SW - Padawan
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Discussion ouverte par Rincevent Le 29/03/2020
Discussion ouverte par Rincevent Le 29/03/2020
I – La leçon
- Je suppose que vous savez pourquoi je suis ici...
- Vous êtes venu pour la gamine.
- Votre fils est venu me trouver, il m'a parlé des « aptitudes particulières » de sa petite sœur. D'après ce qu'il m'a dit, il y a peu de doutes possibles, vous savez.
- Oui... on se disait bien que ça devait être ça... on a pas voulu la cacher, mais on a toujours hésité à la présenter à quelqu'un comme vous, je veux dire, à contacter l'ordre Jedi. Je suppose que Misuo a entendu dire qu'il y avait un Jedi en ville, ce n'est pas habituel par ici.
- Il y a bien des événements qui nous paraissent relever du hasard parce que nous ne percevons pas la trame qu'ils forment dans la Force. Je suppose que vous êtes conscients que c'est un peu tard, à son âge, pour entamer une formation, on les prend généralement bien plus jeunes. Vous devez donc comprendre que, une fois que je l'aurai vue et si je juge qu'elle peut suivre cette formation, il s'agira sans aucun doute de la dernière opportunité qui lui sera offerte de développer son potentiel.
- Excusez-moi monsieur de dire ça... je ne voudrais surtout pas vous manquer de respect, mais est-ce que c'est vraiment le mieux pour elle ? Nous en fait on aurait aimé... qu'elle ait une vie... normale. Ici ce n'est pas toujours facile, je l'admets, mais on est pas dans le besoin, on arrive à vivre correctement tous ensemble.
- Bien sûr, je comprends. C'est votre fille et vous ne voulez pas la voir s'éloigner. Je vous le disais, en réalité le hasard n'a que peu de place dans ce monde et chacun se doit d'y jouer son rôle. Nous sommes tous unis par la force. Croyez-vous vraiment que votre fille n'a ce don pour aucune raison ? Allez-vous prendre la responsabilité de l'en priver ? Ne serait-ce pas nier ce qu'elle est ?
- Comme vous l'avez dit... c'est notre fille...
- C'est votre fille et vous pouvez décider pour elle de son avenir, mon conseil est de faire ce choix selon ce qui est le mieux pour elle plutôt que selon votre cœur. Comprenez-moi, vous ne devez pas laisser pas vos émotions vous dicter une décision que vous pourriez regretter toute votre vie, une décision qu'elle-même vous reprochera peut-être lorsqu'elle aura grandi, si elle estime que vous l'avez privée de son destin.
- Eh bien... à vrai dire on ne lui a jamais parlé de toutes ces choses.
- Pour aller plus loin je dois m'entretenir avec elle seul à seul. Elle sera au fait de la situation. Je propose qu'ensuite vous ayez cette discussion et preniez une décision tous ensemble.
As-tu déjà eu ce sentiment d'être différente, à part des autres enfants, Iruoki ? De percevoir des choses qui leur échappent ?
Je t'ai aperçue en arrivant, tu sais. J'ai vu que tu m'avais vu, toi aussi, avant d'aller te cacher. Tu as semblé effrayée, mais je ne crois pas que ce soit par simple timidité. J'ai lu dans ce bref regard que tu ne voyais pas en moi un visiteur habituel. Tu as senti autre chose.
Sache que toutes les choses qui composent ce monde, où qu'elles se trouvent et quelque soit le temps auquel elles appartiennent, sont reliées et unies entre elles par la Force. Ce n'est pas quelque chose que les gens ordinaires constatent tous les jours, cela en partie parce qu'ils y sont trop habitués, mais surtout parce qu'ils ne le ressentent pas. Or je suis certain que toi, même si tu ne l'appréhende pas tout-à-fait, tu comprends ce que je veux dire et tu ressens cela. Tu ne peux pas partager ces choses avec ta famille, tes amis ni les autres personnes que tu connais, ils ne comprendraient pas, mais toi, d'une certaine manière, tu perçois ce lien. Parfois même tu dois avoir l'impression de ne pas en être la simple observatrice, l'impression d'y être connectée et de peut-être pouvoir influer dessus, je me trompe ?
Ah ! Je vois à tes grands yeux écarquillés que tu comprends très bien ce dont je parle. Tu es spéciale, Iruoki, un être rare dans ce monde, car la Force est ton alliée. C'est quelque chose que nous partageons tous les deux, c'est sans doute cela que tu as ressenti à mon arrivée, ça et la possibilité d'un grand changement dans ton avenir proche. J'étais plus jeune que toi lorsque l'on m'a initié aux mystères de la Force, mais je me souviens encore très bien de ce sentiment d'illumination, de ce que le monde auparavant confus s'est éclairé, révélant sa cohérence, un sens dont je n'avais eu jusqu'alors que l'intuition diffuse. Tu ne dois pas en être effrayée, ce sont les clefs de ton esprit et du monde que je suis venu t'apporter.
C'est ton grand frère qui est venu me trouver. Il doit quelque part se rendre compte que ta place n'est pas ici. Il ne faut pas lui en vouloir pour cela, les sentiments d'un aîné envers sa jeune cadette peuvent être contradictoires et les bons comme les mauvais l'ont sans doute tous motivé, c'est bien normal. De même, si tu perçois un grand trouble chez tes parents, qui sont effrayés par tes capacités naissantes, tu ne dois plus te sentir rejetée. Les liens familiaux sont complexes et peuvent faire naître des sentiments composites, hélas en partie malsains. Il faut savoir s'en détacher pour atteindre la pureté et la sérénité auxquelles aspire l'esprit.
II – Le sabre
Iruoki tenait un sabre laser dans la main. Ce sabre, le sabre d'Er-Quei, son maître, elle le considérait dorénavant un peu comme le sien. Elle se souvenait encore parfaitement de la première fois qu'elle le vit fonctionner, l'arme formidable éclairant la scène de sa lumière pâle et bleutée. Cette image s'était imprimée dans son esprit, indissociable du discours de son maître sur le lien particulier unissant un Jedi à son sabre, discours dont les mots lui revenaient comme si elle les avait à l'oreille. Elle s'était depuis entraînée un nombre incalculable d'heures au maniement de l'arme, sur elle ne savait combien de planètes ; elle l'avait aussi parfois utilisé pour des tâches aussi triviales que couper du bois, allumer un feu ou même faire bouillir de l'eau, pourtant cela n'avait pas vraiment émoussé la fascination qu'elle avait alors ressentie. Sans doute le souvenir de cette image d'antan, de ce moment parfait, resté intact au travers des années, constituait-il une ancre à laquelle elle s'accrochait pour ne pas dériver vers les abysses du doute, du côté obscur qu'elle avait peu à peu appris à déceler en toute chose. Elle avait parfois l'impression qu'elle serait une Jedi le jour où elle saurait catégoriser les choses sans hésitation, de manière tranchée, faisant de la dualité du monde entre côté clair et côté obscur une réalité concrète. Mais paradoxalement, apprendre à mieux déceler l'obscurité semblait avoir atténué sa capacité à voir la pleine lumière. Même les leçons qui avaient permis sa compréhension de ces choses s'en trouvaient moins absolues à ses yeux. Rien ne l'angoissait davantage que la possibilité bien réelle de sombrer un jour irrémédiablement du côté obscur de la Force, or cette peur ne pouvait être salutaire, elle était elle-même par essence une pente insidieuse vers l'abîme. Heureusement, elle avait très tôt appris à faire le vide dans son esprit, à rechercher la quiétude qui éloignait ses démons. Tant qu'elle serait apprentie, faillible et consciente de l'être, elle devait s'abandonner non pas à ces mauvaises pensées, ces tiraillements de l'âme, mais au jugement de son maître.
Bien entendu, Er-Quei lui avait lui-même parut bien des fois critiquable, mais il y avait pratiquement toujours une justification derrières des actes qui pouvaient sembler déconcertants de prime abord. Cette façon de faire ostensiblement démonstration de ses talents dans chaque ville où ils faisaient halte pouvait la troubler, mais il n'y avait là aucune vantardise, il s'agissait uniquement de faire connaître sa présence. Les gens qui avaient besoin d'aide ne manquaient ensuite pas de se présenter. De même, venir en aide à quelqu'un peut parfois donner le sentiment de léser quelqu'un d'autre, démêler cela est toujours un acte de sagesse. Il est nécessaire d'accepter que l'on dispose soi-même d'un discernement limité tout en s'autorisant à s'en remettre à son jugement, bien que faillible, sans quoi toute action est rendue impossible. Accepter ensuite quelque rétribution pour ce qui a été accompli ne signifie pas non-plus tomber dans la vénalité, il y a une nécessité concrète de vivre pour pouvoir agir sur le monde et on ne peut pas dire que leur vie à tous les deux soit faite d'opulence. Ces interventions mettaient parfois en péril sa propre vie, mais elle ne se sentait certainement pas le droit de s'en plaindre, vouloir que le risque porte davantage sur son maître serait parfaitement indigne d'eux.
Ils formaient en effet un tandem indissociable. Iruoki devait tout à Er-Quei. Elle lui devait son pouvoir sur la force et sa maîtrise du sabre bien évidemment, mais aussi le reste. Ils avaient parcouru les étoiles et vu tant de lieux magnifiques qu'elle n'aurait jamais put seulement imaginer, même s'il s'agissait rarement des plus civilisés. Il avait formé son esprit, lui enseignement tant de choses en toutes matières. Pour le moment, elle se sentait incapable de concevoir une existence dépourvue de ce lien unissant l'apprentie à son maître. Ils étaient deux âmes unies face à l'immensité de la galaxie. Elle avait mis malgré tout un certain temps à comprendre et accepter l'aspect le plus physique de cette union, ces moments qu'ils partageaient ne lui étaient pas d'emblée apparus comme naturels, ni comme un partage, mais plutôt comme répondant à ses appétits personnels. Lorsqu'elle y pensait elle considérait souvent qu'elle faisait des choses pour lui tout comme il faisait par ailleurs tant pour elle, avant chaque fois de se sentir quelque peu mesquine de tenir ce genre de compte, soupesant leur relation comme le ferait la balance d'une commerçante. Elle acceptait de toute façon que, bien que maître Jedi, il ne soit qu'un homme, avec sa part d'ombre qu'elle avait toujours perçue, et non un esprit pur et sublime, état qu'elle savait inaccessible à quiconque.
Iruoki tendit respectueusement son sabre à Er-Quei, qui le repris sans mot dire. Il ne la quitta pas du regard tout le temps qu'elle se remit à la tâche qui l'occupait dans cet atelier de Nar Shaddaa, planète où ils étaient venus trouver les éléments nécessaires. La lumière de la pièce était concentrée sur l'établi sur lequel elle travaillait. C'est de là qu'enfin elle saisit son propre sabre pour, sûre d'elle, l'activer pour la première fois. La lame de lumière jaillit, son visage s'illumina. Bientôt, dès qu'ils auraient à nouveau changé de lieu, elle pourrait passer à un nouveau stade de son entraînement, en croisant véritablement le sabre avec son maître. Elle était encore très jeune mais elle était prête, Er-Quei le lui avait dit.
III – L'épreuve
Iruoki a la main sur la poignée de son sabre. Bien que la lumière incoercible du soleil de Piltias traverse le ciel encombré, la pluie battante l'empêche de distinguer les traits de l'homme encapuchonné qui interroge les passants, majoritairement de paisibles caarites agglutinés sous la devanture du magasin général, à une dizaine de mètres d'elle. Qu'importe, elle ne le connaît pas, mais son habit ne laisse pas de place à l'erreur : une ample robe de bure, assez longue pour frôler la boue du sol, et dont l'allure évoque une version anthracite et moins fatiguée de l'habit de maître Er-Quei. Sa prestance confirme, elle est celle d'un homme empli d'assurance, à l'abri du doute à défaut d'échapper à la vanité, il est en mission.
Il y a avait moins d'une heure de cela, Er-Quei était revenu du village. Comparativement à leurs habitudes, cela faisait un moment qu'ils s'étaient installés un peu à l'écart de celui-ci sur Piltias, peut-être un peu trop longtemps. Iruoki se sentait pratiquement adulte et les leçons de son maître se faisaient plus rares, elle commençait à se demander de quoi la suite serait faite. Er-Quei était donc revenu du village et lui avait annoncé d'emblée que son entraînement touchait à sa fin. La force leur avait envoyé son ultime test, qu'elle devrait affronter seule. Un agent du côté obscur, un Jedi noir, les cherche pour les détruire.
- Toi là ! C'est toi qui cherches un certain Er-Quei ?
L'homme s'écarte des passants, faisant mine d'approcher. Iruoki a aussitôt un mouvement de recul. L'homme s'arrête. Il essaie de distinguer à son tour les traits de celle qui l'interpelle. Parlant fort pour couvrir le bruit de la pluie et la distance, il répond :
- Er-Quei, en effet. Tu le connais ? Tu sais où il se trouve ?
- Je le connais oui, n'approche pas !
- Je le cherche, je ne te veux pas de mal !
Comme, tout en parlant, il rejoint peu à peu le milieu de la rue et paraît se tenir sur ses gardes, son attitude semble contredire ses paroles. Les passants abrités apparemment ne s'y trompent pas, ils décident subitement que la pluie est supportable et se dispersent en un rien de temps. L'homme poursuit :
- Es-tu... Iruoki ?
Iruoki n'a pas l'habitude que l'on mentionne son nom et si, en la circonstance, cela ne devrait pas la surprendre, elle ne s'y attendait pas. Elle se demande pourquoi elle laisse l'homme lui parler. Pour se confronter à lui verbalement, sans doute. Par appréhension, aussi. Il comprend cette absence de réponse comme un assentiment :
- Bon sang, alors c'est bien toi ! Tes parents ont contactés l'ordre il y a un moment, le sais-tu ? Ils pensaient qu'ils finiraient par avoir de tes nouvelles !
- L'ordre Jedi est corrompu au plus haut niveau, c'est chose connue ! Les temples ont été dévoyés, ce sont des pièges, ceux qui y sont formés tombent entre les griffes du côté obscur !
- Quoi ? Mais... c'est faux ! Un tissu d'inepties ! Oublie ce que t'a dit Er-Quei, il t'a menti !
Iruoki enrage :
- Ah ce serait tellement facile, hein ? Mon maître m'a prévenu que vous essaieriez de me corrompre avec vos paroles de doute, c'est mon épreuve !
L'homme approche sensiblement la main de sa ceinture, où est accroché son sabre, ce qui paraît à nouveau contredire le ton de sa voix et ses paroles. Se faisant suppliant, il ne trouve rien d'autre à dire que répéter :
- Il t'a menti, il t'a menti toutes ces années !
Dans un éclair de lumière rouge, Iruoki se jette sur lui avec une rage de vaincre qu'elle n'avait encore jamais connue.
Rincevent
- Je suppose que vous savez pourquoi je suis ici...
- Vous êtes venu pour la gamine.
- Votre fils est venu me trouver, il m'a parlé des « aptitudes particulières » de sa petite sœur. D'après ce qu'il m'a dit, il y a peu de doutes possibles, vous savez.
- Oui... on se disait bien que ça devait être ça... on a pas voulu la cacher, mais on a toujours hésité à la présenter à quelqu'un comme vous, je veux dire, à contacter l'ordre Jedi. Je suppose que Misuo a entendu dire qu'il y avait un Jedi en ville, ce n'est pas habituel par ici.
- Il y a bien des événements qui nous paraissent relever du hasard parce que nous ne percevons pas la trame qu'ils forment dans la Force. Je suppose que vous êtes conscients que c'est un peu tard, à son âge, pour entamer une formation, on les prend généralement bien plus jeunes. Vous devez donc comprendre que, une fois que je l'aurai vue et si je juge qu'elle peut suivre cette formation, il s'agira sans aucun doute de la dernière opportunité qui lui sera offerte de développer son potentiel.
- Excusez-moi monsieur de dire ça... je ne voudrais surtout pas vous manquer de respect, mais est-ce que c'est vraiment le mieux pour elle ? Nous en fait on aurait aimé... qu'elle ait une vie... normale. Ici ce n'est pas toujours facile, je l'admets, mais on est pas dans le besoin, on arrive à vivre correctement tous ensemble.
- Bien sûr, je comprends. C'est votre fille et vous ne voulez pas la voir s'éloigner. Je vous le disais, en réalité le hasard n'a que peu de place dans ce monde et chacun se doit d'y jouer son rôle. Nous sommes tous unis par la force. Croyez-vous vraiment que votre fille n'a ce don pour aucune raison ? Allez-vous prendre la responsabilité de l'en priver ? Ne serait-ce pas nier ce qu'elle est ?
- Comme vous l'avez dit... c'est notre fille...
- C'est votre fille et vous pouvez décider pour elle de son avenir, mon conseil est de faire ce choix selon ce qui est le mieux pour elle plutôt que selon votre cœur. Comprenez-moi, vous ne devez pas laisser pas vos émotions vous dicter une décision que vous pourriez regretter toute votre vie, une décision qu'elle-même vous reprochera peut-être lorsqu'elle aura grandi, si elle estime que vous l'avez privée de son destin.
- Eh bien... à vrai dire on ne lui a jamais parlé de toutes ces choses.
- Pour aller plus loin je dois m'entretenir avec elle seul à seul. Elle sera au fait de la situation. Je propose qu'ensuite vous ayez cette discussion et preniez une décision tous ensemble.
As-tu déjà eu ce sentiment d'être différente, à part des autres enfants, Iruoki ? De percevoir des choses qui leur échappent ?
Je t'ai aperçue en arrivant, tu sais. J'ai vu que tu m'avais vu, toi aussi, avant d'aller te cacher. Tu as semblé effrayée, mais je ne crois pas que ce soit par simple timidité. J'ai lu dans ce bref regard que tu ne voyais pas en moi un visiteur habituel. Tu as senti autre chose.
Sache que toutes les choses qui composent ce monde, où qu'elles se trouvent et quelque soit le temps auquel elles appartiennent, sont reliées et unies entre elles par la Force. Ce n'est pas quelque chose que les gens ordinaires constatent tous les jours, cela en partie parce qu'ils y sont trop habitués, mais surtout parce qu'ils ne le ressentent pas. Or je suis certain que toi, même si tu ne l'appréhende pas tout-à-fait, tu comprends ce que je veux dire et tu ressens cela. Tu ne peux pas partager ces choses avec ta famille, tes amis ni les autres personnes que tu connais, ils ne comprendraient pas, mais toi, d'une certaine manière, tu perçois ce lien. Parfois même tu dois avoir l'impression de ne pas en être la simple observatrice, l'impression d'y être connectée et de peut-être pouvoir influer dessus, je me trompe ?
Ah ! Je vois à tes grands yeux écarquillés que tu comprends très bien ce dont je parle. Tu es spéciale, Iruoki, un être rare dans ce monde, car la Force est ton alliée. C'est quelque chose que nous partageons tous les deux, c'est sans doute cela que tu as ressenti à mon arrivée, ça et la possibilité d'un grand changement dans ton avenir proche. J'étais plus jeune que toi lorsque l'on m'a initié aux mystères de la Force, mais je me souviens encore très bien de ce sentiment d'illumination, de ce que le monde auparavant confus s'est éclairé, révélant sa cohérence, un sens dont je n'avais eu jusqu'alors que l'intuition diffuse. Tu ne dois pas en être effrayée, ce sont les clefs de ton esprit et du monde que je suis venu t'apporter.
C'est ton grand frère qui est venu me trouver. Il doit quelque part se rendre compte que ta place n'est pas ici. Il ne faut pas lui en vouloir pour cela, les sentiments d'un aîné envers sa jeune cadette peuvent être contradictoires et les bons comme les mauvais l'ont sans doute tous motivé, c'est bien normal. De même, si tu perçois un grand trouble chez tes parents, qui sont effrayés par tes capacités naissantes, tu ne dois plus te sentir rejetée. Les liens familiaux sont complexes et peuvent faire naître des sentiments composites, hélas en partie malsains. Il faut savoir s'en détacher pour atteindre la pureté et la sérénité auxquelles aspire l'esprit.
Iruoki tenait un sabre laser dans la main. Ce sabre, le sabre d'Er-Quei, son maître, elle le considérait dorénavant un peu comme le sien. Elle se souvenait encore parfaitement de la première fois qu'elle le vit fonctionner, l'arme formidable éclairant la scène de sa lumière pâle et bleutée. Cette image s'était imprimée dans son esprit, indissociable du discours de son maître sur le lien particulier unissant un Jedi à son sabre, discours dont les mots lui revenaient comme si elle les avait à l'oreille. Elle s'était depuis entraînée un nombre incalculable d'heures au maniement de l'arme, sur elle ne savait combien de planètes ; elle l'avait aussi parfois utilisé pour des tâches aussi triviales que couper du bois, allumer un feu ou même faire bouillir de l'eau, pourtant cela n'avait pas vraiment émoussé la fascination qu'elle avait alors ressentie. Sans doute le souvenir de cette image d'antan, de ce moment parfait, resté intact au travers des années, constituait-il une ancre à laquelle elle s'accrochait pour ne pas dériver vers les abysses du doute, du côté obscur qu'elle avait peu à peu appris à déceler en toute chose. Elle avait parfois l'impression qu'elle serait une Jedi le jour où elle saurait catégoriser les choses sans hésitation, de manière tranchée, faisant de la dualité du monde entre côté clair et côté obscur une réalité concrète. Mais paradoxalement, apprendre à mieux déceler l'obscurité semblait avoir atténué sa capacité à voir la pleine lumière. Même les leçons qui avaient permis sa compréhension de ces choses s'en trouvaient moins absolues à ses yeux. Rien ne l'angoissait davantage que la possibilité bien réelle de sombrer un jour irrémédiablement du côté obscur de la Force, or cette peur ne pouvait être salutaire, elle était elle-même par essence une pente insidieuse vers l'abîme. Heureusement, elle avait très tôt appris à faire le vide dans son esprit, à rechercher la quiétude qui éloignait ses démons. Tant qu'elle serait apprentie, faillible et consciente de l'être, elle devait s'abandonner non pas à ces mauvaises pensées, ces tiraillements de l'âme, mais au jugement de son maître.
Bien entendu, Er-Quei lui avait lui-même parut bien des fois critiquable, mais il y avait pratiquement toujours une justification derrières des actes qui pouvaient sembler déconcertants de prime abord. Cette façon de faire ostensiblement démonstration de ses talents dans chaque ville où ils faisaient halte pouvait la troubler, mais il n'y avait là aucune vantardise, il s'agissait uniquement de faire connaître sa présence. Les gens qui avaient besoin d'aide ne manquaient ensuite pas de se présenter. De même, venir en aide à quelqu'un peut parfois donner le sentiment de léser quelqu'un d'autre, démêler cela est toujours un acte de sagesse. Il est nécessaire d'accepter que l'on dispose soi-même d'un discernement limité tout en s'autorisant à s'en remettre à son jugement, bien que faillible, sans quoi toute action est rendue impossible. Accepter ensuite quelque rétribution pour ce qui a été accompli ne signifie pas non-plus tomber dans la vénalité, il y a une nécessité concrète de vivre pour pouvoir agir sur le monde et on ne peut pas dire que leur vie à tous les deux soit faite d'opulence. Ces interventions mettaient parfois en péril sa propre vie, mais elle ne se sentait certainement pas le droit de s'en plaindre, vouloir que le risque porte davantage sur son maître serait parfaitement indigne d'eux.
Ils formaient en effet un tandem indissociable. Iruoki devait tout à Er-Quei. Elle lui devait son pouvoir sur la force et sa maîtrise du sabre bien évidemment, mais aussi le reste. Ils avaient parcouru les étoiles et vu tant de lieux magnifiques qu'elle n'aurait jamais put seulement imaginer, même s'il s'agissait rarement des plus civilisés. Il avait formé son esprit, lui enseignement tant de choses en toutes matières. Pour le moment, elle se sentait incapable de concevoir une existence dépourvue de ce lien unissant l'apprentie à son maître. Ils étaient deux âmes unies face à l'immensité de la galaxie. Elle avait mis malgré tout un certain temps à comprendre et accepter l'aspect le plus physique de cette union, ces moments qu'ils partageaient ne lui étaient pas d'emblée apparus comme naturels, ni comme un partage, mais plutôt comme répondant à ses appétits personnels. Lorsqu'elle y pensait elle considérait souvent qu'elle faisait des choses pour lui tout comme il faisait par ailleurs tant pour elle, avant chaque fois de se sentir quelque peu mesquine de tenir ce genre de compte, soupesant leur relation comme le ferait la balance d'une commerçante. Elle acceptait de toute façon que, bien que maître Jedi, il ne soit qu'un homme, avec sa part d'ombre qu'elle avait toujours perçue, et non un esprit pur et sublime, état qu'elle savait inaccessible à quiconque.
Iruoki tendit respectueusement son sabre à Er-Quei, qui le repris sans mot dire. Il ne la quitta pas du regard tout le temps qu'elle se remit à la tâche qui l'occupait dans cet atelier de Nar Shaddaa, planète où ils étaient venus trouver les éléments nécessaires. La lumière de la pièce était concentrée sur l'établi sur lequel elle travaillait. C'est de là qu'enfin elle saisit son propre sabre pour, sûre d'elle, l'activer pour la première fois. La lame de lumière jaillit, son visage s'illumina. Bientôt, dès qu'ils auraient à nouveau changé de lieu, elle pourrait passer à un nouveau stade de son entraînement, en croisant véritablement le sabre avec son maître. Elle était encore très jeune mais elle était prête, Er-Quei le lui avait dit.
Iruoki a la main sur la poignée de son sabre. Bien que la lumière incoercible du soleil de Piltias traverse le ciel encombré, la pluie battante l'empêche de distinguer les traits de l'homme encapuchonné qui interroge les passants, majoritairement de paisibles caarites agglutinés sous la devanture du magasin général, à une dizaine de mètres d'elle. Qu'importe, elle ne le connaît pas, mais son habit ne laisse pas de place à l'erreur : une ample robe de bure, assez longue pour frôler la boue du sol, et dont l'allure évoque une version anthracite et moins fatiguée de l'habit de maître Er-Quei. Sa prestance confirme, elle est celle d'un homme empli d'assurance, à l'abri du doute à défaut d'échapper à la vanité, il est en mission.
Il y a avait moins d'une heure de cela, Er-Quei était revenu du village. Comparativement à leurs habitudes, cela faisait un moment qu'ils s'étaient installés un peu à l'écart de celui-ci sur Piltias, peut-être un peu trop longtemps. Iruoki se sentait pratiquement adulte et les leçons de son maître se faisaient plus rares, elle commençait à se demander de quoi la suite serait faite. Er-Quei était donc revenu du village et lui avait annoncé d'emblée que son entraînement touchait à sa fin. La force leur avait envoyé son ultime test, qu'elle devrait affronter seule. Un agent du côté obscur, un Jedi noir, les cherche pour les détruire.
- Toi là ! C'est toi qui cherches un certain Er-Quei ?
L'homme s'écarte des passants, faisant mine d'approcher. Iruoki a aussitôt un mouvement de recul. L'homme s'arrête. Il essaie de distinguer à son tour les traits de celle qui l'interpelle. Parlant fort pour couvrir le bruit de la pluie et la distance, il répond :
- Er-Quei, en effet. Tu le connais ? Tu sais où il se trouve ?
- Je le connais oui, n'approche pas !
- Je le cherche, je ne te veux pas de mal !
Comme, tout en parlant, il rejoint peu à peu le milieu de la rue et paraît se tenir sur ses gardes, son attitude semble contredire ses paroles. Les passants abrités apparemment ne s'y trompent pas, ils décident subitement que la pluie est supportable et se dispersent en un rien de temps. L'homme poursuit :
- Es-tu... Iruoki ?
Iruoki n'a pas l'habitude que l'on mentionne son nom et si, en la circonstance, cela ne devrait pas la surprendre, elle ne s'y attendait pas. Elle se demande pourquoi elle laisse l'homme lui parler. Pour se confronter à lui verbalement, sans doute. Par appréhension, aussi. Il comprend cette absence de réponse comme un assentiment :
- Bon sang, alors c'est bien toi ! Tes parents ont contactés l'ordre il y a un moment, le sais-tu ? Ils pensaient qu'ils finiraient par avoir de tes nouvelles !
- L'ordre Jedi est corrompu au plus haut niveau, c'est chose connue ! Les temples ont été dévoyés, ce sont des pièges, ceux qui y sont formés tombent entre les griffes du côté obscur !
- Quoi ? Mais... c'est faux ! Un tissu d'inepties ! Oublie ce que t'a dit Er-Quei, il t'a menti !
Iruoki enrage :
- Ah ce serait tellement facile, hein ? Mon maître m'a prévenu que vous essaieriez de me corrompre avec vos paroles de doute, c'est mon épreuve !
L'homme approche sensiblement la main de sa ceinture, où est accroché son sabre, ce qui paraît à nouveau contredire le ton de sa voix et ses paroles. Se faisant suppliant, il ne trouve rien d'autre à dire que répéter :
- Il t'a menti, il t'a menti toutes ces années !
Dans un éclair de lumière rouge, Iruoki se jette sur lui avec une rage de vaincre qu'elle n'avait encore jamais connue.
Réponse(s)
6574 points
Merci de m'avoir lu. J'ai corrigé l'erreur.
Comme je n'avais jamais fait ça je me pose plusieurs questions :
- Il n'y a pratiquement de description des lieux ni des personnages, est-ce gênant pour se représenter les choses ?
- Est-ce trop alambiqué ou confus par endroit ? Est-ce qu'on arrive à suivre et partager la pensée des personnages ?
- Est-ce que la lecture est plutôt prenante ou un peu laborieuse quand même ?
- La psychologie d'Iruoki est-elle crédible ? Passe-t-elle pour une imbécile ou est-ce qu'on a de l'empathie pour elle ?
- Enfin, je suis assez loin d'être un érudit dans l'univers SW, alors est-ce qu'il y a des soucis de ce côté ?
Merci de ne pas ménager mon ego.
Comme je n'avais jamais fait ça je me pose plusieurs questions :
- Il n'y a pratiquement de description des lieux ni des personnages, est-ce gênant pour se représenter les choses ?
- Est-ce trop alambiqué ou confus par endroit ? Est-ce qu'on arrive à suivre et partager la pensée des personnages ?
- Est-ce que la lecture est plutôt prenante ou un peu laborieuse quand même ?
- La psychologie d'Iruoki est-elle crédible ? Passe-t-elle pour une imbécile ou est-ce qu'on a de l'empathie pour elle ?
- Enfin, je suis assez loin d'être un érudit dans l'univers SW, alors est-ce qu'il y a des soucis de ce côté ?
Merci de ne pas ménager mon ego.
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Edité 4 fois, dernière édition par Rincevent Le 01/04/2020
Répondre
Si vous êtes l'une ou l'un de celles et ceux qui ont choisi la rébellion contre le brouillard de la toile qui étouffe les esprits, identifiez-vous pour participer. Sinon vous avez encore une chance d'éveiller vos sens, en rejoignant notre communauté de Magiciens Fous.
Bien joué !
Arrêtez de vous moquer de ma taille, c'est pas troll !
Troll pygmée
Proposé par Dark Mogwaï le 19/06/2012