Odric s'en veut d'être devenu un monstre, en envoyant au bûcher des innocents sous l'influence du conseil lunarque infiltré par les démons. Est-il prêt à devenir un monstre plus grand encore, ou sauvera-t-il son idéal malgré tout ? Vous trouverez l'article original ici.
La Bénédiction du sang
Cher Odric,
La guerre n'est pas finie. Loin de là. Nous pensions que les cauchemars avaient été vaincus, mais quelque chose d'autre est arrivé, quelque chose de bien plus puissant et maléfique. C'est dur à expliquer. Il est arrivé tant de choses. Je vais essayer de te l'expliquer aussi bien que je le peux.
Les vampires combattaient côte à côte avec nous. Ils voulaient sauver le monde comme nous le voulions. Mais je ne pouvais m'empêcher de penser « À quelle fin ? » Pour nous faire tous esclaves ? Nourriture ? Mais nous n'avions pas le temps de penser à l'avenir, seulement au présent. Seulement à l'ennemi présent qui devait être vaincu. Nous aurons à nous occuper d'eux lorsque tout sera fini.
Parmi les défunts, il y a les archanges Bruna et Gisela, qui furent occises par leur propre sœur et notre dernier archange – Sigarda. Je ne peux te décrire ce que cette folie leur avait vraiment fait. Elles ne sont plus, à présent. Et tu te demandes sans doute pourquoi je n'ai pas mentionné Avacyn. Elle est morte, elle aussi.
Avec l'aide de Saint Traft, je fus capable de brandir sa lance divine et d'aider à vaincre le premier des cauchemars. Mais ce qui a suivi... c'était assez fort pour forcer le Saint à sortir de mon corps et me laisser en proie à la folie. Je m'en suis à peine sortie vivante.
Odric, tu es le meilleur d'entre nous, et nous avons besoin de toi pour nous guider. Nous avons besoin de ton aide pour arrêter cela. Avant qu'il soit trop tard. Je suis sur le chemin. Et je vais t'amener ces cathares toujours loyaux à la lumière avec moi.
S'il te plaît, n'oublie pas qui tu es et as toujours été. Nous avons toujours été trompés à un moment. Je prie les anges de te revoir bientôt.
Ton amie la plus chère,
Thalia.
Le prêtre frémit après avoir lu à voix haute la lettre de Thalia à Odric. Sa voix était profonde et se répercutait doucement contre les murs de la chapelle de Prochelande dans laquelle Thalia et Grete avaient laissé Odric.
Pendant les quelques semaines précédentes, Odric s'était rarement demandé si elles reviendraient jamais, si elles voudraient jamais le revoir. Il passa plutôt le plus clair de son temps à genoux devant l'autel d'Avacyn, priant sans arrêt pour obtenir des réponses, caressant le collier d'Avacyn sur son torse – de l'épaule au cœur, de l'épaule au cœur.
Les regrets le saisirent comme un étau. Thalia l'avait prévenu à propos de la corruption du Conseil lunarque, mais il était trop aveugle et trop arrogant pour la croire, même en sachant que les démons étaient proches. Il caressa son torse trempé de larmes avec plus de force.
Il y avait deux moines qui l'assistaient, le drapant souvent dans des fourrures pendant les nuits glacées, et qui gardaient les feux de la chapelle allumés. Ils lui apportaient nourriture et boisson, qu'il repoussait le plus souvent. Mais ce qu'il consommait sans erreur, c'était l'eau bénite sur laquelle le prêtre prie. Il était promis qu'elle édifierait son sang et le laverait, pour le rendre insipide pour ceux qui pourraient vouloir le voler et lui donner la dernière protection contre les ténèbres dehors – démons et vampires, notamment. Malheureusement, la gentillesse lui faisait peu de bien.
« Les anges sont censés nous protéger ! » Les mots que Thalia lui avait crachés avant son exil l'avait frappé comme une dague dans le cœur. Et quoiqu'il tentât de résister à l'effondrement complet, sa volonté lui fit enfin défaut. Le barrage contre les émotions se brisa. Il pleura et gémit incontrôlablement, endeuillé de la mort des cathares qu'il avait tués dans Thraben – ces nobles guerriers qu'il avait lui-même élevés et rendus dignes de défendre la lumière. L'angoisse le saisissait à propos des enfants « pourris par le péché » qu'il avait autorisés à brûler sur le bûcher. Il maudit les âmes des traîtres en bure qui avaient pactisé avec les démons avec tant de zèle. Pendant des semaines, il fit cela.
Et puis...
« C'est vrai, fit la voix geignante du prêtre le jour où la lettre de Thalia arriva. Les runes, Sire Odric... elles sont tombées, et je ne peux plus en lancer d'aussi puissantes. » Les grognements qu'il fit étaient graves, comme si les mots déchiraient sa gorge en sortant. Et cependant l'air autour d'eux était plein d'une soudaine révélation, douloureuse. « Avacyn... est morte. La folie a balayé le monde. Tout est perdu. Il n'est plus besoin de prier. Il n'est plus besoin... d'espérer. »
La révélation qu'il fit transforma le désespoir d'Odric en une rage sans mélange. Il dégaina son épée, qui brillait toujours d'un angélique clair de lune, et fixa le symbole de l'ange inscrit sur le pommeau. « Tu. Nous. As. Trahis ! » Un instant plus tard, il se trouva mettant l'autel en pièces, détruisant chaque plante, relique, artefact sacrés en vue.
Quand il eut fini son assaut, Odric leva la tête et regarda derrière son épaule, juste à temps pour voir le bon prêtre sortir solennellement dans la nuit qui se levait. L'homme avait retiré ses robes saintes et lâcha son bâton béni sur le sol, se laissant sans aucune protection. Il y a tant de dangers inimaginables tapis juste au-delà de ces murs sacrés. Chaque prêtre et patron était au courant. Et pour qu'un homme de foi entre dans la mâchoire béante des damnés, nu et sans espoir, tout devait en effet être perdu.
« Prêtre, l'appela Odric, cette maison d'Avacyn peut être tombée, mais nous sommes encore protégés dans l'enceinte de ses murs. » Il attendit une réponse, qui ne vint pas. « Prêtre ! Revenez à l'intérieur ! Le soleil se couche. »
Une inspiration légère vint d'un coin de la chapelle. Odric se tourna en direction du bruit pour découvrir un homme entre d'âge, berçant avec peur sa fille adolescente, tous deux assis sur le dernier banc. La sauvagerie et le désespoir étaient peints sur leurs visages émaciés après qu'ils eurent entendu les nouvelles et été témoins de l'explosion de rage d'Odric. Comme de coutume, les citoyens venaient souvent pour offrir leurs prières à l'ange désormais mort, ou pour obtenir un petit repas. Le plus pauvre d'entre eux restait la nuit, blotti dans un coin à proximité des feux. Il les avait vus tous deux auparavant.
« Pas d'inquiétude, dit doucement Odric, plongeant ses yeux dans ceux effrayés de l'enfant. Vous êtes toujours en sécurité ici. Je vous protégerai... »
Soudain retentit un cri. Il se répercuta au-delà des portes ouvertes de la chapelle et souffla chaque bougie dans le sanctuaire. Il fut suivi par le son d'un gargouillement aqueux de poumons noyés, d'un craquement d'os, et le vacarme insoutenable de la chair se déchirant – puis un rire maniaque, impie.
« Cachez-vous ! ordonna-t-il en urgence à l'homme et l'enfant. Ils se levèrent immédiatement du banc et coururent vers une alcôve au fond du bâtiment.
Les bruits de l'extérieur s'échappaient d'un brouillard gris et lourd qui, comme une flaque épaisse, roulait dans l'entrée et rampait dans l'allée vers l'autel où Odric se tenait, prêt à combattre, les yeux brûlant derrière une mèche de cheveux pendante, trempée de sueur devant la commotion noir de jais sur son front. Le brouillard arrêta son avancée face à lui mais ne se dissipa aucunement. Il traînait simplement, ondulant avec d'étranges intentions.
À cet instant, les deux moines se précipitèrent de chaque côté d'Odric et observèrent la destruction qu'il avait semé sur l'autel. « Sire Odric, nous avons entendu un cri ! » s'exclama le premier, avant de tomber à genoux. Sa voix tremblait d'effroi et de confusion. Le deuxième, hors d'elle-même, commença à rassembler ce qu'elle pouvait des symboles d'Avacyn brisés. « Qu'avez-vous fait ? »
Odric ne regardait pas dans leur direction. Il continuait de se concentrer sur le brouillard tournoyant. « Retournez à vos quartiers, dit-il sévèrement, et armez-vous.
- Où est notre prêtre ? clama le second moine. Il est notre protection !...
- Il est parti ! » grogna Odric, levant son épée contre le brouillard. Les bruits de meurtre et de destruction grandissaient au-dehors. « Retournez à vos quartiers et armez-vous, tout de suite ! »
Soudain, deux tentacules éthérées, faites de brume, rampèrent du brouillard et agrippèrent les chevilles des moines. Ils s'étendirent et se déroulèrent contre leurs bras, jambes, torses, les entourant comme d'élégants tatouages sur leur peau, et tout d'un coup, les moines devinrent dociles, en transe. Ensemble, ils pointèrent leur index vers l'autel, et avec un ton dépourvu d'émotion, ils parlèrent comme un seul homme, répondant à une question que le brouillard leur avait secrètement posée :
« Les larmes d'Avacyn reposent sur l'autel où elles peuvent boire la lumière de la lune, Madame Henrika. »
Henrika. Odric avait entendu ce nom une fois auparavant. Le nom avait été murmuré parmi les conversations à propos de la manière d'écraser les Skirsdag et les autres sympathisants des démons – une velléité futile qu'il avait fini par comprendre, attendu que le gouvernement des Lunarques se serait volontiers prosterné devant de tels vils seigneurs-démons. Il se souvenait de la manière dont Jerren, chef parmi la foule de traîtres, devenait mal à l'aise quand on la mentionnait, grinçait des dents et contractait ses épaules. Une vague de jalousie et de reproche traversait Jerren, sachant qu'elle était plus proche d'eux qu'il ne le serait jamais.
Des vampires travaillant de pair avec des démons. Une combinaison résolument diabolique.
Un rayon argenté de la lumière de la lune apparut à travers une petite fenêtre dans le toit. Elle tranchait avec les ténèbres grandissantes comme une lance et frappait un miroir cérémoniel brisé qui était perché sur l'autel, envoyant divers rayons de lumière se réfractant contre les murs et la lame d'Odric. Odric leva son épée derrière lui pour saisir la véritable forme de l'ennemi qui se tenait devant lui, dans le reflet. Là il vit sa silhouette encapuchonnée, féminine, ses bras étendus vers les moines, jouant avec eux comme s'ils étaient des marionnettes, avec des cordes invisibles.
Les larmes d'Avacyn étaient une denrée précieuse dans l'église, si ce n'est sur tout Innistrad. Tandis que les fidèles étaient habituellement oints par l'eau bénite, dans les occasions spéciales, certains étaient oints avec ses gouttes divines. Infusées du pouvoir de la douce lumière, les larmes d'Avacyn enchantaient leurs sorts, soignaient leurs blessures après le combat, et soutenaient leurs plongées dans le royaume des esprits. Odric renâcla. Si un ennemi du bien comme Henrika les voulait – le démon qu'elle servait, de plus – elle devait avoir quelque idée derrière la tête.
D'un coup, Odric tourna son épée dans un angle aigu, dirigeant la lumière de la lune dans la direction de Henrika, faisant briller le nouveau rayon sur le sol. Son brouillard se tordit et se dissipa immédiatement pour l'éviter, faisant retraite derrière les bancs de bois comme des serpents dans leur tanière.
L'enchantement qui maintenait les moines s'évanouit à cet instant, et ils revinrent à eux-mêmes. Impressionnés et effrayés, ils se regardèrent l'un l'autre, puis Odric.
« Vous avez été enchantés ! cria Odric. Maintenant faites comme je vous dis ! Mettez-vous en sécurité ! »
Sans objection ni hésitation, les moines se ruèrent dans les ténèbres des entrées desquelles ils étaient venus. Au moment où ils disparurent, cependant, le bruit mat de deux corps frappant le sol se fit entendre de l'embrasure.
Odric grimaça à ces bruits. On lui avait appris à être préparé à l'inattendu, et ce qui était en train d'arriver était exactement de cette nature. Des bruits de pas sur le sol, rôdant dans le périmètre de la chapelle, même le sifflement strident des lames tranchant l'air auraient dû l'alerter que d'autres cathares étaient présents. En fait, c'était lui qui leur apprenait à se déplacer en silence ; les entraînait à bouger sans être remarqués par l'ennemi quand la situation le demandait. Mais il était si distrait par sa douleur et la soudaine arrivée de Henrika que sa garde fut momentanément baissée.
Il fouetta de son épée autour de lui, tordant avec lui la lumière et l'envoyant dans la porte enténébrée. Le rayon atterrit sur deux soldats, les deux essuyant le sang des moines de leurs épées étincelantes. Odric les observait avec surprise, tandis qu'ils s'avançaient. Leurs visages étaient de pierre et leurs yeux brillaient, sans remords envers ceux qu'ils venaient de tuer. Des cathares massacrant des innocents... et des membres du clergé aussi ? La folie d'Avacyn s'était répandue à une plus grande distance qu'il ne l'avait pensé.
Ce qui saisit son attention au-delà fut qu'à chacun il manquait une main – ou plutôt, leur main gauche avait été remplacée par les os décharnés de morts.
« Mon frère ? Ma sœur ? leur demanda Odric à travers ses dents grinçantes. « Que vous êtes-vous fait ?
- Ils ont été marqués par la divinité, vint une voix féminine jubilant, la voix maline de Henrika, ondulant avec les roulements du brouillard. Ayant entendu que leur précieux ange était mort, ils ont pratiquement perdu leur volonté de vivre. Ils se sentaient si pathétiques en sachant qu'ils avaient gaspillé leurs meilleures années sur ce bon mensonge. »
Le brouillard recula en une boule virevoltant, puis se leva dans les airs, se formant en l'apparence d'une grande femme, très fine, dans une robe longue. Les lèvres de Henrika se séparaient alors qu'elle souriait pour révéler des crocs acérés derrière elles. Les cathares levèrent leur épée dans la direction d'Odric, tandis qu'elle continuait.
« Des cathares, de tels moutons sans esprit – toujours à avoir besoin d'un but, d'un maître pour prouver leur valeur. Eh bien, ils en ont trouvé un nouveau et ont ressuscité par le sacrifice d'eux-mêmes. Ormendahl est leur ange à présent. »
Ses derniers mots lâchèrent ces chiens, et les deux cathares se ruèrent sur Odric, l'un attaquant en hauteur et l'autre au niveau des jambes. C'était une méthode typique de ces traîtres à leur serment – deux contre un, une tactique plus déshonorante selon Odrix – mais une technique qu'il avait fini par attendre de leur part. Il fit une pirouette sur place, tandis que leur épée passait l'une au-dessus, l'autre au-dessous de lui, et il retourna leur coup avec un coup frénétique qui, entre son esquive et sa parade presque impossibles, lacéra leurs membres, frappa leur visage et brisa leurs os. Des flots de sang coulèrent sur le mémorial à Avacyn.
Le vil rire de Henrika se répercuta contre les murs. Elle applaudit la démonstration, encourageant des nouveaux-venus à rejoindre son orgie. Par les dix fenêtres à peu près de la chapelle, les silhouettes sombres de plus de cathares, chacun bardé de son armure sacrée et de son affliction impie bien visible, surgirent devant les fenêtres, regardant avec mépris leur meneur déshonoré. Odric les regardait avec honte et désespoir. Ils étaient si nombreux à être tombés sous l'influence de Henrika et la volonté de son démon. Il la toisait avec une intention meurtrière.
« Fascinant, sourit Henrika. Un tueur né avec un sens de l'honneur hors du commun. Pour un humain, aussi. Ce qu'ils ont dit à propos de vous, Sire Odric – les légendes. Il s'avère qu'elles sont absolument vraies.
- Alors vous savez déjà que vous ne vous en irez jamais avec ces larmes, grogna Odric en pointaint sa lame trempée de sang dans sa direction.
- S'en aller ? gloussa Henrika, avant de se retourner joyeusement pour faire danser en cercles artistiques sa robe dorée. Non. Ils vont rester juste ici dans cette belle petite maison de prière à laquelle ils appartiennent. Bien que je la nommerais difficilement belle, à mon goût. J'ai un manoir de trente salles, couvert de tentures de soie, aux murs de marbre, et avec une armée de familiers à mes ordres. Mais les démons, comme les anges, sont avides de cérémonie, haussa-t-elle les épaules avec défi.
- De cérémonie ? murmura Odric, rassemblant lentement les pièces de son objectif final. Une onction ? »
Henrika sourit, roulant des yeux timidement, avant de répondre : « Peut-être bien. »
Il observait, le regard vif, cette nonchalance qu'elle exsudait. Il avait été entraîné à lire son ennemi. Henrika était de ceux qui se préoccupaient peu de la mission dont on leur a donné la tâche, comme un enfant capricieux qui prendrait du plaisir dans les distractions de sa routine nocturne. De plus, la manière dont elle parlait des plans de son maître prouvaient qu'elle n'avait aucune vraie estime pour le démon. L'attaque sur la chapelle n'était que...
« Un simple moyen, dit Odric. C'est pourquoi toi et ta horde de chiens êtes venus ici.
- Nous préférons être nommés Domnathi|/i]...
- Jamais entendu parlé de toi, lui cracha l'ancien lunarque. Les tiens doivent être de ces lignées de sang inférieures. » Le sourire omniprésent sur le visage de henrika s'évanouit un instant. Sa tactique avait fonctionné comme il l'avait prévu. C'est ce qu'elle veut. Il le suppose immédiatement. Ce que toutes les maisons de vampires mineures veulent – la suprématie.
- [i]Inférieur est un mot qui dénote la faiblesse et la bêtise, cathare. » Elle laissa sa langue lécher ses lèvres après sa dernière réfutation. « Nous tuons les faibles et les idi... »
- Mais vous épargnez le fort et le volontaire. » Odric avança, une autre tactique en tête – la faire se sentir petite et la vérité se montrera toute nue. « Afin qu'ils puissent être soldats dans son armée. » Il y eut une tension parmi les cathares aux fenêtres tandis qu'il s'approchait d'elle. « Mais tu n'es pas leur chef comme tu sembles t'en vanter. Ces damnés ne sont pas marqués pour toi. Ils ne sont pas des familiers que tu peux contrôler. Tu n'es qu'une fille errante...
- Je suis une négociante, » siffla-t-elle en sa direction, le toisant à cette remarque. Ses mâchoires tremblaient en se tordant.
- Négociante ? Quel genre de marché un démon et un vampire feraient-ils ?
- Un marché de sang, » vint une autre voix dans l'entrée, triste et familière.
Aux portes de la chapelle se tenait de nouveau le bon prêtre. La lumière de lune montrait son visage couvert de commotions, ses lèvres déchirées et sanglantes. Il boitilla vers Odric, la jambe droite brisée en plusieurs endroits, mais il ne geignait même pas de douleur. Sa peau était pâle à cause d'une perte de sang considérable – pas seulement par le blessure, mais par le baisser d'un vampire – le cou planté de marques de crocs.
« Pour notre loyauté, continua le prêtre, la lige des ténèbres nous offrira son sang divin...
- Tais-toi, maintenant, » lui murmura-t-elle, souriant à Odric. Le prêtre se tut. Ses yeux étaient vides et fixés sur le bassin de larmes devant l'autel. Le brouillard l'entoura doucement. « Les hommes frappés par le chagrin sont toujours des créatures très loquaces, n'est-ce pas ? Des soutiens solides, cependant. »
C'est alors qu'Odric remarqua le diable grimaçant, gloussant, que le prêtre berçait de ses bras frêles. Comme un chien enragé, il rognait les os d'une main humaine – une main maintenant fixée au membre sanglant du prêtre. Chaque morsure faisait bouger et frétiller ses doigts.
« Malgré la mort de ton ange, il y a toujours de la puissance dans ces larmes, dit Henrika. Cette puissance a besoin d'être dirigée et d'avoir des réservoirs pour la contenir. Les démons ont besoin de prêtres, aussi – des prêtres qui doivent être oints dans leur ordre impie. Il sera le premier.
- Prêtre, arrête ! menaça Odric, tranchant l'air de son épée. Le prêtre continua sa procession.
- Tu tuerais un innocent ? demanda Henrika calmement. La plus petite pichenette le tuerait sans doute, tu sais. Veux-tu d'un autre crime sur ta conscience, Sire Odric ? Après tous ces pauvres enfants que tu as laissé brûler ? »
Le bruit des lames déferlant hors de leurs fourreaux retentit derrière lui dans les embrasures obscurcies. Les cathares transfuges se tenaient prêts pour l'attaque. Odric en compta vingt dispersés dans le périmètre de le chapelle – aux fenêtres, à l'entrée, aux portes – sans parler du prêtre charmé et de son diable.
« Non, recommença Henrika. Tu as une plus grande mission – un nouveau maître à servir. »
Odric saisit de nouveau le reflet de la lune dans son épée et fut soudain remué par quelque chose que Thalia lui avait dit. « Je sers la douce lumière de la lune, commença-t-il, la lune qui repousse les terreurs de la nuit. Je sers la sainteté à laquelle l'humanité aspire !...
- Ah, ces cathares intarissables, renifla Henrika. C'est une guerre que les terreurs remporteront ! »
Puis elle se dissolut dans le brouillard grisâtre et se répandit vers les coins du sanctuaire, poussant les bancs contre les murs en bougeant, comme si elle préparait une arène pour leur duel. Au même moment d'autres apparurent – une audience de vampires Domnathi, observant avec des yeux brillants depuis les portes, les fenêtres, et le trou dans le plafond. Les bruits de leur amusement remplissait l'air.
À ses derniers mots, les bruits de pas commencèrent à s'alourdir et s'accélérer. Deux d'entre eux, les bras levés, arrivèrent pour bondir sur lui, quand une ombre brisa le rayon de lumière de la lune. Les sons étouffés d'une violente escarmouche se firent entendre à travers le toit, et à peine un instant plus tard déferlèrent du verre, du bois, et une cathare rouée de coups atterrissant directement sur l'un des assaillants d'Odric. Thalia descendit avec elle et atterrit avec difficulté, les bottes à plat sur la poitrine de cette cathare morte. Le bruit des os se brisant conclut la lutte.
Thalia se tenait droite tandis qu'elle retirait des cadavres son épée trempée de sang. Elle se tourna vers Odric, ses longs cheveux d'or ondulant dans le vent nocturne. Odric se tourna vers elle aussi, tirant son épée du ventre du troisième cathare.
« Salut, vieil ami, » sourit-elle, et Odric sourit en retour, sentant une accélération anxieuse dans les battements de son cœur. L'émotion lui serra la gorge et déferla dans ses membres. Il voulait la saisir et la serrer fort contre lui à ce moment, pour reconnaître qu'elle était bien vraie. Il était reconnaissant qu'elle vécût toujours, reconnaissant qu'elle n'eût pas succombé aux ordres de démons, mais plus que tout, il était reconnaissant de la chance qu'il avait de finalement se racheter de toutes les horreurs qu'il a laissé passer dans son temps à Thraben.
Les salutations ne durèrent qu'un instant, alors que le verre brisé des fenêtres de la chapelle annonçait un nouveau massacre de cathares. Thalia roula hors de leur chemin, évitant plus d'éclats tombant et le coup d'une épée ennemie, tandis qu'Odric encaissait le coup de sa propre lame. Il s'occupa ensuite de la brute avec un coup au nez qui le mit au sol. Quelques autres étaient entrés après le premier mais ne combattirent pas tout de suite. Ils mettaient à sac la chapelle, arrachant des murs chaque morceau de verre et les lançant dehors, à travers porte et fenêtres.
Avec de puissants mouvements de son épée et les acrobaties les plus spectaculaires, Thalia ouvrit bras et jambes de cathares, lui laissant le temps de tourner son épaule pour en finir quelques autreq. Odric brisa le crâne de trois d'entre eux avec ses poings, écrasa les cages thoraciques de quelques uns qui étaient tombés à ses pieds. Son épée assassine envoyait des jets de sang contre les murs et le sol et infusait la chapelle d'un kaléidoscope de lumière lunaire par son argent poli. Dos à dos, les deux camarades luttèrent sans merci jusqu'à ce que le dernier cathare fût tombé. Pendant tout ce temps, le prêtre continuait sa lente marche.
« Protégez notre cher prêtre, chanta la voix de Henrika au-dessus de l'effondrement des corps et du cliquètement des épées. Les clergés sont gardés par des hommes morts. »
Comme si ce fût un cri de ralliement, ses mots déclenchèrent un déferlement d'au moins vingt vampires Domnathi, qui pénétrèrent de tous côtés dans la chapelle. Comme une nuée de rats affamés, ils submergèrent les deux combattants fatigués, plongeant leurs crocs dans la chair et buvant leur fluide vital. Odric et Thalia luttaient pour les repousser – Odric put déchirer la gorge de deux d'entre eux, Thalia d'en énucléer un et d'enfoncer un crâne – mais ils étaient trop nombreux. Bientôt ils furent désarmés, submergés, et à la merci des minions de Henrika.
Henrika fut de nouveau en pleine forme. Ses paupières et ses joues étaient marquées de rouge, peintes du sang d'une de ses victimes inforturnées. Par sa présence, les vampires modérèrent leur dévoration, puis qu'ils gardassent leurs ongles et leurs crocs profondément plongés dans la chair de leur proie.
« Quelle bravoure, se réjouit-elle avec un petit applaudissement. Un bel effort de votre part à vous deux. Vous avez réussi à tuer quelques quarante des vôtres les plus faibles dans une attaque féroce tout en me fournissant deux des plus forts cathares qu'il y ait jamais eu... »
Elle regarda le prêtre, qui se tenait maintenant à l'autel, tenant le diable à bout de bras au-dessus du bassin. Un clin d'oeil de la part de la vampire fit qu'un des siens se dépêcha de présenter une dague au prêtre.
Là, le prêtre planta la lame dans le ventre du diable et, poussant jusqu'en haut, découpa la créature en deux. Un sang noir, épais comme la poix, jaillit de la créature malchanceuse dans le bassin, où le liquide se mit à crépiter et à fumer. Tandis qu'il faisait cela, le prêtre commença à marmonner une prière dans une langue qu'Odric n'avait jamais entendue. Sa voix s'approfondit et devint comme le grognement d'un ours mourant. Et soudain, la mixture bouillonnante de sang damné et des larmes divines se troubla, puis devint d'un écarlate profond. Comme cela se passait, le vissage sombre d'une bête cornue sous le liquide apparut – une essence du démon.
« Ah, le sang de démon, sourit Henrika en s'approchant d'Odric. Son pouvoir est incommensurable, quand il est plongé dans les bonnes veines. Il emporte la peur, l'empathie, le doute. Oint par son sang, vous feriez de nombreuses choses très, très mauvaises. »
Hors du brouillard apparurent soudain le père et sa fille qui étaient assis sur le banc. Les deux marchaient comme le prêtre l'avait fait, leurs pas lents et mécaniques, leurs yeux indifférents et comme de vernis. Les deux étant enchantés, les ongles manucurés de Henrika, noirs et longs comme les griffes d'un félin âgé, s'étendirent avec un sifflement strident. Les ordres déjà fixés dans son esprit, le père s'approcha de sa ravisseuse et leva son menton vers elle.
« Serviras-tu ? demanda Henrika, la question dirigée vers Thalia.
- Olivia Voldaren ! Hurla Thalia. Dame de Lurenbraum, progénitrice de la lignée des Voldaren, a fait un pacte au nom de tous les vampires de ce monde. Elle a accordé – elle a promis – qu'aucune morsure de vampire ni lame ne tirerait de sang humain tant que la guerre ne serait pas finie. Elle et les autres vampires combattent toujours dehors. Toutes les autres lignées de sang combattent pour que le monde puisse survivre. Vous devez honorer ce marché !
- À moins que le sang de démon ait pris tout sens de l'honneur, aussi, » ajouta Odric férocement.
Les yeux de Henrika se plissèrent en direction d'Odric avec tant de haine qu'elle aurait pu déchirer sa chair de ce regard.
- Je ne crois pas, Sire Odric, que nous, pauvres lignées de sang inférieures, fûmes inclus dans le lot... »
Sans la moindre hésitation, Henrika déchira la gorge du père. Son corps s'effondra comme un sac de blé lâché au sol, son sang se vidant sous lui. Trois vampires Domnathi impatients, qui observaient avec attention à côté, redevinrent des bêtes sauvages et commencèrent à le dévorer.
Indifférente à cela, la jeune fille approcha. Elle leva son menton comme son père l'avait fait.
« Maudite sois-tu ! cria Odric. Laisse l'enfant tranquille ! Elle ne t'a rien fait !
- Mais elle va te faire quelque chose, humain, n'est-ce pas ? » Elle tendit son doigt et l'approcha de la gorge de la fille.
- Prends-moi à sa place ! ordonna Odric, les dents serrées. Laisse partir Thalia et la fille. Tu peux m'avoir.
- Oh, je t'aurai, commandant... sourit Henrika, les yeux étincelants. Je t'aurai pour moi seule. Mais Ormendahl a besoin de son armée de cathares remplie maintenant que tu les as massacrés. Ainsi, je demande à nouveau... »
Avec une grande force, l'un des vampires Domnathi tira le bras de Thalia en direction de Henrika. Elle serra son poing en tentant de lui résister.
« Serviras-tu ? »
Thalia se tourna vers Odric, les larmes aux yeux à cause de la douleur de ce moment et de la douleur pénétrant en son corps affaibli. « Je sers... commença-t-elle. Je sers... dit-elle tandis que son visage était frappé de méfiance. Je sers la douce lumière de la lune qui repousse les terreurs de la nuit. Ils seront vengés, je le jure. Je les mènerai jusqu'au Sommeil béni, et je te regarderai brûler ! »
Au moment précis où le doigt de Henrika commença à se plier, la voix du prêtre, profonde et réjouie, s'insinua : « Apportez la fille à l'autel. »
Les yeux d'Odric s'agrandirent d'horreur en se tournant pour regarder le prêtre, qui se tenait maintenant droit, ses blessures refermées et son esprit raffermi. Ses yeux étaient comme du jais poli, et de nouvelles lignes étaient dessinées sur son front par le sang du démon.
« Notre seigneur aspire à baptiser son premier disciple, annonça-t-il avec une vigueur joyeuse. »
Henrika se raidit, et ses griffes se rétractèrent.
« Hmm... À l'autel, ma chère, soupira-t-elle, presque déçue.
La fille obéit, passant entre Odric et Thalia, pataugeant dans la mare du sang de son père, et vint debout aux côtés du prêtre. Thalia attendait ses actions avec horreur, mais Odric garda ses yeux fixés sur Henrika, sachant qu'elle n'était pas satisfaite ; elle aurait la réponse qu'elle attendait. Et il avait raison : le moment que prit l'enfant à se déplacer, Henrika avait ramassé l'épée de Thalia et l'avait levée, prête à frapper d'un coup dévastateur sur son poignet.
Dans une tentative finale pour prolonger ce qui semblait à présent inévitable, Odric lâcha un cri et s'arracha des étreintes griffues de la horde de vampires. Il sauta face à l'épée quelques instants avant qu'elle emportât la main de Thalia, et reçut toute la force de l'attaque sur sa poitrine. Le sang gicla et se vida comme d'une fontaine.
« C'est au moins honorable, » s'esclaffa Henrika, surprise de cette dernière initiative d'Odric.
Les autres vampires rejoignirent sa réjouissance ; tous sauf un qui s'extirpa du groupe, enserrant son collier. Il était le plus petit d'entre eux – une créature frêle et belle avec de longs cheveux ondulés. Il se tourna vers Henrika, l'air plus pâle qu'auparavant.
« Madame Henrika, murmura-t-il, toussant, à peine capable de parler. Je ne me sens pas trop... » Mais elle était distraite, portant toute son attention sur sa victime.
Odric, toussant et crachant, plongea ses yeux dans ceux de Thalia, tandis que les derniers fragments de vie en lui étaient drainés.
« Odric, non ! cria Thalia, le regardant succomber bien vite au coup. Ne meurs pas ! Tu ne vas pas mourir dans mes bras ! Nous avons un monde à sauver !
- Non, non, non, ricana Henrika, levant le menton d'Odric. Une mort rapide serait de la miséricorde. J'ai mieux pour toi. »
Comme un seul homme, trois des vampires alentour se mirent en action : l'un tenant les bras d'Odric, un autre tirant sa tête en arrière, le poing plein de ses cheveux, et un troisième qui écrasait ses joues et tirait sa tête de côté pour exposer la veine battante qui courait le long de son cou. La perte de tant de sang l'avait affaibli, et il ne pouvait leur résister.
« Tu serviras un maître, chantonna Henrika, et ce maître sera moi. »
Avec son ongle, elle fit une coupure profonde dans sa propre langue. Le sang coula, épais et rouge, sur ses lèvres, et avec rapidité, elle descendit sur lui, mordant son cou, faisant que le sang maudit en elle putréfie le sien. Immédiatement, il sentit ce cruel poison le saisir – les battements de son cœur se ralentirent et une soif de sang naquit. Il regardait la lumière de la pleine lune qui brillait au-dessus de lui à travers le trou dans le toi. De nouveau, les mots de Thalia résonnèrent dans sa tête tandis qu'il luttait afin de garder vivante une part de lui-même qui était humaine, qui était morale et bonne. Puis la lune se teignit de rouge sang comme le reste du monde... mais pas seulement à cause de sa cruelle transformation, mais à cause de quelque chose d'autre...
« MADAME HENRIKA ! » se répercuta un cri dans la pièce, et tous les yeux se tournèrent dans sa direction. Le pâle Domnathi qui avait quitté le groupe se tenait à présent au milieu de la pièce. Des veines noires serpentaient jusqu'à son cou comme des sarments de vigne et tatouaient son visage. Sa peau fumait, se carbonisait par endroits, comme s'il brûlait de l'intérieur. « Quelque chose... Quelque chose tourne ma !... »
Avant que le dernier mot s'échappe de sa bouche, son corps éclata, ses entrailles propulsées hors de lui dans un panache de sang bouillant.
Une réaction en chaîne chaotique suivit, tandis que les corps des autres Domnathi commençaient à bouillir et exploser autour de lui. Les vampires qui l'avaient tenu lui et Thalia étaient tous déchirés de l'intérieur, propulsant des vagues de sang et de chair morte contre les murs et le sol. Henrika elle-même était trempée de leurs restes. Et comme eux, sa peau commença aussi à bouillir et brûler.
« De l'eau bénite ?!... hurla-t-elle en désillusion. Il y a de l'eau bénite dans ton sang ?... » On coupa court à la révélation, car la pointe d'une fine épée lui transperça le flanc.
Regardant au-dessus de son épaule avec horreur, Henrika observait Thalia, qui la fixait, les yeux pleins de férocité et de détermination. Son regard fut ensuite rompue par un cri de guerrier et elle croisa les yeux de celui qui mettrait fin à ses jours. Odric fendait l'air à présent, les yeux brillant de la couleur de deux soleils écarlates, les crocs étincelant, et l'épée d'Avacyn brillant plus fort encore qu'auparavant.
« Ce... n'est pas... fini, » crissa Henrika en se transformant en brouillard ondulant, et elle s'échappa à travers les portes de la chapelle.
L'épée d'Avacyn passa à travers la brume en y laissant sa marque. Odrix, dans sa nouvelle forme vampirique, atterrit lourdement sur le sol et fit trembler la chapelle dans ses fondations. L'élan de son coup ne s'interrompit pas. Il lança son épée droit contre l'autel, où le prêtre se préparait à submerger la fille sous les eaux impies.
La lame traversa la tête du prêtre et se logea dans le bassin. Des fissures naquirent le long du bassin de pierre comme des toiles d'araignée, et à travers elle, les larmes maudites d'Avacyn, la terrible ablution d'Ormendahl, coulait sur le sol. Avant qu'elles pussent toucher l'enfant, Thalia la souleva dans ses bras et battit en retraite vers les portes de la chapelle. Odric les suivait.
Le bassin éclata. Un rugissement assourdissant comme le tonnerre les poursuivit, craché de la grande vague de sang de diable. Les cornes d'Ormendahl, son visage squelettique d'engeance, ses griffes draconiques, tous entrelacés dans l'écarlate coulant, se leva de l'inondation pour les saisir. Mais la forme terrible du démon ne pouvait être maintenue. Juste avant d'atteindre les orteils des bottes de la cathare, le flot cessa, et le démon agonisant, tremblant encore de sa défaite, se noya de nouveau dans l'oubli.
Thalia et Odric se tinrent, silencieux, un long moment, surveillant la scène de dévastation. Puis, Thalia se tourna vers Odric, dont les yeux étaient déjà sur elle et l'enfant. Elle pressa la fille très fort contre elle, et tourna même le dos à Odric pour la protéger du regard d'Odric. Odric respirait profondément, ayant du mal à accepter ce qu'il était maintenant devenu ; espérant que son amie l'accepterait tout de même, aussi.
« Peux-tu... voir la lune ? » demanda doucement Thalia.
Odric comprit ce qu'elle voulait dire. Les vampires ne pouvaient pas traverser les eaux courantes qui reflétaient la lumière de la lune, et d'essayer serait un témoin de la pénétration du poison de Henrika dans son cœur. Il regarda à travers le trou dans le toit. Mais là où il avait attendu douleur et agitation, il ne sentit que... paix. Une paix complète.
Lentement il fit un bout de chemin dans le sanctuaire gorgé de sang et tira son épée du bassin. Elle brilla, angélique, dans le clair de lune, comme si elle était toujours bénie par quelque pouvoir supérieur. La lame, à plat face à lui, portait son reflet. En elle il vit ses yeux vampiriques, noircis, mais ne trouva pas de monstre lui rendant son regard ; pas d'abomination tragique. Il se vit simplement plus jeune – un cathare plein de grands idéaux et de morale, champion de l'humanité, protecteur juste de la douce lumière.
Il se tourna vers Thalia.
« Oui, je peux le voir. »
Elle acquiesça en retour.
Ils se tenaient tous deux, solidaires, tous deux cathares et quelque chose d'autre, peut-être quelque chose de plus ; sachant tous deux que ce serait le commencement d'un nouveau chapitre dans la guerre pour sauver Innistrad. Une aventure terrifiante les attendait.
Le 06/12/2021
Grandiose !!
Hâte de voir des lignées de Cathares vampirisés défendant l'humanité et rendant coup pour coup aux monstres du plan...se basant sur la Lune comme force...la Lune ?! LA LUNE ?