Au cours des cinq prochains épisodes, nous n'aurons pas affaire à la Grande Histoire, aux Planeswalkers surpuissants qui changent la nature même des choses et entreprennent une guerre acharnée sur le plan de Ravnica. Non. Nous parlerons des Ravnicans qui, tandis qu'un machiavélique dragon manigance on ne sait trop quoi dans l'ombre, ne reçoivent peut-être pas l'attention qu'ils méritent.
Pour cette fois-ci, je vais tenter de traduire intégralement le texte. C'est hasardeux, un peu trop littéral ; mais au moins a-t-elle le mérite d'exister. Il peut s'y glisser des fautes dues à la fatigue ou l'inattention, que vous pouvez me signaler sait-on jamais. J'en fais tout de même un résumé en fin d'article pour ceux qui n'auraient pas le courage de tout lire.
Les précieux instants de la mort
Je plonge mon bâton dans un sol spongieux, me préparant à examiner les délicats chapeaux des champignon nid-d'oiseau, le champignon le plus convoité des shamanes Golgari cette saison. Seules trois fermes à putréfaction ont réussi à les cultiver, et la nôtre a été la première. Même les spécimens les moins beaux vont jusqu'à un zino. Celui-ci possède une impressionnante teinte bronze doré et contient à l'intérieur une demi-douzaine de sphères turquoises qui ressemblent à des œufs, mais il n'est pas destiné à orner les robes sophistiquées portées dans la Citerraine. Je prends ce champignon pour ma propre collection.
Je sors une fiole de ma sacoche de moissonneur et fais tournoyer l'élixir vert mousse jusqu'à ce qu'il brille au clair de lune. Je le retourne et laisse tomber une seule goutte du liquide sur la tête du champignon. Il reste là un moment, comme une goutte de rosée parfaite, puis une nappe de vrilles blanches se développe, enveloppant le champignon dans un cocon magique qui le préservera pour les semis de la prochaine saison. Je teste la solidité de l'enveloppe avec un pincement rapide de mes pinces, puis je l'ajoute à un compartiment soigneusement marqué dans ma sacoche.
Le chant des insectes rebondit contre les murs en ruines du canal qui bordent notre ferme et s'ouvre dans le ciel nocturne au-dessus. Une symphonie de grillons, de cigales et de sauterelles chante en chœur tandis qu'un goliath de Mortepont meurt au loin. Même quelques-uns de mes frères et sœurs se joignent à moi. J'entends la trille mélodique des ailes de Razi s'élever au-dessus d'eux. Elle est la meilleure chanteuse de notre famille. La préférée de notre mère depuis le jour où nous sommes éclos, même si elle ne l'admettrait jamais à voix haute.
Soudain, la musique dans le vent change, passant des appels vrombissants de fin de soirée romantiques en frontière du territoire de Golgari aux sons durs et rapides des nouvelles de la Citerraine - une nouvelle liche a été nommée. Je lève les yeux sur la vaste étendue de notre ferme et tous mes frères et sœurs ont également arrêté leur travail, essayant d'entendre ce que nous espérons tous dans nos cœurs - que la nouvelle liche soit un kraul. Comme nous. Mais non, c'est un autre elfe. Mes frères et sœurs retournent au travail, mais je ne peux pas éloigner le reste du message : la liche recherche un apprenti qui maîtrise parfaitement l'identification des champignons et qui s'intéresse beaucoup à la nécromancie.
« Pourquoi veux-tu travailler pour un elfe ? » Razi dit plus tard dans la nuit, après que les champs ont été entretenus et que nous sommes retournés dans les bras de notre Mère. « Ils portent des morceaux de nous dans leurs cheveux, peignent des yeux sur leur visage pour qu'ils ressemblent à des insectes, et pourtant, quand vient le temps de diriger... qui choisissent-ils encore et encore ? »
« Et Mazirek ? »
« Et lui ? C'est un prêtre kraul parmi des dizaines de gorgones et de centaines d'elfes Devkarin. »
Je serre mes ailes, produisant une note amère de mécontentement. Je sais que Razi ne veut pas dire cela à propos de Mazirek. Elle est juste énervée à l'idée que je quitte la ferme. Je serais aussi en colère si elle m'avait dit qu'elle allait chanter pour la cour de Vraska.
« Tu es la meilleure pour chanter », dis-je. « Je peux à peine tenir un air. Ellin est le meilleur pour voler. » je plie les ailes, l'une d'entre elles malformée. « Je ne peux même pas prendre l'air. Je connais beaucoup de choses sur les champignons, mais c'est uniquement parce que Kuurik est un excellent professeur. La nécromancie pourrait être ce que je fais de ma vie. Un métier qui rendrait ma mère fière de moi. »
« Elle est fière de toi. Elle est fière de nous tous. Tu peux le voir dans ses yeux. »
Je lève les yeux dans les orbites sombres et profondes où notre mère avait jadis eu les yeux, mais je ne vois pas de fierté, seulement du vide. Nous maintenons son exosquelette irisé brillant, ce qui lui permet d'être un phare visible d'un côté à l'autre de notre ferme. Elle est notre ancre familiale. Notre tout. Dès que nos sacs d'œufs ont éclaté, nous nous sommes nourris de ses organes internes - de la viande douce et nourrissante, faisant croître notre petit corps larvaire. Ensuite, nous avions perforé sa carapace et créé nos cocons en-dessous, et pendant des semaines, elle avait dissuadé de manière désintéressée les prédateurs avec sa pince. Finalement, nous sommes sortis et nous nous sommes gavés de ce qui restait d'elle cent sept, jusqu'à ce que son exosquelette soit nettoyé et que nous ayons la force de nous débrouiller seuls. Maintenant, sa carapace géante est notre abri pendant la journée, juste assez de coins et de recoins creusés pour que chacun de nous puisse trouver un endroit à soi. Mère a tout sacrifié pour nous. Comment pourrais-je ne pas vouloir la rendre fière ?
« Réfléchis bien, Bozak, s'il te plaît. Nous en parlerons tous demain soir. » Riza bâille, allongée dans la courbe d'une des mandibules de Mère. « Jusqu'à la mort, mon cher frère. »
« Jusqu'à la mort », dis-je en lui souhaitant non seulement un bon sommeil, mais aussi un adieu fondé. Dès que le soleil de midi brille sur les profondeurs obscures de notre canal, je range mes cartes, mes journaux, mes flacons et ma sacoche de moissonneur et je me faufile sagement pendant que mes frères et sœurs rêvent.
La majesté de la Citerraine est écrasante, avec ses vastes tunnels en pierre enveloppés de brouillard et des entrées circulaires géantes, comme des gueules ouvertes qui supplient de nous engloutir. Mes collègues concurrents sont venus vêtus de leurs plus belles robes côtelées avec des branchies d'oranges et de sarcelles et des morceaux de carapace brillants ayant appartenu à mes frères. Je serre fort bien mes possessions, mal habillé d'un bijou de bronze sur la tête, d'une plaque décorative sur la poitrine et rien de plus. La liche évalue chacun de nous, un voile mortel s'étale sur sa peau. Ses yeux sont devenus laiteux, y compris les enchantements de marques d'humeur sur son front. Sa robe est une œuvre d'art, une sangle noire qui cascade avec ses trente et une espèces différentes de champignons, formant un motif en mosaïque qui complète sa composition élancée, presque squelettique.
Nous sommes vingt-six d'entre nous assez courageux (ou stupides) pour tenter d'identifier et de récupérer quatre des champignons les plus dangereux de Ravnica. Je me tiens debout, je tiens mon antenne bien droite, tous mes genoux sont bloqués... prêt à être le premier à revenir avec les quatre spécimens. J'ai emballé des élixirs supplémentaires pour les enfermer, car l'exposition à certaines des spores peut entraîner la paralysie, l'asphyxie, la mort ou pire.
« Un seul d'entre vous sera jugé assez habile pour devenir mon apprenti », dit la liche. « Vous devez être minutieux, rusé et rapide. Si vous périssez, rassurez-vous : votre corps donnera la vie à des générations de décomposeurs qui pondront dans vos corps pourrissants des millénaires durant. » Puis il laisse tomber un mouchoir en soie de la meilleure araignée pour signaler le début de la compétition.
C'est la première fois que je quitte la ferme et je ne connais pas bien l'aménagement de la Citerraine, mais la liche nous a gracieusement fourni une carte. La plupart des autres concurrents se déchaînent, mais un moment passé à sonder la configuration du terrain permettra de sauver quelques moments perdus dans les marais. Alors que je trace mon parcours, une épaule d'elfe me heurte au passage, ce qui déchire le parchemin fragile en deux. « Regardez où vous allez ! » crie-je en frottant mes ailes pour émettre un juron kraul. Il me jette un coup d'œil, à peine capable de voir par-dessus la majeure partie des épaulettes en tête de champignon qui ornent sa robe bleu pâle. Sa bouche est obscurcie, mais de son sourire narquois ses marques d'humeur se projettent, je suis sûr qu'il m'a heurté exprès. Ça ne fait rien.
Localiser le champignon zombie est facile. C'est mortel, oui, mais pas vraiment rare. Ils préfèrent pousser à l'ombre des mangroves, et la carte indique qu'il en existe une non loin d'ici. Je sprinte à travers les eaux saumâtres, esquivant les vignes, traînant vers l'arrière du peloton. Nous sortons par une herse en béton dans un marais ouvert. La mangrove... c'est pour ainsi dire un lieu hanté. Les troncs à écorce épaisse sont soutenus par des racines surélevées, des auvents tordus ressemblant plus à des mèches vertes qu'à des feuilles. La plupart des concurrents sont déjà en train de fouiller les racines de l'arbre, le lieu idéal pour la croissance des champignons zombies. Je cours les rejoindre avant que les plus beaux spécimens ne soient cueillis, puis remarque que quelque chose ne va pas. La mousse sur les arbres... c'est du mauvais côté. Et ces racines, je pense avoir vu l'un d'eux trembler.
« Spectrebois ! » crie-je, attirant l'attention de la gorgone qui passe devant moi. Nous nous arrêtons tous les deux, nous nous tournons et commençons à courir dans la direction opposée, en avertissant les deux elfes et un autre kraul de nous suivre.
Nous entendons le craquement des vieilles branches et la succion des racines qui s'extraient du sol gorgé d'eau. Puis des cris. Des tas de cris. Puis le calme.
Nous n'arrêtons pas de courir tous les cinq tant que nous ne sommes pas de l'autre côté du marais et que nous n'ayons emprunté plusieurs tunnels trop étroits pour accueillir la circonférence d'un spectrebois. Enfin, nous nous installons, essoufflés et terrifiés.
« Eh bien, nous ne pouvons absolument pas faire confiance à la carte », souffle la gorgone. Ses cheveux sont en bataille, mais je risque un coup d'œil dans sa direction, histoire de voir à qui j'ai affaire. Elle est jeune et a la peau d'un vert olive profond. Les yeux sages comme quelqu'un de trois fois son âge.
« Je ne peux pas croire que la liche nous piégerait ainsi », dis-je.
« Les elfes de Devkarin sont des abrutis en ce genre », rétorque l'autre kraul.
Les deux elfes qui nous accompagnent rechignent, sans doute peu habitués à se retrouver en infériorité numérique. Ils boudent avec quelques jurons et des marques d'humeur énervées.
« Ne vous inquiétez pas pour eux », dit le kraul. « Zegodonis était le seul elfe de cette compétition qui valait n'importe quoi, et ses os sont mâchés par les dents d'un spectrebois en ce moment. Un âne complet. Même pour un elfe. »
« Zegodonis ? » demande-je. « Avec sa robe bleu vif et ses énormes épaulettes ? Une vingtaine de pattes d'insecte dans ses cheveux ? » L'elfe qui avait déchiré ma carte.
« C'est celui-là. De la mort à la vie », dit-il en crachant dans le marais.
« De la mort à la vie », je répète le mantra Golgari, essayant de calmer mes nerfs. Mais je ne peux pas m'empêcher de penser à toutes ces personnes... mortes. C'est arrivé si vite. Si je n'avais pas pris ce moment pour regarder la carte, mes os seraient aussi au fond de cette tourbière.
« Hé, comment tu t'appelles ? »m'interroge le kraul.
« Bozak », dis-je, avec un battement d'ailes.
« Je suis Limin. » Il sourit. Il a des ailes des plus étonnantes, pourtant elles se contractent à peine quand il parle. Sans elles, ses mots sonnent si plat. Tellement elfique. Il doit sentir mon malaise et offre une explication. « J'ai grandi au cœur de la Citerraine. Là, vous devez vous adapter pour survivre. »
«Je comprends», dis-je, même si ce n'est pas le cas. Si j'avais des ailes comme les siennes, je les gratterais toute la journée. « Et toi ? » Je demande à la gorgone.
« Kata », dit-elle, sans être impressionnée par aucun de nous deux. Elle me regarde comme si j'étais celui qui a le visage qui va passer de chair à pierre. « Oh, regarde. Champignon Zombie. »
Mais elle a raison, à une vingtaine de mètres, une petite partie du champignon se développe contre une grille d'égout. Nous recueillons chacun soigneusement un spécimen et le trempons dans un élixir d'enveloppe. Une fois le cocon durci, je repeins mon échantillon, par sécurité.
« Tu nous as sauvés la vie », me dit Kata quand elle eut fini. « Je t'en suis reconnaissante, mais ne te dis pas que nous travaillons ensemble. Un seul d'entre nous va gagner ce concours. » Elle s'enfuit, laissant Limin et moi seuls.
« Elle a raison. Mais cela ne veut pas dire que nous ne pouvons pas faire de trêve temporaire. Si nous partageons des informations et des ressources, nous pouvons presque garantir qu'un kraul gagnera. Qu'en dis-tu ? » Il tend la main, comme le font les elfes pour conclure un marché. Je retiens ma grimace alors que je presse ma main dans la sienne. D'où je viens, un accord entre kraul est scellé par le toucher de mandibules. Cela lui donne peut-être l'impression qu'il fait partie de la famille, mais cela me laisse le sentiment d'être un étranger dans mon propre corps.
Ensemble, nous récoltons de jeunes têtes-de-mort, à peine sorties de leur voile et prenons la tête devant Kata et l'un des elfes. L'autre n'est pas trop loin devant. Il regarde en arrière, essaie de courir plus vite, mais il trébuche sur une racine d'arbre surélevée et tombe à plat sur sa sacoche.
« A l'aide, je suis blessé ! », crie-t-il. « Limin. . .Allez, nous sommes amis, non ? Nous avons pratiquement grandi ensemble. »
« Il a perforé son spécimen de champignon zombie, » je murmure à Limin. Les spores gonflent le visage de l'elfe, mais il ne le remarque pas. « Nous devons passer. »
« Devrions-nous lui dire ? » Limin demande. « Peut-être qu'il peut— »
« C'est trop tard. » Il a déjà cessé de gémir. Il se lève et nous voyons le bâton empalé dans son sac de toile, menant droit dans la cavité thoracique. Il lève les yeux, admirant les arbres autour de lui alors que du sang coulait sur sa robe. C'est comme si la douleur ne le dérangeait même pas.
« Lequel de ces arbres vous semble le plus élevé ? » dit-il, le discours brouillé. Il existe plusieurs variétés de champignons zombies, mais celle-ci est la plus agressive et la plus rapide. Il est déjà en train de recâbler son cerveau, en le programmant pour qu'il réponde aux exigences du champignon. Son corps est maintenant un hôte involontaire pour la prochaine génération.
L'elfe choisit un arbre et l'escalade comme si son corps avait été construit dans ce seul but. Il va jusqu'au bout, puis se serre. Des champignons éclateront de ses yeux, de ses narines, de ses oreilles... se nourrissant lentement de ses tissus jusqu'à ce qu'ils soient prêts à faire pleuvoir des spores sur les marais. Je ne me sens pas désolé pour lui. C'est le mode de vie... pas très différent de la façon dont mes frères et sœurs et moi sommes venus chez notre mère. C'était elle qui nous avait nourris, qui s'était donné d'elle-même, mais ce n'était pas notre mère biologique. Nous ne l'avons jamais connue. Elle avait déposé ses œufs dans le coléoptère géant et n'avait encore épargné aucune pensée. Je sais que l'esprit de Mère avait été compromis, les murmures des envahisseurs la poussant à nous défendre. Je sais que ses cris n'étaient pas vraiment des berceuses, mais elle nous aime. Et nous l'aimons. Aucune famille n'est parfaite.
Je suis tellement absorbé par les souvenirs de la maison que Limin doit m'emmener de force. Nous travaillons ensemble pour que le champignon crocs du loup qui pousse sur une souche pourrissante perchée sur une falaise dangereuse du territoire de Selesnya. Les ailes de Limin étincellent alors qu'il vole sans effort pour les récupérer, tandis que je jette des pierres sur la guivre adolescente qui essaie d'en faire son quatre heure. Enfin, nous arrivons au dernier spécimen de la liste.
Nous sommes de retour dans le ventre de la Citerraine, mes jambes recouvertes de mousse vert brillant. Je me fraye un chemin à travers le marais, ralentissant maintenant alors que la chanson de l'insecte se tait, un avertissement de ma famille que quelque chose de dangereux se prépare. Il y a une tanière de chiens de mousse devant nous, une entrée couverte de vignes, de lichen bioluminescent et les champignons des anges dévorants que nous recherchons. Un plongeon rapide sous l'eau et j'ai caché mon odeur aux chiens. Je fais signe à Limin de faire la même chose. S'ils dorment, nous aurons une chance.
Les têtes sont blanches le long du dessus et ont des plumes comme des ailes d'anges avec des bords noirs caoutchouteux dessous. Ils ne sont pas toxiques comme la tête-de-mort et le croc du loup. Celles-ci provoquent de graves hallucinations qui vous poussent à tuer tout le monde en vue, puis une heure plus tard, vous vous sentez parfaitement bien, sans aucun effet secondaire, à l'exception du sang de 28 personnes sur vos mains.
Je jette un coup d'œil dans l'entrée de la grotte et, bien sûr, trois chiens de mousse sont enroulés ensemble dans les ombres, les pattes tremblant dans un état de rêve : des griffes d'obsidienne pointues traînant à travers une chair imaginaire, des écorces étouffées venant de ces bouches à crochets. Doucement et légèrement, je lève la main pour attraper les anges dévorants.
« Psst, Bozak ! » murmure Limin : « Es-tu sûr que ce n'est pas le champignon de la patte de griffon ? »
L'un des tentacules du chien de mousse se déplace et j'arrête instantanément ce que je fais. Je retiens mon souffle jusqu'à ce que le tentacule se calme. Le bourdonnement aérien de Limin, juste à l'extérieur de la grotte, les ailes brillantes, mais tout ce à quoi je peux penser, c'est comment il diffuse son odeur et à tout moment, les chiens de mousse vont le remarquer.
« Je suis sûr », je murmure en retour. La patte de griffon ressemble tellement à un ange dévorant que même certains druides des spores chevronnés ont du mal à les distinguer, mais mon frère m'avait appris à repérer la légère différence dans la forme de leur chapeau.
Je collectionne les champignons anges dévorants et les enveloppe soigneusement. Je range mon échantillon dans ma sacoche et lui tend le sien. Limin atterrit dans le marais, juste à côté de moi. J'essaie de passer à côté de lui, mais il se mêle à mon chemin. « Quel est le problème, Bozak? Tu as peur que tu ne puisses pas dépasser un petit chien de mousse ? » Il plisse les yeux dans la caverne. « Oh, allez. Ce sont presque des chiots. »
« Mmm-hmm. Facile à dire pour quelqu'un comme toi. » Quelqu'un qui peut voler, je veux dire. « Maintenant, si tu veux bien m'excuser, nous sommes tous seuls à partir de maintenant. » J'entends plus de pas sur le chemin. Je lève les yeux pour voir une silhouette avec des cheveux qui s'agitent comme un nid de serpents. Kata nous rattrape. Les gorgones sont une concurrence féroce. Littéralement. Et je n'ai pas l'intention d'attraper un cas de pétrification.
« Jusqu'à la mort et au-delà ! » crie Limin, cachant son champignon, puis jetant un caillou dans la tanière du chien de mousse. Il atterrit au milieu du front d'un chien et tous ses yeux vitreux deviennent alertes. Sa tête se lève. Le museau recule dans un grondement. Puis les deux autres chiens sont réveillés et grognent juste derrière.
« Qu'est-ce que tu as fait, Limin ? » Je demande, mais il s'envole déjà.
Les chiens de mousse me fixent et s'avancent timidement. Je fais demi-tour et j'entame un sprint, et ils se lancent à ma poursuite.
« Chiens de mousse ! », je crie à Kata, puis nous courons tous les deux côte à côte et les chiens de mousse gagnent de plus en plus de terrain
« Je peux les pétrifier... »Elle me dit haletante et presque à bout de souffle... « si tu peux me faire gagner quelques secondes pour lancer le sort. »
« Je pensais que tu ne voulais pas travailler ensemble », dis-je.
« Bozak, est-ce que tu vas sérieusement être aussi mesquin pendant que des chiens de mousse essaient de nous manger vivants ? »
« Bien », dis-je. « Je vais les distraire. »
« Donne-moi une demi-minute, puis fais-les regarder dans ma direction. »
Je hoche la tête, puis agite mes ailes avec un bourdonnement irrésistible, et alors que les chiens ùe poursuivent, je tourne autour d'un bosquet de vignes, puis je reviens à Kata, tous les serpents sur sa tête ondulant avec ardeur. Elle libère son sort et deux des chiens de mousse ralentissent, puis se figent, la bouche ouverte en grognements vicieux. La chair se transforme en pierre, un pouce à la fois, mais le temps manque. J'ai encore un chien qui se dirige vers moi, et Kata essaie de lancer à nouveau, mais rien ne se passe. Soudain le chien est sur elle.
Je ne peux pas mentir... Mon premier instinct est de la laisser là et de courir après la victoire, mais que penserait Mère de cela ? Je frotte mes ailes, créant une belle chanson. Les insectes affluent vers moi, un essaim de criquets pèlerins. Je les envoie sur le chien de mousse qui arrête de s'en prendre à Kata et commence à essayer de ronger les insectes. « Va-t'en ! » Je crie à Kata, mais elle a une autre idée. Ses cheveux sont de nouveau flamboyants. « Non ! » Je crie, mais c'est trop tard. Le troisième chien de mousse se transforme en une statue et avec lui, près d'une centaine de sauterelles. Elles tombent au sol comme des cailloux.
« Quoi ? Ce ne sont que des insectes », dit-elle en me voyant la regarder.
Je m'apprête à lui dire qu'ils sont plus que des insectes, ce sont mes parents, mais je remarque ensuite que ses cheveux sont toujours agités. Je suis juste un insecte pour elle aussi.
« Un seul peut gagner, Bozak. Et ce sera moi. » Elle me fixe avec son regard. Ses pupilles se dilatent jusqu'à ce que ses yeux soient entièrement noirs, puis la lumière commence à briller sur les bords. Je reste immobile un moment, figée sous le choc, sous le coup d'une crise de confiance... mais alors mon bâton pulse dans ma main. Sa pointe est assez coupante pour percer la chair, peut-être. Je vais vite, pousse le bâton en avant. Il transperce la gorgone dans l'estomac. La lumière dans ses yeux s'estompe, le sort se libère et la raideur dans mes articulations se dissipe.
Elle est allongée là, serrant le bâton à l'entrée de la plaie, crachant du sang. Mon arme brille et semble presque s'être animée de magie. Mon esprit change... et je saisis la hampe en passant ma main le long de la courbe extérieure nacrée et de la noirceur côtelée de la courbe intérieure. Je l'avais sculpté moi-même dans l'une des jambes de ma mère. Le peu de magie qu'il contenait a disparu, son dernier cadeau pour moi. Ses encouragements me guident, mon esprit est déterminé par une chose. Gagner.
Avec tous les champignons bien rangés dans ma sacoche, tout ce que j'ai à faire est de revenir à la liche avant que Limin ne le fasse. Je ne serai peut-être pas capable de voler, mais je n'ai pas besoin de le faire quand j'ai des insectes à mes côtés. Je fredonne au moyen de mes ailes, imitant le cri d'accouplement du goliath de Mortepont. Le sol gronde, puis je le vois, un coléoptère géant qui court droit vers moi. Il est confus de me voir et non son compagnon potentiel, mais je saisis sa patte et m'accroche à la vie, et il avance péniblement, gagnant du temps précieux. Je vois Limin devant, et je rattrape mon retard, mais la bête tourne et je suis obligé de lâcher. Pourtant, je suis assez proche pour que je puisse avoir une chance.
Puis, hors du marais, une silhouette couverte de mousse se lève, le bâton à deux mains. Il saisit Limin alors qu'il passe, cassant deux jambes et une partie d'une aile. Limin tombe dans l'eau boueuse, criant lorsque la silhouette moussue s'empare de sa sacoche. L'agresseur lève alors les yeux vers moi... oreilles elfiques et marques d'humeur apparaissant à travers le grain vert sur sa peau. La moitié de son visage est couverte d'éclats et sa robe bleu pâle est déchiquetée.
Zegodonis. Il avait en quelque sorte survécu à l'attaque du spectrebois. Nous courons, je vais aussi vite que je peux, et il est en retard. Il me maudit, m'appelant par tous les sobriquets racistes qu'il puisse inventer, mais je garde l'œil sur le prix. La liche est là, pas loin. Je l'atteind d'abord et, instantanément, je suis rempli de réalisations. Je l'ai fait !
« Félicitations », dit la liche, le mort dans sa voix étant en accord parfait avec le reste de sa personne. Il examine mes spécimens deux fois avant que Zegodonis n'arrive jusqu'à nous.
« Félicitations à toi aussi. » Il prend le sac de Zegodonis et jette un coup d'œil à l'intérieur. « Vous avez tous les deux relevé le défi. Et vous servirez tous les deux sous moi. » Les yeux de la liche deviennent plus brillants quand il regarde Zegodonis, ce que je n'aurais pas cru impossible avec le regard qu'il m'avait donné.
Il devait y avoir un gagnant, mais je n'ose pas le confronter à ce sujet. Au lieu de cela, j'ai choisi de savourer ce moment et de devenir le meilleur nécromancien que je puisse être.
« Pas ici. Là-bas ! » Je crie à la bête de somme de champignons pour la cinquième fois. Il gémit à mon encontre, les membres couverts de duvet doux et blanc et un groupement de champignons à longues tiges poussant de ses épaules et de sa tête. Son corps est maintenu par la magie de la mort et des rhizomes fongiques qui animent des os qui ne faisaient pas chair depuis un siècle. Il est presque impossible de travailler avec telle bête. Les zombies naguères, ils savent obéir aux instructions, bien que la liche ne me confie aucune de ces responsabilités. Mais j'aime regarder comment ils marchent au rythme d'une époque révolue, vêtus de parures poussiéreuses avec nombre de fioritures, de volants et d'innombrables boutons de tissu cousus sur leurs corsages.
La bête de somme fongique, que j'appelle Benzi, place le cadavre qu'il transporte sur le tas au coin du sanctuaire de la liche, puis se tourne vers moi. Les orbites rivées sur moi, il attend avec impatience ma prochaine commande. Je soupire.
« Désolé, Benzi, » dis-je. Je n'aurais pas dû crier. Je suis frustré et je m'en prends parfois aux zombies. Ce n'est pas exactement ce que j'avais imaginé être l'apprenti d'une liche - s'occuper des morts-vivants au lieu d'apprendre à les élever. La liche est en consultation à Korozda, l'hôtel de ville de Golgari, et il a emmené Zegodonis avec lui. Encore. Il y a eu une attaque fongique sur Solcastel. Trois officiers supérieurs de Boros ont été exposés au même type de champignon zombie que nous avions été invités à rassembler. Ils avaient escaladé les échelons dans leur guilde, et l'un d'eux est parvenu au sommet. Vraska, notre maître de guilde, craint que les Boros ne s'en servent comme d'une autre excuse pour infiltrer la Citerraine et a convoqué les liches pour qu'elles se concertent sur la meilleure façon de procéder. Ils seront partis pendant des heures.
La liche ne m'aime pas dans son sanctuaire, et il me réprimande si je m'attarde trop longtemps lorsque je dépose des cadavres. La plupart de ce que j'ai appris sur les sorts provient d'une écoute indiscrète aux portes. Mais maintenant, je peux explorer à fond sans risque de me faire prendre. Il y a des étagères sur des étagères de crânes: des diables de Rakdos aux cornes épaisses et des orbites qui brillent d'un vert émeraude profond lorsque les lumières sont faibles, viashinos, minotaures, géants...tout le chemin jusqu'à un crâne de dragon qui sert maintenant de lutrin à la liche. Les spécimens de champignons qui tapissent ses murs font honte à ma propre collection. Il doit y en avoir des milliers. La pourriture est si épaisse dans les airs, si riche et si décadente, que je suis tenté d'essayer un sortilège de mort.
Je pratique les mouvements que j'ai vus faire la liche, et je prélève partout alors que le mana se précipite sur moi, courant sur ma peau comme des centaines de fourmis en marche. Je lutte contre l'envie de les secouer et je me détends à la place, laissant le mana couler le long de mon bras, la douce lumière verte s'accumulant dans la paume de ma main. Je m'adapte un peu au cadavre de rat pas si frais que j'avais trouvé en nettoyant derrière les cryptes des naguères.
Puis je regarde. La jambe arrière du rat tressaille, mais rien de plus. Je suis certain qu'avec les instructions de la liche, je serais capable de le faire maintenant. Zegodonis a déjà appris plusieurs sorts. J'avais espéré que la nécromancie serait ma vocation, mais peut-être qu'il est temps d'admettre que nettoyer les toiles d'araignées des cryptes et diriger les manœuvres fongiques est ce que je ferai du reste de ma vie.
J'entends des voix dans le couloir. La liche. Il est déjà de retour. Je ne peux pas le laisser m'attraper ici. Je me faufile dans le recoin à l'arrière du sanctuaire, puis regarde Benzi qui me regarde toujours, prêt à me trahir.
« Viens ! » Je lui commande. Il se traîne vers moi. "Plus vite! »
Les hurlements n'accélèrent jamais les choses. Je cours et le pousse dans le coin. Il gémit.
« Chut, » je lui dis. « Faire le mort. »
Benzi obéit, un petit tour que je lui avais appris pendant notre temps libre. Il s'effondre, la tête appuyée contre le mur de pierre gris et froid. La liche entre par sa porte privée, suivie par deux soldats de Boros. Ils se tiennent très bien et sont fiers, mais à la manière dont leurs yeux bouffis tournoient dans leurs orbites, je peux dire qu'ils ont peur d'être ici. La liche va aux flacons de spécimens de champignons et choisit ceux que nous avions récupérés de la grotte des chiens de mousse.
« Ange dévorant. Peut-être le champignon le plus mortel de Ravnica. Cela ne te tuera pas, mais tous ceux qui respirent ses spores seront pris dans leurs rages. Tu te souviens du massacre de Tin Street ? »
« Ouais », dit l'un des soldats. « Nous avons arrêté deux pirates Gruul pour cela. Vous dites que nous avons les mauvais criminels ? »
La liche arque un sourcil mince et maladif. « J'ai déjà planté un spécimen neutralisé sur la robe que portera Vraska pour son adresse au Krunstraz ce soir au donjon Hanging. Exhumze les corps du massacre et analysez les spores. Les preuves montreront que l'attaque est venue de la même plante. Boros n'aura pas d'autre choix que de porter une accusation de meurtre contre Vraska. Cette fois-ci, je vous le promets.
« Allez, on a une fête à faire », dit le soldat Boros.
« En effet », dit la liche, ses doigts osseux plantés dans un clocher. « Et j'espère que lorsque le moment sera venu pour Boros de soutenir un nouveau candidat au poste de maître de guilde, il tiendra compte de l'aide que je vous ai apportée aujourd'hui. »
« Oh, nous pensons que nous connaissons le bon Devkarin pour ce travail », rigolent-ils.
La liche sourit, ses lèvres desséchées révélant une étendue infinie de dents cendrées. « Zegodonis ! » il crie. Zegodonis arrive en courant. « Montre ces beaux soldats, tu veux ? »
« Oui, ma liche », dit Zegodonis avec une profonde inclination.
La liche examine son tas de cadavres, puis commence ses sorts de réanimation. Je jette un coup d'œil au coin de la rue, le regardant lancer, et la vie les emplit un par un. J'attends, nerveux. Je dois prévenir Vraska.
Je baisse les yeux et réalise que je serre toujours le rat mort dans ma main, juste ce dont j'ai besoin pour causer une distraction. Si je parviens à faire détourner la liche, je pourrai sortir d'ici. Je regarde le rat et lance le sort alors que je voyais la liche le faire. La lumière verte remplit à nouveau ma paume, plus épaisse maintenant, ressemblant davantage à du sirop qu'à de l'eau. Je le verse sur le rat. Les moustaches scintillent. Tremblements de queue. Quatre petites pattes pagayent dans les airs.
Je sors de ma sacoche un échantillon de champignon de queue de sanglier, moelleux et doux. Je le donne au rat. Il mordille en se bourrant la gueule. Des morceaux de champignons mâchés déboulent du trou dans l'abdomen, mais ils ne semblent pas s'en rendre compte. Je lance délicatement quelques morceaux de champignons aux pieds de la liche, puis pose le rat par terre. Il glisse à travers le carreau, mange les deux morceaux, puis prend une bouchée sur la cheville de la liche.
Il enrage, son bras agitant frappe un livre de sorts de son lutrin. Le vieux parchemin s'envole partout. Dans le chaos, je m'en tiens à l'ombre et glisse derrière la porte. Ensuite, je cours aussi vite que possible au donjon suspendu.
Je sens des centaines d'yeux sur moi lorsque j'approche du donjon suspendu. Je serre la tête, levant les yeux vers la forteresse accrochée au plafond comme un nid de guêpes. Même à partir d'ici, j'entends le bourdonnement et les claquements de mes compagnons kraul, émus par l'excitation d'une visite du chef de guilde.
« J'ai besoin de voir Vraska », dis-je aux gardes.
Je m'attends à ce qu'ils me demandent mes références, ou au moins qu'ils expliquent pourquoi je suis ici, mais le garde me regarde de haut en bas, comme si je ne pouvais pas constituer une menace. « Il ne reste que des places debout. Avance, » marmonna-t-il en désignant l'entrée du bas du donjon.
« En fait, pourrais-je avoir un ascenseur ? » Il jette un coup d'œil sur mon aile tordue, puis siffle vers un garde ailé qui m'entraîne au premier niveau du donjon. Au-dessus se trouve un grand atrium, de la mousse de couleur bijou drapée des surplombs. La garde royale, majoritairement kraul, rassemble tous les niveaux et je peux sentir le collectif vibrer à travers mon exosquelette. Sept étages plus tard, Vraska se penche sur la rambarde et fait signe à ses fidèles partisans. Je plisse les yeux. Je pense que c'est Vraska. D'ici, elle a la taille d'une fourmi.
La foule est si épaisse que je ne pourrai jamais la joindre à temps. Les officiers de Boros sont peut-être déjà en route, alors quoi que je fasse, je dois le faire maintenant. Je me fraye un chemin à travers l'essaim jusqu'à atteindre l'une des fenêtres du donjon, un raccourci pratique pour Vraska. Je commets l'erreur de baisser les yeux, le vertige assombrissant mes pensées. Tout ce que j'ai à faire, c'est une échelle de sept étages, et je sais exactement comment je peux les escalader sans craindre la peur.
Je sors un échantillon de champignon zombie de ma sacoche et le pose sur ma langue. Le cocon se dissout. Les minutes passent, et avec cela, ma peur des hauteurs. Je ne peux penser à rien d'autre que d'aimer atteindre le sommet du donjon suspendu. Je me faufile par la fenêtre et plonge jambe après jambe dans l'extérieur de la structure. Je grimpe sur sept étages, puis force mes pensées contre celles de mes envahisseurs fongiques. Je dois arrêter de grimper.
Plus haut, le champignon me dit.
Plus haut .
Plus haut .
Ça bat comme mon coeur. Mais je dois aller à l'intérieur. Je me fraye un chemin dans une série de chambres arrière jusqu'à ce que je trouve l'atrium. Vraska est debout là, le dos face à moi, prononçant un discours passionné devant la Krunstraz, les cheveux en bataille. Une douzaine d'espèces de champignons décorent sa robe. Je cherche le champignon ange dévorant. Je vois des ombrelles dorées sur ses épaules, des calottes elfes écarlates sur son corsage, des champignons du corail, une crinière en peluche... puis là, niché parmi le champignon de la patte du griffon qui traîne le long de la sangle du train de la blouse, je repère l'endroit où la liche avait caché le champignon dévorant de l'ange, sa casquette toujours aussi légèrement plus haute que ses voisins non mortels. Je m'avance un pas à la fois. Ses gardes et ses conseillers sont avec elle, mais ils ont tous les yeux rivés sur la foule rassemblée ci-dessous. Un de ses conseillers se retourne et me voit. Il s'excuse et commence à venir vers moi. Cela prend un moment à mon cerveau pour l'identifier comme kraul. Puis son visage devient évident. C'est Mazirek.
« Vous ! » il dit.
J'essaie de me préparer pour pouvoir lui parler de ma liche, du Boros, du champignon ange dévorant et du complot contre Vraska, mais le champignon a évincé presque toutes les fonctions qui ne comportent pas d'escalade et tout ce qui en sort n'est qu'un grondement incompréhensible.
Plus haut .
Un garde m'attrape par le bras et le serre fort. Cela devrait faire mal à la façon dont il le plie, mais ce n'est pas le cas.
« Faites-le sortir d'ici », dit Mazirek.
Le garde me pousse en avant, mais je concentre mes pensées. Si le champignon a atténué mon sens de la douleur, je peux l'utiliser en ma faveur. Je serre fort contre son emprise, une fois, deux fois, assez violemment pour déloger mon bras de la prise. Il se produit un craquement sourd où il s'est libéré, mais cela ne me dérange pas.
Le garde est laissé là tenant mon bras pendant que je cours vers Vraska. J'attrape le champignon ange dévorant sur sa robe et l'avale en entier. Je ne peux pas le laisser être trouvé ici. Je ne peux pas laisser les Boros s'enfoncer davantage dans l'Essaim, juste au moment où nous commençons à nous remettre du chaos interne provoqué par le changement de chef. Je cours à la fenêtre. Regarder vers le bas fait toujours peur, mais je fais ce que je dois faire. Je bat des ailes et saute.
Ce qui est formidable avec moi, c'est peut-être que je peux faire suffisamment de choses.
Je peux assez bien chanter un appel pour tromper un goliath de Mortepont.
Je peux lancer une pierre avec suffisamment de précision pour frapper une guivre de cinquante pieds dans les yeux.
Et je peux déployer mes ailes et voler assez loin... tomber suffisamment loin du donjon, en veillant à ce que Vraska ne soit pas impliquée dans le massacre de Tin Street.
Je me contracte dans les eaux peu profondes d'un marais de la Citerraine. Je ne m'étais pas attendu à survivre à la chute, mais peut-être que mes ailes m'avaient ralenti juste assez. Mon corps palpite, pas vraiment de douleur, mais une pression inconfortable, comme si je retenais ma respiration depuis trop longtemps. L'envie de grimper est partie. Je pensais peut-être que je me déchaînerais maintenant avec le champignon ange dévorant, mais peut-être que la liche l'a vraiment neutralisé complètement ? Je devrais aller quelque part loin des gens, juste pour être en sécurité. J'essaie de m'asseoir, mais deux de mes jambes sont cassées et ma carapace se fendille d'un bout à l'autre. Quelque chose ne va pas avec moi: un champignon remue à l'intérieur, il est puissant, précis et surveille mes pensées.
Je bouge mon bras restant, mais ce n'est pas le mouvement automatique auquel je suis habitué. Cela ressemble plus à un effort combiné, comme au moment où mes frères et sœurs et moi avions hissé Mère loin de la rive lors de notre première saison des inondations. Mes autres sens viennent aussi lentement, comme s'ils étaient traités et filtrés par cent esprits différents avant de m'atteindre.
« Prends. Le temps, » dit une voix à côté de moi. Il y avait beaucoup plus de mots que ceux prononcés, mais je ne peux que les comprendre. Dans un effort coordonné, je me tords le cou. Mes muscles glissent plus que bougent.
Ma vision est floue, la pression de la moisissure prend racine derrière mes yeux. Quelques champignons ont poussé à travers et ils ont détruit ma vision périphérique. Je les touche, avec des bouchons renversés et de minuscules sphères ressemblant à des œufs à l'intérieur. Champignon de nid d'oiseau. Mes échantillons avaient-ils éclaté de leurs enveloppes à l'automne? Ce ne sont pas les champignons à la croissance la plus rapide, et je commence à me demander depuis combien de temps j'avais perdu conscience.
« Attention, » dit la voix. Je me concentre sur la personne et vois les caractéristiques de kraul.
« Razi ? » J'appelle le nom de ma sœur, mais ma voix est rauque et lorsque j'avais essayé de me gratter les ailes, je ne pouvais pas les ressentir. Je panique, passe mon dos. Je me sens des souches couvertes de duvet doux.
«Ailes. Perdues. Automne. » Le visage derrière les mots commence à se figer. Cela prend un très long moment, mais je le reconnais.
« Mazirek ? » Je suis attiré par lui, pas seulement pour des années d'admiration, mais physiquement pour lui. Je le regarde comme la bête de somme fongale me regardait, attendant avec impatience son commandement.
Peut-être que je n'avais pas survécu à la chute après tout. Mais il y a des endroits pires pour finir que liés au plus puissant kraul de l'Essaim. Je tire les traits de mon visage en un sourire, complètement abaissé, et prêt à le servir du mieux que je peux.
C'est le moment de la mort –, pas quand vous prenez votre dernier souffle, ou votre cœur donne son dernier battement. C'est le moment où vous réalisez que vous avez toute la mort devant vous et que les possibilités sont infinies.
Court résumé
(à ne pas lire si vous comptez vous délecter de l'histoire)
Le 12/11/2018
Merci pour ton travail
mais on n'entend pas parler de nos planeswalker préférés ? à part ici vraska bizarre
1 réponse(s)
Le 12/11/2018
Ils préfèrent nous plonger dans l'ambiance avant de parler de la Grande Histoire ; une sorte de teaser géant. Personnellement, d'un côté je suis un Vorthos assoiffé de flavor, de l'autre, je crains que l'on doive se tâter pour les événements, avec un « Achetez le bouquin ». Et je suis pas sûr d'avoir le courage de lire un livre intégralement en anglais pour vous l'expliquer, pour le coup.
Le 12/11/2018
Bon, juste au passage, il y a une photo qui ne s'affiche pas. Mais le reste est comme d'habitude excellent.
1 réponse(s)
Le 12/11/2018
C'est corrigé ; je crains que la partie entre l'underrealm lich et le kraul ait sauté a cause de cette erreur : lis ce passage au cas où