'estompant : le dernier des enfants qu'il avait entraînés, traversant une faille entre les royaumes au moment où elle se fermait. La masse grise des pillards, leurs cornes noires et puants, laissant une traînée de la fumée alors qu'elle chargeait. De la neige sur une cour de pierre froide, le choc et le grincement des bottes à caboches, le bruit sourd de sa hache sur la chair de démon, et le sang vil et fumant. Un tas de morts démoniaques et le devoir de Ranar accompli.

Un nom, que les Valkyries lui avaient donné. Mais quel était-il ?

Ranar tira les flèches de sa poitrine, regardant les trous laissés dans sa cuirasse. Rien n'en sortait à part une mince volute verte, et il ne sentait aucune douleur. Au bout d'un moment, même le vert pâle arrêta de s'écouler alors que les trous se refermaient. Son armure faisait maintenant partie de lui. Sans horreur, il réalisa qu'il était dans une séjour des morts inattendu : Istfell.

Istfell était le jugement que les Valkyries rendaient à ceux qui vivaient des vies banales. Ranar avait pensé que sa saga solitaire était suffisamment glorieuse pour permettre l'entrée à Starnheim, mais il semblait que les Valkyries n'étaient pas d'accord. Il n'y avait aucune amertume dans la révélation de Ranar : son armure et son arme étaient toujours avec lui. S'il n'avait pas prouvé sa valeur dans la vie, alors il prouverait sa valeur à Istfell.

Beaucoup à faire – mais par où commencer ?

Ranar leva sa hache. À deux mains, il la lança en l'air. Il s'écarta alors qu'elle tombait, la lame atterrissant avec un léger bruit sourd dans le sable pâle. Le manche ouvrit la voie. Ranar dégagea la hache, la porta sur l'épaule et commença à marcher.



Ranar marcha pendant un siècle ou un clin d'œil. Il n'avait ni faim ni soif. La fatigue persistait, mais ici à Istfell, c'était un maigre poids aisément supporté. Le temps dans ce désert viride glissait calmement. Dans le monde vivant, le temps qui passait était la progression du soleil dans le ciel ou depuis la nuit. Quand aucun soleil ne montait ou ne descendait, alors aucun temps ne passait.

Ranar posait une botte devant l'autre et traversait des dunes sereines, ternes et froides. Il ne respirait pas - car il ne semblait pas devoir le faire - mais son souffle aurait sûrement produit de la buée dans l'air mort. Seul avec le craquement de ses bottes sur le sable glacial, il essaya de se rappeler les noms et les visages de sa vie, mais n'y parvint pas. Les yeux fixés en avant sur l'horizon d'émeraude flétrie, il traquait. Il ressentit un frisson de l'esprit, mais ne se figea pas. Il pouvait sentir la fatigue s'installer dans son âme, mais cela ne le faisait pas s'effondrer. Il pouvait sentir le poids de son armure et de sa hache, mais ce n'était pas oppressant. De même qu'Istfell conservait les âmes des vivants, il gardait aussi un rappel de leurs tribulations. Douleur, épuisement, soif, douleur - des fardeaux que les vivants portaient, mais reflétés par leurs cousins. Si ce royaume avait de la place pour le mal, alors il y avait sûrement de la place pour le bien ; un esprit d'Istfell ne se soucierait-il pas davantage de ses semblables s'il savait que d'autres ressentaient aussi le froid ? Y avait-il de la place à Starnheim pour la solidarité ?

Ranar n'avait jamais été un érudit ou un sage, mais dans la vie, il en savait assez pour savoir qu'Istfell était un royaume de morts innombrables. Les morts banals. Qu'il errât assez loin et il les trouverait. Avec eux, il trouverait sûrement un but sur cette humble plaine. Avec eux, il verrait le chemin que prendrait sa vie après la vie quand elle était réfractée à travers le prisme du sens.



Tout au long de sa recherche, Ranar s'émerveilla de la lumière de Starnheim au-dessus. Bien que diluée par le réseau des racines de l'arbre du monde, sa gloire était évidente. Une étoile du nord qui englobe le royaume.

Un mystère, loin devant : les deux soleils verts d'Istfell, bas à l'horizon. Ce n'est que lorsqu'ils bougèrent que Ranar réalisa qu'ils n'étaient pas des soleils mais les yeux réfléchissants d'un titan tapi dans le Cosmos. Le titan cligna des yeux et s'étira, et dans la lumière boréale d'Istfell, Ranar pouvait voir la silhouette d'un loup, aussi grand qu'un monde. Le loup se tenait au sommet d'une forêt de pattes au-dessous de laquelle une faible lumière filtrait. Le loup du bout du monde ne bougeait pas ; il observait simplement.

Ranar n'avait pas peur, car il était déjà mort et ne pensait pas pouvoir être tué à nouveau. Il souleva sa hache et se mit en garde. C'était peut-être ça : son test et son défi, combattre le loup au bout du monde. Ranar décida qu'il y ferait face avec courage, et s'il mourait dans ce royaume, il serait sûrement accueilli par des Valkyries désireuses de l'introduire dans la salle dorée de Starnheim, au-dessus. Hache à la main, sa lame lourde et tranchante, il savait que c'était son moment de gloire.

Le loup du bout du monde expira et une tempête de verglas engloutit-royaume éclata le long de l'horizon lointain. À ce moment-là, il sut ; combattre une chose de cette taille était un défi pour les dieux - de nombreux dieux, pas un seul. Ranar avait peut-être été vertueux (il avait sûrement été vertueux, du moins ?) dans la vie, mais il n'était pas divin. Était-ce valeureux pour le fou de soulever une hache et de se rendre dans les bois, taillant des arbres et pensant qu'ils étaient des ogres ? Non. La stupidité ne convaincrait pas les Valkyries de l'introduire dans Starnheim.

Ainsi, au lieu de charger, Ranar leva sa hache au-dessus de sa tête en un salut silencieux et se dirigea péniblement vers sa propre destination. Le loup du bout du monde regarda Ranar pendant très, très longtemps, puis s'est retourné et s'éloigna dans le Cosmos.



La toundra tombait loin dans un vaste bassin d'argile craquelée traversé par des nœuds hérissés de végétation morte-vivante et des pierres errantes. Ici, le pâle vert fanait dans un givre blanc d'os. Bien qu'il éclairât la terre, l'argile et les pierres blanchies ne servaient qu'à approfondir l'obscurité du ciel.

Ranar n'était pas seul ici. À travers le bassin, autant que Ranar pouvait voir, se tenaient cairns solitaires en pierre. Le plus petit était facilement deux fois plus grand que Ranar, et tout semblait espacé de leur voisin par une distance égale à leur hauteur. L'effet était déroutant, créant ainsi une régularité entropique qui donnait au paysage un sens du système ; chaos ordonné, un jardin statuaire jaillissant de la nature brute.

Un vent gémissait entre les cairns, la glace et la fine poussière d'argile sifflaient haut. Ranar imaginait des bannières en haillons qui claqueraient que le vent. Il imaginait la lumière danser au bord des maisons incendiées servant de feux de garde. Il se rendit compte qu'il n'imaginait pas ces choses, mais se les rappelait. Le vent, les cairns, les maisons incendiées – c'était un souvenir du village qu'il avait autrefois gardé lui-même, aussi arraché de son royaume que ce jardin de statues était d'Istfell.

Ranar s'enfonça plus profondément dans le jardin de statues, se rappelant ses patrouilles à travers la bande de taïga que la percée de présage avait avalée. Ranar passa devant des cairns et vit à la place de puissants pins, chargés de neige, mourant alors que leurs racines avaient été rompues lorsque les royaumes se heurtèrent. Bien qu'il marchât seul à Istfell maintenant, il avait autrefois marché à la tête d'une petite colonne d'enfants, les seuls réfugiés de ce village transporté. Robuste comme n'importe quel arbre qui vieillissait, plié par le vent vent mais ne se rompant pas, Ranar tenait le chemin qu'il avait tracé. Il éleva ces quelques survivants d'enfants pour en faire des jeunes formidables et les mit en sécurité. Parmi les cairns, Ranar erra dans un écho de sa mort dans le royaume vivant - les enfants, le village, la lumière autour d'eux et les flammes - et il s'y perdit.

Une main attrapa sa cheville. Ranar n'attaqua pas - si la main avait voulu le frapper, elle l'aurait fait au lieu de l'attraper - mais leva quand même sa hache. Un esprit flétri, enveloppé de chiffons, rien de plus qu'une peau de parchemin étirée sur des os, était assis les jambes croisées à côté de lui. Il porta un doigt à ses lèvres et siffla.

Silence

Ranar obéit. L'esprit montra du doigt devant lui.

Danger.

Ranar suivit son geste pour voir que les cairns devant avaient été réduits, les endroits où ils se trouvaient autrefois plongés dans la dépression. Rares étaient ceux qui restaient à la ligne finale, où des milliers d'esprits travaillaient ensemble pour les démolir. Ce travail se répandait sur tout l'horizon visible : des esprits s'avançaient à travers une plaine vide, abattant des cairns, jetant les roches constitutives dans des fosses ouvertes creusées par d'autres esprits. Les traits de ce monde, lentement mangés.

Ils n'arrêteront jamais. Je les ai fuis pendant une éternité.

Ranar regardait la lente avancée des mange-cairns.

J'ai créé cette offrande à EGON, et ma récompense a été la haine des âmes les plus perdues, animées pour déchirer mon grand travail. Il vous fera la même chose.

Ranar soupesa sa hache. Il continuerait. Derrière lui, le bâtisseur d'offrande persista dans ses murmures, mais ne murmurant à personne.

N'était-je pas assez grand ? N'ai-je pas façonné la terre pour ta gloire ? Où est ma récompense, EGON ?

Ranar contourna les fosses profondes et les mange-cairns, certains si maigres sur cette plaine qu'ils étaient presque invisibles. Un qu'il ne vit que lorsqu'il s'arrêta pour examiner un rocher flottant - un mange-cairn, réalisa-t-il, invisible à ses yeux et juste assez fort pour soulever le rocher à quelques centimètres de sa pile. Était-ce son destin, s'il devait s'attarder trop longtemps dans ce royaume? Sa propre force étant sapée de son corps, la lumière qu'il projetait s'estompait un peu plus que la lumière dispersée de l'arrière-plan. Moins qu'une ombre, mais toujours pas parti.

Je vous construirais tous une tour sur Starnheim et vous ne feriez qu'obéir. Vous marcheriez derrière moi sur un escalier d'or et de gloire.

Ranar regarda de plus près : les mange-cairns portaient tous les restes brisés de chaînes, certains les traînant même derrière eux. Ils travaillaient ensemble à mettre en ruine ces monuments de pierre. Ranar se rendit compte qu'ils n'avaient pas été envoyés pour ruiner une grande œuvre d'un grand artiste : ils mettaient en ruines le monument avide de celui qui avait cru mériter seul une récompense.



Ranar tomba sur une rivière verte. En approchant, il vit que ce n'était pas une rivière, mais une marche sinueuse d'esprits épousant certains contours inconnus de cette terre apathique. Leur passage faisait peu de bruit, le silence de la pluie sur la pierre, ou le brouillard comme il glisse sur une côte rocheuse et silencieuse. La plupart des esprits étaient des frottis indistincts, comme du brouillard et identifiables comme des esprits seulement grâce à d'autres de leur nombre moins avancés dans le processus de décomposition fantasmatique. Ranar pouvait voir des membres et des têtes, des silhouettes assises sur des montures fantomatiques - elles-mêmes dans une myriade de différents états - et d'autres dans un relief presque net, leurs visages tordus et renfrognés, différents seulement de leurs corps vivants en ce qu'ils étaient rendus translucides en vert tendre plutôt que de la chair vivante.

Ranar ne rejoignit la rivière. Il remonta son courant et la longea ; il y aurait un moment où il pourrait passer à gué. Il ne trouvait pas sage de passer, car il se rappelait comment les mange-cairns pouvaient déplacer la pierre; si ces esprits travaillant ensemble pouvaient déplacer la pierre, alors sûrement ce fleuve d'esprits se déplaçant uniformément ainsi pourrait le déplacer lui

Ranar suivit la rivière marchante autour d'un large virage et vit sur ses côtés une paire de silhouettes qui se tenaient à l'écart. Elles portaient une armure fétide, des cuirs superposés et des fourrures séchées et emmêlées. Elles tenaient de longues lances en verre noir. Chacune se tenait avec un bouclier attaché dans le dos, drapé de petites guirlandes de petits os et de dents. Ce n'étaient pas des esprits mais des démons de quelque sorte. Les deux remarquèrent l'approche de Ranar et se tournèrent pour lui faire face, révélant des visages tordus dans l'approximation redoutable de visages sous des heaumes de guerre, cornus et plaqués, avec des yeux enfoncés d'un rouge bouillant.

HALTE.

Ranar s'arrêta.

POURQUOI ES-TU ICI ?

Les deux êtres s'avancèrent jusqu'à lui. Ranar se tenait le dos droit devant les deux, sa hache au repos tandis qu'il les évaluait.

ARMURE ET HACHE.
L'UN DE NOUS ?
IMPOSSIBLE. IL NE MARCHERAIT PAS SEUL.
OUI. IL N'EST PAS POUR LA NOURRITURE.


Ils agitèrent leurs lances.

CONTINUE, ESPRIT.

Ranar ne le fit pas. Il regarda la rivière des esprits marchants. Il pouvait voir certains porter des moutons sur leur dos. Des enfants emmaillotés dans leurs bras. Des paquets chargés de marchandises non pas à vendre mais pour vivre. La peur dans leurs yeux ne pouvait pas être cachée. La peur et la fatigue, des regards furtifs vers les armes corrompues de verre et l'armure en cuir couleur d'ébène. Les nouveaux arrivants dans le royaume - mais où étaient-ils conduits? Et qu'avait dit cet esprit - pas pour la nourriture?

IGNORE-LES.

Les deux firent tourner leurs lances.

NOUS PRENONS NOTRE DÛ.
BOUGE D'ICI, ESPRIT.
NOTRE TRANSACTION EST APPROUVÉE.


Ranar ne bougea pas. Les démons se regardèrent. Ranar crut voir un sourire se former sur un visage, mais reconnaître un visage qui pouvait sourire sous tout ce placage chitineux était pratiquement impossible. La cruauté et la joie émanant des démons, cependant, submergèrent Ranar par vagues coagulées. Ces deux empestaient le pouvoir accordé par la possession, le respect accordé aux armes corrompues et ce qu'ils pouvaient faire à un corps.

BOUGE D'ICI.
NE LÈVE PAS TON ARME.
BOUGE D'ICI.


Les démons s'avancèrent vers lui, les lances levées. Ranar ne savait pas s'il pouvait mourir de nouveau dans l'au-delà, mais cet endroit était Istfell et le royaume de l'ignoble ; s'il y avait une vie après la mort dans laquelle on pourrait mourir et se trouver pire qu'avant, ce serait ici. Ranar recula d'un pied, déplaçant son poids.

Un démon se précipita, la pointe de la lance se dirigeant vers Ranar. L'autre se précipita sur le côté, la pointe de la lance traçant une plaie de braise dans les airs, allongée pour frapper.

Ranar était un bon guerrier. Rapide dans la vie, même à son âge avancé. Une seule frappe était tout ce dont il avait besoin : un mouvement en trois étapes.

Tout d'abord, il contourna la lance jetée, enfonçant l'extrémité lourde et coiffée de métal de son manche de hache dans le casque sans visage du démon attaquant. L'impact était bien moindre que ce à quoi il s'attendait - le poids de traîner un bâton dans l'eau froide.

Puis, alors que le premier démon tombait, Ranar se retourna, la hache levée dans une garde à deux mains ; il avait suivi l'autre démon alors qu'il s'élançait à ses côtés pour lui poignarder le flanc. Il para la lance du second avec son manche de hache, complétant ce second mouvement.

Finalement, utilisant l'élan de sa garde, il se retourna, amenant sa hache autour et haut dans les côtes du démon, attrapant la bête juste sous son bras avant. La hache de Ranar s'accrocha au démon pendant un moment, puis continua. La force du coup de Ranar projeta le démon loin de la colonne, où il atterrit avec un bruit sourd au sol, mort.

Ranar cracha sur sa hache et essuya le bord de la lame. Aucun autre ne l'aborda ou ne chargea de la colonne d'âmes lente et agitée. Il était, à moins de compter un fleuve d'humanité en déclin, seul une fois de plus. Ranar avait l'intention de plonger, de traverser et de continuer, mais quand il s'approcha, les marcheurs les plus proches s'arrêtèrent et on commença à le repousser.

Tu as accompli ton devoir envers nous.
Va. Ne nous trouble plus. Nous sommes libres à présent.
Nous ne voulons que la paix. Nous nous contentons de l'errance.
La paix n'est pas pour toi. Pas maintenant.


Ranar recula de la rivière humaine, et sa totalité commença à glisser en brouillard, ce qu'il pouvait distinguer comme des formes solides devenant de la bruine et de la brume. En peu de temps, la rivière ne fut plus.



Les portes d'Istfell se tenaient ouvertes, un espace étoilé dans le mur qui cachait l'horizon et le Cosmos au-delà. Ranar ne sentait pas froid alors qu'il se dirigeait vers les portes, traversant leur puissante arche pour se tenir au milieu d'un large boulevard de marbre : le pont d'Istfell, large comme une place de centre-ville et vide de tout sauf des doigts de givre. La grande traversée atteignait une centaine de pieds environ avant de se terminer brusquement ; là, il rencontra les ténèbres opalescentes du Cosmos et des profondeurs que Ranar ne risquerait pas d'explorer. Il avait suivi sa hache et ne pouvait pas aller plus loin. Alors, Ranar attendit.

Une rivière coulait sous le pont. Ranar pouvait la voir couler parallèlement à la grande muraille, s'éloigner de chaque côté, encore une autre caractéristique marquant le bord du royaume. La rivière et le mur – Istfell conspirait-il pour garder les esprits à l'intérieur ou éloigner les envahisseurs? Malgré les portes grandes ouvertes, Ranar ne vit aucun filet régulier d'esprits introduit du Cosmos par les Valkyries. Il n'y avait pas de procession de la traversée nouvellement morte dans le royaume humble et vide. Seul, hache à la main, était-il devenu lui aussi une marque du bord d'Istfell? Une sentinelle contre l'invasion ou un gardien contre l'évasion?

Quelques siècles passèrent et Ranar en vint à comprendre ce qu'il savait depuis longtemps : Istfell était là où il était censé être. Pas de salles vantées de Starnheim, pas de tables bondées avec juste assez d'espace pour Ranar et ses vantards. Pas de rivière d'hydromel, donnant une ignorance bénie de la douleur. Une décennie après cette révélation, Ranar s'accroupit, retira un gant et toucha le marbre froid du pont. Aurait-il froid à Starnheim ? Penserait-il même essayer ?

L'obscurité au bord du royaume frissonna et un jeune entra dans Istfell. Déposé sur le pont, il portait des vêtements fins mais sales, une épée attachée à la taille et un air renfrogné. Il marchait avec une allure noble, et en se rapprochant, Ranar pouvait voir qu'il portait un anneau fin, bien que simple. Un petit noble, ou un deuxième fils d'un riche jarl, pas plus d'une poignée d'années après sa décennie. Curieux.

« Es-tu Ranar d'Itsfell ? » demanda le jeune. Il avait l'air vivant, plein des couleurs des vivants. Ranar acquiesça.
« Bien, » dit-il. Il mit un genou à terre, dégaina son épée, et tendit son pommeau vers Ranar. « Mon nom est Bjorn des Beskir, et je ne devrais pas être là, se présenta le jeune. On m'a dit de trouver Ranar d'Istfelle, qui m'aiderait dans ma quête. Je demande votre hache et votre force pour m'aider en ce but. Protégez-moi, et vous serez récompensé. »

Cela. Ranar se tenait de toute sa hauteur, ignorant qu'il s'était recroquevillé. C'était quelque chose de nouveau.

« Bjorn de Beskir, dit Ranar. Il s'arrêta. Il était intéressant de voir qu'il pouvait parler – il semblait que Bjorn avait amené un peu de vie dans Istfell. « Tu es jeune pour ce royaume.
- Je le suis, monsieur.
- Comment as-tu su qu'il fallait me demander ?
- Des histoires que mon père a racontées, répondit Bjorn. Vous êtes le gardien d'Istfell, un grand guerrier qu'on dit honorable et intelligent – un guide pour ceux qui sont perdus. Les miens racontent votre légende – la percée de présage et les enfants que vous avez protégés. » Bjorn leva son regard vers Ranar, replaçant son épée dans son fourreau. « Les miens disent que vous auriez dû être admis à Starnheim.
- C'est assez alors, mon garçon, dit-il après un rire. Lève-toi. »

Bjorn fronça les sourcils, confus pendant un moment avant que la réalisation ne se produise. « Vous êtes un héros, » dit Bjorn en se levant. Il se calma, tassant son excitation. « Accepterez-vous cette quête, Ranar d'Istfell, et m'aiderez-vous à atteindre Starnheim ? »
Ranar d'Istfell, qui pouvait parler une fois de plus, sentit un frisson le traverser. Au début, il n'a pas enregistré la nouveauté de la sensation, mais un battement de cœur plus tard, il réalisa - il pouvait ressentir à nouveau. Son cœur battait à nouveau. La vie, lointaine, avait pourtant commencé à le remplir comme un liquide remplit un vase.

« Je le ferai, répondit Ranar.
- Bien, »Son comportement changea, mais Ranar ne le remarqua pas - alors que la vie le traversait à nouveau, cela obscurcit sa perception. Bjorn dépassa Ranar et partit pour l'intérieur. Ranar se retourna pour regarder le jeune passer sous les portes, puis le suivit, la hache à la main.

Bjorn le conduisit pendant une centaine de mètres. C'était la seule caractéristique de la toundra vallonnée, et Ranar était donc satisfait de la distance. Il semblait infatigable, avançant à grands pas à travers les dunes ondulantes, une main sur la poignée de son épée et l'autre se balançant à ses côtés. Il marchait avec un but, assuré dans sa démarche sinon en sachant où il devait être. Mieux valait demander à Ranar que se demander ; même à Istfell, les vagabonds semblaient toujours avoir un but.

« Bjorn, » appela Ranar.

Bjorn ne répondit pas.

« Bjorn, où vas-tu ?
- A Starnheim, cria Bjorn. Vous venez avec moi ou pas ? »

Ranar accéléra le rythme. Bien sûr qu'il le ferait. Istfell dans ses pérégrinations s'était avéré une tapisserie bien plus riche qu'il ne l'avait d'abord cru, et bien qu'il en soit venu à l'accepter comme son royaume, les dieux changeaient souvent d'avis. N'ignorez jamais un signe, surtout s'il vous demandait de le suivre.

« Comment penses-tu atteindre Starnheim ? demanda Ranar en rejoignant Bjorn. Sûrement pas en marchant ?
- Avec cette épée et ton aide, rétorqua Bjorn. Il existe déjà une blessure dans le Cosmos ; je vais la trouver et ouvrir ma propre porte.
- Même à deux nous ne pourrons accomplir un tel haut-fait. Je ne veux pas me montrer impoli, mais cela m'a l'air d'une folle erreur.
- Non, aboya Bjorn en se retournant vers Ranar. Je suis Bjorn des Beskir, qui devrait être en vie, et je ne languirai pas dans cette lande sereine. Je creuserai ma voie jusqu'à Starnheim, et vous m'aiderez, conclut-il en tapant du pied.
- Comment ? » Ranar était surpris par le soudain changement de ton. La jeunesse pleine d'espoir du pont était devenue cruelle.

« Mes augures m'ont dit que mon arrière-grand-père était venu ici, déclara Bjorn. Au centre d'Istfell, sous les racines de l'Arbre du Monde. Là, il a posé les fondations d'une tour. Puis son fils a bâti dessus, comme son fils, tout pour moi. Maintenant, je vais l'escalader, et avec cette épée ouvrir un passage à Starnheim, dit-il en pointant son doigt comme un poignard. Tu es Ranar d'Istfell. Dans la vie, tu as gardé les enfants d'un de mes vassaux. Maintenant, tu seras ma première hache, qui ouvrira la voie. »

Ranar y réfléchit, soupesa ce qu'il savait d'Istfell, de Starnheim et de ses propres désirs. Bien qu'il se soit senti nouveau dans ce royaume, le temps était une rivière avec de nombreux tourbillons dans l'au-delà ; peut-être que ce royaume n'était pas là où il était censé résider. Peut-être - aussi arrogant que ce jeune noble paraissait - cette quête était-elle son but. Une concentration pour son devoir au-delà de l'errance stoïque. Ranar hocha la tête.

« Bien, dit Bjorn. Maintenant, suivez-moi. Nous avons des rois à tuer. »



Ranar tailla ce qui aurait été dans la vie un chemin sanglant à travers le donjon d'un petit roi istfellien, et Bjorn le suivit. Le jeune avait plus qu'un simple entraînement - c'était un guerrier accompli, son épée rapide, mortelle et précise. La garde du roi, armure boréale scintillante et forme distincte des esprits de base du royaume, était taillée dans le sang viridien. Ils avaient été puissants, mais le vieux Ranar et le jeune Bjorn étaient soutenus, se battant pour entrer plutôt que pour défendre ce qui était jalousement tenu.

Bjorn demanda à donner le coup de grâce au roi. Il se dirigea vers le trône où le noble maigre et blessé s'effondra, implorant d'une voix haletante sa miséricorde. Bjorn ne lui en montra aucune. Il plongea son poignard dans le cou de l'esprit et le souleva au sol. La couronne du roi rebondit et s'arrêta aux pieds de Ranar.

« Ne la touche pas, ordonna Bjorn. C'est ma clef pour Starnheim.
- Et moi ? demanda Ranar.
- Nous en trouverons une autre, rétorqua le jeune en s'abaissant vers la couronne tombée. Avant que je ne vienne ici, mes augures lurent dans les organes d'un ours, d'un corbeau et d'un élan. » Il leva la couronne vers Ranar, lui montrant les entrelacs de joaillerie, comment le cercle était tissé à partir de bandes de fer tressées, travaillé en forme de bois d'élan. « Nous prendrons le corbeau ensuite, et enfin l'ours, puis Starnheim s'ouvrira à moi, « dit Bjorn, souriant, les yeux brillants.

Ranar pouvait sentir la chaleur de la vie lui revenir. La faim palpitante et relâchée d'une avidité qui le parcourait. Il pouvait prendre et prendre et griffer et grimper, et Starnheim serait à lui. La faim de Ranar parlait : Bjorn était sa clé, le garçon se croyait seul aux commandes - alors prends .

Un mal de tête soudain et fendant fit tressaillir Ranar comme s'il était giflé. Ranar secoua la tête, la douleur soudaine et accablante, puis disparut. Il s'éloigna du jeune.

« Bien, dit Bjorn. Souviens-toi de ça. C'est ma saga. » Il enfila la couronne du Roi-Elan sur sa ceinture.

« Comment trouverons-nous le Roi-Corbeau ? Demanda Ranar à Bjorn.
- Les morts indiqueront le chemin, répondit-il. Bjorn brandit la courte lance de l'un des gardes du roi déchus, l'examina, puis la jeta parmi les esprits déchus. Elle atterrit avec un cliquetis, et quand elle s'arrêta, elle agit comme le foyer autour duquel le motif caché de la pièce s'est révélé. La garde du roi assassinée, indistincte, brisée et dispersée, se conforma néanmoins à une sombre cartographie. Coupés ou entiers, ils pointaient tous dans la même direction, vers le même mur de la chambre du roi et au-delà.

« Istfell n'est pas sans direction, déclara Bjorn. Ou récompense. » Le jeune montra les propres mains de Ranar.

Ranar baissa les yeux. Ses mains, une fois fané le vert de la chair d'esprit, furent guéries. Il en tint un devant son visage, émerveillé.

« Toi et moi devons être en vie pour entrer à Starnheim, dit Bjorn. J'ai besoin d'abattre trois rois du mythe ; toi, mon gardien, tu n'as qu'à obéir. »

Ranar serra le manche de sa hache, sentit les enveloppes de cuir bien usées, entendit le grincement de sa prise. Déjà la présence du jeune héros avait béni Ranar avec la vie, et chaque meurtre l'avait rincé davantage avec le sang rouge des vivants. La confiance dans la jeunesse l'avait récompensé - quel prix attendait la persévérance ?

Ils quittèrent le donjon creux de feu le Roi-Elan et se dirigèrent vers les brumes de l'intérieur profond d'Istfell. Ni Ranar ni Bjorn ne remarquèrent la perturbation dans le Cosmos bien au-dessus d'eux. Le loup du bout du monde était revenu de son errance. Silencieux, il les regardait tous les deux avec une curiosité intense, les yeux suspendus une fois de plus comme des soleils jumeaux au-dessus d'Istfell.



Au sommet du perchoir du Roi-Corbeau, Ranar et Bjorn combattait les garde-plumes du Roi-Corbeau. Le vent traversait le château aéré, secouant les capes de plumes superposées qui donnaient leur nom aux garde-plumes. Par paires, ils fondaient sur Ranar et Bjorn, brandissant leurs épées corrompues aux lames courbes avec une fureur semblable à celle d'un rapace. Dos à dos, Ranar et Bjorn combattaient les gardiens les plus fidèles du Roi-Corbeau, une hache et une lame droite se heurtant et chantant dans la salle éclairée par la flamme de la perche. Tenace et robuste, Ranar résistait aux lames noires des gardes-plumes, se musclant par leur empressement pour les abattre avec sa lourde hache.

Le dernier des garde-plumes vêtus de noir mourut avec un hurlement. Leur armure et leurs capes, sombres comme le ciel au-dessus d'Istfell quand la lumière de Starnheim ne pouvait pas percer, devinrent encore plus sombres. Dans les derniers instants de la mêlée, le Roi-Corbeau lui-même réussit à asséner un coup à Ranar, coupant une entaille à travers son armure avec une griffe corrompue avant que Ranar ne porte un coup mortel avec sa hache, envoyant le Roi-Corbeau au sol. Ranar leva sa hache, la soif de sang faisant rage en lui, et...

« Halte, » ordonna Bjorn.

Ranar s'arrêta. Chaque fantôme de chaque muscle qui composait autrefois son corps - et ceux réanimés qui le faisaient maintenant - bourdonnaient de puissance, avec le désir hurlant de faire tomber sa hache émoussée par la guerre sur le cou exposé du Roi-Corbeau. Mais il s'arrêta. La voix de Bjorn l'enchaînait.

« Le roi est à moi. » Bjorn n'était pas tant taché de sang, bien qu'il fût au cœur du combat avec son épée. « Va et bloque les portes avant que le reste des guerriers n'arrive. »

Ranar fit ce qu'il lui avait ordonné, tenant la porte de la chambre du roi fermée contre la clameur de ses sujets à l'extérieur. Bjorn s'enveloppa dans l'un des manteaux des garde-plumes tombés et s'approcha du Roi-Corbeau blessé.

« Jette ton masque et ta couronne. Fuis avec les tiens, et je t'épargnerai, susurra Bjorn. Ma quête est de me libérer de ce royaume où j'ai été envoyé, et tu es sur mon chemin.
- Enfant, cracha le Roi-Corbeau avec un croassement derrière son casque aquilin d'acier noir. Aucun de ceux qui se trouve sur Istfell ne pense qu'ils furent jugés correctement. C'est comme dans les royaumes des vivants - vous devez trouver un moyen de vivre malgré votre destin."
Bjorn plongea son épée dans le ventre du Roi-Corbeau. Le roi ne résista pas. Il attrapa la lame et se rétracta, son casque et sa couronne tombant au sol. Sous l'armure sombre, il était un esprit vert et maigre, et il ne criait pas. Son visage était un masque de résolution stoïque. Il avait été roi dans ce pays des morts ignobles – qu'est-ce que Bjorn savait qu'il ne savait pas ?

« Non, grogna Bjorn. Je rejette mon destin. » Il dégagea son épée. Le roi glissa au sol. La clameur à l'extérieur mourut. La ville se tut.

Ranar recula des portes, la hache à la main. Elles grincèrent en s'ouvrant, poussées par le vent doux sur les hauteurs aériennes du château du Roi-Corbeau. Les esprits qui y étaient étaient partis. Prudent, Ranar sortit du perchoir et se dirigea vers le bord vertigineux de la forteresse au sommet d'une falaise. La ville ci-dessous était vide.

« Où sont-ils partis ? » demanda Ranar.

Enveloppé dans l'un des manteaux sombres du garde-plumes, Bjorn était un enfant portant les vêtements de ses aînés. Il tira sur le heaume du Roi-Corbeau et ne répondit pas.

« Bjorn, dit Ranar en élevant la voix. Qu'est-il arrivé aux gens ? Où sont-ils allés ?
- Ailleurs, dit Bjorn. Comme nous le devons. »

Ranar sentit une profonde torsion dans son ventre alors que la soif de sang disparaissait. L'inquiétude. Était-ce ce qu'on devrait ressentir pendant une grande quête ? Comme s'il faisait quelque chose de mal ?

« Le Roi des Ours, demanda Ranar. C'est ton père.
- Est-ce une question ou une accusation ? dit Bjorn à voix basse.
- Une question, dit Ranar. Connaissais-tu ce Roi-Corbeau ? L'Elan? Étaient-ils aussi tes parents?
- Pas plus que je ne connaissais l'Ours dans la vie, déclara Bjorn.
- Le parricide ne peut pas être valeureux, rétorqua Ranar.
- Le manque de bravoure ne rend pas un exploit moins grand, siffla Bjorn. La ruse est sa propre vertu, tout comme l'arrogance.
Comment êtes-vous arrivé à Istfell ? » lui demanda Ranar avec un regard d'horreur.

Bjorn ne répondit pas.

« Tu as fait ça exprès, n'est-ce pas ? dit Ranar. Tes augures, tes prophéties – tu es venu ici de ton propre chef.
- Je fais mon propre destin, rectifia Bjorn en montrant sa lame à Ranar. Vous pensez qu'une épée qui pourrait couper une porte dans Starnheim ne pourrait pas facilement déchirer le passage à Istfell ? Viens, continua-t-il après un rire. Cette conversation va nous emmener en boucle. »

Le loup du bout du monde les regarda partir, curieux. Alors que Ranar et Bjorn marchaient plus profondément dans Istfell, le loup erra dans le Cosmos pour informer certains êtres de certaines choses et de l'approche de certains événements à venir.



Bjorn et Ranar arrivèrent au centre d'Istfell, après avoir été guidés à travers la brume par la vue infaillible accordée à Bjorn par le heaume du Roi-Corbeau. De l'autre côté d'un champ tumultueux divisé par une route droite comme des rasoirs, la masse d'ombre d'une grande tour surgissait du brouillard. Ses hauteurs se perdaient dans la brume épaisse, et les traits qui définissaient son visage de pierre n'étaient discernables que par les ombres plus profondes qu'elle projetait depuis la lumière au-dessus. Bjorn les conduisit tous les deux sur la route large et droite, les yeux du heaume du Roi-Corbeau brillaient d'un jaune pâle dans l'obscurité. Des mégalithes bordaient la route. Entre les menhirs et le brouillard qui flottait sur eux et entre eux, c'était comme s'ils traversaient un tunnel.

Ranar marchait derrière, les nombreuses blessures reçues de la part les garde-plumes douloureuses, la souffrance sur sa peau vivante comme une flamme toujours brûlante, mais aucune d'entre elles n'était mortelle. Il faisait un grand effort pour porter sa hache, bien que la fatigue l'obligeât à la traîner dans le sable. Il ne serait pas surpassé par un jeune qui avait à peine la barbe. Cela, et il avait commencé à se demander si les Valkyries entendraient parler de leurs exploits ; s'ils se montraient, Ranar préférait être mort serrant sa hache plutôt que vivant en la traînant. Mort, pensa Ranar, ou ce qui est arrivé aux esprits qui ont été abattus à Istfell.

« Bjorn, l'appela Ranar. Bjorn, qu'est-ce qui nous attend dans la tour ?
- Le Roi-Ours, répondit Bjorn. Le gardien jaloux qui barre la route de Starnheim.
- Je croyais que le seul chemin était celui des Valkyries ? s'étonna Ranar.
- Il y a plus de voies qu'on ne t'a dit. Sais-tu comment Istfell est né ? demanda Bjorn.
- Non, avoua Ranar.
- Je vais te le dire : le monde est né d'une graine, commença Bjorn. Cette graine est devenue l'Arbre-Monde, et tout le reste grandit de là, poursuivit-il avec la voix changée de celui qui cite quelque chose de mémoire. La Première Saga. La première fois que les hommes ont tenté de condenser la fascination de la création en mots.
- Que devons-nous faire d'autre de notre temps ? demanda Ranar en ne parlant qu'à lui-même car Bjorn conversait de la même manière qu'il parlait.
- Istfell, continua Bjorn, fut ignoré assez longtemps par ceux qui avaient la force de le détruire pour qu'il grandisse dans l'ombre de l'Arbre, sous la lumière de Starnheim. Ce royaume, poursuivit-il avec un rictus, a toujours été celui des bannis et des oubliés ; ceux au-dessus ne pensent jamais à regarder en bas – nous utiliserons cela à notre avantage. »

Les deux atteignirent les portes de la tour du Roi-Ours. Personne ne les aborda ou ne tenta de leur interdire l'entrée. Les portes gémissaient sous leur poussée, révélant un intérieur sombre et austère. La tour était assez grande à sa base pour contenir une ville à l'intérieur de ses murs. Au lieu de cela, il n'y avait rien d'autre qu'une mare d'eau et un corps au pied d'un grand escalier menant aux hauteurs de la tour.

Plantée dans le corps tombé - une forme momifiée d'un temps lointain - se trouvait une lance de facture ancienne. Enroulé autour de la lance, il y avait un tissu, une bannière. Démêlé, il y avait un seul mot peint dessus : MONTE.

Et, ainsi, Bjorn et Ranar montèrent dans la tour, grimpant à travers le brouillard et l'obscurité semblable à une soupe sur le large escalier en colimaçon. Au fur et à mesure qu'ils progressaient, la tour vieillissait à l'envers : les étages les plus bas étaient sombres et en ruine, pierre taillée grossièrement usée par d'innombrables éons de passage ; au fur et à mesure de leur ascension, cette pierre brute céda la place à UNE pierre finement ciselée, qui céda la place à la pierre de mortier, puis à la brique, au marbre et à travers des matériaux encore inconnus de Ranar. Les strates le clarifiaient : les premiers constructeurs de cette tour devaient précéder l'arrière-grand-père de Bjorn de plusieurs millénaires, et ses constructeurs les plus récents étaient bien plus accomplis qu'aucun artisan Ranar ne connaissait.

« Quel âge cela a-t-il, » marmonna Ranar, une question que Bjorn ignora. Les murs de cet étage de la tour étaient en métal martelé, froid au toucher. « Bjorn, jusqu'où allons-nous monter ?
- Nous y sommes presque, déclara Bjorn en désignant les murs. Ceux-ci sont formés du même métal que celui que les Valkyries utilisent pour fabriquer leurs lances. La lumière à l'extérieur, déclara Bjorn en indiquant les fenêtres hautes et étroites sonnant dans le sol qui de leur blancheur aveuglante faisaient mal aux yeux de Ranar. Cette lumière est la lumière de Starnheim elle-même. Sois prêt. Nous sommes proches. »

Cette proche du royaume des légendes, dans une tour construite à partir des métaux utilisés par les Valkyries elles-mêmes. L'humble hache de Ranar semblait d'autant plus banale. Bois et fer, non irisés, sans or, pas fabriqué à partir d'un matériau de légende, cueilli dans le Cosmos. Il la tint en avant et prêet, même s'il savait que ce n'était que lorsqu'il rencontrerait les gardiens du chemin de Starnheim qu'il apprendrait à quel point sa vieille hache était vraiment utile.

Du mieux qu'il put, Ranar se prépara.



Sur la voûte d'Istfell, sous la lumière aveuglante de Starnheim, Ranar et Bjorn se tenaient devant le Roi-Ours et sa dernière garde ursine. Le dernier étage de la tour du Roi-Ours était un plateau plat et sans relief formé de verre noir sans soudure. L'air était calme. À cette hauteur, la lumière du royaume des héros effaçait toute ombre. Le Roi-Ours était plus jeune que Ranar ne l'avait pensé - un homme qui ressemblait à son titre, de taille et de profil héroïques. Debout dans le rang avec sa garde ursine, il dominait le plus grand d'entre eux par une tête, ses épaules larges sous des épaulettes poilues et couvertes de fourrure. Son épée était une plaque d'acier aussi grande que lui, une tueuse de géants, de jötnar et de démons.

« Ours, commença Bjorn. Tu sais pourquoi je suis ici.
- En effet, acquiesça l'intéressé.
- Et tu sais qui je suis.
- En effet, répéta le Roi-Ours en roulant des épaules.
- Alors pourquoi bloques-tu mon chemin ?
- Nous sommes gardiens de ce royaume, répondit le Roi-Ours. Nous nous levons contre ceux qui le mèneraient à la ruine.
- J'exige que tu t'éloignes, dit Bjorn avec la voix qui s'élevait.
- Non, monseigneur. Nous nous levons contre toutes les menaces pour Istfell – celles du dedans et du dehors.
- Qu'il en soit ainsi. Tu vas trouver le Cosmos bien moins sympathique que moi. » Avec cela, Bjorn avança, l'épée prête, et chargea.

Le combat à suivre était équilibré entre l'élégance et la brutalité. Bjorn, avec grâce, parcourait de sa lame les gardes et les armures plaquées. C'était un éclair noir, intact. Les gardes ursins étaient mieux équipés pour combattre Ranar, et le fracas de leurs armes qui se heurtaient retentit comme le tonnerre sur Istfell. Hache contre épée, l'impact de la lame sur la lame fissurant le verre noir sous les bottes des guerriers.

Ranar était le bélier qui brisait la porte de côté ; Bjorn, la flèche du tireur d'élite qui ferait tomber le roi. Ensemble, ils tuèrent la garde ursine. Lorsque le dernier fut tombé, rien ne se tenait entre eux et le Roi-Ours.

« Il est toujours temps de cesser ce massacre, dit le Roi-Ours. Quittez ma tour. Donne les terres de l'Elan et du Corbeau à ton champion. Fais de lui un vassal loyal, continua-t-il tandis que sa voix mesurée et calme se teintait de tristesse. « Istfell est déjà tien. Prends soin de ce jardin comme un humble intendant. Sois heureux de ses fruits et de ses fleurs, et des pèlerins appelés ici. »

Bjorn cracha, et son crachat grésilla sur le plateau de verre noire. Il pointa son épée vers le ciel. « Je suis venu pour ce qui m'est dû par la force et le chant, beugla-t-il. Starnheim et tous les royaumes de l'Arbre-Monde seront miens.
- Non, » répondit le Roi-Ours.

Bjorn chargea, Ranar à un pas derrière. À travers le verre noir, ils tonnaient, et le vent autour d'eux commençait à monter, et quand ils atteignirent le Roi-Ours, Bjorn glissa sous le premier coup du roi, laissant Ranar donner le coup. Ranar - aussi vite qu'il le pouvait, bien qu'il se sentît dans ce moment lent comme la sève un matin d'hiver - amena sa hache dans une garde maladroite, assez pour intercepter ce qui autrement aurait été un coup fatal. Le manche de sa hache se brisa, le tranchant affamé de la lame du Roi-Ours se crispa dans le sac de Ranar, et Ranar fut jeté sur le côté, un mélange de sang et d'essence d'esprit vert pâle traînant dans l'air derrière.

Ranar s'écrasa sur le sol en verre noir et s'arrêta près du bord vertigineux de la tour. D'où il était couché, Ranar regardait Bjorn marquer une coupure rapide à la jambe du Roi-Ours. Le roi tomba à genoux et Bjorn put tourner autour de lui. Avec une frappe rapide, Bjorn poussa son épée à travers une couche de fourrure du Roi-Ours et dans sa poitrine. Le roi haleta et laissa tomber son épée. Le combat était terminé.

Ranar gémit, retint sa blessure et essaya de se relever. Du sang et de l'essence verte coulaient entre ses doigts. C'était tout ce qu'il pouvait faire pour lutter jusqu'à se dresser sur un genou, en utilisant le manche cassé de sa hache comme support. Il regarda Bjorn et le roi se dire leurs dernières paroles, père et fils dans une étreinte parricide.

« Tu as peut-être trompé l'Elan et le Corbeau, mais tu ne peux pas me tromper, déclara le Roi-Ours. Si tu as l'intention de m'envoyer dans le Cosmos, accorde-moi l'honneur de voir ta vraie forme. »

Bjorn sourit, et alors que son sourire grandissait, la forme du jeune homme se décolla de lui comme de la saleté s'élevant sur une fourrure battue. Les vêtements nobles sales mais fins scintillaient et se déplaçaient, s'assombrissant dans un manteau et des vêtements de pure nuit stygienne. Sa peau bronzée pâlit à un gris exsangue, et ses cheveux devinrent blancs comme de l'os blanchi. Bjorn était parti. A sa place se tenait le seigneur même d'Istfell lui-même, Egon, le dieu des morts, vieux comme la roche blanchie sous le gel de la toundra d'Istfell.

« Egon, murmura le Roi-Ours. Mon Seigneur.
- Tu fus un bon serviteur, » répondit le Dieu de la Mort. Egon tenait le Roi-Ours par derrière. Son épée s'était transformée avec lui, l'acier coulant pour former une méchante faux de verre fumant. Egon pressa le bord noir contre le cou du roi des ours. « Allez, va », dit Egon. Et quand tu reviendras ici, dis-moi quels démons menacent mon royaume. »

Avant que le Roi-Ours ne puisse répondre, Egon pressa le roi en avant dans la lame de sa faux. Le corps du Roi-Corbeau bascula vers l'avant, tombant avec un bruit sourd et peu glorieux sur la vitre. Egon leva la tête du roi des ours, bien au-dessus de la sienne, la poignardant vers le ciel brillant au-dessus.

« Starnheim, beugla Egon d'une voix de tonnerre, tu es mienne ! Ouvre-toi ! »

Ranar regarda depuis le sol, émerveillé, alors que le ciel au-dessus s'ouvrait, la réalité vert-blanc se décollant pour révéler un substrat doré au-delà. Une vue résolue, montrant un lac d'encre brillante, toujours, avec de grands drakkars glissant sur sa surface. Starnheim était ouverte devant eux. Ranar atteignit le royaume glorieux, fermant les yeux contre la lumière.

« Egon », souffla une voix comme une chorale, un cri de guerre. La lumière de Starnheim disparut, la déchirure du cosmos scellée. « De nouveau ? »

Egon baissa la tête du Roi-Ours et leva sa faux, découvrant ses dents dans un grognement silencieux.

Celle qui parlait était une Valkyrie d'une autorité singulière. Elle dériva vers la tour, emportée par deux ensembles d'ailes, l'un d'albâtre et l'autre aussi sombre que les vêtements d'Egon. Dans une main, elle tenait une fine lance, et en travers de sa forme blindée était attachée une puissante corne de héraut. Légère comme de la poussière, elle atterrit devant Egon.

« Firja, glapit Egon. J'exige...
- Tu ne le peux pas. Starnheim n'est pas ouverte aux dieux sans jugement ; il n'est pas encore temps, Egon. Tu resteras à Istfell.
- Tu n'as pas d'autorité, ricana Egon. Je suis grand. Ma quête était glorieuse. Je suis puissant. Par tes propres lois, tu dois me laisser entrer.
- Je ne fais aucune loi, Egon, répondit avec un rire Firja. Je suis juge, et je juge selon mon bon plaisir. T'autoriser dans mon royaume signifierait la fin. Alors je ne le permettrai pas. »

Egon dressa sa faux pour frapper mais Firja l'envoya au loin. Elle rebondit sur la surface brillante de la tour avant de s'envoler à l'air libre. Egon la regarda, gémit et tomba à genoux. Plus de combativité. Il frappa le sol, brisant le verre.

« Esprit, dit Firja en se tournant vers Ranar. Regarde-moi. »

Ranar fit ce qu'on lui demandait. Firja était terrible et grandiose, sans égal. Terrifié, réconforté, mais imprégné d'espoir, Ranar se leva. Il serra sa hache coupée en deux - un guerrier, toujours.

« Si quelqu'un ici mérite d'être inscrit sur le mérite, c'est toi, vieil homme, déclara Firja. Bien que je remette en question ton jugement ; tu en as manqué sur une telle entreprise, et tout en ne sachant pas qui il était. Le désir de gloire est aveuglant.
- Le Dieu de la Mort m'a conduit, oui, mais j'ai fait mon propre choix. Si je n'avais pas nourri le même désir que lui, je n'aurais pas suivi.
- Sois honnête», dit-elle en haussant un sourcil. Que feras-tu si je te refuse l'entrée et t'exhorte à rester à Istfell ? »

Ranar regarda entre Firja, radieuse, et Egon, bouillonnant. « Je sais comment servir, déclara Ranar. Et je sais comment m'humilier quand j'ai fait une erreur, affirma-t-il en offrant à Firja sa hache cassée.  «Dans la vie, j'ai monté la garde, et dans la mort, j'ai fait de même. Cette quête m'a mis à l'épreuve, et j'ai échoué. Je demande votre grâce afin que je puisse protéger les autres de mon même échec.
- Bonne réponse, dit Firja. C'est fait. »

Ranar se tenait droit, émerveillé alors que sa hache se réparât entre ses mains. Bien qu'abîmée par le combat comme auparavant, des veines de métal Valkyrie coulaient à travers le bois et se gravaient en nœuds sur la tête de la hache.

« Je reviendrai, Firja, ricana Egon. Je trouverai mon chemin dans Starnheim.
- Je suis sûre que tu vas essayer, dit Firja. Ranar, garde ton royaume. Frappe-le. »

Ranar réfléchit un moment, puis prit sa décision. Contre les protestations d'Egon, il balança sa hache, abattant le Dieu de la Mort d'un seul coup.

« Bien, dit Firja.
- Va-t-il revivre ?
- Oh, bien sûr, dit Firja en posant une main sur l'épaule de Ranar. C'est son propre royaume, et pour l'instant, il suit ses propres règles. Il errera dans le Cosmos pendant un certain temps, puis reviendra à son corps, ses vêtements et ses armements, s'assiéra à son trône et régnera à nouveau. » Firja dégagea ses ailes et les étira largement, se préparant à partir.

Ranar regarda le corps d'Egon pâlir, se fissurer et se transformer en poussière.

«Egon a déjà fait cela, dit Ranar. Moi aussi ?
- Depuis des éternités, il a essayé, répondit-il en hochant la tête. Je t'ai vu plusieurs fois, mais pas toujours, dit-elle. Tu fais partie intégrante de ce cycle. Si tu atteins la fin, tu es toujours utile. Bien que tu ne t'en souvienne jamais jusqu'à ce que je vous nomme à nouveau gardien - c'est la difficulté avec cet endroit. Istfell est le royaume de l'oubli et de l'inconnu. Tous ceux qui se trouvent ici disparaissent avec le temps; ceux qui le gardent ne sont pas à l'abri du pouvoir du royaume. Soit. » Firja parlait sans sentiment, d'un niveau qui pouvait sembler dur à ceux qui avaient les oreilles tendres, mais pas à Ranar. Il n'avait jamais connu que la morsure hivernale d'un ordre de jarl, ou le hurlement hurlant d'un cri de guerre démoniaque : il pouvait lire quand le froid était cruel et quand le froid n'était que froid.

« Comment dois-je garder un royaume quand j'oublie mes propres devoirs ? » demanda Ranar.

Firja reporta son regard sur le fantôme blanc cendré d'Egon. Un contour nu de sa forme effondrée restait sur la surface de verre sombre du sol de la tour, le reste emporté par le vent.

« Avant d'en arriver là, je veux dire, grogna Ranar.
- Tu es un gardien», dit Firja. Dans ton âme, tu es ferme dans ta tâche. Que ton devoir ressemble à ceci ou qu'il soit simple dans son exécution, tu l'accomplis. » Firja fit signe à Ranar de se rendre au bord de la tour, où ils pouvaient voir tout Istfell. Elle désigna l'horizon lointain, où Ranar savait que le royaume devait finir, bordé par la rivière. « Pense à la rivière, dit Firja. Bien que l'eau qui lui donne son corps puisse changer - n'est-ce pas toujours une rivière ?
- Je suppose que oui, dit Ranar. Bien que cette rivière soit bien gardée.
- N'est-ce pas ? Firja sourit, un spectacle rare. Sers bien ce royaume et ses habitants, Ranar d'Istfell. » Elle battit des ailes une fois, puis se leva du sommet de la tour. Une lumière dorée traversa la couverture nuageuse. Le rivage lointain de Starnheim s'ouvrait au-dessus d'eux. Ranar leva sa hache en signe de salut. Avec lui, il se protégea les yeux et regarda Firja voler dans la lumière. Seule, comme lui, dans son devoir.



Quelque temps plus tard, le vert corporel d'Istfell retomba sur le corps de Ranar, et il se retrouva à marcher le long du sol pâle et dur de la vaste toundra du royaume. La lueur de la lumière brumeuse au-dessus tombait, douce, sur la glace scintillante en dessous, et il n'y avait pas d'ombre.

Ranar ne ressentait ni soif, ni douleur, ni faim, ni douleur. Il était, une fois de plus, un fantasme. Un esprit dans un royaume réservé aux esprits. C'était son devoir de monter la garde, mais par où commencer ? Veiller aux portes d'Istfell, où les âmes entrantes le rencontreraient ? Chercher des nouvelles ou des rumeurs de pillards de ce royaume ou d'un autre ? Ranar portait sa hache rendue entière par Firja. Comme auparavant, il savait qu'il détenait la réponse.

Ranar leva sa hache dans le ciel, fit un pas sur le côté et marqua l'endroit où elle tombait. Le manche montra le chemin, loin à une distance insondable, où le Cosmos lui-même tourbillonnait. De l'autre côté d'Istfell, où des esprits méconnus criaient toujours pour des héros.

« Bien, dit Ranar. Direction. But. Gloire. » Seul, le gardien d'Istfell dégagea sa hache et partit vers l'horizon lointain.

Alors c'était comment ?

     
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Vous savez, moi je ne crois pas qu'il y ait de bonne ou de mauvaise Situation délicate. Moi, si je devais résumer ma vie aujourd'hui avec vous, je dirais que c'est d'abord des Rencontre au hasard. Des gens qui m'ont tendu la Main d'Emrakul, peut-être à un moment où je ne pouvais pas, où j'étais seul chez moi. Et c'est assez curieux de se dire que les Rencontre au hasard forgent une Destinée... Parce que quand on a le goût de La chose chevauchante, quand on a le goût de la Chose des profondeurs bien faite, le beau geste, parfois on ne trouve pas l'interlocuteur en face je dirais, l'Entité miroir qui vous aide à avancer. Alors ça n'est pas mon cas, comme je disais là, puisque moi au contraire, j'ai pu : et je dis merci au Don de vie, je lui dis merci, je chante le Drain de vie, je danse le Bâton de vie sylvok... je ne suis qu'amour ! Et finalement, quand beaucoup de gens aujourd'hui me disent « Mais comment fais-tu pour avoir cette humanité ? », et bien je leur réponds très simplement, je leur dis que c'est ce goût de l'amour ce goût donc qui m'a poussé aujourd'hui à entreprendre une Construction efficace de Carcasse mécanique de verdure, mais demain qui sait ? Peut-être simplement à me mettre au service de la communauté, à faire le don, le don de soi...

Otis - Adepte guidé par la gloire

Proposé par Sphax le 04/06/2018

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