Kamigawa : Neon Dynasty - Épisode 1 : Un étranger à Eiganjo - Magic the Gathering

Kamigawa : Neon Dynasty - Épisode 1 : Un étranger à Eiganjo

Kamigawa : Neon Dynasty - Épisode 1 : Un étranger à Eiganjo

Kaito ne se sent pas à sa place parmi les Impériaux. Mais l’irruption d’un étranger dans le palais, accompagnée d’une disparition, donne enfin un sens à sa vie.

  La storyline de Magic / Kamigawa : la dynastie Néon

Kaito ne se sent pas à sa place parmi les Impériaux. Mais l’irruption d’un étranger dans le palais, accompagnée d’une disparition, donne enfin un sens à sa vie.

  La storyline de Magic / Kamigawa : la dynastie Néon



Articles

le , par Drark Onogard
1392

Kaito ne se sent pas à sa place parmi les Impériaux. Mais l'irruption d'un étranger dans le palais, accompagnée d'une disparition, donne enfin un sens à sa vie.

Ce sera sans doute la seule histoire que je traduirai pour cette édition. J'invite toutes les bonnes volontés à se réunir et à collaborer pour traduire le reste. Ce serait dommage de priver les Français de l'histoire principale...
Si vous êtes interessés et vous voulez participer, contactez Arwen par MP site ou Discord.

Vous trouverez l'article original ici.

Épisode 1 : Un étranger à Eiganjo



Parmi toutes les pièces du Palais Impérial, la cuisine était la favorite de Kaito.

La fragrance du bouillon aux ramens, des brochettes de porc, du katsu curry ondoyaient dans le couloir et à travers la fenêtre latérale où Kaito était perché. Il inhalait comme s'il était dans la brume et descendit du rebord dans la réserve, faisant ses pas aussi silencieux que possible. Comme Pattes-de-lumière lui avait appris.

Non pas que la conseillère de l'impératrice approuverait les activités extrascolaires de Kaito.







Des plats étaient empilés sur le comptoir à proximité ; le bassin à côté était rempli d'eau savonneuse, des bulles s'élevant, extrêmement proches du bord. Kaito était presqu'à la porte quand un petit kami sortit sa tête de l'eau, clignant des yeux comme s'il sortait d'une sieste. Trois tasses de thé miniatures flottaient autour de son corps pareil à celui d'une salamandre, sa tête entourée par une multitude de cornes peintes qui ressemblaient à des éclats brisés de porcelaine.

Kaito s'arrêta, se préparant à être sermonné, quand le Kami de la Vaisselle Impériale attrapa une autre assiette sale et coula sous l'eau, indifférent à ce que Kaito faisait.

Le coin de sa bouche se souleva, plein d'humour, et il se précipita vers la cuisine grande ouverte.

Les cuisiniers du palais étaient distraits par leurs préparatifs. Entre les casseroles qui s'entrechoquaient, le bouillon bouillant et le twak d'un couteau de boucher contre une planche à découper, peu importait que Kaito fût silencieux – il pouvait aussi bien être invisible.

Ses yeux traînaient avidement sur la table centrale, où des morceaux ronds de mochi bleu reposaient en rangées uniformes, chacun décoré d'un visage souriant et de petits yeux jaunes en forme de croissants de lune.

Kaito leva une main, les doigts dansant légèrement comme s'il rassemblait son courage. Deux morceaux de mochi flottèrent dans les airs, planant à quelques centimètres au-dessus de la table.

Kaito rapprocha les bonbons avec son esprit, se concentrant alors qu'ils dérivaient vers lui. Il tendit la main, retenant son souffle, et les attrapa en l'air, juste au moment où l'un des cuisiniers le remarquait, derrière une marmite de dangmyeon.

« Hé ! » Le visage du cuisinier était déjà rouge à cause de la vapeur, mais maintenant il virait au violet. « Qu'est-ce que je t'ai dit à propos du vol ? »

Kaito redescendit le couloir, s'emmêlant les pinceaux. Il pouvait entendre quelqu'un courir après lui, mais il n'allait pas perdre de temps à regarder par-dessus son épaule. Il se retourna vers le cellier, agrippant de son coude le bord d'une casserole sale, et envoya tomber sur le comptoir une pile d'assiettes.

Le mochi toujours serré contre sa poitrine, Kaito leva sa main libre pour faire léviter la vaisselle. Elle planait sur place, mais les pas dans le couloir étaient proches. Trop proches.

Kaito n'avait pas le choix.

Il lâcha la vaisselle et sauta vers la fenêtre juste au moment où l'explosion de porcelaine résonnait derrière lui. Le kami jaillit de l'eau savonneuse, criant face à cette zizanie, et au cuisinier surpris de se tenir à côté de la vaisselle cassée.

Avec un sourire narquois, Kaito fourra un mochi dans sa bouche et l'autre dans sa poche, sauta du rebord de la fenêtre et fit le chemin inverse jusqu'au mur d'enceinte.

Comme la plupart des bâtiments d'Eiganjo, le palais impérial avait des toits bas et incurvés et des terrasses. Des jardins de mousse et de sable étaient présents en abondance, certains d'entre eux étalés sur les côtés du palais, avec des arbres dépassant de l'endroit prévu.

Même si le palais était gardé par de fidèles samouraïs et d'imposants robots de surveillance impériaux, Kaito errait librement entre ses cours. La plupart des Impériaux ne lui prêtaient aucune attention. Ils étaient plus préoccupés par le maintien de relations positives avec les kamis, la réglementation de la technologie et la surveillance du respect des règles par les Futuristes.

L'équilibre, comme l'appelait Svelte-patte.

Kaito ne se souciait pas de l'équilibre ; il était juste content que personne ne semble prendre la peine de regarder les toits.

Escaladant le bord du bâtiment le plus proche, Kaito suivit un sentier improvisé au-dessus des maisons et retourna au jardin de pierre de la salle d'entraînement. Les portes coulissantes étaient grandes ouvertes. Apparemment, Svelte-patte n'était même pas encore là.

Kaito se précipita sur le sable, passant devant une spirale de pierres brisées à moitié enfoncées dans le sol. Elles vibraient faiblement d'énergie ; une ancienne relique du passé.

Au moment où Kaito franchit les portes coulissantes, il sut qu'il n'était pas seul.

« Tu es en retard, » résonna dans l'ombre la voix aiguë d'Eiko. « Et ton visage est couvert de farine de riz. »

Kaito se tourna vers sa sœur. Même s'ils avaient le même âge, Eiko avait toujours semblé plus âgée. Peut-être parce qu'après la mort de leurs parents, elle s'était dit qu'il était de sa responsabilité de s'occuper de son frère.

Kaito s'occupait aussi d'Eiko, mais il ne la réprimanderait jamais à cause de ses amusements.

Non pas qu'Eiko en fît plus.

Il passa une manche sur sa bouche. « Ne sois pas en colère. » Il sortit l'autre morceau de mochi de sa poche et le lui tendit. « Je t'ai apporté un cadeau. »

Eiko fronça les sourcils, mais un soupçon de malice passa dans ses yeux. Avec un soupir, elle prit le mochi et le mit dans sa bouche, époussetant ses doigts contre sa chemise. « Tu devrais commencer à prendre ta formation plus au sérieux. Ça fait cinq ans – la plupart des Impériaux auraient déjà choisi une spécialité. »

Kaito haussa les épaules, souriant toujours. Cela empêchait généralement Eiko d'être trop en colère contre lui. « Nous sommes l'exception, pas la règle. Peut-être que si nous suivons l'entraînement général assez longtemps, nous n'aurons jamais à nous séparer. Nous pouvons rester comme ça pour toujours. »

Eiko serra la bouche, ses joues se colorèrent. « Kaito, je... »

Svelte-patte entra dans la pièce, et tout ce qu'Eiko allait dire sembla s'arrêter au bord de ses lèvres.

Vêtue de son kimono d'apparat, Svelte-patte traversa la pièce avec l'équilibre et la noblesse de quelqu'un qui n'avait pas seulement été élevé en tant qu'Impérial – elle en était l'exemple même. Sept queues blanches voletaient derrière elle. Un signe de l'âge et de la sagesse du kitsune.

Kaito et Eiko s'inclinèrent respectueusement. Svelte-patte était leur professeur, mais elle était aussi ce qu'ils avaient de plus proche d'un tuteur.







Même si Kaito n'aimait pas les règles du palais, cela ne l'avait jamais empêché de chercher l'approbation de Svelte-patte. Il souhaitait juste que cela lui vînt aussi naturellement que pour Eiko. La vie impériale convenait à sa sœur.

Mais pour Kaito, il y avait trop de murs.

Svelte-patte croisa les bras dans son dos et regarda directement Kaito. « Toi et Eiko ne serez plus des partenaires d'entraînement. »

Les sourcils de Kaito se froncèrent. « On s'entraîne plus ? » Il jeta un coup d'œil vers sa sœur, mais elle se mordit seulement le bord de la lèvre.

« Tu vas t'entraîner, » corrigea Svelte-patte. « Mais pas avec elle. Eiko a choisi d'étudier en tant que diplomate kami. J'ai arrangé son emploi du temps pour qu'il coïncide avec ses camarades étudiants impériaux. »

Kaito sentit le Plan basculer. Il se tourna vers sa sœur. « Pourquoi tu ne me l'as pas dit ? »

Les épaules d'Eiko s'affaissèrent. « J'ai essayé. Plusieurs fois. Mais tu ne veux jamais parler de notre futur, et je ne pouvais pas retarder mon entraînement plus longtemps. Nous ne serons pas des enfants pour toujours, Kaito. »

« Retarder ? Répéta-t-il. Qu'est ce que c'est censé vouloir dire ? »

Elle pinça sa bouche. « La raison pour laquelle j'ai mis autant de temps à choisir une spécialité, c'est parce que j'espérais que tu en choisirais une en premier. J'ai pensé... j'ai pensé que cela pourrait rendre les choses plus faciles. »

Kaito tressaillit, blessé. Peut-être qu'il ne voulait pas que les choses changeassent, mais il n'avait jamais voulu non plus retenir sa sœur.

Depuis combien de temps gardait-elle un tel secret ?

« Je suis désolée, » dit Eiko en posant une main sur l'épaule de son frère. « Mais il est temps. Pour nous deux. Et peut-être que maintenant tu pourras aussi choisir ta spécialité, sans te soucier de moi. »

Svelte-patte les observait tous les deux sans parler, si bien que même ses queues avaient cessé de se balancer.

Kaito cligna des yeux, luttant contre les larmes qui lui piquaient les yeux pour sortir. « C'est bon. Je suis content pour toi. » C'était ce qu'un bon frère dirait.

Et il voulait être un bon frère, même s'il ne faisait pas un bon Impérial.

Eiko hocha la tête, laissant tomber sa main. Les choses seraient différentes maintenant. Elle étudierait dans les bibliothèques et les salles du conseil et ferait des voyages dans le centre métropolitain animé de Towashi, et peut-être même à la périphérie de la forêt de Jukai pour réparer les relations avec les kamis.

Il ne restait plus grand-chose de la forêt – la plus grande partie avait été abattue pour faire de la place à la ville. Maintenant, les kamis la conservaient férocement, et seuls les plus habiles en diplomatie kami avaient une chance de réprimer les hostilités.

Ce serait le travail parfait pour Eiko, un jour. Pendant tout ce temps, Kaito serait coincé ici. Au palais. Sans aucun plan pour son avenir.

Svelte-patte fit un pas prudent en avant, levant légèrement le menton alors même qu'elle regardait Kaito. « Prompt-bras t'attend dans le jardin de sakuras. Il te présentera votre nouveau partenaire d'entraînement. »

Kaito avala le nœud dans sa gorge, mais il ne put se débarrasser de sa surprise. Prompt-bras dirigeait l'élite de l'Académie de Queue-dorée pour les samouraïs impériaux. Qu'est-ce qui le ferait accepter de former Kaito ? Et dans quel but ?

« J'y vais tout de suite, » dit Kaito d'une voix égale, et il quitta la pièce, désireux de se distraire.

Les jardins de sakura sétaient au cœur du palais impérial. Il y avait un raccourci en passant sur le mur, mais Kaito prit le long chemin à travers les bâtiments et les escaliers en pierre. Il était proche des chambres de l'impératrice et du temple de Kyodai ; il devait au moins avoir l'air d'avoir un comportement irréprochable.

Kaito n'avait jamais parlé à l'impératrice que derrière une porte grillagée. La première fois, c'était par accident – il avait escaladé le mauvais mur en essayant de s'éloigner d'un Kami des Floraisons printanières, qui n'avait pas apprécié que Kaito piétine accidentellement un parterre de fleurs, et s'était retrouvé dans un jardin privé entouré d'hortensias et d'étangs à carpes koï. Un porche extravagant menait à une porte-moustiquaire en papier, derrière laquelle brillait une lumière chaude. Quelqu'un était assis au bord de la pièce, mais tout ce que Kaito pouvait voir était leur ombre.

Il avait essayé de se faufiler pour s'échapper mais n'avait fait que deux pas lorsqu'une voix l'avait appelé et lui avait demandé ce qu'il faisait.

Kaito ne savait pas que c'était l'impératrice. Tout ce qu'il entendait, c'était la voix d'une fille de son âge. Quelqu'un de plus susceptible d'être son ami que quelqu'un qui rapporterait à Svelte-patte ses méfaits.

Alors Kaito lui dit la vérité. Comment il s'était faufilé dans la section restreinte de la bibliothèque après un pari et était à mi-chemin d'attraper l'un des livres quand quelqu'un l'avait repéré. Comment il n'avait jamais couru aussi vite de sa vie en essayant de s'échapper et avait dû grimper sur trois toits différents, cinq murs et escalader un bâtiment juste pour se mettre en sécurité.

La fille avait souri derrière le paravent. Il pouvait l'entendre dans sa voix quand elle lui avait dit qu'elle n'avait jamais rien entendu d'aussi stupide de toute sa vie.

Ils avaient parlé pendant près d'une heure avant que Kaito ne réalise qu'il était en retard pour un cours. Et quand il avait demandé comment s'appelait la fille, elle ne lui répondit rien. Il était interdit à l'impératrice de révéler son nom, même à ses proches. Mais elle lui avait dit qu'il était le bienvenu pour revenir la voir la prochaine fois qu'il aurait besoin d'un endroit où se cacher.

Alors que Kaito était en train de partir, il avait escaladé le mur et regardé le bâtiment – ??pour qu'il sache où revenir – quand il réalisa qu'il se tenait dans le jardin de l'empereur.

Un bon Impérial aurait mieux fait de ne pas revenir. Un bon sujet aurait su que parler avec tant de désinvolture à l'Impératrice de Kamigawa était inapproprié. Et un bon élève ne laisserait pas une distraction entraver ses études.

Mais Kaito n'était bon qu'à suivre son propre cœur.

La prochaine fois qu'il alla rendre visite à l'empereur derrière cette porte, il ne fit pas grand cas de savoir qui elle était vraiment, à part l'appeler « Votre Impératresse » quand il sentait qu'il avait besoin de quelque chose pour la nommer. Il lui parlait juste comme à un ami, jour après jour.

Et finalement, c'est ce qu'ils devinrent.

Kaito atteignit les portes du jardin de sakuras et serra les poings. Il parlerait à l'empereur du choix d'Eiko la prochaine fois qu'il lui parlerait. Mais quand elle poursuivrait inévitablement en demandant ce que Kaito ressentait à ce sujet, que dirait-il ?

Svelte-patte les préparait au service de l'empereur. Il était de leur devoir d'élever leur formation. Comment pouvait-il dire à l'Impératrice de Kamigawa qu'il en était mécontent ?

Devenir un samouraï était le plus logique pour Kaito. Il était fort et rapide pour son âge, et il maîtrisait la télékinésie – il pourrait être un atout pour les Impériaux avec la bonne formation.

C'était peut-être le plan de Svelte-patte. Mettre Kaito dans une position où si Prompt-bras le recrutait directement, il ne pourrait pas dire non.

Promt-bras attendait sur l'herbe, son armure impériale assemblée stratégiquement autour de sa silhouette de kitsune. Le métal scintillait dans la lumière du soleil, composé de différentes nuances d'or, de bronze et de roux, avec un éventail extravagant déployé dans son dos.

Sous son casque assorti, Prompt-bras hocha brièvement la tête. « Svelte-patte m'a dit que tu es un excellent épéiste. »

Kaito grimaça. C'était ça. Il allait être entraîné plus profondément dans la vie impériale, sans aucun moyen d'en sortir. Il serait un samouraï jusqu'à sa mort. « Euh... oui, monsieur. »

Prompt-bras grogna. « Je ne crois pas que Svelte-patte mente, mais je n'ai jamais rencontré non plus un excellent épéiste qui hésite. » Ses moustaches se hérissaient. « Tu veux réessayer ? »

Kaito se redressa. « Je sais bien me battre, monsieur. Je m'entraîne avec ma sœur depuis de nombreuses années. »

« Bon. » Prompt-bras se tourna sur le côté, ses yeux sévères fixés au-delà des sakuras. « Nous avons besoin d'un nouveau partenaire d'entraînement. Quelqu'un de compétent qui ne prendra pas de retard dans ses études. Et puisque tu n'as pas quitté l'entraînement général... »

Kaito entendit le dégoût dans sa voix. L'implication que Kaito était paresseux et pas du tout un matériau pour faire un samouraï.

Il cacha sa joie. Peut-être y avait-il encore de l'espoir.

Prompt-bras était trop occupé à regarder quelque chose derrière les arbres. « Tu te souviendras d'être respectueux à tout moment, mais tu traiteras également ces leçons comme n'importe quelle autre, compris ? »

Kaito hocha la tête et une porte voisine s'ouvrit. Des pas résonnèrent sur le chemin. Prompt-bras s'inclina très bas.

Se préparant à faire de même, Kaito pressa ses pieds l'un contre l'autre mais s'arrêta net lorsqu'une fille apparut au coin de la rue. Une fille aux cheveux blancs comme neige, aux yeux bruns et à l'expression trop sérieuse pour appartenir à quelqu'un d'aussi jeune.

« Merci pour votre service. » Sa voix était étudiée et formelle, mais Kaito en reconnaissait aussi la familiarité.

L'Impératrice de Kamigawa.

Les yeux de Kaito s'écarquillèrent. Il n'avait jamais vu son visage auparavant – seulement son ombre. Mais l'ombre qu'il connaissait était pleine de chaleur et de cœur, et de rêves de ce que le Plan pourrait être un jour.

Elle était plus qu'une ombre. C'était quelqu'un dont Kaito se souciait.

Il se souvint de s'incliner. « Merci pour l'opportunité, Votre Impératresse – euh, Altesse . »







Elle ne réagit pas au surnom maladroit qu'il utilisait depuis des années, mais le nez de Prompt-bras se contracta de manière désapprobatrice. Il ramassa sur son support l'une des épées d'entraînement en bois. À deux mains, il la tendit à l'empereur et baissa la tête. Quand il récupéra la deuxième, il la lança à Kaito à plusieurs mètres de distance.

Kaito était rapide – sa main se leva brusquement, attrapant l'épée par la poignée avant qu'elle ne le frappe à la poitrine.

Prompt-bras le regardait mais ne dit rien.

Prenant leurs positions sur l'herbe, Kaito et l'impératrice levèrent leurs épées, se préparant à s'affronter.

Kaito savait qu'il devrait la regarder à chaque mouvement, mais il ne pouvait pas détourner le regard de ses yeux. L'avait-t-elle reconnu ? Avait-t-elle reconnu sa voix ?

Le considérait-elle comme un ami, ou Kaito l'avait-il seulement imaginé dans sa tête ?

Prompt-bras donna l'ordre de commencer et Kaito donna un coup de son épée. L'empereur para – son style de combat était comme l'eau, fluide et puissant. Ils se déplaçaient en cercles autour du cercle de combat improvisé, les épées frappant l'une contre l'autre avec précision, aucun d'eux ne transpirant.

Kaito fit un pas en arrière, l'épée levée en parade, quand il capta le regard de Prompt-bras.

Traite ces leçons comme n'importe quelle autre.

Serrant les dents, Kaito hocha la tête. Il comprit ce qu'on attendait de lui. Et il espérait que l'impératrice lui pardonnerait.

Il donna un coup puissant avec son épée, repoussant l'empereur vers le bord du cercle. Il était implacable, attaquant dans des éclats de fureur vifs et rapides, à l'opposé de l'énergie calme de son adversaire.

Si elle était un lac sans ride, il était un tsunami.

Kaito l'épuiserait en quelques instants. Il en était sûr.

L'impératrice parait, encore et encore, puis s'éloigna de lui, comme de la soie flottante, si gracieuse que la force de son coup suivant le prit au dépourvu. Son épée se plia sous la sienne, et elle tint bon. Et puis dans un mouvement rapide, elle roula son corps et frappa le tranchant de son épée contre le pommeau de Kaito.

Il le sentit vibrer dans sa paume, mais il était trop tard. Elle se retourna à nouveau, donnant un coup de pied dans l'estomac de Kaito alors qu'elle prenait possession de son épée avec sa main libre et tenait les deux lames en bois contre son cou avant même qu'il eût eu le temps de se stabiliser.

Kaito leva les yeux vers l'impératrice – la façon dont la lumière du soleil explosait derrière elle, découpant sa silhouette élancée comme si elle était à nouveau une ombre derrière un paravent – et vit un sourire apparaître au bord de ses lèvres. Un sourire de reconnaissance.

Prompt-bras regardait toujours, alors Kaito essaya de ne pas sourire en retour. Mais à l'intérieur, il brillait.



Au fil des ans, Kaito et l'impératrice continuèrent à s'entraîner ensemble. Et quand ils ne s'entraînaient pas, Kaito trouvait des moyens de la rencontrer dans le jardin, où ils pouvaient parler à travers l'écran du porche. Sans l'œil vigilant de Prompt-bras, ils n'étaient que deux amis d'enfance partageant leurs secrets.

Kaito espérait que ce qu'ils avaient ne changerait jamais, même si le plan autour d'eux le faisait. Le spectre des rumeurs de soulèvements dans les montagnes de la ville de Sokenzan hantait la conversation quotidienne. Les Futuristes étaient de plus en plus frustrés par les réglementations impériales sur la technologie. Dans la forêt de Jukai, les relations avec les kamis étaient encore tendues.

Et Eiko était toujours occupée à étudier. Parfois, c'était comme si l'impératrice était tout ce qui restait à Kaito.

Appuyant ses doigts contre les tuiles noires du toit, Kaito vérifia à nouveau sa prise. Il avait plu pendant la nuit et certaines gouttières coulaient encore d'eau. Mais il aimait les défis, et c'était un bon moyen de s'entraîner à rester sur ses gardes.

Au loin, le train d'Eiganjo fit un virage, entrant dans la gare comme un poignard de métal. Des méchas en forme de bêtes en origami surgissaient des falaises environnantes, et des chevaucheurs de phalène apparurent au-dessus de leur tête, attendant de saluer les nouveaux arrivants – des Futuristes venant de la ville flottante d'Otawara pour parler avec les conseillers de l'empereur.

Kaito fourra le dernier morceau de pain aux haricots rouges dans sa bouche, frappa ses mains pour faire tomber les miettes et contourna le bord du toit vers la demeure de l'empereur.

A mi-chemin, il repéra un homme vêtu d'une armure futuriste debout dans l'un des jardins avec terrasse. Un lunaréen, planant à plusieurs centimètres au-dessus de l'herbe.

Il doit avoir devancé les autres, observa Kaito.

Des lumières bleues éclairaient la poitrine du Futuriste selon des motifs irréguliers, faisant briller la couleur presque blanche de son gilet. De fines feuilles de métal d'un rose doré reposaient sur ses épaules, par couches. L'homme en pinça une avec ses doigts, la cueillant comme s'il arrachait une feuille d'arbre.

Dans sa main, la forme triangulaire s'agrandit avant de se replier encore et encore, se transformant en un drone en forme de grue en origami. Il décolla rapidement, disparaissant dans les nuages comme s'il transportait un secret sur ses ailes.







Lorsque l'homme se retourna, Kaito se tenait devant lui.

L'inconnu écarquilla les yeux, clairement surpris. Il s'imprégna du visage juvénile de Kaito, évaluant son âge, et se détendit, les pieds appuyés contre le sol. « Impressionnant, gamin. Ça faisait longtemps que personne ne m'avait glissé dans le dos comme ça, dit-il avant d'ajouter avec un petit rire : Mais tu as de la chance que les Impériaux aient pris mes armes à la porte. Les gens comme moi ont tendance à frapper d'abord et poser les questions ensuite. »
Kaito ne bougea pas. « Je ne suis pas un enfant. » Il fit un signe de tête vers l'épaule de l'homme. « Et je suis presque sûr que les Futuristes ne sont pas censés apporter de la technologie extérieure dans le palais. »
- Je n'envoyais qu'un message amical, » répondit-il sans difficulté.
- Assez amical pour que tu aies dû te cacher dans le jardin pour l'envoyer ? »
L'homme inclina la tête. « Sans vouloir t'offenser, tu ne sembles pas vraiment être un Impérial » Il agita une main sur son propre visage pour souligner. « La plupart d'entre eux ont une certaine suffisance. Mais toi ? Tu as juste l'air curieux. En plus, tu sais, tu es toujours là, à me parler. »
Kaito croisa les bras. « Je ne suis pas né Impérial. Mais c'est ma maison maintenant. » Même au moment où il le disait, les mots semblaient faux. Comment quelque chose de vrai pouvait-il encore ressembler à un mensonge ?
« Pas de parents, hein ? » Comme Kaito ne répondit pas, l'homme haussa les épaules. « Moi non plus. Les miens sont morts en travaillant à l'usine. Il y a eu un déversement toxique et les capteurs là-bas étaient si vieux que personne n'a su pour les fumées jusqu'à ce qu'il soit trop tard. » Sa mâchoire se tendit. « Ils auraient pu être empêchés s'ils avaient eu accès à un meilleur équipement, mais avec toutes les réglementations impériales et le coût de la mise à niveau de tout ce qui se trouve dans les Tréfonds... » La voix de l'homme s'éteignit, mais il se força à sourire de nouveau. « J'ai de la chance d'avoir une grande famille à Otawara. Sinon, je serais peut-être encore là-bas, à me battre pour des technologies obsolètes et à lutter pour garder un toit au-dessus de ma tête. »

Kaito ne parlait pas de ses parents, et Eiko non plus. Pas à n'importe qui.

C'était mal de se plaindre, alors que les Impériaux leur avaient donné un endroit sûr pour étudier, avec beaucoup de nourriture, et le genre d'abri pour lequel certaines personnes sur Kamigawa se battraient volontiers.

Et pourtant...

« Il y a eu un accident au laboratoire Towashi où mes parents travaillaient, et ils ont tous les deux été exposés à des radiations. »  Kaito se raidit. Dire les mots à voix haute était étrange et ressemblait trop à une trahison. Que dirait Eiko ? Svelte-patte ? L'impératrice ?

Mais les mots devaient sortir. Peut-être valait-il mieux que Kaito les donne à un étranger.

« Ah, dit le lunaréen. Presque personne dans les Tréfonds ne peut obtenir une bonne technologie médicale contre l'empoisonnement des radiations. C'est beaucoup trop cher. »
Le visage de Kaito rougit d'une colère naissante qu'il ne savait même pas couver. « Mon père, lui, i avait cette technologie médicale. Il allait l'utiliser avec ma mère. Mais... elle n'avait pas encore été approuvée. »
- Marché noir ? »
Kaito hocha la tête. « Mon père a été arrêté. Il est mort en prison et ma mère est décédée peu de temps après. »
La voix de l'homme était teintée de compassion. « Il n'est pas juste que quiconque contrôle qui vit et qui meurt. La technologie devrait être pour tout le monde. Pour que chacun puisse s'occuper de soi-même, quand personne d'autre ne le fera. »
La bouche de Kaito se pinça. « Mais sans réglementation, n'importe qui pourrait construire n'importe quoi. Les mauvaises personnes pourraient fabriquer des armes. » Il fallait des règles. Svelte-patte avait insisté sur ce point plus d'une fois.
L'homme frappa amicalement l'épaule de Kaito et se pencha. « C'est ce que les gens disent quand ils veulent te contrôler. » Il retira sa main et retira un autre petit drone-grue en origami de son armure. « Là. D'une personne auquel le système a fait du mal à une autre. »

Kaito prit le cadeau, surpris de voir à quel point il le trouvait réconfortant. Les Impériaux avaient leurs propres drones, mais celui-ci était différent. C'était un morceau d'un monde que Kaito n'avait pas encore vu.

Le lunaréen se dirigea vers la porte, ses membres flottant avec grâce malgré les aspérités de sa voix. « Je suis en retard pour une réunion. Mais c'était agréable de discuter avec toi, gamin.
- J'suis pas un gamin, » s'exclama Kaito à sa suite.
L'homme rit par-dessus son épaule. « Si jamais tu cherches un emploi, je pense que les Futuristes pourraient profiter de quelqu'un comme toi. Demande juste Katsumasa. »

Il disparut dans le bâtiment, et Kaito eut l'impression que la terre avait libéré quelque chose. Quelque chose qu'il avait enterré il y a longtemps et qu'il avait trop peur de revisiter.

Jusqu'à maintenant.

Il aurait aimé avoir quelqu'un à qui parler. Mais Eiko était dévouée à la vie impériale – elle ne comprendrait jamais le conflit dans son cœur. L'impératrice non plus. Pas quand elle dirigeait Kamigawa et croyait si fermement que le contrôle de la technologie était le seul moyen de maintenir l'équilibre entre le royaume des mortels et celui des esprits.

Kaito regardait les chevaucheurs de phalènes voler au-dessus du palais, se demandant si Svelte-patte s'assurerait qu'un jour, il serait à leur place. Un loyaliste jusqu'au bout.

Mais au moins, il serait avec les gens auxquels il tenait. Peut-être que renoncer à une partie de son cœur ne serait pas si mal s'il menait une bataille qui protégeait sa famille.

Il avait déjà perdu ses parents. Il ne perdrait plus jamais personne d'autre.

Mettant le drone grue dans sa poche, Kaito soupira devant les nuages ??et se souvint qu'il avait sa propre réunion. Il remonta le mur et alla rejoindre son amie.



Les mois passaient lentement. Kaito ne parla Futuriste dans le jardin. C'était un secret qu'il portait avec lui. Un secret qui ne quitterait pas ses pensées.

Mais il expliquait bien à l'empereur comment ses idéaux changeaient. Elle n'était pas d'accord, mais elle le laissa parler, et d'une manière ou d'une autre, cela ne fit que donner plus de sens à ses sentiments. Mais alors même que son esprit commençait à s'éloigner des enseignements impériaux, le reste de sa vie semblait complètement inchangé.

Jusqu'au jour où Kaito trouva Svelte-patte debout dans le jardin de sakuras.

« Où se trouve Prompt-bras ? » Kaito inclina la tête, perplexe. « Est-ce que notre leçon d'entraînement a été annulée ?
- Il n'y aura plus de cours d'entraînement. » Svelte-patte plaça ses mains devant elle. Fut un temps, elle dominait Kaito, mais maintenant ils étaient à la même hauteur.
« Je ne comprends pas. » Le regard de Kaito traîna autour du jardin à la recherche de l'impératrice, mais elle n'était pas là.
Le nez de Svelte-patte se contracta légèrement. « Tu es presque un adulte, Kaito. Il n'y a aucune raison pour que tu sois le partenaire d'entraînement de qui que ce soit. Tu dois choisir un chemin et commencer ton propre voyage. Prompt-bras pense que tu serais un bon candidat pour...
- Je ne veux pas être un samouraï, » l'interrompit Kaito. Il n'avait même pas réalisé qu'il avait pris la décision jusqu'à ce que les mots sortent de sa bouche.

Mais il en avait assez de cacher qui il était et ce qu'il ressentait.

Les queues de Svelte-patte se redressèrent derrière elle. « Je sais que tu es ami avec l'impératrice. » Kaito détourna le regard. « Mais il est temps que vous vous concentriez tous les deux sur vos devoirs envers Kamigawa – l'impératrice envers son peuple, et toi envers l'impératrice.
- Je n'ai pas besoin de rejoindre l'Académie de Queue-dorée pour faire ça, » répliqua vivement Kaito.
- L'impératrice a de nombreux ennemis qui souhaitent son échec, avertit Svelte-patte. Elle a besoin de samouraïs. De loyalistes . » Elle s'arrêta, sa voix s'aiguisant comme une lame. « Pas d'un partenaire d'entraînement plus intéressée à se remplir la tête d'idées sur un avenir différent. »

Le cœur de Kaito se brisa. « Elle... elle vous l'a dit ? » Ils avaient parlé de tellement de choses au fil des ans, entre ombres. Ils s'étaient dit leurs peurs. Leurs espoirs pour le Plan.

Mais jamais Kaito n'aurait pensé qu'elle trahirait ses sentiments en les révélant à Svelte-patte.

« Il est de notre devoir de protéger l'empereur, toujours. La vie privée est une illusion pour quelqu'un de son statut. » Svelte-patte soupira, faisant un pas vers Kaito. « Peut-être que je t'ai laissé t'accrocher trop longtemps à ton enfance. Ça aurait peut-être été mieux si j'étais intervenue et t'avais mis sur une meilleure voie.
- Une meilleure voie ? s'étrangla Kaito, les poings tremblants. Vous n'avez aucune idée de ce que c'est ! »
Les yeux sombres de Svelte-patte restaient fixes. « L'équilibre est la seule voie. Les machines que nous construisons peuvent changer Kamigawa. C'est un pouvoir qui a besoin de supervision.
- Un seul chemin ne fonctionne que lorsque tout le monde est égal, répliqua Kaito. Les Impériaux sont en sécurité à Eiganjo. Ils sont en harmonie avec les kamis, et la technologie est disponible chaque fois qu'ils en ont besoin. Mais il y a des endroits sur Kamigawa qui n'ont pas ce luxe. Des gens qui ont besoin de repousser les limites de la technologie parce que leur monde n'est pas confortable. Et vous les en empêchez – vous les contrôlez parce que vous ne pouvez pas imaginer un plan où un civil pourrait avoir besoin d'inventer différents équipements pour rester en vie et en sécurité. Vous limitez l'accès à toute personne qui n'a pas les bons permis, sans aucun égard pour ceux qui n'en ont pas les moyens. Où est l'équilibre là-dedans ? Vous tuez des gens et...
- Ça suffit, Kaito, » le coupa Svelte-patte, les oreilles pliées et les narines dilatées. « Ces permis et réglementations garantissent la sécurité de la technologie . Vous utilisez des mots radicaux qui n'ont pas leur place dans le palais impérial.
- Ce que vous voulez dire, répondit amèrement Kaito, c'est que je n'ai pas ma place ici. »

C'était la première fois que Kaito tournait le dos à son mentor. Cela ne semblait ni courageux, ni puissant, ni sans raison.

C'était comme briser quelque chose qui pourrait ne jamais être réparé.



Kaito ne put pas dormir cette nuit-là. Il se tourna et se retourna pendant des heures, essayant de ne pas penser à ce qui s'était effondré entre lui et Svelte-patte.

Lorsque l'alarme retentit dans le palais, il était déjà réveillé.

S'arrachant de son lit, Kaito attrapa son drone-grue en métal sur la commode. Il avait été modifié pour un usage quotidien et s'ajustait maintenant confortablement dans son poignet. Il courut dans le couloir ; les samouraïs et le personnel impérial étaient partout, s'alertant les uns les autres et se précipitant vers leurs postes.

Kaito commença à se diriger vers les quartiers d'Eiko quand il repéra l'une des bibliothécaires courant vers lui. Il leva un bras pour l'arrêter. « Que s'est il passé ? »

Elle secoua la tête d'avant en arrière, la terreur persistant dans ses yeux. « Il y a un intrus dans le palais. Ils disent que les Insurrectionnaires sont là ! » Repoussant son bras, elle se précipita devant lui pour se mettre en sécurité.

Kaito hésita. Personne ne chercherait Eiko. Elle serait en sécurité avec les autres étudiants diplomates.

Mais l'impératrice...

Kaito tourna les talons, cherchant le balcon le plus proche. Les samouraïs surveilleraient les couloirs, les portes et les portails. Mais Kaito avait passé des années à courir autour du palais, entrant et sortant d'endroits invisibles.

Et les gardes surveillaient rarement les toits.

Sous le ciel de velours étoilé, Kaito prit le chemin le plus rapide vers les appartements de l'impératrice. Sa poitrine brûlait alors qu'il survolait les carreaux noirs, les yeux rivés sur le jardin où il avait passé tant d'après-midis. Lorsqu'il repéra le porche, il n'y avait aucune lumière qui se répandait sur l'herbe.

Mais la porte était déjà ouverte.

Kaito sauta du mur, roulant jusqu'à un arrêt prudent, à la dernière marche. Il avança silencieusement sur la pointe des pieds, s'arrêtant devant la porte, et retira le drone métallique de son poignet. Il se replia en une grue en origami et vola droit vers les ombres.

Il appuya un doigt sur la puce contre sa tempe qui lui permit de voir à travers la caméra du drone. L'empereur n'était pas là, et l'intrus non plus. Mais la porte de la chambre de Kyodai était également ouverte, et à l'intérieur, le clair de lune balayait le sol.

Un son résonna dans la pièce, comme trois voix qui criaient en même temps. Un cri, une chanson et un chuchotement, tous affligés de douleur.

Kaito se fichait d'attendre que le drone lui montrer ce qu'il y avait derrière la porte. Il courut au bruit. Parce que si Kyodai avait des ennuis, alors l'impératrice...

Il s'arrêta en dérapant lorsqu'il atteignit la grande chambre, juste au moment où le drone atterrissait sur son poignet. Une source chaude intérieure s'écoulait au loin, le brouillard recouvrait l'eau, donnant l'impression que la pièce s'étendait à l'infini.

Kaito n'avait jamais posé les yeux sur Kyodai auparavant. L'esprit gardien de Kamigawa ne parlait qu'à travers l'impératrice – se canalisait à travers l'impératrice d'une manière que personne d'autre ne pourrait jamais expérimenter. Pas sans la bénédiction du grand kami, qui ne devait être donnée qu'à la mort de l'impératrice.

Le kami était énorme, avec des centaines de bras dorés à taille humaine formant son ventre et ses membres. Des sphères dorées traînaient le long des formes d'origami dans son dos, avec une grande sphère noire incrustée dans son front. Avec une gueule pointue comme un dragon, trois masques bordaient le visage de Kyodai. Ils représentaient Michiko Konda, première impératrice à canaliser Kyodai.







Le regard de Kaito se posa sur l'énorme machine centrale suspendue au plafond. On lui avait dit une fois que Kyodai s'y accrochait comme un énorme câble, presque comme si elle se tenait séparée du plan mortel en dessous.

Mais à présent, Kyodai se tordait dans l'eau, fouettant le brouillard comme si elle souffrait et était confuse.

L'impératrice était introuvable.

Kaito était prêt à appeler les gardes – pour leur crier de venir rapidement voir ce qui n'allait pas avec Kyodai – lorsqu'il vit un homme étrange sortir du brouillard à côté du corps du kami.

Un homme vêtu d'une armure chromée comme Kaito n'en avait jamais vu auparavant, et un bras en métal qui pulsait avec une énergie violette, les extrémités formant une griffe monstrueuse.

Quand il croisa les yeux de Kaito, il brilla d'un rose d'un autre monde.

Avec un ricanement, l'homme sauta hors du brouillard vers le balcon ouvert. Kaito n'avait pas d'arme, mais cela n'avait pas d'importance ; il ne laisserait pas l'intrus s'échapper, quoi qu'il en coûtât.

Il le poursuivit sur les toits. Les tuiles se brisaient sous le poids de l'inconnu. Il était trop rapide et trop déterminé.

Mais Kaito était également déterminé.

Regardant une tuile lâche, Kaito jeta sa main en avant et envoya l'objet voler dans les airs. Il se brisa contre la tempe de l'inconnu.

Mais elle sembla à peine le blesser. L'homme au bras de métal pivota, les dents découvertes, puis baissa les yeux sur le poignet de Kaito. Un ricanement naquit dans sa bouche, et il agita ses doigts en l'air.

Kaito sentit son poignet tiré, puis il fut arraché du toit, s'agitant alors qu'il essayait de s'agripper à un rebord – à n'importe quoi – avant que son corps ne tombât dans les airs.

Son dos heurta le jardin de sable avec un bruit sourd . Kaito grimaça, arrachant le drone en métal de son poignet, et retourna en boitillant jusqu'au mur, grimpant aussi vite que son corps blessé le lui permettait.

Lorsqu'il atteignit la pente du toit, l'homme était déjà parti.

Au moment où il retourna dans les appartements de Kyodai, où tous les gardes et conseillers de haut rang attendaient, il réalisa que l'impératrice avait également disparu.

Les Impériaux donnaient tous de la voix, essayant de comprendre ce qu'il fallait faire – ce qui s'était passé . Ils prêtèrent à peine attention à Kaito, trop occupés à essayer de rejeter la responsabilité de l'attaque sur les Insurrectionnaires.

« Je l'ai vue, s'exclama Kaito. La personne qui a fait quelque chose avec l'impératrice. Il avait un bras en métal et des yeux brillants – ce n'était pas un Insurrectionnaire. » Ça ne pouvait pas en être un. Pas avec ces vêtements étranges et un pouvoir sur la technologie que Kaito n'avait jamais vu auparavant.
Svelte-patte apparut, ses sept queues déployées derrière elle. « Un bras en métal ? »

Kaito hocha la tête, soulagé. Svelte-patte le croirait. Elle l'écouterait. Elle comprendrait que...

Elle se tourna vers les autres conseillers. « Peut-être que les Futuristes sont responsables de cela. Ils ont peut-être utilisé une prothèse non réglementée pour kidnapper l'empereur, pour essayer de la forcer à changer les lois.
- Quoi ? Non ! Ce n'est pas ce qui s'est passé, dit Kaito d'un ton suppliant. Ce n'étaient pas les Futuristes. Je sais ce que j'ai vu ! »

Mais Svelte-patte n'écoutait pas. Elle était occupée à débattre les Impériaux, à déterminer qui blâmer et comment riposter.

Kyodai frissonna au loin, se balançant comme si elle ne comprenait pas ce qui se passait ou où elle se trouvait.

Peut-être même qui elle était.

Était-il possible que quelque part là-bas, l'impératrice soit tout aussi effrayée et confuse ?

Le visage de Kaito lui brûlait. Il y avait de la fureur brute dans sa voix. « Vous regardez dans la mauvaise direction. Vous essayez de blâmer les Futuristes au lieu de courir après l'homme que j'ai vu – l'homme que j'ai vu est responsable de cela. »

Personne ne s'arrêtait pour écouter. Pas Kaito.

Il criait par-dessus le bruit et le brouillard. « Il s'enfuit. Si quelqu'un ne fait rien, nous ne reverrons peut-être jamais l'impératrice ! »
Svelte-patte se tourna, les yeux réprimandant. « Va dans ta chambre, Kaito. C'est une affaire impériale. »

Kaito le sentit alors – ce qu'il avait toujours su.

Il n'avait pas sa place ici.

Il ne l'avait jamais eue.

S'arrachant du temple, il n'empêcha pas les larmes de colère de couler sur ses joues. Et le temps qu'il atteignît sa chambre, il savait ce qu'il avait à faire.

Cela lui briserait le cœur de quitter Eiko, mais elle avait une place à Eiganjo. Elle avait un but.

Et même si ce n'était pas celui qu'il voulait, maintenant Kaito avait aussi un but.

Il chercherait à Kamigawa l'homme au bras de métal. Il trouverait son amie et la ramènerait à la maison. Et tant qu'il pourrait s'en empêcher, il ne remettrait plus jamais les pieds dans le palais.

Cette nuit-là, Kaito escalada son dernier mur à Eiganjo, et il ne regarda pas en arrière.

Alors c'était comment ?

Toi aussi, loue son œuvre !


Si vous êtes l'une ou l'un de celles et ceux qui ont choisi la rébellion contre le brouillard de la toile qui étouffe les esprits, identifiez-vous pour participer. Sinon vous avez encore une chance d'éveiller vos sens, en rejoignant notre communauté de Magiciens Fous.

L'auteur

Drark Onogard
mdo
Modérateur

Sacrifié
GÀL NOM DE LUI

Voir le profil complet

Partage l'ami !

     


Le Dark Mogwaï

Retrouvez le Dark Mogwaï et la communauté des Magiciens Fous sur :

Scion, scion, scion des ténèbres
Scion, scion, scion de la forêt
En offrande, en offrande
Scion, scion, scion de l'ur-dragon
En offrande à Dark Mogwaï !

—Comptine populaire

Proposé par Dark Mogwaï le 19/06/2012

Le sondage du bas d'en bas de la page
Que des petites frappes à Croisetonnerre. Quel·le hors-la-loi aurait dû trainer ses bottes là-bas ?

Résultats (déjà 63 votes)