Kamigawa : Neon Dynasty - Chapitre 5 : La trame de la guerre - Magic the Gathering

Kamigawa : Neon Dynasty - Chapitre 5 : La trame de la guerre

Kamigawa : Neon Dynasty - Chapitre 5 : La trame de la guerre

Dernier épisode de l’histoire de Kamigawa : êtes-vous prêts à faire face à l’horreur phyrexiane et insurrectionnaire ?

  La storyline de Magic / Kamigawa : la dynastie Néon

Dernier épisode de l’histoire de Kamigawa : êtes-vous prêts à faire face à l’horreur phyrexiane et insurrectionnaire ?

  La storyline de Magic / Kamigawa : la dynastie Néon



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le , par Drark Onogard
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Dernier épisode de l'histoire de Kamigawa : êtes-vous prêts à faire face à l'horreur phyrexiane et insurrectionnaire ? Vous trouverez l'article original ici.

Episode 5 : La trame de la guerre



Le complexe n'était qu'un chaos de métal et de sang, mais la Vagabonde n'arrêtait pas de bouger. Elle faisait partie de la danse – une figure dans la bataille toujours en mouvement.

À proximité, l'épée de Kaito s'entrechoquait avec d'autres encore et encore, combattant l'assaut des hommes de main engagés par Jin-Gitaxias. Tamiyo planait au loin, rouleau délié alors qu'elle maintenait Tezzeret dans un état de paralysie temporaire.

De profondes marques de griffes étaient striées sur le sol où gisait le corps à moitié coupé de Jin-Gitaxias. Un signe qu'il avait essayé – et manqué – de se relever.

Maintenant, il était immobile.

La Vagabonde ne prit pas la peine de vérifier s'il y avait encore de la vie en lui. Se battre lui donnait l'impression d'être en transe. Le combat absorbait chacune de ses pensées, et cela ne se terminerait pas tant que le danger ne serait pas passé.

Un à un, leurs ennemis tombaient. La Vagabonde et Kaito s'en assuraient.

Lorsque le chaos s'estompa, seul le bruit du silence remplissait les oreilles de lla Vagabonde. Elle se tourna, gardant sa respiration sous contrôle malgré l'adrénaline qui la parcourait, et vit une lueur de soulagement dans le sourire de Kaito.

« On fait une belle équipe », dit-il en tordant le manche de son épée jusqu'à ce que le bord dentelé s'aplatisse et que la lame redevienne lisse. « C'est dommage qu'il n'y ait plus personne pour le deuxième tour.
- Je n'avais pas réalisé que tu avais développé un tel goût pour la guerre, répondit la Vagabonde en redressant son chapeau. Le garçon dont je me souviens aurait préféré le butin de la cuisine du palais. »
Le rire de Kaito était relâché. D'un mouvement fluide, il rengaina son épée dans son dos. « Tu dois être partie depuis longtemps si tu penses que la nourriture du palais est toujours la meilleure de Kamigawa. Je vais te présenter ce vendeur à Towashi – il te fait de ces rouleaux de crabe fumé qui fondent pratiquement dans la bouche et... »

Tamiyo s'éclaircit la gorge, désignant Tezzeret, lié par magie. Bien que son corps ne bougeât pas, ses yeux roses étaient pleins d'une rage de vie.

Kaito passa une main sur son crâne rasé, penaud. « Bien. Bosser d'abord, manger ensuite. »
Tamiyo le regarda brièvement avant de concentrer son attention sur la Vagabonde. « Il est clair que cet homme représente une menace pour Kamigawa, mais peut-être qu'il serait avantageux pour nous tous d'apprendre la vérité sur ses plans avant de l'enfermer ? »
La Vagabonde balaya une mèche de cheveux blancs de son front. « Quels que soient ses plans, c'est les kami qu'il a blessés – et c'est peut-être aux kami qu'il devrait répondre. »
Kaito fronça les sourcils. « Tu veux l'emmener devant Kyodai ? »
Sa voix était aussi inflexible que la pierre. « Oui. Nous déciderons de son sort ensemble. »

L'impératrice avait appris à contrôler ses émotions, même pendant la bataille. Mais elle n'était encore qu'une enfant quand son Etincelle l'avait envoyée sur un autre plan. Pendant longtemps, elle avait été toute seule. Elle avait fait son deuil seule.

Alors, elle avait fait la seule chose qu'elle pouvait – elle avait fermé à double tour le verrou sur son cœur et avait transformé son comportement contrôlé en un moyen de survie.

Maintenant qu'elle était à la maison, elle pouvait sentir ses émotions gronder dans sa poitrine, aspirant à être libérées. Mais elle ne baisserait pas sa garde. Pas avant qu'elle ne sût avec certitude qu'elle pouvait rester sur Kamigawa.

Parce que si elle ouvrait les portes de son cœur et s'autorisait à ressentir la joie de revoir son peuple – de revoir Kaito – pour se la faire arracher une fois de plus ?

Cela pourrait prendre toute une vie de se remettre de ce genre de chagrin.

La Vagabonde s'avança vers Tezzeret et rengaina son épée. Quoi qu'il eût fait à Kyodai dix ans plus tôt, il avait accidentellement déclenché l'Etincelle de la Vagabonde. Cela signifiait peut-être qu'il était également la clef pour inverser les dommages causés par son prototype de puce.

Elle obtiendrait des réponses de sa part. Mais elle le ferait avec Kyodai à ses côtés.

« Nous partons immédiatement pour Eiganjo », ordonna la Vagabonde.

Tamiyo s'inclina légèrement en signe de reconnaissance. Kaito hocha simplement la tête.

Mais Tezzeret les regardait avec une énergie retrouvée. Les veines de son cou se tendaient contre la magie d'histoire de Tamiyo, son regard dérivant vers l'endroit où la Puce de Réalité était incrustée sur le dos de la main de la Vagabonde. Il ne pouvait pas bouger son corps, mais son esprit ?

Peut-être que son esprit était tout ce dont il avait besoin.

Un frisson glacial parcourut la Vagabonde. Elle n'eut pas le temps de dire quoi que ce fût – pas le temps de crier un avertissement avant que Tezzeret ne prît le contrôle de la Puce de Réalité.

La Vagabonde hurla, ses mains se dirigeant vers ses tempes alors que l'appareil pulsait avec énergie. Les fils métalliques s'enfoncèrent plus profondément dans sa chair, palpitant de puissance. Il y eut un éclair blanc, et elle sentit son esprit passer du complexe au Palais Impérial, où Kyodai gémissait dans sa chambre. C'était comme si leurs esprits étaient unis – et la connexion signifiait que Kyodai était également à l'agonie.







La Vagabonde avait l'impression que son âme vacillait entre la porte d'un plan et celle d'un autre. La Puce de Réalité perturbait son Etincelle, la forçant presque à transplaner. Mais cela affinait également le lien de la Vagabonde avec Kyodai, et à travers cela, la Vagabonde pouvait entendre les pensées de Kyodai aussi clairement que si elles se tenaient dans la même pièce.

Eiganjo est attaqué, criait Kyodai. Risona a amené une armée. Tu ne dois plus transplaner, le palais a besoin de toi.

La Vagabonde essaya de répondre – de parler à Kyodai de Tezzeret et de la Puce de Réalité – mais cela ne servit à rien. La douleur irradiait dans chaque nerf. Son Etincelle perdait son équilibre.

L'esprit de la Vagabonde flottait.

« Non ! »cria Kaito, la voix rauque. Il lança une main, atteignant une grosse caisse au loin, et tira avec son esprit. Dans un grognement désespéré, Kaito envoya l'objet voler à travers la pièce, où il atterrit avec un craquement violent contre la colonne vertébrale de Tezzeret.

Il tomba à genoux, hébété, mais Kaito ne lui laissa pas le temps de récupérer. Une deuxième caisse s'écrasa à l'arrière de la tête de Tezzeret, plus forte et plus rapide que la première.

L'impact assomma Tezzeret.

Tamiyo serra sa mâchoire et relut le sortilège de paralysie. « Son pouvoir sur la technologie lui permet de manipuler la Puce de Réalité. » Son regard se tourna vers la Vagabonde. « Quoi qu'il ait fait, cela rend votre Etincelle volatile. »

Kaito s'agenouilla à côté de la Vagabonde, le visage crispé d'inquiétude. « Je pensais que tu avais dit que la puce la garderait sur Kamigawa ?

Tamiyo se rapprocha en flottant. Avec une grâce éthérée, elle se pencha et leva la main de la Vagabonde pour voir de plus près l'appareil. « Je crois que Tezzeret a activé quelque chose à l'intérieur de l'appareil. Mais cette technologie dépasse ma compréhension. Je ne vois pas comment l'annuler.
- Je peux le sentir. C'est comme si je me séparais de l'intérieur, dit la Vagabonde avec un hochement de tête peiné. S'il vous plaît, aidez-moi à l'enlever.
- Vous risquez de transplaner si je fais cela, rappela Tamiyo.
- La puce ne me gardera pas ici. Plus maintenant. Et si je transplane avec, je serai perdue dans le multivers avec une Puce de Réalité instable. Qui sait ce qui pourrait arriver ? » La Vagabonde agrippa sa poitrine, luttant pour trouver un moyen de s'attacher à ce plan. « La puce a ouvert un chemin vers Kyodai. Je peux concentrer mon énergie sur elle et utiliser notre lien pour essayer de contrôler mon Etincelle.
- Est-ce que ce sera suffisant ? » demanda Kaito, la voix pleine d'espoir.
La Vagabonde n'osa pas le regarder dans les yeux. Elle avait trop peur qu'il voie les fissures dans sa propre confiance. « Il le faudra », fut tout ce qu'elle dit.

Tamiyo fit un signe de tête compréhensif et appuya un doigt sur la Puce de Réalité, attendant que les fils étranges se tordent et se libèrent de la peau de la Vagabonde.







La Vagabonde se mordit le bord de la lèvre, essayant de ne pas haleter de douleur. « Il y a autre chose », ajouta-t-elle, regardant la façon dont Tamiyo étudiait la puce comme si ce n'était pas du tout une arme mais un livre dans une ancienne bibliothèque. Quelque chose qui a mis du temps à être compris. « Kyodai a dit qu'Eiganjo était déjà attaqué. S'il y a le moindre espoir d'arrêter les insurrectionnaires, nous devons y arriver avant que Risona n'atteigne Kyodai.
Kaito fronça les sourcils. « Elle ne ferait pas de mal à un kami, n'est-ce pas ? » Et pas à n'importe quel kami : Kyodai était l'esprit gardien de tout Kamigawa.
Le visage de la Vagabonde pâlit. « Risona veut abolir l'empire et mettre fin à la domination impériale. Peut-être pense-t-elle que prendre le trône par la force suffira à le détruire. Mais si elle réalise que Kamigawa n'acceptera jamais une république radicale sans la bénédiction de Kyodai, elle pourrait chercher à supprimer Kyodai. Quoi qu'il en soit, je dois protéger le temple.
« Il nous faudra des heures pour atteindre Eiganjo. » Kaito fit un signe vers Tezzeret, encore inconscient. « Et à moins que l'un des parchemins de Tamiyo ne soit un sort de lévitation, nous allons devoir transporter notre prisonnier jusque là-bas. Qui, puis-je le préciser, est presque exclusivement constitué de muscles et de métal. » Il haussa les épaules. « Je dis juste que ce n'est peut-être pas le meilleur moment pour une blessure au dos.
- J'ai pu transplaner d'Eiganjo à ce complexe, déclara la Vagabonde. Je peux retourner au palais de la même manière.
- Mais tu serais seule. » Kaito secoua la tête. « Sans oublier que tu n'as pas la puce cette fois. Et si ça ne fonctionnait pas ?
- Alors nous aurons besoin d'un moyen de transport. » La voix de la Vagabonde était calme. Sérieuse. « Quelque chose de plus rapide que le ferry céleste, avec de la place pour nous transporter tous les quatre. »
Kaito se tordit la bouche. « Il y a des mechs de surveillance partout dans Otawara. Mais ils ne sont pas pilotables. Quelqu'un devrait pirater les commandes et tracer manuellement une route vers Eiganjo. »
Tamiyo murmurait, pensive. « Peut-être qu'il y a une alternative. La Puce de Réalité semble augmenter la puissance qui est déjà là, comme l'Etincelle de la Vagabonde. » Elle regarda Kaito. « Comme toi, je maîtrise la télékinésie. »
Kaito était toujours agenouillé à côté de la Vagabonde, et l'inquiétude formait une ride sur son front. « S'il te plaît, dis-moi que tu ne suggères pas ce que je pense que tu suggères. »

Tamiyo plaça la Puce de Réalité sur le dos de sa propre main et pressa le panneau contre sa chair. Les fils s'enfoncèrent dans sa peau, lui faisant prendre une inspiration rapide avant que les bords de l'appareil ne commencent à briller.

Elle fit signe à Tezzeret. « Aidez-moi à le porter jusqu'au robot le plus proche. Je vais nous amener à Eiganjo. »

Le groupe se déplaçait rapidement, portant le poids de son ennemi sur ses épaules. Ils se dirigèrent vers le bord d'Otawara, où un robot de surveillance en forme d'énorme reptile en origami était perché sur une plate-forme élevée. Ses viseurs étaient fixés sur le ferry céleste en contrebas.

Kaito inclina la tête vers la machine blindée, où une paire de projectiles reposait sur ses épaules. « Quelqu'un d'autre voit le problème ici ?
- Chiche, » dit la Vagabonde comme si elle acceptait un défi amical.

Elle se déplaça rapidement sur le trottoir, restant à l'écart des caméras du robot. L'épée à la main, la Vagabonde leva le manche au-dessus de son épaule, la lame pointée vers le ciel, et leva l'arme droit vers le cou de la bête métallique, juste entre deux plaques d'armure au sommet de sa colonne vertébrale.

L'épée frappa fort et des étincelles jaillirent de son cou comme une démonstration de fils défectueux. Le mech laissa échapper un gémissement discordant avant d'abaisser son corps au sol et de s'installer dans un état d'hibernation.

La Vagabonde grimpa sur son dos, utilisant l'armure en forme d'éventail comme marches, et récupéra son épée avant de se tourner pour regarder les autres. « Nous devrions nous dépêcher – ce n'est qu'une question de temps avant que quelqu'un ne remarque que le flux de surveillance ne fonctionne plus. Et nous n'avons pas exactement le temps de répondre aux questions. »

Kaito et Tamiyo aidèrent à traîner le corps de Tezzeret sur le dos du mech, faisant de leur mieux pour se fixer à la rangée de disques métalliques superposés le long de la colonne vertébrale.

Tezzeret coincé sous l'un de ses bras, Kaito jeta un coup d'œil prudent à la Vagabonde, puis de nouveau à Tamiyo. « D'accord, alors on compte jusqu'à trois ou... »

Tamiyo n'attendit pas qu'il eût fini ; elle ferma les yeux, prit une inspiration et laissa le pouvoir de la Puce de Réalité courir dans ses veines.

Sous eux, le mech reptilien tremblait. La Vagabonde lança une main en avant, s'appuyant contre l'une des omoplates. Ce fut comme si le ciel se déchirait en deux, puis le mech s'éleva dans les airs.

Le cœur de la Vagabonde s'emballa alors que Tamiyo envoyait la machine au-dessus d'Otawara. Ils volaient à travers les nuages, le vent martelait leur visage. Kaito portait un large sourire, appréciant chaque instant, tandis que le front de Tamiyo était plissé dans une profonde concentration.

Le mech frissonnait sous eux – c'était beaucoup de métal à contrôler, et la Vagabonde n'était pas sûr de la façon dont la Puce de Réalité pouvait affecter Tamiyo. La Vagabonde l'avait utilisée pour transplaner, mais cela n'avait pris que quelques secondes. Il faudrait beaucoup plus de temps pour atteindre Eiganjo.

Elle resserra sa prise autour de Tezzeret et espéra que la brise les porterait plus vite.

Quand ils atteignirent finalement traversé les nuages, la Vagabonde pouvait entendre le faible bruit de la guerre au loin. Le choc du métal. Les cris des blessés.

À la surface en dessous, la Vagabonde observait les murs à l'extérieur du Palais Impérial se transformer en décombres.

Risona et les insurrectionnaires d'Asari étaient en effet arrivés à Eiganjo – et ils avaient déjà franchi les portes.

Lorsque Tezzeret s'agita, la Vagabonde ne fut pas assez rapide pour dégainer son épée.

D'un geste féroce de la main, il arracha tous les fumigènes de la ceinture de Kaito et les envoya se disperser sur le dos du mech. Ils explosèrent en rafales de fumée blanche et grise, laissant Kaito, Tamiyo et la Vagabonde tousser violemment et chercher de l'air pur. Le mech gronda, vacillant d'un côté à l'autre, et la Vagabonde sentit sa main commencer à glisser.

Kaito tendit la main, ses doigts s'accrochant désespérément autour de son avant-bras. « Je te tiens ! »

Mais les yeux de la Vagabonde étaient fixés sur ceux d'un rose éclatant de Tezzeret. Il ricana avant de se lancer du mech. Au même moment, Tamiyo laissa échapper un cri tendu.

Elle ne pouvait pas contrôler le mech seule – et ils étaient à quelques secondes de l'impact, trop près de la surface pour éviter de s'écraser sur le sol.

La Vagabonde regarda Kaito avec une urgence désespérée. « Nous devons sauter, » ordonna-t-elle.

Kaito ne voulait pas lâcher prise – elle pouvait le voir dans son regard horrifié. Mais la Vagabonde n'allait pas lui laisser le choix.

Elle retira son bras de son emprise et bondit vers la surface.

La dernière chose que la Vagabonde vit avant de tordre son corps pour adoucir son propre atterrissage fut le mech explosant contre le côté d'un appartement impérial.



Lorsque la brume enfumée se dissipa enfin, Kaito se leva, car il retrouvait de la force dans ses membres, et il chercha près des restes du robot pour tout signe de l'impératrice.

Il ne pouvait pas la trouver.

Les chevauche-phalènes fondaient au-dessus de lui avant de plonger sur le champ de bataille voisin. Ils ne faisaient pas attention à l'épave. Pas quand la guerre continuait de faire rage de l'autre côté du mur.

Et Tezzeret, où était-il passé ?

Lorsque Tamiyo apparut dans la clairière, Kaito avait les yeux écarquillés. « Que vient-il de se passer ? Je pensais qu'il était paralysé ! »
Tamiyo leva la main, affichant la Puce de Réalité scintillante qui restait là. « L'utilisation de la Puce a dû interférer avec ma magie. Je ne pouvais pas maintenir le sort et piloter le mech en même temps. »
Kaito entremêla ses doigts et les posa contre sa tête. « C'est un Planeswalker – il pourrait être n'importe où.
- Tezzeret ne quittera pas ce plan sans la Puce de Réalité, assura Tamiyo. Et il croit toujours qu'il est en la possession de l'impératrice. »

L'estomac de Kaito se noua, mais le cliquetis du métal contre le métal détourna son attention. Il courut de l'autre côté des décombres, dérapa jusqu'à atteindre la balustrade, et regarda en contrebas le chaos qui envahissait la cour impériale.

Un énorme mech se replia jusqu'à prendre la forme d'un lion, alors que l'énergie jaillissait de ses mâchoires tendues vers les insurectionnaires qui chargeaient à travers le mur brisé. Le temple de Kyodai était toujours protégé, mais avec le premier mur percé et une multitude de corps envahissant les jardins, Kaito ne pouvait pas dire avec certitude quel camp gagnait.

Au loin, il aperçut l'impératrice. Tandis que son chapeau rond protégeait la plupart de ses cheveux blancs, elle se dirigeait vers la chambre de Kyodai. Elle se déplaçait comme une rafale de vent, déterminée et concentrée, et quand le regard de Kaito s'éleva, il comprit pourquoi.

Risona était là, quelques bâtiments plus loin, avec plusieurs insurrectionnaires qui escaladaient le mur à côté d'elle. Elle avait dû utiliser la bataille comme une diversion pour se glisser dans les zones les plus fortement gardées.

Mais l'impératrice avançait rapidement. Si son chemin restait libre, elle pourrait découper Risona avant que les insurrectionnaires n'atteignent le temple.

À moins que Tezzeret ne l'ait trouvée en premier.

Tamiyo désigna le bord d'Otawara, un doigt fin pointé vers le toit en contrebas. « Là. » Sa voix était aiguë. « Il s'en prend à l'impératrice. »

Les sourcils de Kaito se froncèrent alors qu'il analysait les tuiles noires du toit. Avec ses vêtements noirs et ses cheveux noirs, Tezzeret n'était pas facile à trouver. Mais lorsque la lumière du soleil se refléta sur son bras de métal, Kaito siffla entre ses dents.

« Je vais nous rapprocher, » dit Tamiyo. D'un pas, elle enroula ses bras autour de Kaito, le souleva dans les airs et s'envola vers le mur intérieur d'Eiganjo.

Ils percutèrent l'un des toits avec un bruit sourd et désagréable . Kaito prit appui sur ses talons pour s'empêcher de glisser, envoyant plusieurs tuiles tomber au sol.

« Je m'excuse pour l'atterrissage brutal. » Tamiyo se leva, retrouvant son calme. « C'est beaucoup plus facile de voler seule. »

Kaito enleva son masque. Himoto se plia et se replia comme du papier métallique avant de prendre sa forme familière de tanuki. La lançant en avant d'une main, le drone s'envola dans le chaos en contrebas.

« Que fais-tu ? » demanda Tamiyo, perplexe.

Il cligna des yeux, regardant le drone disparaître dans la foule. « Je m'assure que nous avons un plan de secours. » Il n'avait pas le temps de s'expliquer, pas quand l'impératrice était en danger.







Kaito chargeait tout le long des toits, escaladant mur après mur, essayant de combler l'écart entre lui et son ennemi. Tezzeret était trop concentré sur l'impératrice pour remarquer que Tamiyo volait au-dessus de lui, le rouleau commençant déjà à se dérouler.

Mais Kaito était anxieux et trop affamé pour se battre. Il jeta un coup d'œil à la lanterne de pierre perchée dans le jardin voisin et utilisa son esprit pour l'envoyer voler vers Tezzeret. L'objet s'écrasa contre l'épaule de Tezzeret, l'envoyant valser sur les tuiles du toit. Il se retourna, livide, et repéra Tamiyo en premier.

La reconnaissance dans ses yeux lorsqu'il repéra la Puce de Réalité sur sa main exposée était sans équivoque.

Tamiyo n'eut pas l'occasion de lire son parchemin ; Tezzeret usa de son pouvoir pour invoquer un éventail électrique doté de lames depuis jardin de sable de l'autre côté du mur, et le lança vers elle. Alors qu'il n'était plus qu'à un bras de distance, Tezzeret serra le poing et l'ornement explosa.

Le sable emplit les yeux de Tamiyo, et quand elle recula, son parchemin tomba.

Kaito sauta à leur rencontre sur le toit, ne prenant pas la peine d'atteindre son épée. Ses armes ne l'aideraient plus maintenant ; pas quand chacune d'elles avait été améliorée avec de la technologie futuriste.

Les deux mains devant lui, Kaito arracha plusieurs tuiles du toit et les envoya sur Tezzeret comme un assaut de flèches. Tamiyo recula, toujours flottante, plissant les yeux alors qu'elle cherchait dans le jardin le rouleau qui était tombé.

Kaito chargea avant que Tezzeret n'eût le temps de récupérer, balançant sa jambe pour que son pied entre en collision avec le menton de Tezzeret. Encore une fois, Tezzeret trébucha, la mâchoire serrée et les mains serrées en poings.

Kaito pouvait sentir le vrombissement du pouvoir de Tezzeret tirer sur chaque morceau de technologie sur son corps – chaque arme et pièce d'armure... tout cela rendait Kaito vulnérable.

Mais c'était Kamigawa. La maison de Kaito. Et il avait passé la majeure partie de sa vie à escalader les toits, s'assurant que la prochaine fois qu'il rencontrerait l'homme devant lui, il serait prêt.

Il n'y avait rien de vulnérable dans les représailles. Au contraire, cela rendait Kaito plus fort. Son cœur était dans ce combat, bien plus que celui de Tezzeret ne pourrait jamais l'être.

Kaito se débarrassa de la majeure partie de son équipement amélioré, laissant ses couteaux et ses appareils de poche couler sur le toit comme une pluie battante. Il n'en avait pas besoin. Pas pour ce combat.

Le poing de Kaito rencontra la joue de Tezzeret. Il se balança avec une force implacable, repoussant Tezzeret sur le toit, lançant coup de poing après coup de poing.

Tezzeret leva son bras métallique en défense. Cette fois, lorsque Kaito donna un coup, Tezzeret attrapa sa chemise, le rapprocha de lui. Seul un poing de métal restait entre eux.

« Toi et moi étions ici une fois auparavant, bouillonna Tezzeret. Et ça ne s'est pas bien terminé pour toi.
- Eh bien, tu sais ce qu'on dit – si tu rates ton coup... » Kaito se prépara, « alors la prochaine fois, amène un ami. »

Tezzeret fit une pause, la confusion prenant le dessus, quand sa bouche s'ouvrit et qu'il laissa échapper un hurlement de douleur. Il relâcha Kaito, trébuchant sur la ligne de crête. Dans sa cuisse était planté un poignard brillant, sa poignée d'or gravée du symbole des Impériaux.

Kaito regarda dans la cour, où les samouraïs et les insurrectionnaires avaient anéanti tout semblant d'ordre dans le jardin de mousse, et trouva Eiko. À côté d'elle, le drone de Kaito planait dans les airs, et une lame assortie était dans l'un de ses poings.

Il fit un faux salut à sa sœur avant de se retourner vers Tezzeret, qui venait tout juste de retirer la lame de sa jambe blessée.

Tamiyo descendit des airs, un rouleau de paralysie tendu devant elle. En un instant, Tezzeret se raidit comme s'il s'était transformé en pierre.

Tamiyo ne le quittait pas des yeux, et quand elle parlait, sa voix était comme du fer. « Dis aux Impériaux de préparer une cellule de détention appropriée. Un lieu sans technologie. »

Kaito hocha indistinctement la tête. « Je le dirai à Svelte-Patte. » Il se retourna, s'apprêtant à escalader le treillis le plus proche, lorsque la voix froide de Tezzeret craqua comme le crépitement d'une dernière braise.
« Il n'y a pas besoin de me garder à Eiganjo, » dit-il d'une voix traînante. J'ai déjà ce que veut Phyrexia. »

Kaito se retourna, les sourcils froncés, et regarda avec horreur la main de Tamiyo clignoter et la Puce de Réalité prendre vie.

Tamiyo n'était pas préparée à l'emprise que Tezzeret aurait sur elle, ni à la façon dont cela romprait son lien avec sa magie d'histoire. Elle chancela, le visage blême, et serra sa main contre sa poitrine.

Kaito eut à peine le temps de réaliser sa détresse avant que Tezzeret ne se précipite, saisissant le corps tremblant de Tamiyo par les épaules. Grognant, Tezzeret frappa l'air avec son bras de métal, et une ligne violente et déchiquetée fendit le ciel. Un craquement d'électricité perça les oreilles de Kaito alors qu'il regardait le portail grandir jusqu'à la pleine hauteur de Tezzeret.

Tezzeret tira Tamiyo à travers la lumière crépitante, et ils disparurent tous les deux du toit.

Kaito fit un pas en avant, clignant des yeux comme s'il essayait de tout remettre en place. Mais c'était inutile. Le portail émit un sifflement métallique et se referma.

Tamiyo – et Tezzeret – étaient partis.



Risona tournait en rond, ses pas étaient calculés et ses cheveux collaient à la sueur de son visage. « Je ne céderai pas. »
La Vagabonde suivait son rythme. « Je n'attends pas que tu te rendes, » déclara-t-elle, sa voix résonnant dans toute la salle.

Les corps des insurrectionnaires de Risona étaient étalés sur le sol. Ils étaient entrés dans le temple pour trouver la Vagabonde qui les attendait. La plupart d'entre eux furent assez faciles à éliminer, mais Risona était têtue et son style de combat à l'épée était brutal et implacable. Cela aurait fait transpirer la plupart des Impériaux.

Mais la Vagabonde n'était pas n'importe quel Impérial. Et contrairement à Risona, elle s'était entraînée sur plus d'un plan. S'adapter était maintenant une seconde nature pour la Vagabonde.







Risona fit tourner son épée dans les airs, prenant son élan pour un prochain coup.

Cela ne lui ferait aucun bien. La Vagabonde aurait pu mettre fin au combat il y a longtemps avec une lame directement dans le cœur, mais elle se retenait. Elle n'était pas favorable à un bain de sang inutile – elle attendait simplement que Risona accepte l'inévitable et évite une exécution.

Sauf que le feu dans les yeux de Risona brûlait trop fort pour qu'elle se rende.

Les voix superposées de Kyodai traversèrent la brume de l'autre côté de la pièce. Ta miséricorde ne serait pas rendue si la situation était inversée, dit-elle dans l'esprit de la Vagabonde. Elle n'a aucun intérêt à faire la paix avec les Impériaux.

Risona donna un coup puissant et la Vagabonde s'écarta sans souci, échangeant de position à l'extrémité opposée de leur champ de bataille imaginaire. Soufflant d'épuisement, Risona ne faisait que serrer plus fort sa poignée.

La bouche de la Vagabonde se contracta. Elle était concentrée sur les pas chancelants de Risona et sur la façon dont ses épaules s'affaissaient sous le poids de son épée.

Risona était fatiguée. Et la Vagabonde ne voulait plus l'humilier.

La Vagabonde leva haut son épée. « Laisse tomber ta lame. Tu n'as pas besoin de mourir de cette façon.
- Tu as abandonné ton peuple pendant plus d'une décennie, fulminait Risona. Tu ne sais rien de ce dont chacun d'entre nous a besoin.
Ses mots étaient comme une lance de glance directement dans le cœur de la Vagabonde, même si elle essayait de ne pas le montrer. « Partir n'a jamais été mon choix.
- Ça n'a pas d'importance, répliqua Risona. « Tu es partie, laissant un kami affaibli pour superviser la fusion du royaume des mortels et celui des esprits, et une cour avide de pouvoir pour régner à ta place. Les Impériaux ont toujours eu trop de contrôle, mais ta disparition a provoqué une vague d'instabilité à travers tout Kamigawa. Tu as peut-être Kyodai, mais c'est la foi du peuple qui fait un vrai chef.
- Vous avez pris d'assaut le palais et tué des dizaines de personnes. » La voix de la Vagabonde était dur et froide comme l'acier. « Il n'y a aucune quantité de foi qui pourrait être récupérée après ce que vous avez fait.
- Peut-être pas, dit Risona, la respiration irrégulière. « Mais il vaut bien mieux ne pas avoir d'empereur du tout plutôt qu'un sur lequel on ne peut pas compter pour rester. » Elle leva son épée vers la Vagabonde. « Nous finirons ce que nous avons commencé. »

Risona se précipita – juste au moment où quelque chose traversa la pièce et se brisa contre le côté de son crâne, lui faisant perdre connaissance.

La Vagabonde cligna des yeux vers la pierre posée près du corps de Risona et se tourna pour trouver Kaito debout à plusieurs mètres de là. « Tu viens... tu viens de lancer une pierre sur le chef des Asari insurrectionnaires ? »
Kaito haussa les épaules, les joues roses. « Je l'ai trouvée dans le jardin en rentrant. Je n'ai plus de bombes fumigènes. Et pour être honnête, après la journée que j'ai eue, je ne suis pas très à l'aise avec le métal. »
La Vagabonde passa d'une horreur consternée à quelque chose qui ressemblait beaucoup plus à de l'amusement. Et quand elle rit, ce son chantant sortit d'elle comme s'il avait été enfermé depuis bien trop d'années.



Une fois que Risona fut attachée et emmenée dehors comme preuve que les insurrectionnaires avaient perdu, la bataille prit rapidement fin. Entre ceux qui fuirent et ceux qui se rendirent, il ne restait plus qu'une poignée de transfuges aux samouraïs impériaux.

Kaito se tenait à la fenêtre du temple, regardant les terres en contrebas. Il pouvait voir Eiko donner des ordres au loin. Elle était adaptée à la vie impériale, même en temps de crise.

« On dirait qu'ils ont tout sous contrôle là-bas, songea Kaito. Vous serez heureuse de savoir que l'ordre est à nouveau rétabli. » Il se tourna vers l'impératrice, s'attendant à la trouver toujours en train de se prélasser dans le soulagement de la victoire.

Mais l'impératrice était voûtée jusqu'à à la taille, grimaçant de douleur.

Son Etincelle était déstabilisée. Et sans la Puce de Réalité...

Kaito se précipita vers le centre de la chambre, glissant sur ses genoux. « Tamiyo a la puce. » Son estomac semblait prêt à s'évaporer. « Je... je ne sais pas où Tezzeret l'a emmenée. » Je ne sais pas quoi faire pour l'aider, avait-il envie de crier.

L'impératrice pressa une main sur son avant-bras, secouant la tête. « Je n'ai pas beaucoup de temps. »
Les yeux de Kaito brûlaient. « Il doit rester quelque chose – une sorte de recherche dans le laboratoire qui pourrait t'aider à rester ici. »

Lorsqu'elle ne répondit pas, il sentit une douleur familière se resserrer dans sa gorge.

La culpabilité lui revint, martelant comme des raz-de-marée, refusant de se calmer.

Kaito se frotta le front, la mâchoire serrée. Pour la deuxième fois de sa vie, il avait échoué à la protéger. « Je suis vraiment désolé. »
Elle leva les yeux, l'expression douce. « Ce n'est pas ta faute, Kaito. Ça ne l'a jamais été. Et tu n'as rien à regretter. Tu as été l'ami le plus loyal que j'aie jamais connu et je t'en suis reconnaissante. »

La voix de Kyodai était emplie de confusion et de tristesse. Elle se balançait, des ombres dansant sous elle, et baissa la tête juste au-dessus du sol. La sphère noire sur son front scintillait comme une lumière qui commençait à s'estomper.

L'impératrice regarda le kami, conversant avec des pensées que Kaito ne pouvait pas essayer à deviner. Mais quoi qui ait été dit, l'impératrice n'hésita pas, même lorsqu'elle fut accueillie par les gémissements de protestations de Kyodai.

Kaito pouvait le voir dans le langage corporel de l'impératrice – la certitude
.
Quoi qu'elle demandât... c'était le seul moyen d'aider Kamigawa avec le temps qu'il lui restait.

Finalement, la kami baissa la tête.

L'impératrice se força à se remettre sur pieds et regarda Kaito, tenant toujours ses côtes. « Va chercher Svelte-Patte. Et s'il te plaît, dépêche-toi. »

Kaito n'eut pas à courir bien loin. Svelte-Patte et Eiko montaient déjà les escaliers du temple à la recherche de l'impératrice. Dans des phrases coupées, il leur exposa ce qui s'était passé. Ce qui allait se passer.

Il leur dit que l'impératrice de Kamigawa manquait de temps.

Ils firent irruption dans la chambre, où Kyodai dominait l'impératrice comme un gardien mystique. Le lien entre le grand kami et l'impératrice avait toujours été fort. Ce même lien était probablement la seule chose qui retenait l'impératrice à Eiganjo pendant quelques derniers instants.

« Svelte-Patte », dit l'impératrice en levant la main comme si elle appelait son conseiller plus près.
Svelte-Patte se déplaça rapidement, s'inclinant à la taille. « S'il vous plaît, dites-moi comment je peux vous aider. »
L'impératrice leva le menton. « Kamigawa a besoin de quelqu'un pour gouverner pendant mon absence. Quelqu'un que Kyodai et mon peuple peuvent considérer comme une autorité véritable et légitime. C'est la seule chose qui stabilisera nos terres. » Elle s'arrêta. « Kamigawa a besoin d'un empereur. »

Svelte-Patte ne clignait pas des yeux, ni ne respirait, ni ne bougeait. Elle se tenait là où les reliques de pierre des anciennes forêts se tenaient depuis des milliers d'années.

Les yeux de Svelte-Patte clignèrent frénétiquement. « Vous ne pouvez pas dire que je... ? » Elle ne trouva pas les mots pour finir.

« Kyodai donne sa bénédiction, tout comme moi. » L'impératrice hocha la tête. « Tu seras ma régente et dirigeras Kamigawa tant que je ne le pourrai pas. »







Svelte-Patte s'agenouilla alors, le front appuyé contre le sol. Un signe de grand respect. « Je ferai ce que vous demandez et honorerai votre héritage tous les jours jusqu'à votre retour. »

L'impératrice grimaça, les lèvres entrouvertes comme si son lien avec Kamigawa avait finalement été rompu.

Kaito sentit la panique le parcourir. Cela allait trop vite. Trop soudainement.

Il n'était pas prêt pour dire au revoir.

L'impératrice le regarda. Il n'y avait aucune joie dans ses yeux, mais elle lui sourit quand même, pour lui offrir le peu de réconfort qu'elle pouvait. « Kaito... » commença-t-elle.

Mais Kaito n'entendit pas le reste. L'Etincelle s'empara d'elle et l'impératrice disparut de nouveau de Kamigawa.

Kaito sentit son cœur se briser en mille morceaux. Eiko haletait à côté, la main sur la bouche. Kyodai hurla avec la douleur d'un adieu.

Svelte-Patte continuait de s'incliner devant l'espace vide laissé par l'impératrice, ses sept queues drapées contre le sol. Finalement, elle se leva, se tournant pour faire face à Kaito et Eiko.

Derrière elle, une toute nouvelle queue se forma.

Et avec la lumière du soleil encadrant sa forme de kitsune, Kaito et sa sœur s'inclinèrent devant la nouvelle régente de Kamigawa.



Il n'y avait aucune trace de Jin-Gitaxias dans l'enceinte, ni nulle part ailleurs sur Otawara ou Eiganjo. La meilleure supposition de Kaito était que Tezzeret l'avait emmené à travers le portail après Tamiyo.

Il n'y aurait eu aucune raison de revenir juste pour un corps, ce qui signifiait que Jin-Gitaxias devait avoir survécu.

Et quelque part dans le Multivers, Kaito était certain que Tamiyo était également en vie.

« Je pensais que tu serais déjà parti. » La voix d'Eiko retentit à proximité.

Kaito relâcha sa prise sur la balustrade et regarda vers le reste du balcon où sa sœur se tenait dans sa tenue traditionnelle. « Je voulais féliciter ma sœur pour sa grosse promotion. Conseiller principal, n'est-ce pas ? »
Eiko roula des yeux. « Je sais que tu penses que c'est ridicule, mais tu n'as pas besoin de te moquer...
- Je ne me moque pas, dit Kaito avec sérieux. Il pressa une main contre sa poitrine. « Je suis fier de toi, Eiko. Vraiment.
- Oh. » Elle hésita. « Eh bien, merci. »
Kaito pointa un pouce par-dessus son épaule. « On dirait que le mur extérieur est presque reconstitué. »
La disposition d'Eiko passa de sœur à conseillère royale, et sa voix s'éleva pour correspondre. « Il reste encore beaucoup à nettoyer. Les insurrectionnaires ne sont pas contents que nous ayons fait prisonnière Risona. Et le changement de pouvoir au sein de la cour n'est qu'un ajustement.
- Si tu t'inquiètes pour un coup d'État, j'ai une certaine expérience de l'intervention – et un assez bon bras pour lancer, proposa Kaito avec un sourire narquois.
- Kaito, dit lentement Eiko. Même si j'ai hâte de t'avoir plus près de chez moi, je ne te donne pas la permission de jeter des pierres sur les membres de la cour impériale. »

Kaito ne dit rien.

Eiko prit place à côté de son frère, regardant les nuages. « Tu ne restes pas, n'est-ce pas ? Ce n'était pas une question.
- Je t'ai fait une promesse. » Kaito lui prit la main et la serra. « J'ai dit que je ne partirais pas sans dire au revoir. »
Elle ferma les yeux et prit une lente inspiration. « Tu vas encore chercher l'impératrice ? »
Kaito balada son regard dans les nuages ??comme s'il imaginait un autre plan. « Oui, mais il y a quelqu'un d'autre que je dois d'abord trouver. »

Il était déjà allé chez Tamiyo. Il devait être celui qui dît à sa famille ce qui s'était passé. Pour les regarder dans les yeux et leur dire qu'il fouillerait tous les plans pour la retrouver.

Il devait beaucoup à Tamiyo. Et si elle avait encore la Puce de Réalité, peut-être qu'il pourrait aussi l'utiliser pour trouver l'impératrice.

Avant que Kaito ne quitte la maison, Nashi avait promis, dès qu'il serait assez grand, qu'il aiderait aussi à chercher Tamiyo.

Kaito savait à quoi ressemblait une telle promesse, donc il ne souligna pas à quel point ce serait dangereux, ou à quel point il serait impossible pour Nashi de voyager vers d'autres plans. Au lieu de cela, Kaito lui dit qu'il avait hâte de le revoir un jour, ne serait-ce que pour laisser l'enfant avec espoir.

« Je sais que tu ne peux pas envoyer un drone de là où tu vas, mais... » Eiko secoua la tête en souriant légèrement. « N'attends pas trop longtemps pour me faire savoir que tu es toujours en vie, d'accord ? »
Kaito hocha la tête, enroulant ses bras autour d'elle. « D'accord, murmura-t-il, la bouche contre ses cheveux. Mais la prochaine fois que nous nous verrons, ce sera mieux à Towashi. Je ne reviens pas à Kamigawa sans faire le plein de curry et de nouilles. Les priorités et tout ça. »
Eiko rit, poussant légèrement son bras quand il s'éloigna. Quand elle reprit la parole, son sourire s'estompa. « Tu devrais la voir avant de partir. »
La gorge de Kaito se nouait. Il savait de qui elle parlait ; il avait évité le chemin de Svelte-Patte pendant des jours. « Les choses étaient assez gênantes quand elle était conseillère. Et maintenant, elle est la régente de Kamigawa. » Kaito haussa les épaules. « Peut-être que nous ne sommes pas faits pour une réconciliation.
- Promets-moi que tu essaieras, un jour, » insista Eiko.
Kaito s'immobilisa, passant une main derrière sa nuque. « Pour toi ? Je peux promettre qu'un jour, je le ferai. » Et puis il leva la main. « A plus tard, sœurette. »

Elle hocha la tête, la bouche pincée alors que les larmes remplissaient ses yeux. C'était tout l'au revoir qu'elle pouvait lui donner.

Pour la deuxième fois de sa vie, Kaito quitta le palais sans avoir l'intention d'y retourner. Il maîtriserait son transplanage. Il fouillerait le Multivers à la recherche de Tamiyo.

Il trouverait un moyen de terminer ce qu'il avait commencé et ramènerait m'impératrice à la maison.

ÉPILOGUE



« Lève-toi, première des Planeswalkers phyrexians. Tu ne seras pas le dernière. »

Les yeux de Tamiyo clignèrent frénétiquement au son de la voix de Jin-Gitaxias. Elle s'assit, analysant les formes autour d'elle. Ce n'était pas la première fois qu'elle se réveillait au laboratoire, mais c'était la première fois qu'elle se sentait... familière.

Fronçant les sourcils, Tamiyo attrapa sa sacoche et sortit l'un de ses parchemins d'histoire. Elle fixa le parchemin, voyant les mots briller d'un éclat métallique et se transformer entièrement en une autre langue. Elle lut le texte phyrexian comme si elle l'avait fait toute sa vie et sentit un étrange contentement l'envahir.







Phyrexia était sa nouvelle maison. Elle en faisait partie – esprit, corps et âme.

Tamiyo baissa les yeux sur le chrome scintillant sur ses bras comme un étrange patchwork. Il était aussi fraîchement poli que la partie reconstruite de la poitrine de Jin-Gitaxias.

Le monstre se déplaça à proximité, ses dents claquant ensemble alors qu'il étudiait les fils en forme de câble dans lesquels coulait un liquide brillant. Ils traînaient depuis la chair de Tamiyo jusqu'à une machine à proximité.

Tamiyo n'éprouvait que de la gratitude envers le monstre. Elle avait toujours aimé sa famille et ferait n'importe quoi pour la protéger. Désormais, elle protégerait Phyrexia avec la même loyauté sans faille.

Lorsque le reflet de Tezzeret apparut sur l'un des béchers en verre chirurgical, Jin-Gitaxias se retourna, claquant ses mâchoires acérées en guise de salutation.


« Ta présence a été rare ces derniers jours », nota le monstre. Il y avait une pointe de dureté dans sa voix.

Tezzeret balaya l'accusation voilée et leva son bras de métal. Il brillait d'une faible énergie rose. « L'utilisation du Pont planaire me coûte cher. J'étais en convalescence. » Il regarda Tamiyo avec dégoût.

Elle inclina la tête. Quelque chose le dérangeait. Quelque chose qu'il essayait de dissimuler avec irritation. « Tu ne m'aimes pas. Je peux sentir ta vérité. » S'il n'était pas fidèle à Phyrexia, elle en découvrirait la raison.

Il y avait une vulnérabilité dans la façon dont il la regardait. Peut-être que ce n'était pas uniquement lié à son corps endommagé.

Tezzeret calma son malaise, le remplaçant par de l'indifférence. « Toi et tes amis avez essayé d'interférer avec les plans de Phyrexia. Je n'ai aucune raison de t'apprécier, et encore moins de te faire confiance. »

Tamiyo ne pouvait trouver que du vrai dans ses paroles, alors elle s'installa dans son siège, jetant un bref coup d'œil aux trois rouleaux reliés de fer qu'elle avait jurés de ne jamais utiliser. Elle avait toujours cru qu'ils étaient beaucoup trop puissants et risquaient de provoquer de grandes destructions.

Mais elle avait également promis d'intervenir si jamais il y avait une menace immédiate pour l'endroit – et les gens – qu'elle considérait comme sa maison.

Phyrexia était sa famille maintenant. Et il n'y avait rien qu'elle ne ferait pas pour sa famille.

Jin-Gitaxias grogna. « Ton doute à l'encontre de la chaireuse d'auparavant est compréhensible. Mais le sujet de test s'est avéré être un candidat digne. Faire confiance au Planeswalker maintenant, c'est faire confiance à Phyrexia. »

Tezzeret cligna des yeux, solennel. « On dirait que les choses vont bien. Est-ce qu'Elesh Norn sait que vous avez réussi à créer le premier Planeswalker phyrexianisé ?
- Elle a été informée et a été convenablement réprimandée pour avoir sous-estimé mon intelligence. » Jin-Gitaxias s'écarta, son corps de métal luisant dans la pénombre. « Le travail continue d'avancer, mais il reste encore beaucoup à faire. »

Rechercher. Données supplémentaires. Le progrès.

Tamiyo avait parcouru le Multivers pour la connaissance. Et si c'était ce qui protégerait Phyrexia, alors elle aiderait de toutes les manières possibles.

Sa famille passerait toujours en premier.

Alors c'était comment ?

     
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Les anges démoniaques n'ont pas de sexe, mais ils ont une bouche et croyez-moi, c'est déjà pas mal.

—Psylocibe Ennabar, La cabane du prêcheur

Proposé par Dark Mogwaï le 19/06/2012

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