[Arwen] Quotidien
[Arwen] Quotidien
Discussion ouverte par Arwen Le 12/02/2022
Discussion ouverte par Arwen Le 12/02/2022
Arwen
Le soleil tentait de percer les volets fermés et quelques rayons se frayaient un chemin entre les lattes en bois avant d'être filtrés par un voile et d'atteindre le lit où la Grande Prêtresse dormait d'un sommeil tranquille.
Des oiseaux chantaient leur joie, accueillant ce doux nouveau jour de fin de printemps.
Tout était calme au Palais des Gourous. Les pierres noires elles-même vibraient doucement pour ne pas troubler la locataire.
Arwen avait cédé et emménagé au Palais suite aux demandes d'Ylloh.
« Un Gourou ne peut pas vivre dans une simple maison de la Cité... Un Gourou se doit être présent au Palais... Un Gourou a un rang à tenir... »
Elle avait donc pris ses quartiers dans une partie du bâtiment, choisissant le lieu et l'aménageant à son goût.
Ainsi, de nombreuses plantes étaient disposées dans ses quartiers. Son lit, fait d'un bois vivant qu'elle avait fait poussé, était confortable. Les autres meubles avaient été créés avec la même technique, donnant une impression presque d'incursion naturelle dans le bâtiment pourtant fait du même marbre noir que la Pyramide.
Il y avait aussi des tapis finement ouvragés qui donnaient de la clarté et de la couleur au sol tandis que de nombreuses peintures et sculptures de peuplades elfiques du multivers décoraient les murs.
Après plusieurs mois de transformations et d'aménagements, elle se sentait enfin chez elle.
Une brise légère entra, faisant bouger le voile du rideau et danser les rayons du soleil sur le visage apaisé de la Gouroue. Elle inspira profondément, aux portes du réveil et ouvrit ses yeux qui s'adaptèrent à pénombre. Elle avait bien dormi. Profondément. C'était une nouveauté, elle qui avait l'habitude de ce sommeil elfique léger, toujours en alerte. Mais que pouvait-il lui arriver sur Son plan ? Rien.
Il était l'heure pour elle de s'activer. Elle se redressa et, assise, s'étira le haut du corps en baillant.
Elle se figea soudainement. Elle avait touché quelque chose... son étagère pleine de lourds livres avait bougé et l'effet domino puis la gravité firent leur terrible office.
Un livre, puis un second et un troisième percutèrent ses cornes, faisant résonner le choc dans son crâne.
Arwen soupira, baissant les bras et... ses ailes qu'elle avait encore oubliées en s'étirant complètement...
Cela ne faisait que la troisième fois qu'elle s'assommait presque ainsi.
Après un regard noir vers l'étagère, l'Elfe se promit de la déplacer et de ne plus rien mettre au dessus de son lit.
Réponse(s)
La Gouroue soupira en s'appuyant lourdement sur le dossier de son siège d'ébène et recouvert de velours noir. Elle regardait dans le vide tout en tenant fermement le parchemin qu'elle venait de parcourir.
Le rapport faisait état d'un véritable camouflet. Une abbaye de plusieurs siècles entièrement anéantie. Un orphelinat et une école tombés sous les coups de ces impies. Les dégâts matériels n'étaient rien par rapport aux victimes. Notamment celles du Temple caché.
Le poing de l'Elfe se serra et chiffonna le document. Elle avait elle-même prit soin de mettre en place cette communauté alors qu'elle n'était que jeune Prêtresse en mission. Comment un plan si paisible, infiltré ainsi et de longue date avait pu sombrer aussi vite dans le chaos ? Le Dark Mogwaï (GàL) avait même atteint la reconnaissance de déité officielle sur cette partie du multivers avec une approche innovante de l'éducation, et des pions dans la finance et le pouvoir en place.
Mais le seul survivant, retrouvé dans Sa folie, avait laissé ses souvenirs et ils étaient sans équivoque. L'Armée de l'Empereur était passée à l'attaque sans raison et brusquement. Le pauvre avait tellement serré une amulette à Son effigie qu'elle s'était soudée sous la puissance de Sa volonté.
Elle connaissait cette sensation. Un artefact béni qui devient une porte d'entrée pour Son pouvoir traversant le corps et surpassant sa volonté et son esprit pour les Lui donner entièrement.
Une pensée apparue. Elle Le chercha en elle. Pourquoi n'était-Il pas furieux ? Pourquoi n'avait-Il pas sauvé plus de monde que ce pauvre erre ? Pourquoi n'avait-Il pas prévenu pour qu'une opération puisse être organisée ?
Une ombre passa dans ses yeux qui s'obscurcirent soudainement alors qu'elle cherchait les réponses auprès de Son fragment scellé en elle.
Ce... ce n'était pas grave ? Pourtant... La technologie sur laquelle la Secte comptait mettre la main s'était éloignée tout comme les âmes conquises par les bribes de Foi. Malgré cela, ce n'était pas important ?
En revanche, le fait que le survivant ait détruit l'armée impie... Cela était important.
Les iris en fente verticale émergèrent dans les globes oculaires de l'Elfe dont les cornes apparurent tout comme le sourire satisfait.
La petite foi envers un petit et nouveau dieu de ce plan allait se transformer en une Foi envers Lui dans la confidentialité des croyances. Et quand le moment sera venu, après que dans l'ombre, Ses adeptes grandiraient, ce plan sera uniquement Sien.
Ce n'était donc pas grave. Ce n'était que le commencement.
Une onde de satisfaction la traversant, Arwen posa le parchemin chiffonné d'une main de laquelle des volutes sombres émanaient. Le document recouvrit un autre rapport concernant la disparition d'une importante archéologue, de son apprenti et d'un financeur...
Edité 1 fois, dernière édition par Arwen Le 12/03/2022
- Dame Arwen ! Dame Arwblmmmh ? Mmmh !
Des fils de soie venait de refermer brutalement la bouche de la jeune fille qui se retourna furieusement vers sa cousine.
- Ne l'embête pas Ghool. Dame Katerilyn l'a dit qu'au dixième jour du printemps, la Grande Prêtresse passerait.
- Mmmmh ! Mmmhmmmhmmmh . Mmh ?
- Si tu me promets de la laisser tranquille.
Un signe de tête et Web délivra sa cousine qui se détourna pour observer l'Elfe... en silence.
La Gouroue n'arborait pas ses attributs octroyés par le Dark Mogwaï (GàL). Elle était vêtue d'une longue robe aussi noire que ses cheveux, recouvert d'un voile translucide sombre. Telle une ombre, elle se dirigea vers une stèle et y resta plusieurs dizaines de minutes avant de déposer un bouquet de roses rouges.
La fossoyeuse à la pelle se tourna vers l'autre jeune fille d'un air interrogateur. Cette dernière haussa simplement des épaules signifiant son incompréhension.
La Prêtresse continua son chemin vers un grand monument. Celui à la gloire des Grands disparus de la Secte. Les deux autres Gourous Fondateurs, mais aussi d'anciens collègues et amis. Ils étaient tous partis soit à cause de la mortalité de leur espèce, d'un incident brutal ou encore mystérieusement.
Qu'importait.
Arwen était là. Encore.
L'expression consacrée disait que c'était plus dur pour ceux qui restent. Et elle trouvait que c'était d'une cruelle vérité.
Les deux cousines ne pouvaient pas imaginer ce qu'il se passait dans la tête et le cœur de l'Elfe. C'était difficilement concevable. Cependant, elles sentirent toute la tristesse de l'absence.
Pourtant, le vent qui souleva le voile de l'Elfe montra le début d'un sourire. De la légèreté et de la joie apparurent peu à peu dans ses yeux.
Des souvenirs plus heureux, des instants précieux resteraient en mémoire...
En mémoire de ceux qui sont partis.
Les clercs et fonctionnaires qu'elle croisait la saluaient avec déférence, impressionnés par ce regard profond et ses cornes. La Gouroue ne semblait pas tout à fait sortie de sa transe cérémonielle alors qu'elle passait devant Irkal, son secrétaire demi-elfe.
« Que personne ne me dérange pendant les deux prochaines heures, ordonna-t-elle sévèrement. Quelqu'en soit le motif, je ne serai pas disponible.
- Bien Votre Magnificence. »
L'Elfe jeta un regard insondablement obscur. Irkal avait oublié qu'Elle détestait ce type de titre. Il se mordit la lèvre en retenant sa respiration alors qu'Elle entrait dans son bureau sans l'avoir repris.
Le secrétaire soupira de soulagement et pris sa plume pour mettre à jour l'agenda de la Grande Prêtresse avant de repartir sur la rédaction de documents administratifs divers.
Une fois seule dans son bureau, Arwen inspira profondément. Elle sentait quelque chose, une anomalie dans le Plan sans parvenir à identifier ce qui les dérangeait Lui et elle. Tout ce qu'elle savait, c'est qu'elle avait de plus en plus de mal à reprendre sa forme elfique naturelle et à quitter l'état de transe que générait les Sacrifices.
Elle retira l'aube au violet sombre et aux liserés verts et l'accrocha sur le porte manteau. En se retournant vers un miroir sur pied, elle croisa son reflet qui la fit presque sursauter. Elle n'avait toujours pas l'habitude de cette apparence. Machinalement, elle porta sa main sur la corne droite et sentit le contact à la fois dessus et sur la main. C'était bien à elle.
Son regard se porta sur le reste de son reflet. Elle était vêtue d'une chemise légère et modifiée d'ouvertures magiques dans le dos ainsi que d'un pantalon de cuir. Accroché à sa ceinture, le fourreau de la Sacrificielle pendait à sa hanche même si ce n'était plus vraiment utile maintenant.
Elle décida qu'elle serait à l'aise ainsi et attrapa un sac dans lequel se trouvait quelques victuailles et gourdes d'eau.
Une fois prête, Arwen se concentra et transplana vers le calme de son jardin secret. Arrivée au milieu du pentacle de stèles, elle déposa son sac à coté de l'Autel et déploya ses ailes qui se matérialisèrent à travers des volutes d'ombres.
« Et bien, c'est parti pour l'entraînement quotidien. »
Arwen fit quelques pas puis bondit et s'envola dans les airs après quelques puissants battements d'ailes.
Il était en train de lire une demande de rendez-vous auprès de la Grande Prêtresse à propos d'une énième plainte concernant un conflit de voisinage entre un nouvel atelier d'artificier et la jeune mère gardant ses deux petits jumeaux quand il entendit des bruits de courses dans le couloir. Quelques secondes plus tard, un moine, paniqué, s'adressa à lui :
« Il faut que je vois la Grande Prêtresse ! Immédiatement !
- Elle ne doit pas être dérangée actuellement.
- Mais c'est une urgence capitale !
- Je ne veux rien savoir, les ordres sont les ordres, moine.
- Mais... Roh... »
Le moine força le passage et entrepris d'attraper la poignée de la porte mais Irkal fit barrage.
« NON ! Vous ne devez pas entrer. Elle a dit sous aucun prétexte !
- Mais vous ne comprenez pas ! C'est d'une importance vitale !
- Peu importe ! Non... mais ! Aïe ! »
Le gestionnaire venait de se prendre un upercut du gauche et se frottait la mâchoire, à moitié sonné. Il fut ensuite poussé du passage et le moine entra brutalement avec à sa suite le pauvre secrétaire.
« Dame Arwen ! C'est Urge...
- Dame Arwen, je suis désolé, il a forcé le pass... »
Le bureau était vide. Le moine avait pâli.
« Par le Dark Mogwaï (GàL), c'est terrible... »
Il se dirigea vers la porte arrière afin de vérifier si la Grande Prêtresse n'était pas dans ses appartements quand Irkal lui attrapa le bras.
« Ah non ! Ca, il n'en est pas question ! Ce sont ses appartements privés !
- Mais je vous le répète, espèce de vieux bouché ! C'est une urgence vitale !
- Et qu'est-ce qui est si vital ? Demanda une voix elfique. En tout cas assez vital pour me déranger alors que je sors de ma douche ? »
La Prêtresse était en tenue de lin vert sombre décontractée et se séchait les cheveux avec une serviette qui s'entremêlait parfois avec ses cornes. Le moine balbutia... Il n'avait jamais été aussi proche de la Gouroue. Irkal se confondait en excuses. L'Elfe soupira.
« Edorbert. Parle. Et calmement. »
Le petit moine crut d'avantage défaillir lorsqu'il réalisa qu'Elle (GàE) connaissait son nom, lui, pauvre et insignifiant serviteur de la Foi. Le Secrétaire lui frappa l'arrière du crâne, ce qui lui remit les idées en place.
« Ô Gouroue, il vient d'y avoir une explosion dans un atelier du quartier ouest. Le bâtiment a été soufflé.
- Un atelier ? Il y a des victimes ?
- Un corps a été retrouvé mais cela ne semble pas être l'artisan. Sa voisine est en pleur en disant qu'elle savait que ce type d'accident allait se produire avec ce manchot incompétent qui ne fait que réveiller ses enfants et...
- Attend, un manchot ? C'est la boutique de l'artificier K-Joe ?
- Oui, ma Dame.
- Nom de Lui (GàL) »
L'Elfe jeta sa serviette et passa devant les deux clercs - qui se regardèrent cette fois terrorisés-, en direction du sinistre .
Les militaires, qui n'étaient pas en service mais proche du lieu de l'explosion, avaient agi rapidement et circonscrit l'endroit présentant, pour certains gradés, un événement hors du commun justifiant ce bouclage et le signalement aux hautes instances.
Quelques clercs spécialisés en soin étaient arrivés ensuite pour d'éventuels blessés mais seuls des tympans percés demandaient leur intérêt.
Une petite foule se pressait pour tenter de voir quelque chose. Une silhouette ailée atterrissant sur la scène derrière la limite leur fit retenir leur souffle. La Gouroue était là, toutes ailes déployées dans la lumière scintillante. Et même son vêtement décontractés et ses cheveux humides volants entre ses cornes ne pouvaient les détourner de cette impression : la situation était grave.
Arwen referma ses ailes et détailla ce qui l'entourait. La devanture avait explosé, tout comme le toit et les murs intérieurs. Étrangement, les bâtisses à coté et en face n'avaient subi de dommages qu'au niveau des vitres. Il y avait des gravats sur une partie de la rue.
« Veuillez demander à des mages de sécuriser les murs des bâtisses à coté, fit l'Elfe sans s'adresser à quelqu'un en particulier.
- Oui Votre Grandeur. »
Elle essayait de comprendre ce qu'il avait pu se passer. Un clerc approcha et s'inclina :
« Grande Prêtresse ? Nous n'avons retrouvé que le corps d'un Sectateur. Il est par ici.
- Je vous suis. »
Le corps avait été malmené par l'explosion. Mais il avait surtout été coupé en deux par une lame avant.
« Apportez-le aux nécromanciens, qu'ils en sortent les derniers souvenirs s'ils le peuvent et demandez aux Fossoyeuses de lui préparer une sépulture.
- Bien, Ô Gouroue. »
L'Elfe revint sur l'explosion. Elle sentait l'énergie résiduelle de la magie de l'artisan manchot mais aussi quelque chose d'autre qui Le mettait en colère. Sa fureur couvait en elle. Ses yeux changeaient progressivement de couleur et de forme, faisant reculer ceux qui croisaient son regard.
C'est dommage que j'aie envoyé Katerylin en mission... Elle aurait pu être utile ici aussi. Peut-être que Newall pourrait s'en charger...
En se retournant, elle remarqua une aura restante sur le mur d'en face, comme si quelqu'un y avait été projeté. En s'approchant, elle remarqua que la présence était étrangère au plan et à la Secte. Pire, la Gouroue découvrit l'origine de la colère du Dieu.
« Un impie. Infiltré. Ici...»
Elle se tourna vers les gardes et les clercs qui attendaient les ordres pendant que ceux qui déplaçait le corps du pauvre Sectateur mort passaient derrière eux. Via le lien, elle contacta Vognar :
« Voggy, j'ai besoin de... »
« Tu as besoin de moi ? Fit le Mage, apparut immédiatement à coté d'elle. Pourquoi donc ? Oh, c'était ça le gros boum ?
- Stase moi là zone. Une enquête va devoir être menée.
- D'ac ! Au fait, les gens qui sont encore dans la zone également ?
- Non non, fais les sortir d'abord. Et éloigne la foule.
- Bien !
- Bien !
- Bien !
- Aller ! On sort d'ici ! Ya une boisson offerte pour tout ceux qui me diront « K-Joe a explosé » à la Taverne ! Hop hop hop ! »
Les clones s'affairaient à évacuer l'endroit tandis que l'un d'entre eux resta près de la Gouroue.
« Sympa ta tenue ! Tu sors de la douche ?
- Hmm, fit-elle en roulant des yeux noirs vers le ciel. C'est plutôt une affaire importante...
- Certes oui !
- Et Evandar est en congés.
- Bien entendu.
- J'ai bien peur qu'il faille nous préparer à quelque chose...
- Probablement.
- Je suppose que ce futur t'est obscur.
- En effet.
- Et tu pourrais me dire ce qu'il s'est passé ici dans cette réalité ? »
Dans le calme de la stase, Vognar entreprit de remonter la ligne temporelle actuelle. Son regard était d'un bleu irréel. Il laissa passer les images dans l'esprit d'Arwen.
La poussière qui remonte. une silhouette qui emporte K-Joe. Cette même silhouette qui se recolle contre le mur. Une explosion qui se résorbe. La boutique qui se reconstitue. Un corps coupé en deux qui se recolle et qui fait marche arrière, une autre qui fait de même. L'image se figea.
« Je crois qu'on tient celui qui a provoqué le manchot.
- Peux-tu me dire ce qu'il en est de lui ?
- Ca va me prendre un peu de temps... Il ne nous concerne pas. Je veux dire par là qu'il est lié à l'artificier et n'est pas un danger pour la Secte au présent.
- Heureusement que ça devait te prendre du temps, ironisa l'Elfe. Tu sais comment il est parvenu à entrer sur le plan ?
- Je peux vérifier... Des portails et une grande furtivité. Une adaptation aussi. Et... Je ne voudrais pas t'offenser mais... Une fois sur Ses Terres, il est facile d'y rester.
- Tant qu'on ne croise pas certaines personnes...
- En effet, en évitant certains membres de la Secte, il est possible de ne pas se faire découvrir.
- Merci Voggy.
- De rien ! Mais... Tu bloques tes réflexions profondes.
- Il y a des choses... des craintes... que je ne veux pas partager sans plus de certitudes.
- Très bien, garde tes secrets. De toutes façon, tu sais quand me trouver si jamais tu as besoin d'un coup de main. »
Arwen sourit à son ami avant qu'il ne disparaisse. Elle resta à contempler les lieux et découvrit un panneau fendu en plusieurs morceaux indiquait :
« Chez K-Joe
Artificier et Forgeron »
Il tenta d'approcher mais se recula vivement, n'osant aller au contact.
« Je vous en prie ! Vous ne pouvez pas faire cela ! »
La voix paniquée du chef illustrait l'état d'esprit de l'ensemble de son équipe prostrée derrière les postes de travail. Pourtant, il ne parvenait pas à être aussi menaçant que lorsque des jeunes gens venaient les importuner.
C'est qu'il ne s'agissait pas de jeunes gens ici. Et il était rare qu'on vienne dans son domaine privé ainsi, en prenant sa place, ses ustensiles et ingrédients.
« Comment ça, je ne peux pas ?
- Mais... non... c'est... ce n'est... »
Le chef ne pouvait pas aligner plus de deux mots à la suite. C'est que le spectacle était saisissant et presque hypnotique. Les mains fines et habiles qui passait d'un élément à un autre avec vitesse et délicatesse.
« Je ne suis pas certaine que vous puissiez me dire ce que je peux ou ne pas faire.
- Certes oui... mais... C'est à moi de... »
Un frisson parcourut son échine lorsque le couteau de cuisine fut empoigné pour ciseler finement une tomate puis dans le même mouvement un cornichon. Ce fut ensuite le tour d'une tranche de rôti qui vint se faire tartiner de moutarde.
« A vous de ? »
Le Chef pris son courage à deux mains non sans une prière.
« Mais par le Dark Mogwaï (GàL) ! Dame Arwen, cette cuisine n'est pas un endroit convenable pour vous accueillir ! Et c'est notre rôle de vous nourrir !
- J'avais juste une petite faim. »
Et la Gouroue referma le sandwich de pain de mie qu'elle coupa en triangle avant de saluer le Chef, les cuisiniers et autres commis et de sortir de la grande pièce.
Encore une rue et ce sera la première à droite, avait-il dit dans sa description. Elle esquivait gracieusement la foule couverte. Personne ne regardait devant soi. Uniquement à ses pieds à cause du mauvais temps, générant des collisions et des tensions. Elle déboucha avec soulagement dans une ruelle beaucoup plus calme.
La boutique conseillée n'était plus qu'à quelques pas. La vitrine n'annonçait pas ce qu'il y avait à vendre. L'Elfe poussa la porte et fut annoncée par un carillon strident.
Elle baissa sa capuche et fut immédiatement submergée par les odeurs fortes et parfois même sauvages et surtout animales. Il y avait aussi le bruit. Couinements, aboiements, grognements et sifflements.
La Grande Prêtresse regrettait déjà sa venue. Une réponse via le lien la poussait vers le comptoir, l'encourageant à poursuivre. Elle soupira, l'humeur maussade, jetant un regard assassin à travers la vitrine derrière laquelle passait un Vognar tout sourire.
Elle s'exécuta cependant et s'approcha de la femme aux cheveux gris qui lui tournait le dos, affairée.
« Je suis à vous dans quelques instants, ce Poturien pourpre est encore blessé à son aile d'une mésaventure en forêt.
- Faites donc, je patiente. »
Je n'ai pas fait tout ce chemin pour faire demi-tour maintenant, pensa-t-elle tout en laissant son regard se balader dans l'étrange ménagerie.
Elle s'approcha d'une cage magique et en regarda l'intérieur qui était comme miniaturisé. Un griffon volait tranquillement dans les airs.
La boite d'à coté abritait des chats aux longs poils soyeux et celle encore à coté des chiens de lave.
« Voilà voilà, excusez-moi ! Que puis-je pour vous madame ?
- Un ami à moi m'a conseillé votre boutique afin que je trouve un animal de compagnie.
- Je suis navrée mais je n'ai pas de plantes vertes.
- Pardon ?
- Vous êtes bien une elfe non ? Et bien c'est chez le fleuriste que vous devez aller.
- Je souhaite trouver un animal, pas une plante.
- Alors ça ! En 50 ans de carrière, je n'ai jamais entendu un elfe demander un animal ! Par la Chasseuse Eternelle ! Si on m'avait dit ça ! »
Arwen resta stoïque extérieurement bien qu'elle eu une envie soudaine de faire goûter la vendeuse à l'une de ses marchandises. Cette dernière perçut l'agacement de sa cliente et poursuivit :
« Mais si vous voulez un animal, j'ai pas mal de choses qui viennent d'ici et d'ailleurs... Et par ailleurs, je vous parle de dimensions étranges qu'utilisent les invocateurs !
- Je vois...
- Vous savez ce que vous recherchez ?
- Pas vraiment. Mon ami m'a invitée à trouver quelque chose qui me ressemble.
- Mais, je le connais votre ami ? Pour qu'il propose ma boutique avec cette phrase, c'est que j'ai déjà du le rencontrer et que nous avons conversé !
- Il se nomme Vognar.
- Oooooh ! Mais bien sûr ! Comment va ce vieux mage ?
- Vieux ?
- Oui, bon, par rapport à vous, il ne doit pas être âgé... mais la dernière fois que je l'ai vu, il avait l'air proche de la mort. Les cheveux restant très gris, la barbe longue et des rides interminables »
Arwen cligna des yeux et transmit sa question au Taverniers qui ne lui répondit qu'à base de haussement d'épaules. La Gouroue n'avait jamais vu de Vognar âgé, si cela avait vraiment un sens.
« Donc ! Un animal qui vous ressemble ? Je n'ai pas de licornes ni de lapins ou de poneys roses.
- Par pitié, je vais finir par perdre patience si vous n'arrêtez pas immédiatement avec les stéréotypes.
- Ooooh, ne soyez pas si susceptible ! Mais venez donc me donne vos mains que je puisse y voir davantage. »
L'Elfe hésita.
« Je ne vais pas vous mordre... J'ai juste un don, celui de percevoir la nature profonde des gens. Cela me permet, rien qu'avec le contact, de voir l'essence même de ceux que je touche.
- Je ne suis pas certaine que cela soit une bonne idée, pour vous et votre santé mentale j'entends.
- Rooooh, mais vous croyez que des arbres à perte de vue vont me faire peur ? Non non, je n'ai rien dit ! Oubliez et venez-là. »
Clairement agacée, Arwen se dit que la vendeuse aurait finalement ce qu'elle méritait et plaça donc brusquement ses mains dans les siennes tout en observant sa réaction, un petit sourire narquois.
« Si tel est votre désir. »
Au contact, Arwen sentit immédiatement le don de la vendeuse s'étendre sur sa personne et la peur monter. Elle avait la lèvre qui tremblait et les yeux écarquillés.
« Je... Je...
- Vous ?
- Vos cornes... Vos ailes... Et cette ombre qui vous entoure... Il y a aussi quelque chose de si puissant... La même chose que chez Vognar mais en plus fort, plus intense, plus... »
L'humaine s'écroula derrière le comptoir en convulsant.
« Voilà autre chose... »
Sautant au dessus du meuble, l'Elfe se retrouva au dessus de la femme et appliqua ses mains sur les tempes, transmettant un mélange de magies blanche et verte. L'effet fut immédiat et la vendeuse récupéra rapidement. Elle recula brusquement pour s'éloigner de l'Elfe.
« Ne me touchez pas !
- De rien, c'est un plaisir de vous avoir soignée.
- Vous.... Vous n'êtes pas ce que vous semblez... Vous êtes autre chose. Vous êtes... Un monstre.
- Vous exagérez... Ce sont juste des pairs d'ailes et de cornes... »
Pour illustrer, Arwen les fit apparaître.
« Non non non ! Pas ça... Vous... Il... va vous changer. Il le fait déjà.
- Je suis toujours moi, mais je sais voler. Et... Qu'en savez-vous de ce qu'Il veut ?
- Vous serez bientôt prête.
- A quoi ?
- Comment ça à quoi ? Fit la vendeuse en clignant des yeux, confuse. Et qu'est-ce que je fais ici ? »
Une prophétie... La Prêtresse savait les reconnaître. La vendeuse venait d'avoir une vision prophétique et l'avait oubliée immédiatement. Arwen fronça les sourcils et fit disparaître ses appendices darkmogwaïques, ce qui ne sembla pas perturber l'humaine qui se releva. Ses défenses psychiques au plus haut niveau.
« Vognar et vous, vous envoyez du lourds quand même en apparence intérieur. Alors... qu'est-ce que j'ai pour une Elfe semi démoniaque ? »
L'Elfe reprit sa place de l'autre coté du comptoir non sans lever les yeux au plafond pendant que la vendeuse attrapa une cage magique qu'elle mit devant elle.
« Alors, voici un Chatombre. Une sorte de félin qui se confond avec les ombres et les...
- Je préférerai éviter les félins. Un ami en a déjà un.
- Ho ! Très bien... Les chiens de laves ? Non... Hum... Le Cheval de cauchemar ? Vous n'avez pas besoin de monture... La Chauve-sourie Hellcarlate peut-être. Non, pas assez noble. Humm...
- Si vous n'avez rien... je peux repartir !
- A non non ! J'ai toujours réussi à trouver un compagnon pour mes clients, je ne vais pas rater maintenant. Attendez moi là, je dois regarder dans la réserve. »
La femme partit à l'arrière boutique et fouilla pendant qu'Arwen patientait tant bien que mal en entendant le monologue de la vendeuse.
« Un dragon de noirpierre... Bof. Un corbeau d'orage ? Nooon... Ah ! Peut-être... ? Non, pas du tout... Oh ! Je sais ! Alors alors... Il est ici ? Ah non, je l'avais repris suite au retour... »
La vendeuse revint avec une nouvelle boite qui semblait très ancienne. Elle la posa et l'ouvrit. Rien n'en sortit.
« La pauvre, cela fait plusieurs dizaines d'années qu'elle est là à attendre un adoptant. C'est qu'elle reste très froide et montre peu d'affection donc elle ne correspond pas à tout le monde. Et puis... je ne devrait peut-être pas vous le dire mais elle a tué ses deux derniers acquéreurs. Enfin vu votre nature, vous ne devriez pas facilement mourir vous... Allez, regardez donc. »
Elle poussa la boite magique vers Arwen qui y jeta un œil. Cela ressemblait à un terrarium. Elle ne parvenait pas à repérer ce qu'il abritait, ne sachant pas à quoi s'attendre. Puis peu à peu, elle perçu un glissement au sol et un sifflement. La prisonnière sorti sa tête vers l'extérieur et regarda d'abord la vendeuse. Son corps serpentiforme se découvrit davantage lorsque le reptile se tourna vers l'Elfe. La serpente observait sa potentielle adoptante et réciproquement. La vendeuse crut voir les yeux de sa cliente se changer en fente mais c'était probablement son imagination.
L'animal pencha la tête tout en sortant sa langue bifide pour percevoir l'odeur de l'Elfe. Cette dernière observait ses écailles d'un noir luisant qui lui rappelait le marbre de la Pyramide. Elle sourit et approcha la main.
La scène émerveilla la vieille dame. Elle n'avais jamais vu la serpente si calme et encore moins acceptant le contact.
La peau écailleuse était si lisse et douce. La Prêtresse sentit que quelque chose se passait. Comme si chacune des deux s'acceptaient immédiatement et sans condition. Une volute se forma sous la main de l'Elfe et traversa le serpent qui ne broncha pas. Elles s'étaient trouvées. Et elles s'étaient choisies.
« Hum... Je... je suppose que vous la prenez ?
- Oui, en effet. Je vous prends la merveilleuse Locë.
- Cela fera 100 PO.
- Je vous en débarrasse.
- Et ?
- 50 PO. Pas plus.
- Je ne marchande pas. »
Locë détacha son regard de celui de l'Elfe pour le jeter sur la vendeuse en sifflant.
« Bon, d'accord, d'accord. 50PO.
- Voici. Merci, ce fut un plaisir.
- Vous direz bonjour à Vognar !
- Ce sera fait. »
Le serpent rampa hors de son terrarium et s'enroula autour du bras d'Arwen pour atteindre ses épaules. Le contact des écailles dans son cou était agréable. Puis l'Elfe sortit avec une impression d'approbation du Dark Mogwaï (GàL). Le sifflement de Locë dans son oreille était comme un salut à la présence Divine.
Une fois à l'extérieur, le couple transplana vers les Terres Originelles.
***
Vognar attendait Arwen dans son bureau. Penché en arrière sur le siège de la gouroue, les deux pieds sur le bureau, il essayait de faire tenir en équilibre un encrier sur un sceau, sur un coupe-papier, sur une- Le mage perçut l'énergie du transplanage et remis tous les objets à leur place en une fraction de seconde.
- "Locë", hein ?
- Locë oui. Fit la Gouroue qui cachait sa surprise de voir le Mage dans son bureau, à sa place. Cela signifie Serpent ou Dragon dans l'une des langues elfiques de mon plan d'origine. Que me vaut cette visite ?
Le serpent se dirigea vers la poitrine de l'Elfe, tel un collier vivant. Elle observait le Mage en sifflant. Arwen leva sa main pour que Locë puisse y poser sa tête. Les deux semblaient avoir le même regard et la même expression
- Je suis venu voir ton... Le mage fronça les sourcils. Ta nouvelle amie.
Le regard bleu du mage se troubla et sembla croiser en même temps les quatre puits d'obscurité qui le sondaient. Il frôla l'esprit d'Arwen du sien, se demandant s'il trouverait celui du serpent tout proche.
- Grâce à ton conseil, j'ai pu rencontrer cette étrange vendeuse et bien sûr la belle Locë.
Une main caressait affectueusement le dessous de la mâchoire du serpent qui semblait particulièrement apprécier
L'Elfe sentit la présence douce du Mage de l'Esprit. Locë voulut s'interposer, commençant à enrouler jalousement sa propre âme autour de la Prêtresse qui la rassura d'une pensée. L'animal se fit alors curieux.
L'âme de la créature était encore plus majestueuse que la créature elle-même. Semblant se jouer de la pesanteur, elle ondulait avec grâce autour de la prêtresse.
Le mage s'approcha, et tendit lentement la main.
Locë siffla, dardant sa langue vers Vognar. Elle goûtait et analysait la présence qui voulait s'approcher.
Il avait une odeur proche de sa nouvelle adoptante. Elle sentait quelque chose de plus grand. Pourtant, il était bien différent.
L'animal, rendu confiant par le calme d'Arwen, se laissa approcher davantage.
- Ah ! Au passage, tu as le bonjour de la dame. Tu savais qu'elle pouvait avoir des visions prophétiques ?
Le kaléidoscope mental de Vognar pris une teinte qui s'approchait de celle du serpent.
- Je l'escomptais, répondit le mage à la prêtresse. T'a-t-elle appris quelque chose d'intéressant ?
- que j'étais... Hum... Je serai un monstre. Et qu'Il va encore me changer. Je ne sais pas quoi en penser. Déjà avec... Elle fit apparaître brièvement ses nouveaux membres. Les cornes et les ailes... qu'est-ce que tu en dis ?
Le serpent était intrigué. Elle s'approcha pour observer le mage de plus près
L'Elfe déplaça une pile de documents et s'assit sur la chaise destinée à ses rendez-vous, laissant Vognar sur son propre siège, derrière son propre bureau.
- J'en dis que si tous les monstres étaient aussi ravissants que toi, bien moins d'enfants mangeraient leur soupe, rétorqua Vognar, le regard pétillant.
Le serpent était désormais à quelques centimètres du mage. Celui-ci, taquin, fit jouer l'aura DMique de son kibrille ™? . Le bleu de ses yeux s'assombrit et son aura ressembla encore davantage à celle d'Arwen.
L'Elfe se figea une fraction de seconde avant de sourire
- J'espère donc rester dans la catégorie des empêcheurs de manger la soupe. Bien que je suis certaine que quelques parents nous utilisent déjà comme raison tout de même.
Autant en esprit que physiquement, Locë semblait ne pas comprendre exactement ce qu'était l'individu devant elle. Elle glissa des épaules de son adoptante et monta sur le bureau. L'être ressemblait tellement à l'Elfe mais pour autant, il n'avait pas la même odeur.
Elle voulut tenter de se poser sur lui.
Le regard du mage se perdit dans le vague quelques secondes, avant de revenir dans le celui d'Arwen.
- Une trentaine de peuples, sur une dizaines de plans. Voilà ceux pour qui tu es un conte.
Vognar tendit les doigts, et en posa délicatement les extrémités sur le corps de Locë. Le serpent se rapprocha encore, et le mage put goûter au contact froid et lisse de ses écailles.
- Je suis Vognar. Enchanté de faire ta connaissance.
Locë n'eut aucune réaction visible. Le contact chaud de l'humain était néanmoins agréable. Elle poursuivit son chemin sur le bras du Mage sans réponse.
Arwen émit un sifflement.
- Une trentaine de peuples ? Je me demande quel genre de conte il s'agit.
- Ça dépend. Pour certains tu es une méchante sorcière, pour d'autres tu es une princesse, pour d'autres encore tu es une déesse. Non, ne t'énerves pas, ils vénèrent toujours le Dark Mogwaï (Gloire à Lui), mais tu es à Ses côtés dans leur panthéon. Nombre de plans porteurs de notre religion n'ont pas été visités depuis des éons, et le temps a fait son office.
Arwen s'appuya lourdement sur le dossier de sa chaise et soupira.
- Ah... Les visites... Regarde donc ce tableau, dit-elle en montrant le panneau couvert de son écriture gracieuse. J'ai au moins quinze plan à visiter... Il faut que j'organise cela. Et sur une douzaine d'autres, je voudrais envoyer Katerylin et Newall pour quelques enquêtes qui leur permettront de sortir de leurs habitudes et de les entraîner.
Le mage baissa la tête vers le serpent, qui s'aventurait toujours plus loin sur lui, puis relèva les yeux.
- Elle n'est pas en train de me mesurer pour me manger, si ?
Locë siffla, indifférente à la discussion et monta sur l'épaule du mage. L'Elfe observa la scène avec un petit sourire avant de répondre.
- Je n'en sais rien. Nous n'avons pas encore établi notre relation et je ne sais pas ce qu'elle pense. Peut-être que tu es en effet un met de choix pour elle !
Après un rire, elle reprit
- Il m'est avis que tu es quand même un trop gros morceaux pour elle. D'ailleurs, il faut que je prévois de la bénir. Il va vraiment falloir que je nomme quelqu'un pour me suppléer sur les sujets liés aux rites et au Culte. Je sais que cela va te faire sourire mais... Je manque de temps.
Elle soupira.
La serpente n'avait que faire des religions. Elle contourna la nuque de Vognar pour glisser sur l'autre épaule. Elle siffla près de son oreille.
Arwen se leva et se dirigea vers une armoire derrière elle. Elle l'ouvrit, découvrant des bouteilles diverses et quelques verres de facture Elfique d'un plan où ils sont artisans.
- Au fait, tu veux boire quelque chose ?
- Katerilyn et Newall ? Ils ont déjà travaillé ensemble ? s'étonna le mage tout en gardant un œil sur le serpent. Oh, et avec plaisir. Est-ce que tu aurais de cette liqueur elfique qu'ils préparent sur Lorwyn ?
Attrapant la bouteille du breuvage en question et deux verres
- Il faudrait que j'y retourne. C'est ma dernière. Je me demande comment ils trouveront mes cornes !
Elle posa les verres et les remplit
- Et non, ils n'ont jamais travaillé ensemble mais ils ont une sensibilité assez similaire à la Foi. Je ne sais pas ce que tu en penses. Voilà pour toi.
Elle tendit le verre et prit le sien.
- Santé !
- Merci, santé !
Le mage prit quelque secondes pour réfléchir tout en appréciant le brevage.
- Je crains seulement que l'aura de Newall n'aveugle ou handicape Katerilyn. Si ce n'est pas le cas, ils pourraient faire un bon tandem. Un peu comme toi et Evan à une époque même si je soupçonne la possibilité que ça aille plus loin entre eux qu'entre vous deux, remarqua Vognar, l'étincelle de malice ayant repris sa place dans son regard.
Arwen manqua de s'étrangler suite à la remarque de Vognar. Locë serra son étreinte sur le mage.
- Mais qu'est-ce que tu me chantes ? Et puis Kat' a survécu à mes cours de vol... Elle devrait supporter un Eldrazi à Sa cause. Après, ce qu'ils font en privé ne m'intéresse que si cela influence leurs missions négativement.
La serpente était tendue. Elle parcourut l'autre bras, le serrant parfois assez fort, pour revenir sur le bureau.
- Katerilyn a supporté ces leçons pour une seule raison, et tu le sais.
Le mage parlait en grimaçant, faisant mine d'ignorer le comportement du serpent. Il fit même un sourire crispé en poursuivant.
- Tu devrais porter plus d'importance aux ragots. Ce sont les croyances de demain.
- Des ragots ? Quels ragots ?
- Tous. Des commérages aux propagandes hérétiques, toutes les messes basses ont leur importance.
Le mage soupira de soulagement quand le serpent fut complètement sur la table, et se laissa aller contre le dossier de sa chaise.
- Certains se demandent pourquoi tu ne partage pas ta vie, d'autres, où est passé Thorgor, d'autres encore se demandent à quoi bon travailler alors que j'existe. La rumeur la plus ridicule peut s'enflammer et prendre des proportions insoupçonnées si l'on n'y prête pas attention.
- Non mais... Je sais ce qu'est un ragot et qu'il y en a au moins un sur à peu près n'importe qui. Je voulais juste en connaître les derniers. Sur Katerilyn, sur moi notamment.
Arwen prit la bouteille et la tendit vers Vognar.
- Un autre ?
Sans attendre la réponse, elle servit et poursuivit
- Par exemple, Evandar mange les enfants qui ne finissent pas leur repas. Et tu vas avoir un souci avec Monsieur Ardopal, le marchand aux poissons du marché bas. Il paraît que tu as rajeuni sa femme.
Locë continuait son exploration entre les piles de documents. Elle se dirigeait vers le bord de la table, cherchant à descendre.
- Ardopal ? Jamais entendu parler. Ça arrivera sans doute dans l'un de mes futurs.
- Un de tes futurs... Qui est passé maintenant... Hum... Toujours est-il que tu vas probablement être convoqué prochainement pour qu'on gère cette affaire.
- J'ai déjà été convoqué, dit le mage avec un sourire. Et acquitté.
L'Elfe ferma les yeux et mit une main à sa tempe.
- Je ne crois pas non... Enfin, je parle de la convocation.
-Naturellement, pour toi cela se passera demain.
Arwen se figea. Elle regardait dans le vide. Le mage se redressa sur sa chaise.
- Mais parle-moi plutôt de cette Katerilyn. Je me suis laissé dire qu'elle voudrait créer un Ordre, c'est vrai ? Ce serait... audacieux, pour le moins.
Elle répondit d'une voix neutre, elle était comme absente.
- Je... Elle n'est pas encore prête. Elle doit finir sa mission... Mais... Je vais réformer l'organisation...
L'Aura de la Gouroue se renforçait, accentuant la pression.
- Arwen ? Tu vas bien ? s'inquiéta Vognar.
La Prêtresse leva la main, ferma les yeux et tout redevient normal.
- Oui, oui... Je suis juste beaucoup trop sensible aux effusions de Foi.
Elle posa son regard sombre sur le mage.
- Depuis qu'Il est en moi, lorsque je suis proche d'une cérémonie à la Pyramide, je ressens tous ce qui Lui est offert.
Elle soupira et s'appuya sur le dossier de son siège.
- Donc. Réorganisation. D'ailleurs, je voulais te demander. Voudrais-tu former et diriger nos mages ?
- Former et diriger ? Tu penses à... un genre d'académie ?
Le mage se frotta la mâchoire. Ça lui rappelait quelque chose, mais trop vaguement pour qu'il mette le doigt dessus.
- Académie, école, centre d'entraînement. Peu importe. Je veux juste un endroit pour former et coordonner les différents pratiquants de la Magie. Pour les mages de bataille, ils pourront apprendre à suivre les directives militaires d'Evandar par exemple. Nous avons beaucoup de jeunes adeptes qui ne trouvent pas leur voie du fait de leurs talents magiques. Qu'en penses-tu ?
Locë venait de descendre du bureau et commençait son exploration de la pièce, ondulant silencieusement sur les tapis soyeux.
L'Elfe leva la main.
- Attends. Tu m'excuseras...
Peu à peu, les volutes sombres se formèrent sur sa tête et les cornes apparurent à mesure que son regard s'assombrit pour ne laisser qu'une iris en fente.
- J'espère que cela ne t'embête pas. J'ai oublié qu'on était en milieu de semaine. Travaux pratiques chez les aspirants prêtres. Je vais avoir le droit à des vibrations de Foi tous les quarts d'heure et je les supporte mieux ainsi..
Donc, que penses-tu de cette... "Académie" ?
Vognar admira les cornes d'Arwen légèrement plus longtemps que ne le conseille la politesse, des étoiles dans les yeux. Puis il se reprit.
- Ça ne me dérange pas du tout, bien au contraire. C'est ton bureau après tout, dit le mage en riant. Pour cette académie, c'est une bonne idée. Juste pour mettre les choses au clair, tu t'attends à ce que je sois tous les professeurs, ou à ce que j'embauche ?
Arwen soupira de soulagement à la réaction de Vognar. Elle avait cette terreur en elle de ne plus être elle-même depuis son ascension. Elle lui répondit
- Je dirais bien comme tu préfères mais si tu pouvais éviter de tout enseigner, je pense que ce serait bénéfique pour les étudiants d'avoir des professeurs variés. Mais au moins, il n'y aura pas de souci de remplacement si l'un d'eux tombe malade ou est absent !
- Je comprends. Tu as un bâtiment prêt, ou emplacement où construire ? Aussi...
Le mage hésita.
- Tu veux garder une autorité et un droit de regard sur cette académie, ou j'en serais seul directeur ?
- Le plan d'Ormorkan sera parfait je pense. La population est convertie depuis plusieurs millénaires et cela te permettra d'inviter d'éventuels professeurs ne... Pouvant pas venir ici. Si tu vois ce que je veux dire.
La Gouroue attrapa un rouleau de parchemin et le déroula sur le bureau. On y voyait une cartes avec les terres disponibles.
- Toutes ces parcelles sont disponibles. Il faut tout construire. Cela te laisse libre choix de l'architecte !
Elle se réinstalla sur la chaise des invités.
- Et, si tu devras bien entendu me rendre compte des résultats et avancées, tu seras Monsieur le Directeur.
- Des résultats et avancées... murmura le futur directeur en se frottant le menton avec un air songeur. Très bien.
Vognar examina la carte avec attention.
- Si tu me le permets, je peux t'avoir cette académie bâtie pour demain. Ou hier. Ou n'importe quand que ta paperasse te permettra de me laisser faire.
Arwen allait répondre lorsqu'on frappa à la porte.
- Entrez.
Un jeune humain apparût derrière la porte tête baissée. Il était vêtu des attributs du secrétariat de la Gouroue. Il tendait devant lui quelques porte-documents et avança sans lever la tête, visiblement terrifié de sa mission. Le jeune homme s'approcha du bureau et présenta la paperasse... à Vognar, n'ayant pas vu qui était placé où.
- Veuillez m'excuser, Ô Grandissime Gouroue, de vous déranger mais ces documents nécessité votre inestimable attention. Gloire à Vous.
L'Elfe regarda la scène avec un amusement qui surpassa son agacement suite à tous ces titres, attendant de voir quand l'homme allait s'apercevoir de sa méprise. Le mage s'éclaircit poliment la gorge, la même lueur d'amusement dans ses yeux bleus que dans ceux de la prêtresse.
L'homme se figea. Il avait arrêté de respirer et relevait doucement la tête. Il regarda Vognar là où il pensait trouver la Grande Prêtresse.
- M-Maître Vognar ?
- L'un d'eux, en effet.
Vognar étendit le bras en un geste inutilement théâtrale.
- Et voilà celle que tu cherches.
Le jeune homme pivota en même temps que son regard suivait le geste du Mage. Il écarquilla les yeux et baissa la tête en tendant les documents.
- Mille pardons, Ô Grande Prêtresse, j'irai me Sacrifier à Lui pour cette erreur et...
- Inutile, inutile. Que m'apportes-tu plutôt ?
- Par le Dark Mogwaï - Gloire à Lui- merci. Il s'agit de document qui nécessite votre signature.
S'il pouvait allonger les bras, il le ferait. La Gouroue soupira et prit les quelques documents.
- Et bien merci. Je suppose. Tu peux disposer.
- Bien, Ô Guide de...
- Il suffit ! Zou ! File de là et laisse nous discuter.
- D-d'accord. Au revoir.
Il quitta la pièce à reculons, toujours tête baissée mais presque soulagé de partir.
- Ah, le bizutage des nouveaux arrivants... Bon, qu'est ce que c'est encore que tout cela...
Et Arwen commença à parcourir les documents.
- Pour répondre à ta question... ça, ça attendra... moui... je préférerai que tu me laisses une semaine. Ah ! tiens ! Voilà la requête de ce bon vieux Ardopal. Et c'est... étonnant.
Elle sourit en lisant la demande.
- Tu seras donc bien acquitté demain. Si tu consens à rajeunir Monsieur autant que Madame.
L'Elfe éclata de rire. Avant de parcourir la suite des quelques documents.
- Je suppose que les locaux sont informés depuis hier que l'école va s'implanter. J'ai aussi les préparatifs de la Célébration de l'été qui m'attendent pour dans deux semaines.
Locë s'était faite oubliée jusque là et grimpa sur la chaise de l'Elfe qui se pencha pour la récupérer.
- Les locaux sont effectivement au courant, ils ont déjà fait savoir qu'ils apporteraient leur aide si besoin. Pour le vieux, je peux faire ça dès maintenant, si c'est ce qu'il veut.
Vognar se redressa et se leva.
- Bien ! C'est pas tout ça mais c'est que j'ai à faire moi maintenant. Je te rends ta chaise et ton bureau et j'arrête de t'embêter.
Le mage ouvrit la porte.
- Je te tiens au courant des avancées des travaux !
- Ah ! Attend ! Peux-tu dire hier à mes couturières que je passerai toute à l'heure pour la robe de cérémonie, s'il te plaît ?
Vognar ne s'arrêta pas et disparut en fermant la porte. Une phrase apparut à la frontière des défenses mentales d'Arwen, avec un ton espiègle caractéristique.
Elles ont déjà fini !
L'Elfe sourit tout en se levant. Elle contourna le bureau et attrapa un calepin et l'ouvrit sur une page griffonné de notes et de schémas. Elle s'assit sur son siège, prit un crayon et barra l'une des lignes de sa liste.
- Dame Arwen, je... je vous remercie pour votre célérité !
- De rien. Je suppose que vous avez mis la cérémonie d'inauguration de l'Académie à l'agenda cette semaine ?
- En effet, Maître Vognar m'a indiqué une date il y a quelques secondes.
- Bien. Bonne fin d'après midi, Irkal !
- A vous aussi Ô Gouroue. répondit-il non sans avoir remarqué le serpent autour du cou de son interlocutrice.
Tout en souriant, l'Elfe quitta le bâtiment administratif pour se rendre dans quartier des artisans.le soleil brillait et les volatiles en tout genre survolait la Cité. C'était décidément une bonne journée.
Elle parvint rapidement à l'échoppe dont la vitrine présentait des modèles de tissus tout à fait charmants, avec cette pointe de magie dont les Couturières de l'Atelier des douces pattes avaient le secret.
Un carillon caractéristique accueillit l'Elfe. Locë observait les alentours avec curiosité, sifflant régulièrement. Arwen touchait quelques tissus de soie en patientant. Une voix doucereuse se fit entendre derrière le comptoir.
- Votre Grandeur, nous vous attendions. Veuillez passer à l'arrière boutique, s'il vous plaît.
L'Elfe se tourna vers une créature arachnoïde et la suivit en silence.
- Les filles et moi avons été autant surprises qu'honorées de votre demande apportée par Maître Vognar. Nous espérons que le résultat est à la hauteur de votre statut.
- Cesses donc avec ta magie enjôleuse, Garlanae. Tu sais bien que cela ne fait pas d'effet sur moi.
- Veuillez m'excuser, ce n'est qu'habitude. D'autant que, contrairement à Vous, votre compagne ne semble pas être en confiance.
La serpente était en effet agitée. Elle n'aimait pas cette sorte de grosse araignée, tout comme elle n'aimait pas la personne qui arrivait derrière et qui s'inclinait devant sa Maîtresse. Cette dernière caressa le reptile sous la mâchoire pour la rassurer.
- Dame Arwen, je vous laisse entre les pattes de Mademoiselle Aliarane, ici présente. Elle vous montrera les particularités de votre tenue. Si vous voulez bien m'excuser...
L'Arachnoïde prit congés et ladite Aliarane le relai. C'était un être insectoïde aux yeux facettés et aux ailes d'un bleuté enchanteur. L'Atelier des douces pattes avait la particularité d'accueillir les meilleurs créatrices de soie. Leur dextérité à filer concurrençait leur habileté à confectionner de merveilleux vêtements.
L'insecte invita la Gouroue vers la pièce d'essayage. Elle était nerveuse et ses ailes battaient parfois frénétiquement, crissant comme le chant d'un grillon. Ce n'était pas seulement parce qu'elle était en présence d'Arwen, mais aussi parce qu'elle avait été récemment convoquée par le Clergé. Depuis l'incident de l'Arène, de nombreux membres du Clergé, accompagnés par des militaires, avaient mené une enquête sur celles et ceux se rapportant au peuple du Présentateur. La couturière frissonna.
Arwen déposa Locë près de la cheminée. Cette dernière fut heureuse de s'installer sur la pierre chaude et s'enroula dans ses anneaux tout en gardant un œil sur la scène.
Puis la Grande Prêtresse s'approcha d'Aliarane et lui posa une main sur la tête, entre ses antennes. La couturière eut un nouveau frisson avant de se détendre.
- Tu as été reconnue dans la Foi. Je ne doute pas de ta loyauté envers Lui. Tout ira bien à présent.
- Merciz, Ô Grande Prêtressezz. Veuiller vous zinstaller iciz.
Alors qu'Aliarane allait chercher la tenue, Arwen retira ses bottes, son pantalon, et son chemisier. Ne restait que ses vêtements de corps, simples et fonctionnels. Une fois sur le piédestal, entourée de tous ces miroirs, Arwen observa son image en attendant. Ainsi, elle était Elfe. Ses reflets semblaient inquisiteurs.
Le bruit léger de frottements de tissus la ramena à la réalité. Entre les pattes de la couturière se trouvait une robe assez longue aux tons violets rappelant les vêtements de Vognar. Il y avait en plus des liserés argentés dessinant des feuilles de lierre enroulé autour de dagues. L'Elfe toucha le tissus qui était d'une douceur incomparable. Elle sentit des picotements liés à la magie chargée dans le vêtement.
Sans le moindre mot, la couturière entreprit de vêtir la Grande Prêtresse qui se laissa faire en observant ses reflets.
La robe était agréable et légère. D'inspiration clairement elfique, Arwen avait presque l'impression de se retrouver à Fondcombe. Il y avait cependant ces motifs qui la représentaient maintenant.
- Dame Arwen, puis-je vous demander d'apparaître sous votre forme entièrezzz ?
- Hum ? Oh... Je ne sais pas si...
- Maître Vognarzz nous za commander un vêtement pouvant accueillir vos zailes.
- Oh... Très bien.
Arwen soupira en regardant l'Elfe de son reflet. Puis les volutes de pouvoir apparurent sur sa tête et dans son dos, laissant voir cornes et ailes. Les reflets lui renvoyaient maintenant un regard hypnotisant avec cette pupille en fente verticale et se globe oculaire noir.
Visiblement, cela ne choquait pas Aliarane même si elle avait suspendu ses gestes et l'avait regardée avec admiration. Elle prenait des marques et lui demandait de temps en temps de lever une aile ou de se déplacer pendant qu'elle marquait les points de correction. Arwen sentait la magie se diffuser dans la fibre du vêtement qui s'ajustait progressivement.
- Ainsizzz, vous pourrez profiter du vêtement quelque soit votre formezzz.
- Merci de l'attention. Qu'en est-il de mon autre commande ?
- Celle nécessitant les points de magie adaptativezzz ? Garlanae s'en occupez avec les autres filleszzz. Je n'en sais pas pluzzz. Veuillez m'excuser zzz.
L'Elfe ne répondit pas et laissa travailler l'insectoïde. Locë dormait sur sa pierre délicieusement chaude. Seuls le foyer de la cheminée et les gestes de la couturière émettaient des sons ponctués parfois de légers sifflements de la serpente.
Après un peu plus d'une demi heure, Arwen observait la Gouroue sous plusieurs angles. Silencieuse depuis de nombreuses minutes, elle sentit l'inquiétude monter chez Aliarane. Elle soupira et sourit.
- C'est un travail admirable. Comme à votre habitude.
- Mercizzz pour le compliment, Dame Arwen.[ Fit-elle en s'approchant jusqu'à frôler l'une des ailes. Si je peux me permettre de....
- NON !
La couturière sursauta et se recroquevilla. L'aura sombre qui se dégageait de la Gouroue fit se redresser Locë.
- V-veuillez m'excuserzzz... Je...
- Non, non, ce n'est rien, répondit Arwen d'un ton plus doux.C'est moi. Je vais me débrouiller seule. Merci.
Cornes et ailes disparurent dans des volutes d'ombres et le regard d'Arwen se fit plus clair. L'insectoïde s'éloigna un peu sans mot et laissa son illustre cliente se dévêtir pour remettre ses vêtements usuels. L'Elfe tendit la robe afin qu'elle puisse être emballée.
- Une de mes suivantes viendra demain en fin de journée prendre la robe. Que vous ayez le temps de régler les derniers détails si nécessaire.
- Très bienzzz.
- Merci beaucoup pour votre travail.
- C'est un honneurzz de Le servir ainsizzz
Et Arwen prit congés non sans avoir repris Locë avec elle.
La journée était bientôt terminée. Elle avait été belle et agréable. Cependant, la voix de la vendeuse d'animaux résonnait toujours dans son esprit. Cela et le souvenir frais du regard de ses reflets.
En elle, elle le sentait, Il sourit.
Arwen était sortie de la Taverne avec la question du Taverniers tournant dans sa tête... Elle remontait la grande voie qui menait du quartier du Forum vers la Pyramide et le Palais des Gourous d'un pas tranquille pendant que les réflexions se bousculaient dans son esprit.
« Encore une de ses questions pour la science qui va me trotter pendant des jours... »
Elle se doutait bien du protocole à suivre pour vérifier la théorie du Mage.
Arrivée au pied de la Pyramide, elle en regarda le sommet en soupirant. L'idée Lui plaisait... La Gouroue pensa que cela devait être divertissant pour Lui...
« Et bien je suppose que c'est parti... »
Après une courte concentration, la Grande Prêtresse pris sa forme serpentine, provoquant la stupeur des clercs qui ne l'avaient pas remarquée sous sa capuche.
Elle glissa souplement sur le sol de marbre en direction de ses appartements dans le Palais.
***
(Plus tard)
On frappa à la porte du directeur de l'Académie
« Entrez ! »
Un adolescent entra, une boîte dans les bras. Il était vêtu de l'aube des clercs travaillant directement pour la Grande Prêtresse. Il parla d'une voix posée quoi qu'encore aiguë et douce.
« Monsieur le Directeur, bonjour. Son Éminence Dame Arwen m'a chargé de vous livrer ce colis en main propre. »
Le mage prit la boîte et l'ouvrit dans une ligne temporelle rapide, jetable, facile à rembobiner.
À l'ouverture, Vognar tomba d'abord sur un parchemin écrit de main elfique. Quatre mois et une semaine. En dessous, quelque chose était délicatement emballé dans du papier de soie.
Vognar attrapa un coupe-papier et souleva délicatement le tissu en dessous duquel se trouvait... Un trésor. En tout cas pour un chercheur tel que Vognar.
Un morceau de peau... De mue.
Vognar figea immédiatement l'échantillon sous une cloche de stase.
Fascinant...
La ligne temporelle mergea dans la précédente. Vognar prit la boîte et remercia le messager, puis il alla s'enfermer dans le laboratoire d'ophiologie.
(Ecrit avec Vognar)
~~
C'était un après midi calme à la Taverne. Arwen était à sa place habituelle, les autres Sectateurs à distance pour la laisser tranquille sur le coin de comptoir.
Le Vognar en face d'elle pu lire quelques titres de rapports. Ceux de l'Agent 258 revenaient régulièrement et faisaient soupirer la Gouroue.
Cette dernière leva soudainement la tête et s'adressa au Taverniers.
-Vognar ? Je peux te poser une question ? Elle va peut-être te paraitre étrange... quoique...
En face d'elle, un tavernier était déjà assis, la tête posée sur ses mains jointes.
- Je suis tout ouïe.
Semblant ne pas réagir à cette apparition - force d'habitude probablement - elle posa son parchemin et se lança
-Qu'as-tu ressenti au..."moment", si ce mot à un sens pour toi, où tu as réalisé l'immensité de tes capacités ?
Une lueur de surprise et d'excitation passa dans les yeux bleus du mage.
- C'est une question intéressante, à laquelle il n'existe pas de réponse unique. Je ne sommes pas comme les autres gens, qui ont ce genre de révélation clé dans leur vie. La plupart des Vognars sont créés dans un but, avec la pleine connaissance de ce qu'ils sont. Certains ne le découvrent jamais, d'autres tôt ou tard dans leurs vies. Pour certains ça ne les surprend pas, d'autres sont sous le choc. Pourquoi cette question ?
-Hmmm...
Il y avait une once de déception dans ce simple son. Après courte réflexion, les yeux dans le vague, l'Elfe revint sur le Vognar en face d'elle.
-Et bien... s'il y a quelques millénaires, on m'avait dit ce que je serai, je pense que je ne l'aurais pas cru...
Et cela aurait été pire dans ma première vie... Je pourrais presque dire que je représente tout ce que j'ai combattu...
Et puis... Ce que je suis... j'ai l'impression de ne pas encore le savoir entièrement.
Arwen eut un sourire gêné.
-Je crois que je fais une crise des 6440 ans...
- Les gens changent, Arwen. Les gens changent d'avis, d'opinion. Le temps fait son office, ajouta le mage avec un sourire. Ce que tu es devenue est peut-être contradictoire avec ce que tu étais, mais ça ne signifie pas que ce soit une mauvaise chose.
L'Elfe attrapa la tasse de thé qui l'attendait et en but une gorgée après avoir soufflé légèrement dessus.
-Tout cela se mélange dans mon esprit. J'ai l'impression d'être à la fois ce que j'ai toujours été et quelqu'un... quelque chose ? ... D'autre. Et ne plus bien savoir quel est mon but.
- Je ne suis pas le mieux placé pour parler de but, mais je suis persuadé que chacun n'a de but que celui qu'il se donne. Tu ne dois faire ce que tu veux te voir faire. Quant à ce que tu es... Tu n'es plus ce que tu étais. Cela t'influence et te conditionne, mais ce que tu es aujourd'hui est la seule chose qui devrait t'importer.
-Le but que je me donne... ce que je suis aujourd'hui...
Elle semblait penser tout haut.
-Comme je ne sais pas exactement ce que je suis, je ne parviens pas à avancer. Dois-je garder majoritairement cette forme qui a toujours été la mienne ? Ou prendre celle qu'Il m'a offerte ? Laquelle me représente le mieux ? Je crains m'être perdue en chemin.
- Es-tu obligée de faire un choix ? Ou es-tu seulement paralysée dans l'impression qu'il te faut en faire un ?
Se redressant, elle donna l'impression de se rendre compte qu'elle avait exprimé sa pensée à haute voix.
-Pardon ? Mais... ne doit-on pas continuellement faire des choix ? Je sais bien que tu as la possibilité de vérifier quasiment tous les choix qui s'offrent à toi, mais ce n'est pas mon cas... ni celui de chacun des Sectateurs autres que tois ici présents.
- On doit continuellement faire des choix, mais ça ne signifie pas que tout en est un. Tu parles de tes deux formes comme si elles étaient mutuellement exclusives, mais ne peux-tu pas les considérer complémentaires ?
-Ces deux formes extrêmes n'ont pas les mêmes besoins physiologiques, ne me demandent pas les mêmes efforts et ne m'offrent pas les mêmes capacités. Il est compliqué de les considérer comme complémentaires... même s'il me semble que je puisse avoir accès à une myriade de formes intermédiaires...
L'Elfe se pinça l'arrête du nez
-Comment tout ne serait pas un choix ?
L'Elfe poursuivit.
-Les plus de quatre mois passés pour obtenir la réponse à ta question m'ont permis d'appréhender ma forme serpentine "au quotidien", ce qui n'est pas une mince affaire, bien que pas désagréable finalement. En revanche, les cuisiniers préfèrent quand je suis bipède.
Avoir deux paires de bras est utile dans bien des situations.
Mais énormément d'apparences font naître une telle frayeur aux Sectateurs que je sens vibrer de leur âme leurs prières pour Lui... C'en est étourdissant.
Il n'y a qu'à la Pyramide que j'ai du mal à rester juste Elfe. Et les clercs de cérémonie semblent mieux supporter ma présence.
Je sais que je vais devoir m'habituer à être tout celà... mais l'attention et l'adaptation que cela me demande sont énormes... et me demandent des choix constants.
Sans parler de la puissance... ce que j'avais ressenti dans le Gouffre n'est rien comparer à ce que je ressens maintenant.
J'ai l'impression de...
Elle hésitait sur la suite de cette phrase.
- D'être un dieu ? Termina Vognar à sa place, une lueur taquine dans le regard.
Réfrénant un frisson, Arwen se redressa vivement avant de repérer la taquinerie du Mage.
-Non, je...! hum... oui.
Vognar recula contre le dossier de sa chaise, porta un verre à ses lèvres et dit simplement :
- On s'y fait.
Les pupilles de la prêtresse s'étrécirent en fente verticale alors que les conséquences de cette révélation et la réaction du Taverniers faisaient leur chemin dans sa réflexion.
Puis elle observa sa tasse de thé
-Vognar ? Peux-tu me servir quelque chose de plus fort, s'il te plaît ?
Un Vognar posa une choppe d'hydromel devant la prêtresse. Celui en face d'elle la regarda, attendant la suite de ses réflexions.
-On s'y fait... Murmura-elle avant de prendre la chope et d'en engloutir une bonne moitié.
On s'y fait...
Même cachée derrière sa barrière mentale, les pensées, bien que non lisibles, affleuraient.
-Oui... certes... je vais m'y faire... avec le temps...
Elle se pencha sur sa pile de papier et en sortit un rapport provenant de l'Inquisition.
- Les Questeurs ont découvert un nouveau culte... à propos d'une entité serpentiforme.
Elle tendit le document à Vognar afin qu'il le lise tout en le résumant brièvement
-Un paysan qui était là lors de la cérémonie de mon ascension. En racontant ce qu'il a vu, le village a commencé à... me vénérer davantage que... dans ma forme précédente.
En parcourant le document des yeux, Vognar commenta :
- Je ne vois rien de particulièrement choquant. Tant que son Culte reste prévalent, peu importe sa forme.
Pointant du doigt un passage du document, il ajouta :
- Ça me rappelle L'encapuchonné aux mains de Temps. À ceci près que tu es bien plus une figure divine que moi.
-Je suis d'accord avec toi sur le fait que Son Culte doit rester prépondérant. Non... le problème est justement lié au divin.
Elle fixa son ami avant de lancer
-Probablement parce qu'Il a scellé une partie de Lui en moi, je ressens ce culte et... j'en souhaite plus.
Elle attrapa la chope et la vida complètement, cul sec.
- Encore une fois, à mes yeux c'est une bonne chose, fit Vognar. À moins bien sûr que tu ne deviennes subitement à la fois hérétique et tyrannique, mais on a déjà notre lot pour l'un comme pour l'autre.
Un silence passa, troublé par le son de la chope déposée sur la table.
- C'est ce qui me fait le plus peur, Vognar. Basculer de Sa Grande Prêtresse Gardienne de la Foi à une déité hérétique...
J'en suis terrifiée.
Le mage la dévisagea une seconde de trop avant de se ressaisir. Imaginer la Grande Prêtresse terrifiée lui était impossible. Aussi impossible que l'imaginer trahir la Secte.
- Que penses-tu qu'il se passerait ?
Une nouvelle fois, les idées illisibles filtraient légèrement de la barrière mentale de la Gouroue pour qui savait écouter les esprits. Elle eut un petit rire
Quelle ironie ! Pense-t-elle avant de répondre.
- Je suppose que vous aurez une déesse, non pas ténébreuse mais aussi belle et terrible que l'aurore, aussi traîtresse que la mer, plus forte que les fondements de la Terre, alors tous m'aimeront et désespéreront
L'air vibra au fur et à mesure de la réplique. Quelques volutes sombres émanèrent brièvement de l'Elfe. Les discussions autour d'eux s'estompèrent et le silence accueillit la fin de la phrase.
Arwen haussa les épaules, l'atmosphère s'allégeant immédiatement
- C'est ce qu'aurait dit ma grand mère.
- Tu n'es pas ta grand-mère. Tu n'as pas refusé l'opportunité et le pouvoir qui t'ont été offerts.
- Je sais que je ne suis pas elle. Et que je L'ai accepté entièrement pour cette seconde vie qu'Il m'a offert de mener pour Sa Gloire. Mais est-ce que cela me rapprocherait donc pas de ce... Risque d'hérésie ?
L'attrait est fort. Si... tentant...
Et si cela s'est passé différemment pour les Gourous Fondateurs, je comprends pourquoi Ils sont devenus fous de par Sa corruption. Et pourquoi deux d'entre Eux ont succombé à Son Néant au fil du temps.
Elle sembla observer avec minutie le fond de la chope vide.
- Les choix et les conséquences... dois-je lutter contre cette tentation de pouvoir divin au risque de me briser ? Dois-je au contraire plonger aveuglément avec la possibilité que je devienne une déité hérétique ?
Connaissant ma position, qu'est-ce qui pourrait m'empêcher, en tant que Gardienne de Sa Foi de transformer les rites vers Ma Foi ?
Après un silence, elle poussa son verre vide.
- Je ne serais pas contre un autre remontant.
- Je peux me tromper, mais je pense que tu réfléchis trop. Serait-ce vraiment problématique que les gens te vénèrent, s'ils Le vénèrent à travers toi ? Tu es Son héraut, Son incarnation. Tant que toit tu Le vénères, la dévotion envers toi est une dévotion envers Lui. Gloire à Lui.
Le Tavernier passa la main au dessus du verre et remonta sa ligne, le remplissant à nouveau.
L'Elfe prit une gorgée avant de répondre.
-Peut-être que tu as raison... J'ai peut-être besoin de vacances... un siècle ou deux... plaisanta-t-elle. Enfin... Merci d'être là. Tu dois être l'une, si ce n'est la "seule" personne dans le multivers à qui je peux confier tout cela.
Vognar se servit à son tour.
- Si c'est de temps dont tu as besoin...
- Je ne sais pas ce que tu imagines mais je ne pense pas que tu puisses agir sur "mon" temps.
- Tu doutes de ma créativité. Pas besoin d'agir sur ton temps, seulement sur celui de ton environnement. Dans une ligne où le temps avance plus rapidement, tu avanceras plus rapidement.
- Hmmm... Tu ne cesseras de m'étonner ! Mais si nous ne laissons les lignes avancer à leurs rythmes, n'y a-t-il pas de risques ?
Après un soupir
Je crois que tu as raison. Je réfléchis trop et... Je me crains plus que de raison.
Elle reprit une gorgée du breuvage
- Un risque de quoi ? Je peux te donner un millénaire de vacances, tu seras revenu avant que l'ivrogne là-bas ait fini sa chope.
Il montrait un léonin en train de descendre une chope de bière levée au dessus de sa tête.
Elle observa brièvement le léonin en souriant.
-C'est peut-être un peu beaucoup un millénaire... Non ?
Mais du coup... comment tu peux me donner l'opportunité d'avoir, disons, un siècle de repos, sans que cela ne se voit ici et sans que cela ne casse quelque chose ?
- Beaucoup, ça dépend de toi. Et je te l'ai dit, dans une ligne plus "rapide", un siècle là-bas peut passer en une seconde ici.
Arwen eut l'expression habituelle des personnes qui tentaient de bien se représenter la situation décrite sans vraiment y parvenir.
- Tu en as beaucoup de telles lignes sous la main ? Ou c'est toi qui les crées ?
- Tout dépend de ce dont tu as besoin.
L'Elfe soupira en posant son menton dans la main et son coude sur la table.
-De calme... Sans ce tourbillon incessant de données et de choix à faire. Surtout les plus... Insignifiants... Un coin de lecture, proche d'une rivière qui coule paisiblement.... Un petit morceau de jardin...
Elle semblait rêvasser.
-C'est ridicule non ? Je suis Son Avatar et... Voilà ce que je souhaite.
Vognar tapa gentiment la tête d'Arwen du plat de la main.
- Ce serait ridicule si tu n'étais qu'une arme ou un outil, mais tu es une personne, avec des besoin et des désirs. Ne t'oublie pas, et ne t'efface pas.
- Oui... Je... Je suis peut-être un peu surmenée... Depuis quand je n'ai pas fait quelque chose juste pour mon propre plaisir ou bien-être ? Ça doit faire... Au moins 10 mois.
Soupirant, elle se redressa.
-Je sais ce que je vais faire. Avant d'utiliser une ligne temporelle, je vais m'octroyer une journée ou deux de pause par semaine. Pas de paperasse, pas de décisions non urgente, de la lecture, une balade ou que sais-je encore !
A mesure qu'elle parlait, l'Elfe semblait de plus en plus joyeuse.
- Entre deux tressages de poney, n'oublie pas de passer prendre une pinte, se moqua gentiment Vognar. Sans tout ça, je veux dire, ajouta-t-il en désignant les rapports sur la table.
-Oui, et je pourrais aussi m'occuper d'un jardin botanique ! poursuivit Arwen avec un clin d'œil Et bien sûr, venir ici sans travail... Je n'arrive pas à m'expliquer pourquoi je préfère travailler ici que dans mon bureau...
- J'ai bien ma petite idée ! s'esclaffa un Vognar de passage en déposant une choppe devant l'elfe
- Oh, je pourrais très bien me faire livrer dans mon bureau si je voulais... Ce n'est pas la seule raison !
Elle se retourna pour regarder le reste de la salle avec un sourire
-Déjà, je n'ai pas Irkal sur le dos... et c'est quand même bien agréable comme ambiance.
Une idée était en train de faire son chemin dans l'esprit de l'Elfe. Elle prit une nouvelle gorgée puis posa brusquement la chope sur la table.
- Bon, c'est décidé, je m'octroie du temps pour moi. Je vais prévenir ce vieil aigri de secrétaire et je vais passer quelques jours ailleurs que dans la Cité. Hormis cette sombre histoire d'Ershiin et notre escapade sur le petit plan auquel nous avons redonner vie, cela doit faire deux siècles que je n'ai pas quitté la Capitale.
Les yeux de Vognars s'agrandirent une seconde.
- Deux siècles ? Sur le même plan ? À ne faire que travailler ?
- Et bien... Oui ? Pourquoi ?
L'Elfe ne semblait véritablement pas comprendre l'étonnement du Mage. Le Tavernier regarda l'elfe comme si c'était une alien.
- J'arrive à peine à travailler deux heures de suite sans avoir envie de me noyer dans la plonge, alors deux siècles...
- Non mais des pauses, j'en prends régulièrement histoire de changer les idées ou de prendre du recul. Je ne suis pas une machine. Mais c'est vrai qu'en y réfléchissant, je ne me suis même pas rendue compte que cela faisait autant de temps que je n'étais pas partie plusieurs jours pour me détendre.
Après, les jours... Les semaines... Les mois... Les années... Au bout de 6400 ans, celà devient un peu flou.
- Si seulement, Arwen. Si seulement.
- Je me doute que cette "myopie" ne te touche pas.
Je suppose que c'est ma manière de ne pas trop penser à tous ces Sectateurs et autres personnes croisés depuis si longtemps et que je ne reverrai jamais.
Une parade à la nostalgie ?
Toujours est-il qu'un petit tour loin de la Cité ne peut pas me faire de mal ! Je me demande où je vais aller.
- Si tu veux partir longtemps, privilégie les lignes rapides.
L'Elfe cligna des yeux puis sourit au Taverniers.
- Tu as raison. Je vais partir dès demain et par les airs. La région des Grands Lacs semble bien paisible. Parfait pour me dépayser de mon quotidien ici.
Elle commença à rassembler ses parchemins.
- De toutes les façons, je peux compter sur Evan et tois pour avoir un oeil ici et me prévenir si nécessaire.
- Je ne suis pas sûr qu'on entende la même chose quand je dis "ligne rapide", mais tant que tu trouves ton bonheur, c'est l'essentiel.
- Je pense rester sur Ses Terres. Dis-moi si je me trompe mais une "ligne rapide" comme tu l'entends n'est pas applicable, si ?
- Si tu restes ici, c'est plus compliqué, mais c'est toujours faisable. Dis-moi Wewen, à quel point tu as peur des trous noirs ?
- Des trous noirs ? La manifestation physique ?
La dernière fois que j'ai entendu parler de cela, c'était dans un rapport qui indiquait que le laboratoire 35 et la moitié du continent nord du plan de Glir-Chanig ont failli être rayés de l'existence à cause d'une expérience malheureuse de magénieurs postés là bas.
Alors peur, je n'irais pas jusque là mais si je peux éviter d'être confrontée au phénomène...
- Ah, ce labo...
Le mage eut soudain l'air un peu gêné.
- Du travail d'amateur, tousse tousse, à n'en pas douter. Toujours est-il que la gravitation est un phénomène et outil formidable, et que ses liens fondamentaux avec la dimension temporelle sont clés pour-
Il s'arrêta, puis éclata de rire.
- Pardon, je recommence avec mon jargon.
Arwen eu l'expression de ceux qui comprennent un mystère en ayant trouvé une pièce centrale d'un puzzle.
- Hmmm... Bref... je vais laisser de côté la science, si tu veux bien. Je ferai appel à tes "lignes rapides" probablement pour faire le ménage sur le petit plan pour faire le ménage des conséquences de ces imbéciles de phyrexians.
Elle mit ses affaires dans sa besace avant de détourner son bras. D'un geste rapide, elle prit la chope et la termina.
- Il ne faudrait pas gâcher !
Je vais m'en tenir aux méthodes conventionnelles... Enfin, façon de parler puisque je vais voyager en volant pour les grandes distances. Cela me détendra les ailes.
Vognar éclata de rire à nouveau. Il ouvrit les bras pour englober la Taverne.
- Est-ce que tu vois quoi que ce soit de conventionnel ici ?
Il se leva et ramassa la chope.
Bonnes vacances Wewen.
L'Elfe fit un signe de salut à Vognar et sortit de la Taverne, souriante et légère... Elle allait prendre du temps pour elle ! Et elle allait voyager !
Edité 1 fois, dernière édition par Arwen Le 21/11/2023
La vue du haut de la Pyramide a toujours été quelque chose d'unique dans le Multivers.
Assise sur l'Autel Principal, les anneaux enroulés autour de la Pierre Sacrée, Arwen contemplait la Cité et la région l'entourant dans toute la splendeur d'une fin de journée, les rayons du soleil donnant une teinte presque sépia et augmentant ce sentiment de nostalgie qui la tenaillait.
Ses yeux se posèrent sur le Forum Antique qui avait bénéficié de rénovations dernièrement. La Taverne était bien reconnaissable. C'était le premier établissement dans lequel elle était entrée bien qu'il ait énormément changé depuis lors. Il s'en était passé des choses et elle avait même obtenu son premier emploi officiel de videuse. Elle sourit à ce souvenir et d'autres flashbacks d'avant l'arrivée de Vognar.
En pensant à se dernier, elle se dit qu'un autre que luis auraient déjà fermer boutique depuis longtemps. Il n'y avait plus guère d'aventuriers ou de jeunes arrivants ni même de belles soirées.
Et c'était le cas pour tout le quartier du Forum Antique. Plus de combats dans l'arène, peu de passage alors qu'il y avait tant de rues bondées par le passé.
L'Elfe poursuivit du regard l'avenue principale qui serpentait sur les coteaux de la Colline dont le point culminant était sa position actuelle. De nouvelles sources de prêche plus ou moins développés vers le Multivers ainsi que le quartier neuf de la Discorde.
Des pas feutrés se firent entendre et le fidèle secrétaire de la Grande Prêtresse toussota pour manifester sa présence.
- Votre Éminence ? C'est l'heure.
- Merci Irkal.
- Bien Ô Grande Prêtresse.
Le soleil touchait maintenant l'horizon et les lumières s'allumaient dans les rues. Arwen observa un moment le vieux médaillon à l'effigie du Dark Mogwaï (GàL) qui servait notamment de transporteur magique pour les non-arpenteurs.
Dans l'une de ses autres mains, un nouveau médaillon vibra.
- Il est temps donc.
La Grande Prêtresse posa le vieux médaillon sur l'Autel Sacré et activa son étincelle pour transplaner, laissant derrière elle des volutes sombres.
Edité 2 fois, dernière édition par Arwen Le 13/11/2024
Répondre
Nana : Regarde-toi. T'es là, à soigner ton image de maître d'armes, comme si ça marchait encore. Tu te prends pour qui ? Tu fais partie d'un gang ? Comment tu fais pour t'accepter ?
Gérard : Dis-lui qui je suis.
Korn : Gérard est le chef de la résistance mondiale, et l'espoir renaissant d'une victoire de la Coalition.
Nana : Hmm. Et ce type ?
Gérard : C'est un golem, venu du futur. Un squelette métallique en argent pur, qu'on a envoyé dans le temps pour me protéger.
Nana : Va te faire voir.
Terminate III, la Marche des machines
Proposé par Dark Mogwaï le 19/06/2012