Avec Theros, Magic s'est inspiré de l'une des sources fondamentale du fantastique occidental: la mythologie grecque. Avec son panthéon divin et ses légendes héroïques, elle est certainement la mythologie païenne la mieux connue de nos jours. Elle est connue de sources écrites et était celle des colonisateurs romains avant la christianisation de l'empire.
Quand le cinéma a voulu montrer des films fantastiques à grand spectacle, il s'est tourné vers ces légendes qui ont l'avantage de présenter tous les ingrédients requis: Des héros, destinées, prophéties, quêtes, monstres et gloire. Les peplums connurent leur âge d'or jusqu'à la surdose, au point que le genre soit mis au rencart pendant des décennies.
Les autres composantes de l'heroic-fantasy, bien que plus proches des anciennes croyances locales, ont mis plus longtemps à se faire une place dans l'imaginaire collectif contemporain en dehors des contes pour enfants. Il a fallu qu'elles soient d'abord mises en avant par des romancier comme R. E. Howard et J.R.R. Tolkien, agglomérées par des jeux de rôle puis des jeux vidéos, Donjons & Dragon en tête, ayant un grand besoin de matériel pour constituer des mondes fantastiques où l'aventure surgit dans chaque auberge. Toutes les sources sont bonnes, y compris la mythologie grecque dont les éléments parlent à un large public. il a fallu aussi ce temps pour que les légendes les plus proches des anciennes croyances de nos aïeux soient acceptées comme appartenant exclusivement au monde du divertissement, pour que par exemple on laisse les enfants se plonger dans une histoire où un l'un deux apprend la sorcellerie sans qu'on entende trop d'accusations de gouvernance par le malin. Ce accusations ne pouvaient atteindre la mythologie de l'antiquité gréco-romaine, avec son statut particulier de "mythologie classique", ensemble d'anciennes croyances bien connues mais éloignées, définitivement révolues.
Magic : The Gathering, en tant que petit jeu de cartes rapide à jouer et facile à prendre en main, a préféré rester en terrain connu des joueurs, son cadre est donc au départ un agglomérat fantastique à la D&D où les magiciens ont le droit de porter des chapeaux pointus (comme sur Enchaînements), faisant même référence à des éléments connus de notre monde et certains bien sûr repris de la mythologie grecque: Mesa pegasus, Shanodin Dryads, Paralyze, Hurloon Minotaur, Rock hydra sont les plus évidentes dans la première édition du jeu. Si le tatouage de figure du minotaure pouvait évoquer un labyrinthe sans qu'il figure sur la carte, plus tard le Minotaure des labyrinthes fera moins de détours. Enfin, au sens figuré bien entendu.
Cette mythologie fait partie de l'imaginaire collectif. La simple évocation de ruines anciennes, en particulier s'il s'agit de temple (même un temple Svyelunite), nous envoie l'image de colonnes grecques comme celle qui servit de symbole à Legends, extension sans thème bien affirmé elle non-plus.
Theros est un retour très appuyé à cette source classique, à la limite de la transposition comme on en avait pas eu depuis Kamigawa, voire Arabian Nights.
C'est au point que les anges, pourtant un incontournable dans chaque extension, ont été disqualifiés pour ne pas dénoter dans le paysage. Les allusions à des éléments légendaires précis sont nombreuses, jusqu'au Chassesoleil impétueux pour Icare, Enchaîné aux rochers pour le supplice Prométhée, Porteur des Cieux pour Atlas ou encore le Cheval Akroen pour je-ne-préciserai-même-pas-quoi. D'autres sont des inspirations plus subtiles qui ne parleront qu'aux initiés, comme un jeu auquel se seraient livrés les concepteurs de l'édition mais pour lequel on a envie de les remercier d'avoir été aussi loin, comme s'ils avaient un devoir de fidélité en réalisant une adaptation de la mythologie grecque pour Magic. Citons pour exemple le Hundred-Handed One, les archontes, le Goliath vulpin pour le renard de Teumesse et je ne parlerai même pas de ceux qui m'ont totalement échappés. Bon par contre pour les krakens, fallait vraiment pas se sentir obligés.
Theros introduit une autre grande nouveauté: des créatures de type dieu. Ce n'est pas rien. D'ailleurs la R&D a révélé qu'il était question d'en faire des esprits au départ, à l'instar des divinités de Kamigawa. Il semble également qu'il y ait un mystère derrière leur origine qu'ils tiennent à garder secret (peut-être simplement le fait qu'ils existent grâce aux mortels et non l'inverse), ce qui atténue un peu leur statut de divinité. Cela ne les oppose pas à leurs modèles grecques, qui n'étaient pas aussi omnipotents que le Dieu unique qu'on connaît. ils n'étaient pas non-plus considérés comme les créateurs du monde ni les premiers à le gouverner.
Ce n'est pas rien, surtout quand on sait que Magic a voulu s'affranchir à une époque de tout ce qui pouvait donner des arguments à ceux qui ont si peur qu'on trouble l'esprit de notre belle jeunesse avec des histoires de magie païenne d'inspiration sataniste.
Ainsi, le jeu avait subit une Grande Purge : Pour éviter de connaître les mêmes problèmes que Donjons et Dragons et les jeux de rôles en général, plusieurs cartes qui pouvaient être mal perçues ont cessées d'être éditées et les démons ont été bannis pendant des années. L'exemple le plus emblématique est la retouche subie par Unholy Strength entre la troisième et la quatrième édition (à l'époque on ne réillustrait pas les cartes comme à présent).
Comme je l'évoquais plus haut, à cette époque la fantasy n'était pas entrée dans la culture populaire, les œuvres audiovisuelles de ce genre ne pullulaient pas comme aujourd'hui et des parents pouvaient réellement s'inquiéter de voir leur enfant s'adonner à un jeu où l'on pratique la sorcellerie, invoquant des démons ou autres créatures pour vaincre ses adversaires, où la magie blanche, même si elle est présente, reste une arme magique comme une autre.
Les gens renseignés savent qu'un pentacle (même avec une pointe en bas) n'est pas un symbole d'origine sataniste, à moins de considérer que tout symbole non-chrétien est sataniste, mais on peut être certain que le jeu aurait connu d'autres problèmes si celui que forment les cinq couleurs avait été plus visible au dos des cartes.
Les références à la chrétienté, pourtant a priori hors-contexte, ne semblaient pas poser de problème pour les illustrateurs et nombre de cartes montrent des croix chrétiennes, comme si dans ce monde générique proche de notre moyen-âge, la présence de Dieu en version chrétienne était naturelle. Aujourd'hui cela est révolu, croisade figure une Elspeth sans tabard de croisé et la Colère de Dieu, Héliode. D'ailleurs il serait logique de retirer la majuscule à Dieu sur les prochaines VF.
On a encore régulièrement des croisés, mais il faut voir que le terme n'évoque pas aussi directement la "croix" qu'en français, qui se dit "cross" en anglais. Un "crusader" est surtout un chevalier (qui n'a donc pas forcément de cheval en tant que "knight", mais c'est un autre problème) en mission sacrée. S'il tranche toujours de l'infidèle, ce n'est pas forcément des militant du Jihad (ah oui, ça aussi c'est blanc, comme quoi...), ça peut être du phyrexian par exemple. Et tous les phyrexians ne sont plus noirs ou artefacts non-plus, ce n'est plus si simple.
Revenons à nos boucs...
Sur Theros, on a des dieux pas forcément très bienveillants et si les héros, Elspeth, Daxos, Ajani, sont , le méchant de n'est pas cette fois. Pas un personnage passé du côté obscur phyrexian, pas un vilain nécromancien, pas un dragon calulateur, ni démon ni vampire, c'est un satyre, un arpenteur qui veut devenir un dieu.
En fait il apparaît comme suffisamment calculateur et ambitieux pour mériter le plus classique. Le vert, couleur de la nature, malgré son aspect brutal, est la plupart du temps associé au bon côté et le rouge l'est souvent aussi, dans une combinaison de paradoxale mais qui permet la fureur et la violence légitime des héros guerriers. Dans bien des cas fictifs, rien de tel que de s'énerver un bon coup pour résoudre une situation difficile, c'est bien connu.
Les satyres sont un type de créatures qu'on avait pas vu depuis un bail. Le satyre dévastateur n'étant pas vraiment fidèle à l'idée qu'on s'en fait, le seul véritable représentant du genre était le Willow Satyr (à part deux de mes FC, mais ça ne compte pas).
Pour faire court, les satyres sont des créatures liées à la nature et ils aiment faire la fête de manière débridée , d'où l'affiliation au .
Pour faire long, les satyres semblent à l'origine posséder des attributs plus équins que caprins, lesquels sont peu marqués voire ils ont une apparence tout-à-fait humaine. Il se confondent ainsi avec les silènes. Ils se confondent aussi avec les ægipan et le dieu Pan, dont les représentations ont également varié mais sont déjà un peu plus chèvre-pieds. Faunus et les faunes romains sont inspirés de toutes ces créatures histoire qu'on s'y retrouve encore moins. Ils sont souvent associés à Dionysos, donc au plaisirs de la fête, ainsi qu'à ceux de la nature.
L'apparence d'hommes-chèvres qu'ils ont peu à peu adoptée vient probablement de leur caractère animal ainsi que de leur statut de protecteur des troupeaux, qui est peut-être leur fonction originelle.
Les Satyres de Magic semblent particulièrement dangereux, ayant tendance à tout casser, en particulier les artefacts, et un certain goût apparent pour le sadomasochisme, tout du moins leur fêtes sont dangereuses, en atteste le satyre buveur de feu.
Certains ont tout de même le sens du devoir et ont le type soldat, mais d'autres sont définitivement insoumis, Xénagos est de ceux-là.
Un autre type de créature cornu présent sur Théros est le démon et eux sont carrément maléfiques, dévoreur d'espoir, héraut du tourment ou suzerain abject.
Ces créatures sont légitimes sur Theros dans la mesure où le terme Démon vient du grec daimôn, en revanche ils ne devraient pas être si malfaisants, ni porter cornes et ailes membraneuses. Si toutes les cultures ont leurs esprits du mal, le daimôn grec est une sorte de génie familier sans mauvaises intentions particulières. Celui de Socrate est même ce qui le retient de faire des erreurs, tout le contraire donc du tentateur que l'on connaît.
Le maître du festin, ci-dessus, est encore le plus sympathique. Il n'est pas si loin du satyre en fait, il en possède l'esprit festif en plus retord. Une sorte de cousin démon, ou de chaînon manquant. Déjà le Willow Satyr était un tentateur, du genre à vous faire miroiter mille plaisirs et à utiliser votre faiblesse de volonté face à vos pulsions pour vous faire changer de camp.
Vade Retro !
Car on ne peut que le constater, la représentation habituelle du diable tient beaucoup du satyre ou du faune, cornes de bouc et chèvre-pied. il suffit ensuite de le peindre en rouge (à moins que cette couleur ne soit que le reflet des flammes de l'enfer) et de lui ajouter parfois une queue à pointe. Les ailes de chauve-souris viennent sans doute de l'idée selon laquelle Lucifer serait à l'origine un ange déchu des cieux selon la tradition chrétienne, en punition de son orgueil et de sa désobéissance. Comme on a commencé à représenter les anges avec des ailes, il devait donc en avoir aussi.
Cernunnos était un dieu gaulois également cornu, dont on ne sait pratiquement rien aujourd'hui. Il a probablement lui aussi servi à construire la représentation classique du diable, comme l'église réprouvait toute croyance païenne, tout culte de la nature. Ce qui était surnaturel mais pas directement issu de Dieu ne pouvait être que l'œuvre du diable. Toute festivité non-chrétienne était également prohibée, parce que forcément toujours rattachée à une croyance, il a donc fallu instaurer un tas d'événements chrétiens pour les supplanter.
Aujourd'hui on trouve des fêtards qui se réunissent pour une sorte de culte musical où l'on boit de la bière. Ils rejettent la bonne morale ordinaire mais ne sont pas mauvais, ils ne sont pas réellement adorateurs de Satan mais font sans forcément le savoir un signe représentant la bête à corne, comme un signe de ralliement, en un curieux retour des choses.
Xénagos partage certainement cet esprit insoumis, nihiliste, défiant, voulant s'élever au-delà des limites autorisées par des dieux qui dictent leur loi, anarchiste, iconoclaste.
Evil ?
Qu'est-ce qui au juste justifie la croisade d'Elspeth à son encontre ? En tant que , elle se range naturellement du côté de ce dieu du soleil qui la trahira pourtant. Elle le fait pour restaurer l'ordre établi, elle doit punir un sacrilège, concepts particulièrement blancs aussi. Au final si l'on a pas une opposition vs classique, qu'Héliode n'est pas un dieu juste et bon et Xénagos une pure incarnation du mal (malgré les cornes et les sabots), on a quand-même une opposition des gentils contre le méchant. Ici c'est le conservatisme civilisé qui fait face à la révolte, qui avec sa soif de vérité iconoclaste, sa fougue créatrice mais destructrice aussi, son impulsivité animale exutoire et sauvage, est le danger à combattre. Une certaine représentation du bien et du mal.
« À quoi bon prier des dieux qui se repaissent de votre adoration ? Dissolvez vos illusions et voyez les choses telles qu'elles sont vraiment. » —Xénagos, le Fêtard
Les satyres sont en effet des expressions de la nature, laquelle est amorale, souvent violente et donc dangereuse, devant être maîtrisée voire combattue, autant autour de nous qu'en chacun, tel le démon.
Xénagos incarne cet aspect et les meurtres, la manipulation, les souffrances provoquées ne sont pas des freins à son ambition. D'après un hoplite satyre, il est devenu ce qu'il méprisait jadis: un tyran et un oppresseur. En fait c'est un parcours assez classique pour un révolutionnaire: Une fois arrivé, l'esprit de révolte passe à l'arrière-plan derrière l'ambition, la soif de grandeur et l'envie de jouir de la situation.
Malgré cela certains le regretteront, il y aura des célébration du dieu vaincu dont le texte d'ambiance nous montre l'amertume.
« Te voilà tombé du ciel, astre brillant, fils de l'aurore ! Tu es abattu à terre, toi, le vainqueur des nations ! Tu disais en ton cœur: Je monterai au ciel, j'élèverai mon trône au-dessus des étoiles de Dieu ; Je m'assiérai sur la montagne de l'assemblée, à l'extrémité du septentrion ; Je monterai sur le sommet des nues, je serai semblable au Très Haut. Mais tu as été précipité dans le séjour des morts, dans les profondeurs de la fosse. »
—Livre d'Isaïe XIV, 12-15
Le 08/08/2014
Les krakens sont entièrement absents de la mythologie grecque. Et les Grecs auraient eu du mal à les "piquer" à la mythologie nordique, car :
- la mythologie nordique nous est connue par des sources médiévales (et non antiques) tournant en très gros autour du XIIe siècle après J.-C. (époque à laquelle a été écrit l'Edda de Snorri Sturluson, l'une des sources les plus importantes sur ce sujet). Les mythes grecs, eux, sont connus par des sources remontant au moins au VIIIe siècle *avant* J.-C. et la mythologie grecque proprement dite (c'est-à-dire liée au culte des divinités grecques) n'est plus vraiment active après le Ve siècle après J.-C. (lorsque le culte de ces divinités est complètement remplacé par le christianisme).
- il n'y a pas eu de contact direct entre les Grecs et les peuples d'Europe du Nord au cours de l'Histoire. Les Grecs connaissaient extraordinairement mal l'Europe du Nord. Même la Gaule leur était en bonne partie inconnue (ils ne connaissaient que la côte sud mais pas l'intérieur des terres). Les pays du Nord relevaient pour eux du mythe (les Hyperboréens, tout ça). Quand le voyageur Pythéas a prétendu avoir vu des icebergs au cours d'une expédition, ses collègues se sont moqués de lui...
En réalité, le kraken provient du film "Le Choc des titans", mais l'original, celui qui date de 1981 et a été réalisé par Desmond Davis avec des effets spéciaux de Ray Harryhausen (excellents pour l'époque). Le kraken a été réutilisé par Louis Leterrier dans le remake de 2010 (vous pensez qu'il est mauvais ? Vous n'avez pas vu sa suite, "La Colère des titans"...). C'est aussi une bébête à la mode, notamment grâce à Cthulhu et autres abominations poulpesques, et à "Pirates des Caraïbes 2".
Le 03/07/2014
Les krakens ont été piqués de la mythologie nordique par les grecs, et on retrouve donc quelques allusions aux poulpes géants dans les mythes grécos-romains. 10/10, à part ça.
Et l'image de dave Grohl provient du clip de Belzeboss, du groupe Tenacious D. (Petit précision supplémentaire : la musique est pas transcendante toute seule, mais les clips de ce groupes sont mortels.)
Note : 10/10
Edité 1 fois, dernière édition par Khouroux le 03/07/2014
1 réponse(s)
Le 04/07/2014
En fait c'est plus qu'un clip, c'est un film: Tenacious D and the pick of Destiny, que je conseille (à voir en VO). On peut voir le diable aussi dans leur clip Tribute.
Les krakens de Theros tiennent surtout du crabe, peut-être pour être plus dans le ton. Il est difficile cependant de ne pas penser que le remake du Choc des titans "Release the Kraken", que je ne conseille pas, soit pour quelque-chose dans leur grande présence dans le bloc.
Le 11/06/2014
Merci pour l'article. En fait j'écris juste ce commentaire pour mettre une note de 10/10.
Le 08/06/2014
Merci pour cet article passionnant qui m'a redonné envie de me replonger dans la mythologie grecque.
Le 06/06/2014
Simple curiosité : parmi les allusions discrètes à la mythologie grecque, tu cites l'Hécatonchire et les archontes. A quoi font ils référence?
Très bon article au passage
1 réponse(s)
Le 06/06/2014
Il y a des infos sur les Hécatonchires sur la page de la carte.
Les archontes étaient à Athènes des dirigeants en charge de différents domaines.
Il y a un sujet dans le forum ou un certain nombre de références ont été relevées.
Le 05/06/2014
Tout-à-fait, tu as écrit Neptune et j'ai confondu avec Pluton. C'est Pluton/Hadès qui a été représenté avec un bident et qu'on peut relier facilement au diable. Je vais corriger ma première réponse.
Le 04/06/2014
Très bon article, je me suis vraiment amusé à le lire. Franchement ça fait du bien de lire ce genre de chose de temps à autre. BRAVO!!
Le 04/06/2014
Bravo et merci, Rincevent, pour cet article très intéressant, bien pensé, et que l'on sent documenté.
Quelques réactions en vrac...
- ce que tu dis sur les croisés me donne l'occasion de signaler que le nom de la carte Croisade cathare est absurde, sans doute par ignorance de WotC. (Savent-ils même que les Cathares ont vraiment existé ?) En effet, au XIIIe siècle, une croisade a été menée en France, contre... les Cathares ! Sous des motifs religieux, mais aussi comme souvent économiques et politiques. Avec bien sûr beaucoup de morts et de pillages à la clé.
Début de l'article Wikipédia
La croisade des Albigeois (1208-1229) (ou croisade contre les Albigeois) est une croisade proclamée par l'Église catholique contre l'hérésie, principalement le catharisme et dans une faible mesure le valdéisme. Dès le XIIe siècle, les textes de l'époque parlent d'hérésie albigeoise sans que cette région soit plus cathare que ses voisines.
L'article complet
- ta mention du fait que le pentacle n'est pas, à l'origine, un symbole sataniste, et ton analyse sur les attributs des satyres et des démons me rappelle un passage du roman Anges et démons, de Dan Brown, où le professeur de symbologie Robert Langdon souligne que le trident souvent associé au diable avait d'abord été l'arme de Neptune, et que l'auréole des saints chrétiens dérive du disque solaire situé au-dessus de la tête des dieux égyptiens.
- storyline de Théros : il y a quand même de gros soucis avec cette histoire. Xenagos est un arpenteur satyre qui trouve le moyen de devenir le dieu . Première chose étrange : pourquoi existait-il 14 dieux, un pour chaque couleur et autre couple de couleur, mais pas de dieu ?
Et ensuite, pourquoi, du coup, faut-il le tuer au nom d'un soi-disant équilibre ? Ne restaure-t-il pas justement un équilibre ?
S'il faut le tuer "parce qu'il est méchant" et menace l'ordre établi, alors qu'en est-il de Mogis, dieu du Massacre ? Je ne suis certes pas un adepte de la débauche, mais je l'estime moins grave que le massacre. Et Phénax, dieu de la Fourberie, est-il souhaitable pour un monde en harmonie ? Quant à Iroas, dieu de la Victoire, j'ai lu dans un article sur le site de WotC sur Journey into Nyx qu'il représentait l'aspect glorieux de la guerre... or je doute qu'une telle chose existe.
- et enfin, traduction de la carte Deicide : "déicide" est un mot de la langue française, pourquoi l'avoir traduit par "théobole", qui, lui, n'existe pas ?
Edité 1 fois, dernière édition par Roldaïce le 04/06/2014
2 réponse(s)
Le 04/06/2014
Sans doute, mais vu des USA c'est surtout un terme vaguement religieux qui sonne comme venant de l'Europe moyenâgeuse. Ils se sont probablement renseignés mais comptent sur le fait que très peu savent aujourd'hui ce qu'étaient les cathares (même en France) et ils préfèrent utiliser des termes un peu évocateurs que de les inventer entièrement. Innistrad, comme Theros, est une adaptation pour Magic d'éléments connus. Il faut que ce soit immédiatement parlant au joueur.
Les cathares étaient tout de même des chrétiens, on peut imaginer qu'ils auraient pu faire des "croisades" s'ils avaient gagné en importance. De toute façon le terme de croisade est à l'origine réservé à trois expéditions guerrières précises.
Dans l'univers étendu Star Wars, les cathars sont des hommes-félins... ben oui il y a "cat" dans le mot...
(Pas lu ce bouquin.) Je n'ai pas parlé du trident mais j'avais envie de faire le lien avec Hadès (Pluton) qui comme le diable règne sur l'outre-monde, celui du dessous. Hadès avait plutôt un bident je crois, comme celui de Thassa, et cela est peut-être un ajout a posteriori. Toutefois ce qui compte est que la représentation ait été popularisée à un moment.
Le disque lumineux derrière la tête des saints peut être rapproché des cultes solaires en général, c'est quelque-chose qui se retrouve un peu partout. La lumière chasse les ténébres et apporte la vie, le soleil nous dominant de haut, c'est un dieu suprême primordial. Les saints sont ceux qui ont la lumière de Dieu en eux.
La justification est qu'à trafiquer le lien entre Nyx et le reste de Theros, il y aurait un risque d'écroulement du plan. Mais c'est justement intéressant de se demander ce que représente ce conflit.
Sans faire le lien avec Iroas j'évoque justement cet aspect dans l'article, la version valorisée du combat. Même si tu penses que la guerre est toujours méprisable, la gloire et la valeur au combat sont des notions qui existent. Iroas est sans doute plus proche d'Arès que ne l'est Mogis, il ne devait pas être perçu comme une brute sauvage et sanguinaire mais comme celui qui amène le triomphe et la gloire.
Déicide a une étymologie latine : Deus et caedere (tuer), theobole est une sorte de recréation du mot sur une base grecque. Visiblemnt le traducteur a particulièrement apprécié de mettre à profit sa culture dans le domaine, avec ses grées, moires ou hécatonchire qui ne sont pas des traductions littérales.
Le 05/06/2014
Merci de tes réponses, aussi argumentées que ton article lui-même.
Concernant Neptune, ou plutôt Poséïdon puisque nous parlons de mythologie grecque, je viens de vérifier sur Wiki et si cet article est fiable, il portait bien un trident.
Concernant Iroas, tu as rasion, je n'avais pas vu ça sous cet angle (pourtant j'aurais dû, moi qui suis un mage ! ). Oui, en effet, la guerre est toujours une horreur, mais le courage et l'héroïsme existent bel et bien, en particulier quand on se bat pour une cause juste ; cette discussion a d'ailleurs une résonance particulière en cette veille du 70e anniversaire du Débarquement de Normandie.