Innistrad : chasse de minuit - Ses yeux, tous ses yeux - Magic the Gathering

Innistrad : chasse de minuit - Ses yeux, tous ses yeux

Innistrad : chasse de minuit - Ses yeux, tous ses yeux

Quand un conte innistradi rappelle qu’il était réalité, la question est toujours la même : comment s’en sortir ?

  La storyline de Magic / Innistrad : chasse de minuit

Quand un conte innistradi rappelle qu’il était réalité, la question est toujours la même : comment s’en sortir ?

  La storyline de Magic / Innistrad : chasse de minuit



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le , par Drark Onogard
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Quand un conte innistradi rappelle qu'il était réalité, la question est toujours la même : comment s'en sortir ? Vous trouverez l'article original ici.

Il y a des passages en vers, comme des comptines ; vu le peu de liberté de traduction que j'avais, notamment parce qu'un nom était imposé, j'ai préféré modifier cela, pour remplacer ces comptines par des contes. On y perd forcément, car les enfants chantaient.

Ses yeux, tous ses yeux



Le Plan était paisible dans les ténèbres. La lune, croissant qui déclinait, était couverte de nuages, et il y avait juste assez de lumière pour faire briller le givre qui bordait la route. Tandis que Vadrik gardait les yeux sur les pavés et les champs de grain par précaution, il était assez à l'aise. Assez heureux. Faire un travail simple, revenir à la maison pour retrouver son mari, Hailin.

Il n'aimait pas le fait d'être si loin de son phare en Néphalie – de ses cartes des étoiles et ses études non plus, ni de son chevalet, ni de son conjoint – mais il avait des responsabilités, en tant qu'un des astronomanciens les plus éminents d'Innistrad, dont on ne pouvait simplement se passer. Jenrik parti, il y avait encore plus de travail à fournir. Son vieil ami lui manquait.







L'appel à l'aide venait de Lambholt, où son mari était né. On ne peut pas rater une occasion d'être un héros pour ceux qu'on aime, même quand cela nous éloigne du travail.

Surtout, un peu d'aventure lui servirait à voir plus clair, à l'aider à se concentrer sur ses études, au moins selon Hailin. Il chevauchait, dos aux ronciers et aux buissons chargés de baie, sur le pont de bruyère, parmi les fermes établies par des âmes courageuses échappés de l'Ulvenwald.

Il tourna au dernier virage et vit le village de fermiers de Lambholt, dont la silhouette se découpait contre le ciel dans toute sa modeste gloire.

Il était à moins de soixante mètres lorsqu'un carreau d'arbalète passa à côté sa tête et s'enfonça plus loin dans un aulne proche. Ce n'était pas le message de bienvenue que Vadrik espérait.

« Mes excuses, s'exclama une silhouette encapuchonnée depuis le poste de garde en bois qui se trouvait dans la maigre palissade de la ville. J'aurais juré que... là, derrière vous, dans les ténèbres... »

Toujours ces paysans avec leur peur du noir. C'était Innistrad – il y avait bien des choses à craindre dans le noir. Mais chaque ombre ne contenait pas des loups-garous ou des fantômes. Même ces créatures, même des créatures pires encore, pouvaient être comprises, combattues. Il n'y avait pas besoin d'avoir peur, de fuir. Le plus vil des monstres pouvait être vaincu par la magie et l'application de l'intelligence, non avec la superstition ou, pire, avec des idées à moitié armées et des arbalètes bel et bien armées pointées vers les ténèbres.

« Je suis Vadrik, de Néphalie, » appela Vadrik, avec quelque arrogance glissée dans sa voix malgré lui. « Les anciennes et les mères de votre village m'ont appelé ici, pour observer les morts.
- Vous êtes vraiment le bienvenu ici. Seulement j'aurais juré d'avoir vu... » La voix s'épuisa dans un marmonnement.

Vadrik se tourna, mais bien sûr il n'y avait rien derrière lui, sinon quelques arbres malingres, sentinelles d'un champ en jachère. Des runes élaborées le protégeaient ainsi que son cheval de menaces banales, et ses sens avaient été si aiguisés par quatre décennies de travail magique qu'aucune bête morte ne pourrait l'approcher sans être entendue.

Il tira les rênes et son cheval avança jusqu'à l'intérieur du village.



Attention, les enfants ! Le vieux Brindodactyle, qui apporte la peur, sait quand vous désobéissez. Tu mets une claque, il t'attaque – as-tu fait tes corvées aujourd'hui ?

Malgré l'heure tardive, malgré le brouillard glacé, malgré la couche de glace brillante qui se formait déjà sur chaque surface avec l'arrivée du froid de la nuit, un troupeau d'enfants déferlait dans les rues en répétant ces phrases en cœur, riant. Ils avaient l'air, à leur manière amusée, de le suivre, courant par moments sur son chemin ou le talonnant, toujours hors de portée. Le conte était un appel et une réponse : l'un des enfants chantait les premiers mots, un autre les suivants, et puis tout le chœur reprenait la suite.

Le vieux Brindodactyle laisse traîner sa présence, dans tous les arbres creux – Ne furète pas, ou tu crieras, et personne ne se souviendra de toi.

Hailin connaissait beaucoup de contes étranges comme celui-ci, qu'il chantonnait par moments en faisant la vaisselle. Vadrik n'avait jamais entendu celui-là.

Après avoir attelé son cheval à l'auberge, il lui fut facile de trouver l'hôtel de ville, moitié plus gros que l'auberge, elle-même moitié plus grosse que les plus grosses maisons et les plus grosses boutiques. Lambholt n'avait pas plus de trente maisons et bâtiments à l'intérieur des palissades, sans doute là où vivaient les marchands. Le reste de la population était probablement éparpillée dans de simples maisons de pierre parmi les champs et les pâtures.

L'hôtel de ville était simple et robuste, composé de trois mètres de pierre puis de bois s'assemblant en un plafond au pignon bien affirmé fait pour que s'écoulent la neige comme la pluie. Un simple beffroi de bois était placé à son sommet. Les fenêtres de l'hôtel de ville étaient des vitraux anciens, représentant ce que Vadrik supposa être l'histoire de la ville : l'abattage d'anciens arbres, le combat contre d'anciennes bêtes. En face de l'hôtel de ville se trouvait un espace public avec des tables et des chaises, où les villageois pouvaient se rassembler dans des repas, aux beaux jours.

Vadrik entra. Eclairé de lanternes de suif dans chaque coin, réchauffé par un foyer en pierre massive, gardé par deux fermiers armés d'une arbalète et d'une lance, il comprit ce que signifiait autrefois cet endroit pour les habitants de Lambholt : la sécurité. Combien de fois, sur combien de générations, les citoyens de Lambholt s'étaient-ils retirés derrière la sécurité de ces épais murs de pierre, attendant l'aube ou une aide ?

Un groupe de dix femmes étaient assises dans demi-cercle de chaises, à l'entrée de l'hôtel de ville. Le conseil des anciennes et des mères. Les anciennes portaient des manteaux qui montraient leur âge, de la plus jeune avec ses couleurs pâles ou chatoyantes jusqu'à la plus vieille, toute en noir, avec toutes les teintes entre elles. Quelqu'un se tenait avec elles, un homme. Cape rouge, vêtements de cuir brun, rapière au côté, grande épée bâtarde dans le dos. Pas seulement un homme, un inquisiteur, dos à la porte.

« Oh, bien, dit l'homme quand Vadrik approcha. Je meurs d'envie d'une bonne bière. » Il se retourna, vit Vadrik et fronça les sourcils. « Vous n'êtes pas un serviteur. Un archimage ? Que faites-vous ici ?
- Je pourrais vous demander la même chose, » répondit Vadrik. Même au-delà de son dégoût instinctif pour les inquisiteurs – des matamores sans cerveau – il n'aimait pas le ton de cet homme. Les villages n'avaient pas de serviteurs, et c'était mieux ainsi.
« Ne soyez pas fâchés, dit la deuxième plus vieille. Aucun de vous deux. » Sa voix résonnait, grave et claire, depuis la capuche d'un gris sombre qui ombrageait son visage.
« Je cesserai d'être fâché au moment où quelqu'un m'expliquera ce que, par le feu de l'enfer, un archimage fait ici.
- Nous l'avons appelé, rétorqua la vieille gris sombre. Vadrik de Néphalie, voici Rem Karolus.
- Je le connais de réputation, et je partage cette confusion. Si vous m'avez appelé, pourquoi appeler aussi un chasseur de monstres ?
- Nous vous avons appelé, Vadrik de Néphalie. Dein Salvasi, puisse son corps rester en repos dans la terre, a appelé Rem.
- Rem Karolus. Ou Inquisiteur Karolus. »

Arrogance sur arrogance.







« Si son employeur est décédé, alors le mercenaire peut bien s'en aller, dit Vadrik.
- Mercenaire ? s'indigna Rem. Je suis un cathare, la lame des inquisiteurs. Je ne suis pas un mercenaire. »
Vadrik soupira. « Alors je suppose que nous travaillerons ensemble. »
Rem le regarda de haut en bas, assurément pas enjoué à la vue de Vadrik. « Je suppose, oui. »
La vieille en gris sombre les coupa. « Un fermier, Arinos, a disparu il y a de ça trois semaines. Il s'était disputé avec son voisin, Dein Salvasi, l'homme le plus riche de Lambholt.
- Un homme pieux, dit Rem.
- Et principal suspect, rectifia une autre femme dans un manteau couleur lavande. Ou il l'était. Puis des voyageurs ont disparu des les champs de seigle. Et puis, Lakil, une bergère, a été trouvée morte dans la pâture. Enfin, des morceaux d'elle. Ses moutons, intacts. Ce pourraient être des loups-garous, ce pourrait être pire. Quoiqu'il en soit, nous avions besoin d'aide. Le conseil vous a appelé, Vadrik.
- Et Salvasi m'a appelé, dit Rem. Pour m'occuper pour de bon des loups-garous de la ville.
- Oh, il ne vous a embauché que pour s'innocenter, dit une vieille, plus jeune.
- Des loups-garous restent quand même plus probables, dit une autre avec une voix claire comme celle d'un carillon.
- Oh, par tous les diables, nous savons de qui il s'agissait, » dit la vieille en gris sombre. Elle se leva de toute son incroyable hauteur, se tenant avec l'aide de deux simples cannes en bois.
« Nous l'ignorons, Malynn, » dit la plus ancienne, en noir, parlant pour la première fois.

Le mari de Vadrik avait mentionné Malynn plus d'une fois, déjà vieille quand Hailin n'était qu'un garçon. Sévère et sage, même effrayante, elle enseignait aux enfants les nombres, les chants, et à toujours avoir peur de la forêt. Elle avait été élevée comme un garçon, avait dit Hailin, mais avait choisi la vie de femme dès qu'elle avait été assez âgée, et le village l'avait acceptée rapidement.

« C'était le Vieux Brindodactyle, c'était lui, répéta Malynn. Tu le sais et les étoiles le savent. Le Vieux Brindodactyle émerge des contes, il émerge pour voir les vivants devenir les morts. La seule question est de savoir pourquoi, la seule question est de savoir comment.
- Est-ce lui derrière toi ? demanda la femme couleur de lavande.
- Quoi ? hurla Malynn, tournant vivement sur ses talons, levant une canne pour se défendre. »

Il n'y avait rien derrière elle, bien sûr.

« Oh, très drôle, dit Malynn. Moquez-vous bien de la vieille bique, qui a peur des brindilles et des ombres.
- Vous pouvez rire des histoires d'épouvante des enfants et des vieilles, dit la plus ancienne, mais le Vieux Brindodactyle existe. Il a eu des milliers de noms pendant des dizaines de milliers d'années. Aval, le Seigneur-Vigne du Foyer. Macath. Le Destructeur. Un esprit gardien, vicieux et effrayant. Ces derniers jours, son souvenir s'effondre, il n'est plus que le Vieux Brindodactyle, rien qu'un croque-mitaine. Jusqu'à maintenant.
- Quoi que ce soit, dit Rem, si ça a assez de griffes pour déchirer une pauvre bergère, ça a assez de chair pour être découpé par l'acier. Emmenez-moi seulem... emmenez-nous... là où il vit et je... nous délivrerons votre ville de la peur. »

La porte de l'hôtel de ville s'ouvrit avec fracas, et un homme essoufflé chargea.

« Mesdames, dit-il entrecoupé de longues tentatives pour reprendre son souffle. C'est le... c'est... »
- Qu'est-ce ?
- Meurtre, fit-il enfin sortir. Meurtre. »



« Je vous ai dit que c'était le Brindodactyle, et je ne verrai personne douter de moi à nouveau, dit Malynn. La demie-lune étendait sa longue ombre sur les pâturages. Une demie-douzaine de paysans avec des piques et des arbalètes se tenaient là, observant avec nervosité les ronces lointaines. Rem, rapière dégainée, faisait son tour de garde comme un chien de berger garde son troupeau. Vadrik, de son côté, ignorait les vivants et gardait son attention fixée sur les trois morts dans l'herbe.

Enfin, deux morts et un loup-garou mort, celui-ci revenu à sa forme humaine lors de sa mort mais reconnaissable à ses vêtements déchirés par la transformation. Tous morts par les mêmes moyens – transpercés comme de flèches, bien qu'il n'y en eût aucune.

Les trois victimes étaient des hommes, tous jeunes, tous trois sans arme ni armure. Deux étaient blessés d'en face, l'un était blessé dans son dos et était à quelques pas de là. Vraisemblablement, le plus jeune du groupe avait été rattrapé après s'être retourné pour fuir. Il n'y avait aucune raison pour qui quiconque le sût. Aucune raison pour que sa famille sût qu'il avait fui.







« Saviez-vous que cet homme était un loup-garou ? demanda Vadrik.
- Non, répondit Malynn.
- Bien que cela puisse n'être pas des loups-garous, on doit en savoir plus, dit Rem en gardant un œil sur le champ autour d'eux. Emmenez-moi jusqu'à la bête, Vadrik de Néphalie, afin que nous puissions en finir avec les causes de ce qui est arrivé, et que ces villageois innocents puisent dormir sur leurs deux oreilles.
- Comme si j'étais un chien, fait pour suivre des pistes ? » demanda Vadrik, trop bas pour que Rem l'entendît. Il concentra ensuite son énergie vers le haut, tirant de la puissance du ciel, des étoiles. Il déplaça cette puissance dans ses mains.

Il ouvrit grand ses mains, relâchant l'énergie, et une poussière tomba des cieux, étincelant dans la lumière de la lune, atterrissant sur des empreintes tout le long du champ. La plupart étaient lumineuses et solides, menant vers la ville. Les traces de leur propre enquête. Il y avait d'autres empreintes, aussi, celles des trois morts et du garde qui les avait trouvés. Plus subtiles et étranges, éparpillées, inégales, en zigzag, une autre piste d'empreintes menait à quelque champ distant.

Le sort de pistage était assez simple. Il lui restait assez de puissance pour exprimer encore mieux sa volonté, pour apprendre à Rem à ne pas mépriser un archimage.

« Je soupçonne que vous le sachiez, dit Vadrik s'étant tourné vers les villageois, mais vous ne serez pas en sécurité si vous nous suivez. » Il se tourna vers Rem. « Vous venez ? »

Les yeux du cathare étaient pleins de rage. Sa bouche, surtout, était partie, disparue à cause de la magie de Vadrik. Plus de lèvres, seulement de la peau du nez au menton.

« Eh bien quoi ? demanda Vadrik. Auriez-vous confondu un archimage et un mâtin ? » Vadrik claqua des doigts. La bouche de Rem réapparut, et Vadrik commença à suivre les empreintes sans regarder derrière lui si le cathare suivait ses pas.
« Soyez prudent, appela Malynn. Ne mettez pas le Brindodactyle en colère ! »



Les empreintes menaient vers des ronciers et des buissons comme s'il n'y en avait pas, et Vadrik était reconnaissant envers son manteau de lin qui repoussait les épines. Il était aussi reconnaissant que son compagnon, qui le suivait maintenant, fût silencieux et attentif. Même, ses pas cessèrent d'être ceux d'un fanfaron, tandis qu'il se tenait prêt pour l'action.

La lune brillait avec éclat sur les champs, et l'herbe se mouvait comme des vagues dans le vent, tant que Vadrik eut le mal du pays. Mais aussi, les ombres de la lune dansaient et bougeaient, y compris derrière Vadrik, et le mouvement continuait d'attirer son œil, et il continuait de jeter des regards par-dessus son épaule.

Nul ne pourrait se glisser derrière lui. Il était Vadrik de Néphalie.

Rem regardait aussi par-dessus son épaule.

Ils passèrent devant une maison de pierre, peut-être en ruines. Un instant, Vadrik pensa voir une lumière verte venue de l'intérieur, mais elle était partie quand il tourna son regard vers elle. À quelques kilomètres de là, la piste s'arrêta dans un petit bosquet.

« Ta magie a cessé de fonctionner, dit Rem une fois qu'ils furent entrés dans un bosquet et que la lumière eut disparu.
- Non, répondit Vadrik. Nous sommes à la fin du chemin.
- Il n'y a rien ici. »

Les trembles avaient perdu leurs feuilles il y a de ça des mois, et tandis que les nuages roulaient au-dessus d'eux, les arbres fins n'étaient que des silhouettes contre le ciel assombri. Vadrik murmura quelques mots, laissant la puissance s'élever du sol autour de lui et dans ses yeux, lui permettant de voir un peu mieux dans l'obscurité.

Des carillons distants sonnèrent, aigus comme des clochettes. Puis d'autres, plus proches, comme d'instruments à bois, depuis les arbres autour de lui.

« Peux-tu faire de la lumière ? demanda Rem avec un peu plus de politesse cette fois. Je crois que j'ai oublié ma lanterne. »

Vadrik continuait de marcher dans les bois. La créature devait être là, quelque part. Peut-être était-elle montée dans les arbres.

« Merci, dit Rem.
- Pour quoi ?
- La lumière, » répondit Rem.

Vadrik n'avait lancé aucune lumière.

L'archimage tourna sur ses talons, levant une barrière protectrice en même temps, juste à temps, alors qu'un jet de brindilles et d'étincelles se fracassait contre le mur magique.

La créature était juste derrière lui.

Ce devait être lui.

Le Vieux Brindodactyle méritait son nom. Fin comme un aulne, plus grand qu'un homme, la peau serrée autour de petits os, les doigts comme des brindilles. Une créature de cauchemar, de l'imagination de chaque enfant. À ses pieds, partout où il marchait, le givre fleurissait et les champignons grandissaient. Son visage tenait plus du crâne de cerf que de la chair humaine, des braises gouttaient de ses mâchoires comme du sang, et il avait plus de bois que n'importe quelle bête de naturelle de toute forêt naturelle. Ses yeux, cependant, étaient le problème. Il en avait trop. Quatre ? Sept ? À chaque instant, le nombre avait l'air de changer, et chacun brillait d'un feu vert pâle, et chacun semblait vous regarder. Il était là et il n'était pas là, vous pouviez le regarder et vous rendre compte immédiatement que, depuis tout ce temps, il vous traquait.

Il était fait de peur, comme rien que Vadrik eût jamais vu. Pas étonnant que le villageois eût fui. Les deux autres avaient dû simplement être tués avant d'avoir la chance de le faire eux-mêmes.







Vadrik, en sécurité derrière son mur de force, ralentissait l'étrange bête. Comme aucune chose qu'il eût vue auparavant, comme aucune chose qu'il eût lue auparavant. La chose était de chair, et elle ne l'était pas.

La créature aboya comme un cerf, et le mur de Vadrik s'effondra. Aussi simple que cela.

La créature pencha sa tête sur le côté, et une constellation de brindilles pendant à ses bois étincela et résonna avec un bruit de carillon.

Tandis que Vadrik étudiait le Vieux Brindodactyle, le Vieux Brindodactyle étudiait Vadrik.

« Bête maudite ! » rugit Rem, transperçant de sa rapière l'abdomen du Brindodactyle. Du sang blanc, comme le clair de lune, s'écoula le long de la lame.

Le Brindodactyle rugit, cette fois comme une centaine de chiens, un bruit qui emplit le crâne de Vadrik et lui retira le sens.

Vadrik tordit ses mains, tordit son esprit, puis tira la puissance du bruit lui-même et l'utilisa pour remettre par la force son esprit en place. Il avait déjà fait cela auparavant, lorsqu'il combattait une bête d'au-delà des étoiles.

Le Brindodactyle tordit son torse et envoyer Rem valser contre un arbre. Le cathare atterrit sur ses pieds, épée toujours en main. Il était d'une matière solide. Il chargea de nouveau, esquivant presque entièrement les étincelles de la main de la bête.

Vadrik lança un sort de paralysie, mais le Brindodactyle l'ignora simplement. Une main se serra autour de la taille de Vadrik, et le souleva facilement. L'autre chercha Rem, qui trancha sa taille, faisant voler de nouveau ce sang de clair de lune, mais il réussit à saisir aussi Rem.

Il ne restait aucune subtilité à considérer. Vadrik cria, tirant sa propre force et la mélangeant à chaque source autour de lui, la canalisant en un seul jet de glace qui frappa le Brindodactyle, le déséquilibrant.

Les deux hommes s'extirpèrent de sa poigne et atterrirent violemment. Tandis que Vadrik retrouvait sa respiration, Rem se leva et plongea sa lame à travers le menton de la bête, lui traversant le visage.

Pas de cri, cette fois.

Le Brindodactyle avait disparu.

Le sang blanc de la créature faisait des flaques sur le sol, comme du mercure. Vadrik s'assit, sortit une sacoche de sa ceinture, retira une seringue et une fiole, et en prit un peu.

« Je ne pense pas que nous l'ayons tué, souffla Rem qui haletait.
- Assurément, non, dit Vadrik avant une longue pause. Ah, et, merci. »



Le temps qu'ils revinssent au village, le soleil était haut. Rem se dirigea vers l'auberge, mais Vadrik se dirigea directement vers l'hôtel de ville.

Malgré le gel matinal, Malynn était assise dans le patio en face de l'hôtel de ville, buvant de l'eau et mangeant du porridge en compagnie d'une étrangère dans des robes en plusieurs couches, élimées. Cette deuxième femme sortait à peine de l'adolescence, si elle en était sortie.

« Bonjour, dit Vadrik en approchant et s'asseyant à table avec les femmes.
- Ce n'en est pas un, répondit Malynn.
- Chaque fois que tu couperas ma peau, chantait d'une voix presque angélique la nouvelle femme, je découperai un autre homme.
- Ça a l'air du genre d'information que vous auriez pu nous donner la nuit dernière, » contra Vadrik.

Laissé à ses propres moyens, Vadrik l'aurait fait sans faire couler de sang. C'était cet idiot de chevalier qui avait insisté pour combattre. Il vaut mieux contrôler les choses que les détruire. Cependant, il ne pouvait pas blâmer quelqu'un d'autre.

« Nous ferons mieux, dit Vadrik. J'ai seulement besoin de plus d'information pour le faire à ma manière. Une créature comme celle-là, ça a été invoqué, non ? Qui l'a invoquée ? Je suppose que c'est quelqu'un parmi les morts. »

Malynn regardait la nouvelle-venue, qui regardait le thé qu'elle avait dans la main.

« Mon père était un homme superstitieux, dit-elle. Il gardait toujours des dents de mouton sur son manteau, des dents de loup-garou sous le matelas.
- Arinos, je suppose ? Le fermier qui a disparu ? »

La femme acquiesça.

Malynn rompit le silence : « Vadrik, voici Ariosa. Fille d'Arinos. »
Vadrik se mit en tête la nouvelle information. « Vous vivez une maison en pierre délabrée, petite ferme, près d'un bosquet d'aulnes ? »

Ariosa acquiesça.

« Vous nous avez entendu la nuit dernière ? demanda Vadrik.
- Je... je n'étais pas certaine de ce que j'ai entendu. »
Vadrik ruminait tout cela. « Votre père se disputait avec un riche voisin. À propos de quoi, une dette ? »

Ariosa acquiesça.

« Menaçait-il de prendre vos terres ? »
Elle soupira. « Oui.
- Un riche voisin qui menace un homme d'expropriation, quand il a une fille à la maison juste assez âgée pour reprendre la propriété. Ça peut mener à faire bien des choses.
- Ça ne l'aurait pas mené à commettre un meurtre, affirma-t-elle.
- Te voilà, » dit Rem qui arrivait. Il n'y avait pas de place pour lui autour de la petite table ronde, mais il était clairement heureux de seulement déambuler au-dessus d'eux et de parler. « Pendant que tu écoutais les ragots, j'ai discuté avec quelques hommes qui font le tour de garde. Apparemment, la nuit dernière était assez paisible. On a dû bien occuper le monstre. On commence l'enquête ? »
Il posa ses yeux sur le repas complet que les femmes mangeaient. « Peut-être commencer avec les Salvasi ? Leur demander ce qu'ils savent de feu leur patriarche ? Je suspecte qu'ils auront un bon repas. Peut-être même du thé.
- On a essayé à ta manière, répondit Vadrik, et on a failli se faire tuer. Aujourd'hui, on fait ça à la mienne.
- Bien, je te suivrai. Et c'est quoi ta manière ?
- Eh bien, dit sèchement Vadrik, sans doute commencer par le manoir Salvasi. »



L'homme le plus riche de Lambholt n'était pas vraiment riche selon les standards auxquels Vadrik était habitué. Leur manoir était une maison en pierre à deux étages avec quatre chambres, dont deux avaient même du papier peint à la place des murs de pierre nue.

Leur luxe ne les avait pas sauvés.

Plutôt qu'un accueil chaleureux et d'un peu de nourriture, le couple trouva la porte brisée, pendant sur un seul gond. Ils trouvèrent la maison vide. Ils passèrent la moitié du jour, très court, à explorer la maison, chercher des indices. Pas une âme, pas un indice. Pas de sang. Les signes de violence, cependant, étaient partout – des tables et des chaises dispersées, une fenêtre brisée là où quelqu'un avait dû tenter de s'échapper. L'arbalète de la famille reposait sur le sol, à proximité de l'entrée, un carreau dépassant de la porte.

Le givre et les champignons jonchaient les coins du corridor.

Une main – peut-être celle d'un enfant – avait peint « Il est juste derrière toi » en cendres sur la pèlerine au-dessus du foyer.

Cela fonctionna, et Vadrik et Rem se tournèrent tous deux au même instant. Il n'y avait rien, évidemment.

« Qui écrit ce genre de message quand il faut lutter pour sa survie ? demanda Rem.
- Quelqu'un qu'on a forcé, par la peur ou par la magie, répondit Vadrik.
- Les bêtes et les démons devraient être des choses honnêtes, des choses violentes, frissonna-t-il. Quelle que soit leur masse, quelle que soit leur force ou le nombre de dents, je les combattrai. Rien de cela n'est de la sorcellerie.
- C'est bien qu'on ait abandonné la violence brute comme solution, » dit Vadrik. Il vit quelque chose sur le sol et s'agenouilla pour l'examiner. De la fourrure de chèvre noire, dans la maison. Ça n'avait pas l'air du genre de maison à garder des chèvres à l'intérieur. Il la mit dans une poche à sa taille.
« Allons-y, dit Vadrik. Je veux aller à la maison d'Arinos avant que sa fille n'arrive. J'ai des soupçons. »



La maison était vide, et Vadrik ne se sentait pas tant d'y entrer mais détermina que c'était nécessaire à ce moment. C'était un taudis. La maison elle-même aurait pu avoir cinq-cents ans, tant elle était robuste. La porte était autant de fractures que de planches. Le sol était de la poussière. À l'exception des deux lits faits dans l'unique pièce, on aurait pu croire la maison abandonnée. Une seule chèvre blanche broutait de l'autre côté de la fenêtre, tachée et inégale.

Vadrik ne resta pas longtemps à l'intérieur. Ce dont il avait besoin était dans le porche.

Au niveau du chevron au-dessus de la porte, parmi un assemblage disparate de carillons en bois et en acier, un mobile en bois pendait. Des formes faites de brindilles, liées ensemble avec des lanières d'écorce.

« Ça a l'air de... dit Rem. Ça veut dire que...
- Arinos a invoqué le Brindodactyle pour se débarraser de Salvasi et sauver sa ferme, le coupa Vadrik.
- Mais ça a mal tourné, acquiesça Rem. Le Brindodactyle n'a pas été contenu. Il a tué Arinos, Salvasi, et d'autres encore. »
Vadrik tendit la main et délia le mobile d'où il pendait. « Nous allons le révoquer, aujourd'hui, avant qu'il revienne ce soir.
- Tu sais comment ? On doit, quoi, trouver un endroit où la lune n'a jamais brillé ? Apporter des fleurs qui n'ont jamais touché le sol ?
- Non, rétorqua Vadrik. Je soupçonne que ce soit beaucoup plus simple que cela. »

Vadrik posa le mobile au sol et vida la fiole du sang du Brindodactyle dessus. Il leva ensuite une botte et écrasa l'objet sous son pied.

Un chant funeste déchira les champs, depuis le bosquet d'aulnes.

« C'est tout ? demanda Rem. Il a été renvoyé du Plan ? On fait quoi maintenant ?
- Oui, ce devrait être fini. Pour l'instant, je suggère que nous nous dirigions vers l'auberge. Je soupçonne que nous ferions bon usage d'un bon repas.
- Peut-être qu'il y aura de la bière. »



La brève journée approchait de sa fin au moment où ils atteignirent les murs du village, et le soleil se coucha lentement tandis qu'ils entamaient leur nourriture – du mouton pour Rem, des betteraves et pommes de terre pour Vadrik.

« À Vadrik ! » s'exclama Rem, levant un verre d'eau. Même le manque de meilleure boisson n'avait pas l'air de l'assombrir. « On fait une belle équipe.
- À Rem ! répondit Vadrik en levant son propre verre. Ce dont tu manques en subtilité, tu le compenses largement en courage. »

Quand ils se mirent à voire, la cloche du village sonna.

« Ils appellent sans doute juste les fermiers pour la nuit, » supposa Rem.

Au son de la cloche, l'aubergiste sortit une épée et déferla à travers la porte de devant, dans la nuit.

La cloche continuait de sonner.

Vadril posa le verre avec un soupir, lança un regard plein de malice à ce qui restait de ses pommes de terre rôties, et sortit pour voir la raison de ce boucan.



« Il est dans nos murs ! » hurlait un homme, terrifié, à la foule rassemblée. Les anciennes du village étaient assises dans le patio ou debout, en face de l'hôtel de ville, tandis que trente villageois se tenaient, armes en main, peur dans les yeux.
« Il n'a tué que dans les champs et la forêt, » dit Malynn, encore debout seulement grâce à ses cannes.
- Il n'y a pas de raison de croire qu'il est entre nos murs.
- Je l'ai vu ! affirma le fermier.
- Clairement ? » demanda Malynn, comme un professeur punissant un élève.
« Non m'dame, admit-il.
- Je l'ai vu, aussi ! » cria une femme.

Vadrik écarta la foule, qui se séparait devant un homme qui marchait avec détermination. Il atteignit le patio et se tourna vers la foule. Rem était proche de lui.

« Le Brindodactyle a été renvoyé là d'où il venait.
- L'as-tu vu ? demanda l'homme. Clairement ?
- Eh bien, non, » répondit Vadrik, ce qui n'amusa pas la foule. « Mais j'ai accompli le rituel, comme je l'ai fait une centaine de fois, et j'ai entendu le glas de la mort sonner pour la bête. »

Ariosa arriva en courant à cet instant, respirant par la bouche mais ne perdant pas son rythme.

« Je reviens de la maison, dit-elle à Malynn en lançant des regards aigus comme des dagues à l'équipe de deux. Ils l'ont libéré.
- On a fait ça ?
- Absolument pas, » répondit Vadrik, automatiquement, mais son cerveau commença à bouillir. Le Brindodactyle n'avait pas agi comme les autres démons contre lesquels il avait lutté auparavant. Il devait être différent. Briser le lien n'était peut-être pas...
« D'accord, rectifia-t-il. Peut-être bien.
- Ecoutez-moi, dit Malynn à la foule. Nous survivrons à cette nuit. Nous devons travailler ensemble. Tous, ouvrez les yeux. Il faut que vous regardiez vers la foule et vers l'extérieur, afin qu'il ne soit jamais derrière vous. »

La foule le fit comme un seul homme. Les gens d'Innistrad étaient habitués à apprendre et à s'adapter aux nouvelles horreurs, apparemment.

« Je l'ai vu ! » hurla un retardataire, courant vers la foule. « Juste derrière l'auberge ! »

Rem se mit à courir vers cette direction, mais Malynn bloqua son passage avec une canne. « Tu vas nous écouter. Tu ne courras plus vers le danger avant d'avoir entendu ce qu'était ce danger. »
Rem acquiesça, clairement mal à l'aise à l'idée de ne pas courir vers le danger, mais étonnamment, il voulait accéder à la demande de la vieille. « Le Brindodactyle ne peut pas être renvoyé chez lui, dans un autre endroit, dit Malynn, parce qu'il est d'ici. C'est un esprit du foyer.
- Un esprit du foyer ? demanda Vadrik. Alors il a été invoqué non pour tuer, mais pour protéger ?
- C'est cela. »

Un cri déchira l'air à quelques rues de là. « Pendant que vous vous demandez quoi faire, proposa Rem, je vais voir ce que je peux faire pour sauver quelques personnes ? »

D'un geste de la main, Malynn lui accorda la permission, et Rem se précipita vers la lointaine auberge.

« Étape un, marquer le foyer, la terre à protéger, dit Vadrik. Étape deux, faire une offrande, marquer ceux qui ne peuvent pas entrer, ou bien il faut marquer qui le peut. Il... Arinos n'a pas réussi à aller jusqu'à l'étape deux, c'est ça ?
- Je ne connais pas la magie d'invocation, avoua Malynn.
- Je connais les mots, je crois, les coupa Ariosa. Des contes de ma grand-mère.
- Il a dû être interrompu. Il... » Vadrik tira la fourrure de chèvre de sa poche, et la tendit à Ariosa. « Ça te dit quelque chose ?
- L'une de nos chèvres a disparu la nuit où mon père l'a fait, confirma-t-elle. Je suppose que Dein Salvasi l'a volée, l'a prise comme remboursement sans demander. »

Du coin de l'oeil, Vadrik vit Rem revenir, escortant quelques figures encapuchonnées vers la cohue, avant de repartir en courant dans la nuit.

« Arinos a invoqué le Brindodactyle, dit Vadrik. Il a construit le sigille et l'a pendu au corps de ferme. Garde cette maison et toutes ses terres. Étape deux, sacrifice. Il a emmené la chèvre dans le bosquet, peut-être, l'a laissée pour le Brindodactyle. Dein Salvasi a vu la chèvre, l'a volée. Un peu honteux, il l'a gardée chez lui. Cela veut dire que le Brindodactyle est venu, savait où monter la garde, ne savait pas contre qui la monter. Il a tué Arinos comme intrus sur sa propre terre. Il a tué votre voisin de la même manière. Mais pourquoi les meurtres vont-ils si loin dans les champs ? »

Vadrik y réfléchit une seconde seulement avant de répondre à sa propre question. « Le domaine de votre père est ancien, alors, n'est-ce pas ? L'une des plus vieilles maisons que j'ai vue. Il avait plus de terres ?
- En effet. »

Rem revenait, cette fois les mains vides, ensanglanté.

« Rem ! » l'appela Vadrik. Rem leva les yeux.
« Peux-tu protéger ces gens ? Peux-tu retenir le Brindodactyle pendant qu'on voit comment le lier ?
- Qu'est-ce que tu crois que je fais ? » cria Rem en retour. Il saignait toujours. Vadrik s'en rendit compte, aux coupures sur son visage et son torse.

Dans son champ de vision périphérique, Vadrik vit des yeux verts et des braises à la toute fin d'une allée proche.

Rem prit quelques profondes inspirations pour se remettre d'aplomb. Vadrik invoqua le pouvoir des étoiles, le transmit à Rem. Ses blessures se scellèrent, le souffle lui revint. Cela aurait renforcé sa résolution, mais elle n'avait pas fléchi. Il y avait de la peur, il y avait de l'épuisement, mais il n'y avait pas de doute. Un cathare, c'est quelque chose de solide.

« On le fait où ? demanda Ariosa ? Là ? Dans l'hôtel de ville ?
Malynn secoua la tête. « Ce n'est pas une créature de la ville. C'est une créature qui garde les maisons qui se tiennent comme des pierres dans les rivières sauvages. Chez toi. Il sera ton gardien, pour le temps de son enfermement, une décennie et un jour.
- Allons chercher les chevaux, alors, dit Ariosa.



Le rituel en lui-même était plutôt simple, presque prosaïque, comme la magie populaire avait tendance à l'être. Ariosa répara le mobile fracassé et le pendit au porche. À travers la fenêtre d'en face, Vadrik vit les deux lits faits à l'intérieur. Pourquoi deux ? N'avait-elle pas accepté la mort de son père ?

« Grand homme, homme long, garderas-tu cette maison ? » chanta-t-elle, tourbillonnant. « Protéger celle qui appelle, qui vit là toute seule ? »







Malynn apporta la chèvre restante de derrière la maison. « On l'emmène au bosquet ? »

Le bruit d'étincelles sortit de derrière et Vadrik fit volte-face. Le Vieux Brindodactyle était là, les lorgnant, curieux.

« Je ne crois pas qu'on ait de temps pour ça, dit Vadrik. Il est venu bien plus vite cette fois.
- Vieux Brindodactyle, venu des aulnes, prends cette chèvre au lieu de moi. » Ariosa s'y connaissait un peu mieux en invocation que Vadrik l'avait supposé.
- Seigneur des vignes, vieux destructeur, ne blesse nul si ne t'ai accordé. »

Le Brindodactyle aboya, et la chèvre blanche avança vers lui. Vadrik, qui n'était pas du genre à regarder souffrir les animaux, ferma les yeux. Comme aucune déchirure de chair, aucun bêlement ne déchira l'air, il les rouvrit.

Le Brindodactyle avait une de ses mains aux longs doigts sur le cou de la chèvre, la caressant.

L'immortel et la chèvre marchèrent vers les trembles. Une autre chèvre, noire celle-ci, sortit des arbres pour les rejoindre.



« Qu'est-ce qu'on va faire maintenant, vieille branche ? demanda Rem.
- Rien, répondit Vadrik. Tu traces ta route, et je rentre chez moi, à mes études et mon mari.
- Mais on fait une belle équipe ! J'ai la vigueur et la bravoure, et t'as la jugeote et le pouvoir ! Et, tu sais, les petites lumières magiques qui clignotent ? Comment ils vont nous chanter, ça va pas s'arrêter ! »
Vadrik monta sur son cheval, embrassant d'un dernier regard la ville natale de son mari, maintenant un tout petit peu plus sûre. « Un jour, nous leur donnerons plus que des chansons sur nous, je n'en doute pas, Rem Karolus. Mais pour l'instant, il y a un homme qui m'attend à la maison, dont la voix compte plus pour moi que celle de n'importe quel barde. Porte-toi bien, aventurier. »

Il tira les rênes et commença à sortir de la ville.

« Hey, Vadrik ! l'appela Rem. Même Jenrik n'était pas aussi bon que toi en matière de petites lumières clignotantes. Tu le rendrais fier. »

Vadrik s'arrêta et se tourna.

« Je déconnais pour les lumières, mais pas sur le fait que Jenrik serait fier. »

Vadrik essaya, et échoua, à cacher son sourire dû au compliment.

Tandis que les sabots de sa monture frappaient les pavés, Vadrik continuait à penser au deuxième lit fait, dans le vieux corps de ferme. Il pensait à la bizarrerie d'un lit encore fait. Il pensait aux éclats verts qu'il avait vus dans la maison avant de rencontrer le Brindodactyle dans le bosquet. Comme il était bizarre qu'Ariosa ait survécu, sans séquelles.

Les enfants couraient dans la rue, riant et contant.

Brindi-Brindo a tué Vik : ne t'approche pas, ne t'approche pas, M'sieur Brindi a d'nombreux tours. Il t'entend quand tu as peur. La vielle Hilgin n'a plus d'enfants, où sont-ils, où sont-ils ? Le vieil ami Brindi, dans la bouillasse, les a emmenés : il porte leur peau !

Bientôt, cependant, la ville rétrécissait avec la distance. Derrière lui.

Alors c'était comment ?

     
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- C'est bon, tu as compris le principe du jeu ? Très bien, vas-y commence.
- Bon alors je m'équipe d'un Blindage cranien et je chante sous une Pluie de pierres. A toi.
- Voyons... Je fais preuve de Droiture et je punis le Sorcier sybarite.
- Ok, je caresse la crinière d'Ajani l'inébranlable et je suis victime d'un Décès soudain.
- Pas mal, mais écoute celle-là : j'enfourche un Cheval de cauchemar et...
- Qumulox !!
- Comment ça kamoulox ?! Tu m'as pas laissé finir !
- Non derrière toi, un Qumulox !
Sprotch !

—Anecdote rapportée dans Du Danger de l'humour en terrain hostile, volume IV.

Proposé par Light Bringer le 11/07/2014

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