Ceci est un traduction de la première partie de l'histoire de Dominaria, réalisée par mes soins. Je n'ai pas écrit le texte, je ne me suis contenté que d'en faire une traduction, en prenant parfois quelques libertés par rapport à l'original pour la rendre plus authentique.
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Je m'occuperai également de la suite, mais sachant que c'est moi, ne vous attendez pas à ce que ce soit régulier
Sadage, clerc de la Coterie, s'avança vers les portes de la salle de culte de la Forteresse. La fumée des torches et des encensoirs formait un nuage au dessus des cultistes étendus sur le sol dallé. Ils imploraient l'entrée dans la salle, imploraient la faveur du Scion des Ténèbres à l'intérieur.
Un groupe de disciples vêtus de robes sombres arrivait de l'autre direction, tentant de contourner les suppliants. Sadage reconnu leur meneuse, Needle, un agent de la Coterie chargée d'infiltrer la Nouvelle Argive. Quand le groupe l'eut rejoint, ils s'agenouillèrent.
“Vous êtes revenus,” dit Sadage. “J'espère que vous avez un bonne raison.”
“J'apporte une offrande pour le Scion des Ténèbres,” répondit Needle.
Elle produit une longue épée noire, et la présenta à Sadage.
“Une offrande ?”
Sadage tendit sa main gantée vers l'objet, puis s'interrompit, à quelques millimètres de l'objet. Des filaments d'obscurité semblaient s'accrocher à la lame.
“Qu'est-ce que..”
Needle leva le regard, ses yeux écarquillés emplis de révérence.
“Une lame légendaire, une buveuse d'âme. Celui qui a forgé l'épée a tué un ancêtre dragon et absorbé sa force...”
“Assez,” l'interrompit Sadage.
Si proche de la salle de culte et de son tout-puissant occupant, il ne pouvait pas se permettre de laisser la discipline se relâcher.
“Qui l'a utilisée pour tuer un ancêtre dragon ?”
Needle hésita. Le disciple à son côté répondit à sa place :
“D'après la légende, le Planeswalker Dakkon Bl..”
Sadage l'arrêta d'un mouvement brusque.
“C'était Belzenlok !” déclama-t'il. “Belzenlok l'a forgée. Belzenlok a tué l'ancêtre dragon. Belzenlok.”
“C'était Belzenlok, Seigneur des Landes, Belzenlok, Tueur d'Ancêtre Dragons,” murmura docilement le groupe de disciples.
“C'est son épée,” ajouta Needle. “Belzenlok, Roi d'Urborg, Seigneur Démon. Je la lui rend.”
“Très bien.” Sadage prit l'épée, et une sensation de brûlure parcouru ses doigts à son contact, malgré ses gants. “Tu as mérité ta récompense.”
Needle sourit, tremblante,et se releva. Elle retira son capuchon, exhibant sa gorge. Sadage leva la main et lança le sort. Lentement, la peau de la poitrine de Needle se flétrit et tomba alors que le sort perçait délicatement son coeur.
Alors que Needle se contortionnait dans son agonie exultante, les autres disciples observaient avec un mélange de jalousie et d'adoration. Sadage ouvrit les portes de la salle de culte, prêt à présenter l'offrande à son maître, prêt à recevoir son ultime récompense de la part du Seigneur Démon.
Jhoira se pencha sur la roue de commande de son vaisseau de plongée et souffla “c'est ça”.
Elle tira un levier et la machine s'arrêta. Le sous-marin était, par choix artistique sans doute, un poisson métallique, avec des ailerons pour le guidage et les fouilles, et deux vitres bombées à l'avant qui imitaient des yeux globuleux. Ce qui ne l'empêchait pas de se mouvoir à merveille à travers les courants marins.
A l'extérieur, de petits poissons argentés s'enfuyaient, effrayés par les lumières et l'étrange bête de métal qui avançait à travers le champ d'algues. Hadi, son assistant artificier, attrapa la rampe de sécurité alors que des courants secouèrent le sous-marin. Il se pencha pour regarder à travers la deuxième vitre.
“Où ça ?”
C'était un vieil homme, qui était venu à l'Académie Tolariane depuis Djamuraa. Le fait qu'il ait accepté de l'aider dans sa quête en disait long sur son esprit d'aventure.
Jhoira ajusta la roue plus précisément, montra un point du doigt, touchant presque le verre bombé.
“Ici, vous le voyez ?”
Elle lui apparaissait pourtant clairement, la longue arrête à moitié dissimulée par la boue et les algues était bien trop droite pour être d'origine naturelle, du moins dans cette baie. Et elle ne connaissait cette forme que trop bien. Pour elle, c'était comme revoir un vieil ami.
“Vous avez de bons yeux,” commenta Hadi, avant d'ajouter : “Je pensais qu'il serait en meilleur état.”
“Pas après autant de temps.” Jhoira prit le tube acoustique et appela : “Ziva, je pointe mes lumières dessus, le voyez-vous ?”
Le tube porta sa voix à travers l'eau et la transforma en vibrations que l'ondine vodaliane pouvait comprendre. Au-dehors, Ziva nageait vers le fond, la vase dans l'eau assombrissant le bleu et le violet de l'armure naturelle qui couvrait ses bras et ses flancs. Elle s'arrêta, fit un signe de confirmation vers le sous-marin, puis d'un mouvement de sa queue puissante, disparut dans l'obscurité.
Jhoira attendit le verdict en tâchant de mieux cacher sa tension qu'Hadi. Puis Ziva reparut, s'approcha du poisson de métal jusqu'à en toucher la carapace. Jhoira l'entendit tâtonner à la recherche de l'extrémité extérieure du tube acoustique, puis sa voix résonna dans le compartiment.
“Il est étendu sur un plateau, emprisonné par des algues et du sable, mais pas de rochers. Nous devrions pouvoir le ramener à la surface sans problème... si le prix reste le même.”
Parfait, pensa Jhoira. Il lui était difficile de contenir sa joie, mais leur travail était encore loin d'être terminé.
“Je paierai le double si vous arrivez à le remonter en deux jours,” répondit-elle.
L'ondine avait besoin de l'argent, et Jhoira était ravie de payer pour ce qui serait l'apogée de longues années de travail et de planifications.
Le rire de Ziva sonnait comme des bulles dans l'eau : “Vous l'aurez en un !”
Jhoira s'adossa contre le cuir usé du siège de pilote. Les sentiments de soulagement et de bonheur d'avoir à nouveau un but lui donnaient envie de danser. Plus tard, se dit-elle. Quand elle serait sur la berge, à côté du fruit de ses efforts.
“Je savais qu'on y arriverait.”
“Vous, vous le saviez.” Hadi était transporté de joie, lui aussi. “Je ne suis même pas sûr que quelqu'un d'autre imaginait que c'était possible !'
“Eh bien, ils auront du mal à ne pas l'imaginer, à présent.”
Les autres ondins rejoignirent Ziva, attendant des ordres.
“Tout le monde est prêt ?” demanda-t'elle dans le tube acoustique. “Nous remontons l'Aquilon.”
Dominaria se forma autour de Gideon et la première chose qui le frappa fut l'odeur de plantes en décomposition et de terre humide. Il se tenait sur une haute structure de pierre, dans une ville en ruines entourée par un marécage envahi par la végétation. Le ciel était couvert de nuages. Des bâtiments autrefois grands et majestueux avaient perdu des morceaux de murs ou de toits, et certains n'étaient guère plus que des monceaux de pierres. De la brume enveloppait les hautes herbes, les bassins de boue bouillonnante, et les arbres pourris du marais, vide de toute vie à l'exception de nuages d'insecte. On aurait dit une vision d'artiste représentant la mort et l'échec. Approprié pour ce moment, pensa-t'il amèrement.
La seconde chose qu'il remarqua fut le trou dans son épaule, et la douleur qui l'accompagnait. Il prit une grande inspiration, et parvint à maintenir son équilibre. Liliana, Chandra et Nissa étaient là également, échevelées et ébranlées par la bataille. Ce n'était pas le moment de montrer de la faiblesse.
“Tout...,” admit-il en tentant de garder une voix neutre, “tout ne s'est pas passé comme prévu.”
“Oh, vraiment ?” demanda Liliana d'un air faussement étonné. “Qu'est-ce qui te fait dire ça ? Peut-être... La rivière de morts-vivants dans laquelle j'ai failli me noyer ? Ou alors Nicol Bolas qui s'amusait à t'encastrer dans le mur ?”
La douleur était trop forte pour que Gideon puisse trouver une réponse intelligente, et puis de toute façon, elle avait raison. Il était blessé, tenant à peine debout, son sural perdu. Ils avaient échoué, complètement dominés, et étaient chanceux d'avoir survécu. Combien d'autres n'avaient pas eu cette chance ? Cette pensée ajouta au poids qui pesait sur son coeur.
“Où est Jace ?” demanda Chandra en se frottant les yeux.
Prenant soudainement conscience de l'absence du mage, Gideon regarda encore une fois autour de lui.
“Il n'est plus sur Amonkhet, je l'ai vu partir.”
Il croisa le regarde de Liliana. Ils connaissaient tous le point de rendez-vous. L'absence de Jace ne présageait rien de bon. Elle pinça les lèvres :
“Peut-être qu'il a été retardé.”
“Il ne viendra pas,” dit Nissa d'un ton dur. “Il a abandonné”.
“Il ne ferait pas ça,” assura Gideon.
Nissa l'ignora.
“Un plan détruit. Tant de morts.” La voix de l'elfe tremblait de colère. Elle secoua la tête d'un air dégoûté, et poursuivi : “et on a fait exactement ce que Bolas voulait !”
Chandra haussa les épaules et détourna le regard :
“Ajani avait raison. On n'aurait jamais dû y aller.”
“On devait essayer...” commença Gideon.
Liliana se tourna calmement vers Nissa.
“Ce n'était pas non plus un désastre ! On a tué Razaketh. Le reste... on aurait difficilement pu...”
“Oui, ton démon est mort,” la coupa Nissa. “Tu as eu ce que tu voulais, et tu t'es enfuie. Tu te moques de vaincre Bolas, tu nous utilises juste pour te libérer de ton pacte.”
“Bien sûr que je veux tuer Bolas !” protesta l'intéressée. “Je me suis enfuie pour sauver ma vie... comme Jace avant moi.”
“Et pourquoi ici ?” Nissa désigna le marais d'un geste rageur. “Comment comptes-tu nous faire risquer nos vies pour toi, ici ?”
“Votre précieux Ajani a suggéré qu'on se retrouve ici,” répondit Liliana d'un air blessé.
Gideon remarqua qu'elle avait évité la question, et avait peur de savoir pourquoi.
“Nissa, ce n'est pas le moment. On est tous épuisés..” fit-il simplement.
“Ton dernier démon est là, c'est ça ?” demanda sèchement Chandra.
Liliana hésita. Son regard passa de Chandra à Nissa, mais même elle n'avait pas l'audace de protester.
“Belzenlok est ici,” admit-elle.
Gideon expira d'un air résigné. Bien évidemment.
“Nissa..”
Liliana s'avança vers l'elfe.
“Si je n'avais pas été limitée par mon pacte, on aurait détruit Bolas sur Amonkhet.” Sa voix pris des tons persuasifs. “Je peux tuer Belzenlok... mais tu es la seule assez puissante pour m'aider.”
Gideon grimaça. Nissa n'était clairement pas d'humeur pour de la flatterie, et que Liliana ait pu penser que ça fonctionnerait donnait toute la mesure de sa confusion.
“Liliana...” commença-t'il.
Chandra émit un son moqueur.
“Tu veux l'utiliser. Tout comme tu voulais m'utiliser, moi. Je pensais qu'on était amies, Liliana.”
“Chandra, ce genre de remarques ne va pas nous aider beaucoup,” dit Gideon.
Liliana les ignora tous les deux. Ne s'adressant qu'à Nissa, elle poursuivit :
“Belzenlok est vénéré par la Coterie, une secte. Tu peux pousser les sylvins des restes de la Yavimaya en Urborg à s'introduire dans leur Forteresse, où il se cache. Et j'utiliserai le Voile de Chaîne pour le tuer.”
Gideon grimaça. Le Voile de Chaîne, un puissant artefact des Onakke, avait permis à Liliana de tuer deux démons, mais il sapait ses forces, et Gideon suspectait qu'il était bien plus dangereux pour l'utilisateur et ceux autour que ce qu'elle prétendait.
Nissa fit la moue.
“Non, je ne t'aiderai pas. Je n'ai pas prêté serment pour sauver ta peau.” Elle se tourna vers Gideon. “Dis-lui. Dis-lui qu'on ne la laissera plus nous utiliser. Dis-lui qu'elle a le choix entre nous aider à tuer Bolas, ou partir.”
Gideon inspira douloureusement, réussit à contenir encore la douleur qui pulsait à travers son épaule.Travailler avec Liliana n'était jamais facile, mais ils avaient un accord.
“On aura besoin de l'aide de Liliana pour détruire Bolas, et elle ne pourra pas le faire tant que son dernier démon ne sera pas mort.”
Nissa tombait des nues.
“Mais ça fera d'elle une menace interplanaire tout aussi dangereuse que Bolas !”
“Je ne crois pas.” Gideon tentait d'avoir l'air calme et raisonnable, mais la douleur durcissait sa voix. “Elle ne nous utilise pas. C'est notre meilleure chance contre Bolas. Et on ne peut pas laisser Belzenlok ravager ce plan. Nissa...”
“Je t'ai sauvé la vie, Nissa !” s'exclama Liliana. “C'est comme ça que tu me remercies ?”
“Je ne te dois rien.” Nissa recula. Le mépris se lisait sur chaque ligne de son corps. “Aucun de nous ne te dois quoi que ce soit. Mais si les autres sont trop aveugles pour s'en rendre compte, je ne peux rien faire pour eux.”
Elle s'éloigna.
“Nissa !” l'appela Chandra. “Je comprends que tu ne veuilles pas aider Liliana, mais Bolas...”
Gideon chercha un argument convaincant, mais la douleur obscurcissait son esprit.
“Nissa, tu as prêté serment...”
“Non.” Nissa s'éloigna d'eux un peu plus. “Je ne peux pas supporter de voir un autre plan détruit avant d'avoir restauré le mien. Je suis désolé, mais j'abandonne.”
“Nissa !” cria Chandra.
Mais Nissa avait déjà quitté le plan. Un court instant, sa forme resta, formée de lumière verte, entourée par des ombres de feuilles et de lianes. Puis elle disparut.
Liliana détourna le furieusement le regard, les dents serrées. Chandra enfouit son visage dans ses mains, et Gideon réprima un grognement. Il devait trouver Nissa, la convaincre de revenir, mais la douleur lui transperçait la poitrine à chaque respiration.
Puis Chandra releva la tête et annonça :
“Je pars aussi.”
“Quoi ?” Gideon se tourna vers elle, consterné. Le mouvement tira sur sa blessure, et du sang coula le long de son flanc. ‘“Chandra...”
“Quoi ?” Liliana était incrédule. “Tu plaisante, n'est-ce pas ?”
“Je n'abandonne pas !” ajouta rapidement Chandra, son regard plein de détermination. “Je n'abandonnerais jamais ! Mais tu as raison, Gideon. Je dois apprendre tout ça. On a échoué sur Amonkhet parce que j'étais trop faible !”
“Ce n'est pas pour ça qu'on a échoué...” soupira Liliana.
“Je dois devenir plus forte,” reprit Chandra.
“Chandra, quand je disais ‘apprendre de ses erreurs', ce n'est pas...” tenta Gideon.
“Je sais ce que je fais !”
Et avant même qu'il puisse répondre, elle était partie.
Gideon regarda l'espace là où ses deux camarades s'étaient tenues quelques instants plutôt. Il avait perdu le contrôle de la situation, mais il ne savait pas très bien comment.
Liliana se tourna vers lui.
“Et toi ? Tu pars où ? C'est quoi, ton excuse ?”
Gideon souffla d'un air las.
“Je reste. Rien n'a changé. On a besoin de toi pour détruire Bolas, et toi, tu dois détruire ce démon.”
“Je..” elle s'interrompit, l'observant. Puis se expression se durcit à nouveau. “Bien. Dans ce cas, on ferait bien de s'y mettre.”
“On doit préparer un plan..” la douleur le traversa encore, plus violente cette fois, comme si la griffe de Bolas était toujours dans son épaule. Il inspira, et réessaya. “Un plan. On doit...”
Liliana leva ses bras vers le ciel.
“Je sais que tu es blessé, alors arrête de faire le grand gamin et admet-le !” Elle jura entre ses dents, et reprit : “Viens, on va trouver un endroit où je pourrais te soigner.”
Gideon eut l'air surpris.
“Je ne savais pas que tu pouvais soigner.”
“La liste des choses que tu ne sais pas pourrait remplir toutes les archives de Dominaria. Maintenant, viens.”
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Bon, encore un autre désastre, se dit Liliana alors qu'ils empruntaient un chemin envahi par la végétation plus loin dans la cité en ruines. Avec le départ de Nissa et celui de Chandra, la stratégie qu'elle avait préparée était en tout aussi mauvais état que la ville. Et Jace, parti sans un mot. Peut-être ne voulait-il plus entendre parler d'elle... Cette pensée la dérangeait beaucoup plus qu'elle ne voulait l'admettre. Elle le retrouverait, lui parlerait, mais devait tuer Belzenlok d'abord.
Elle jeta un regard oblique à Gideon. Quoi qu'il arrive, elle ne pouvait pas se permettre de le laisser réaliser que Nissa avait raison, qu'elle avait fui la bataille. Il était tout ce qui lui restait, et elle avait besoin de son aide pour tuer le démon. Mais son teint était cireux, et des lignes de douleur et de tension étaient gravées sur son visage. S'il survit. La blessure du grand imbécile devait être bien plus grave que ce qu'il laissait paraître.
La mort enveloppait la ville, et le marais autour, tissée avec la brume qui flottait au-dessus de la terre humide. Des ombres se mouvaient dans cette brume, des visages qui apparaissaient avant de s'effacer.
Voir cette endroit avait été un autre choc. Liliana n'arrivait pas à croire que c'était Vess, et si les autres n'avaient pas été avec elle, elle aurait cru avoir atterri en un autre point de Dominaria.
Au moins, la ville n'était pas aussi déserte qu'il leur avait semblé au début. Certains des bâtiments montraient des marques de tentatives de réparation. L'herbe du marais avaient été coupée dans certaines cours, et l'une contenait même des chèvres attachées. Le sentiment d'être observée poussa Liliana à observer un toit plus attentivement. L'ombre près d'une cheminée n'était pas une gargouille, mais... Pas non plus un ange, se dit-elle. Une visite des moralisateurs de l'Église de Serra aurait été parfaite pour couronner cette désastreuse journée, mais ce n'était qu'un avemain en sentinelle, la lumière grise se reflétant sur son armure et ses plumes.
Plus loin, au-dessus des toits, la courbe rocheuse d'une ancienne ruine Thran s'élevait au-dessus du brouillard, ses côtés lisses assombris par des lichens. Elle avait la forme d'une lame de hache, comme si un géant l'avait plantée dans la terre et laissée là. C'était, au moins, une vision familière, quelque chose qui n'avait pas changé pendant ses années d'absence.
Après le prochain virage, était une large place, entourée de grandes maisons, toutes en mauvais état, mais certaines avaient des vitraux aux fenêtres des étages supérieurs. D'un côté, il y avait une fontaine et quelques étals de marché. Près du marché se tenait un grand bâtiment qui devait être une auberge. De la fumée sortait de la cheminées, et les portes étaient ouvertes. Des gens s'approchèrent, observant Liliana et Gideon avec curiosité. Tous étaient armés, mais n'eurent pas de geste hostile. Gideon les salua d'un signe de tête, mais ruina l'effet en hoquetant et grimaçant de douleur.
C'était le centre de la ville, et il semblait se raccrocher à peine à la vie, plus qu'une ombre de la place du marché vibrante de vie que Liliana connaissait autrefois comme sa poche. Elle ravala un juron. Que s'est-il passé ici ?
“Que se passe-t'il ?” lui demanda discrètement Gideon.
Lilian grimaça. Elle détestait montrer de la faiblesse.
“Rien.”
“Si on veut réussir, on ferait mieux d'arrêter de se cacher des choses,” soupira Gideon.
“C'est rien !” répondit-elle brutalement.
Il la regarda d'un air dubitatif, et elle se rappela qu'il était son seul allié. Et puis, lui cacher ce point n'avait pas vraiment de sens.
“Pas grand chose d'incroyable, c'est juste que cet endroit a changé. La dernière fois que j'étais là, cette ville était entourée de forêts, pas de marais fétides.”
“Pourquoi tu ne pouvais pas juste dire ça ?”
“Parce que c'est rien,” répondit-elle entre ses dents.
“C'est exactement ce que...” il grimaça, et s'interrompit. “Pourquoi étais-tu venue ici ?”
“C'est là que je suis née.” Elle ignora son expression de surprise. “Allez, viens avant que tu ne tombes. Tu es trop lourd pour que je te porte.”
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Liliana n'eut même pas besoin de menacer qui que ce soit pour obtenir de l'aide, même si l'auberge n'attendait clairement pas de clients. Le tenancier avait eu l'air franchement étonné lorsqu'il avait appris qu'ils comptaient rester, mais les avait immédiatement conduits à une chambre au rez-de-chaussée, sans dout choisie parce que Gideon laissait une traînée de sang derrière lui et n'avait pas l'air en état de monter des escaliers.
L'aubergiste était un homme grand, à la peau sombre, avec beaucoup d'enfants, qui semblaient surgir de toutes les portes pour observer les visiteurs alors qu'ils traversaient le couloir. La chambre était assez grand, et contenait un lit et quelques meubles en partie couverts de moisissures. Liliana dirigea Gideon vers une couchette basse et l'aida à s'y allonger.
“ça fait longtemps que nous n'avons plus vu de voyageurs”, s'excusa l'aubergiste alors qu'il allumait un feu dans le foyer.
Une jeune femme, portant des vêtements de travail, une épée courte pendant de la ceinture à sa taille, apporta un seau d'eau et le versa dans un chaudron. Un jeune garçon amena une pile de draps pliés, un autre de la nourriture et des boissons, et une petite fille des bandages. Malgré son humeur massacrante, Liliana ne trouva rien à redire sur le service. L'aubergiste ne leur avait même pas demandé s'ils avaient de quoi payer.
“J'aurai besoin de toutes vos herbes médicinales,” ordonna-t'elle. Puis, alors que les enfants partaient, elle ajouta : “Que s'est-il passé ici ? Cet endroit a... changé, depuis la dernière fois que je l'ai vu”.
“C'est la Coterie,” répondit le tenancier, en accrochant le chaudron au-dessus des flammes naissantes. “Ils veulent conquérir le monde.”
L'homme devait exagérer. Liliana interrompit la maladroite tentative de Gideon de retirer son armure, et en défit les boucles elle-même. Pendant qu'il faisait stoïquement semblant de ne pas avoir un gros trou dans son épaule, Liliana entreprit de nettoyer et de panser la plaie. Elle savait déjà que Belzenlok avait supplanté le dieu Kuberr pour prendre le contrôle de la Coterie, et que leur Forteresse était maintenant en Urborg, mais s'étaient-ils vraiment aventurés si loin ?
“La Coterie est donc venue ici. À Bénalia.”
L'aubergiste acquiesça, et ajouta du bois dans l'âtre.
“On a tenté de les chasser d'Aerona, mais on a échoué. Vous avez pu voir ce que leur influence à fait la forêt de Caligo, au fil des années.”
Il eut un geste d'impuissance.
“Toute la forêt ?” demanda Liliana, le fixant d'un air incrédule. “Jusqu'à la rivière ?”
“Et au-delà. La rivière est envasée, infranchissable. C'est le marais de Caligo, maintenant. Et ils ont un nouveau chef, près d'ici, un puissant liche qui sert de général aux Intransigeants. L'Église de Serra est venue nous aider, et il y a eu une grande bataille, il y a quelques jours, mais la Coterie nous a mis en déroute.” Il se releva. “Je vais chercher plus de bois pour le feu.”
La petite fille revint avec la boîte qui contenait la réserve de l'auberge en herbe médicinales.
“C'est tout ce qu'il nous reste. La plupart de nos réserves ont été utilisées pour les soldats qui sont restés ici.”
Jetant un coup d'oeil au contenu des paquets, Liliana demanda :
“Est-ce que quelqu'un ici se souvient de la Maison des Vess ?”
La fille s'arrêta pour réfléchir.
“Il y a des histoires de fantômes sur le manoir en ruines dans le marais, sur le fils mort-vivant et la méchante fille qui s'est enfuie...”
“Non, non.”
Liliana leva la main pour l'interrompre. Il n'était pas surprenant que les événements de ce jour soient devenus une légende locale, mais ça ne l'intéressait pas.
“Je connais cette partie. Je voulais dire, la vraie histoire de la famille, ce qui leur est arrivé après.”
“Non, pas à ma connaissance.” La fille souleva le seau d'eau sale. “Je peux me renseigner pour vous, si vous voulez.”
“Non, ce n'est pas important”.
Liliana lui fit signe de partir. Puis elle regarda vers les fenêtres condamnées, et ses sourcils se froncèrent.
Gideon se redressa légèrement.
“Que se passe-t'il ?”
Elle secoua la tête et regarda les paquets d'herbes.
“Ils n'ont pas ce dont j'ai besoin, mais ça devrait pousser pas loin. Je vais aller voir.”
Il se rallongea sur la couchette, en grimaçant. Liliana eut un sourire malicieux.
“N'aie pas trop peur que je t'abandonne.”
“Je n'ai pas peur de ça,” répondit-il faiblement. “Tu as besoin de moi pour tuer Belzenlok.”
Liliana ne trouva pas de réponse, et, doublement irritée, quitta l'auberge.
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Les terres avaient tellement changé ; Liliana savait bien que les herbes qu'elle cherchait pourraient ne plus exister, mais elles étaient le moyen le plus rapide de soigner Gideon. Ils avaient besoin de trouver un plan pour tuer Belzenlok le plus vite possible.
Une fois sortie des ruines, elle se dirigea vers le marais. Elle trouva les herbes sur un îlot de terre plus ferme, et cueillit ce dont elle avait besoin. Elle se raidit, regarda à travers un bosquet d'arbres moussus, et pendant un instant le paysage lui fut à nouveau familier. C'était là qu'elle avait rencontré l'Homme Corbeau pour la première fois.
Tu as essayé d'aider Josu comme ça, avec cette même herbe, se rappela-t'elle, ses souvenirs de ce jour étrangement précis. Elle voulait seulement le soigner, et à la place, elle l'avait transformé en zombie sans âme qui avait tué Dame Ana, et ses servants... Et elle, elle s'était enfuie, alors que son Étincelle s'embrasait, abandonnant à leur sort ses parents, toute sa famille, ses amis, et tous ceux qu'elle connaissait. Le sort qui animait Josu avait dû se briser lorsqu'elle avait quitté le plan, mais elle n'avait jamais pensé à ce que sa famille avait fait en découvrant le carnage dans sa chambre. Ils ont du la croire morte, sans doute. L'avaient-ils recherchée ? Avaient-ils pensé que Josu l'avait tuée ?
Avec ses nouveaux pouvoirs de planeswalker, tentant de survivre, elle avait refusé de penser à eux depuis ce jour. Cela faisait tellement longtemps que ces souvenirs pleins de douleurs semblaient appartenir à l'esprit de quelqu'un d'autre.
Ne soit pas stupide, se dit-elle. La Maison des Vess n'était plus qu'une légende, une histoire de fantôme pour amuser les enfants de la ville. Ils ont vécu leurs vies, ont vieilli, et sont morts. Il ne devait rester du manoir qu'un monceau de gravats, sans aucun intérêt. Et pourtant, presque sans s'en rendre compte, elle se mit en marche, ses pieds trouvant le chemin si familier, enterré sous la boue et l'herbe.
Des émotions inopportunes, qui se mettaient en travers de son but.
Liliana s'avança à travers un buisson d'herbe de la taille d'un arbuste et s'arrêta brutalement.
Ce devait être son imagination enfiévrée. La maison était toujours là.
Les arbres tordus et la végétation étouffante avaient poussé jusqu'aux murs de pierre grise, mais elle pouvait voir la forme de l'aile centrale, la courbe de la tour la plus proche. C'est de la folie ! De la folie, ou...
Ou une force inconnue en action.
Les portes du hall principal étaient ouvertes. Il lui fut étonnamment difficile de se forcer à traverser le terrain et de monter les marches, mais l'effroi et le besoin de savoir la poussèrent à avancer.
Elle entra. La lumière naturelle illuminait la balustrade gravée de la galerie supérieure, les tapisseries pendant au mur du fond, et pendant un instant, ce fut comme si la maison était parfaitement intacte. Comme si elle avait existé dans une bulle temporelle, préservée comme un insecte dans de l'ambre. Puis elle respira l'odeur de sang et de pourriture, et le moment passa. Elle cligna des yeux, et vit que les tapisseries était en lambeaux, la balustrade en grande partie détruite et meurtrie par les intempéries. Mais cette maison devrait être en ruines, pensa-t'elle. Quelque chose a fait ça, délibérément. Afin qu'elle puisse revenir pour le voir ? Si c'était ça, peut être était-ce l'oeuvre de l'Homme Corbeau, qui la suivait à travers les plans. Mais pourquoi ?
Elle suivit l'odeur de sang plus loin dans le hall.
Là, avant la grande cheminée, des symboles avaient été gravés au feu dans le sol de pierre, leurs formes obscurcies par ce qui semblait être des vestiges d'énormes gouttes de sang. Des douzaines de bougies éteintes entouraient l'endroit, leur flaques de cire fondue dissimulant d'avantage les traces laissées par un sort nécromantique puissant. De l'air froid montait du sol comme d'une tombe ouverte.
Liliana ressentit une douleur à la mâchoire, et se rendit compte que ses lèvres s'étaient retroussées en une grimace inconsciente.
Quoi qu'il se soit passé ici, ce n'était pas une coïncidence.
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La nuit avait commencé à tomber lorsque Liliana atteint les abords de la ville. Elle s'était à peine engagée sur le chemin à travers les ruine qu'elle sentit une vague de malice morte-vivante.
“J'ai pas le temps pour ça,” murmura-t'elle, et commença à courir.
Elle entendit la bataille sur la place avant de la voir.
Les étals avaient été incendiés, et des figures sombres luttaient, la lumière du feu se reflétant sur les lames. Les villageois étaient facile à reconnaître, portant des armures rapiécées et maniant autant d'outils et de masses de fortune que de vraies épées et haches de bataille. Certains étaient déjà tombés, et l'avemain du matin était mort, étendu sur le pavé, ses ailes brisées.
Les assaillants portaient des armures noires à pointes, aussi différentes des bénalianes, blanches, argentées, et avec des vitraux, que possible. Des cavaliers morts-vivants de la Coterie, pensa Liliana, dégoûtée. Il devait y avoir un clerc de la Coterie quelque part, un cultiste humain vivant, pour contrôler les revenants décérébrés.
Gideon bascula soudain des ombres près de l'auberge. Il roula, se releva et vacilla, toujours affaibli par ses blessures. Il ne portait pas d'armure, et du sang souillait ses bandages et vêtements, mais il agitait une épée empruntée alors qu'un chevalier fondait sur lui. Ce dernier portait une armure lourde noire, aux pointes acérées, et chevauchait un grand destrier, en armure lui aussi. Non, alors que la créature remua la tête, Liliana aperçut à travers les failles de son armure de la chair pourrissante et des os, et des puits d'obscurité là où ses yeux auraient dû se trouver. Le chevalier ne portait pas de casque, et sa tête était couverte de peau pâle et étirée, ses cheveux une crinière blanche en décomposition.
Des cris résonnèrent dans l'auberge alors que les portes s'ouvraient brutalement. Un autre guerrier mort-vivant traînait deux formes qui se débattaient. Liliana reconnut la jeune femme et le garçon qui les avaient aidés à s'installer. Gideon se jeta en avant et le chevalier monté accéléra pour le piétiner.
Hah, il faudra faire mieux que ça, Belzenlok. Liliana leva les mains. Elle tira de la force des morts étendus sur la place, des os enterrés dans les ruines, des cadavres pourrissant dans le marais, des fantômes dans la brume. Les gravures sur sa peau brillèrent d'une lumière violette, et des rayons partirent de ses mains, frappant une douzaine de chevaliers en armure. Elle s'avança dans le chaos de la bataille.
Un revenant à pied la chargea. Elle fit un geste et un nuage noir s'éleva du sol pour l'envelopper. Il se contortionnait alors que le sort le réduisait en poussière, ne laissant de lui que son armure sur les pavés.
Les chevalier mort-vivant se rua sur Gideon, et leva sa lance pour porter le coup de grâce. Liliana concentra sa volonté et l'envoya vers le zombie.
L'instant d'après, il était sien. Elle le força à laisser tomber sa lance et à détourner sa monture de Gideon. Puis elle rompit la connection entre le destrier et le pouvoir qui l'animait, et il s'effondra en une pile d'ossements. Elle avait pensé à utiliser le chevalier contre les autres, mais ceux qu'elle avait déjà détruits avaient changé le cours de la bataille. Gideon reprit pied et tailla en pièce les combattants près de l'auberge. Avec des cris de triomphe, les villageois se rallièrent pour charger le restant des ennemis.
Liliana leva la main pour détruire le dernier chevalier, mais quelque chose murmura dans son esprit : le Vide attend.
Elle se figea, son coeur battant. Puis elle eut une moue de mépris. Ce n'était qu'une ruse. Le maître du chevalier devait être le liche qui avait dévasté Caligo pour la Coterie, et qui devait être derrière la mystérieuse préservation du Manoir Vess. Liliana explora la connexion, curieuse. Comment ce liche pouvait-il en savoir autant sur elle ? Se pouvait-il que...
Une image du liche apparut devant elle. Le visage était celui de Josu.
Non. Le coeur de Liliana se serra. Ce n'est pas possible.
“Non !” cria-t'elle.
Sa rage et sa surprise brisèrent la connexion. Le cadavre explosa, et ses os et son armure volèrent à travers la place.
Les villageois avaient capturé le clerc, et l'avaient plaqué au sol, une lance plantée dans sa poitrine. Liliana les écarta et l'attrapa par la jambe pour le tirer vers la lumière des flammes.
“Où est Josu ? Qu'est-ce que Belzenlok lui a fait ?” demanda-t'elle d'une voix tremblante de rage.
Elle remarquait à peine Gideon à ses côtés, qui l'observait avec inquiétude.
Le clerc rit et toussa, s'étouffant à moitié.
“Il savait, notre Seigneur Démon, le Scion des Ténèbres ! Il savait que vous viendriez ! Il a fait de votre précieux frère l'un de ses servants, le commandant de ses forces impies !”
“Josu sert Belzenlok,” répéta Liliana, choquée.
Le rituel dans le Manoir Vess avait fait passer Josu de zombie sans âme à puissant liche, capable d'utiliser ses souvenirs et son entraînement militaire, mais esclave de Belzenlok. Il utilise mon propre frère contre moi, se dit-elle. Ce frère dont elle avait rendu l'âme vulnérable lorsqu'elle avait perdu le contrôle de son sort.
“Il sert notre seigneur, il...”
Le clerc s'étrangla alors que du sang emplissait sa gorge.
“Le Vide attend...” hoqueta-t'il avant de s'affaisser, mort, sur le sol.
Liliana le regarda, la rage supplantant lentement l'horreur de ce qui était arrivé à Josu. Elle ne permettrait pas ça. Son frère ne serait pas l'esclave de Belzenlok. Elle le libèrerait, peu importe le prix.
“Tu vas payer pour ça, Belzenlok,” siffla-t'elle. “Peu importe ce que j'aurai à faire. Tu vas payer.”
Le 05/05/2018
Yes trop cool, je m'étais justement résigné à faire la même chose de mon côté après l'annonce de fin de trad qui m'avait également vraiment déçu de la part de Wizard.
J'avais pas exactement traduit de la même façon mais il y a de bonnes idées !
Si j'amais tu veux un coup de main pour les autres chapitres je pourrais p'tet t'aider !
Le 03/05/2018
Merci pour ce travail de traduction qui est le bienvenu !
je suis fan !
Note : 10/10
1 réponse(s)
Le 03/05/2018
wizards FR ne traduira plus ?
pourtant DOMINARIA est traduit en italien et espagnol ........
ce sont des fainéants.... pffff......
Le 30/04/2018
Beau travail. C'est vraiment super qu'ils y ait des personnes qui choisissent de s'opposer à ce choix ridicule de Wizard FR de ne plus traduire les histoires de magic. Excellent travail et bonne continuation. J'ai très hâte de lire la suite de ta traduction.