Il faisait noir. Le petit garçon sentait l'humidité pesante tout autour de lui. Il était trop sidéré et trop apeuré pour pleurer, et dehors les cris et les coups faisaient rage. Lorsqu'il osa soulever la lourde trappe de la cave, qui donnait sur une fine ruelle, ce fut pour voir son grand frère, la tête et le nez ensanglantés, entouré de trois colosses. Voilà à quoi ressemblaient les bas-fonds de Vryn. L'enfant inspira lentement pour tenter de se calmer et d'empêcher ses larmes de couler. Il ne réussit ni l'un, ni l'autre, et fit la chose la plus stupide de ses dix ans d'existence, il sortit de la cave et se rua sur les trois hommes, poings en avant. Le dernier regard de son frère mourant lui implora de s'enfuir le plus loin possible, mais c'était trop tard. Le premier coup qu'il encaissa l'envoya valser dix mètres plus loin. Il se releva malgré tout, une main portée à son ventre. Alors que les trois monstres avançait vers lui en ricanant, le garçon sentit quelque chose de nouveau en lui, une force, un pouvoir. Il bloqua le deuxième coup qu'on lui asséna avec une aisance surprenante avant d'envoyer son attaquant au tapis d'un seul coup de poing dans le ventre; le deuxième finit brûlé vif tandis qu'il brisait le fragile papillon qu'était l'esprit du troisième, puis s'écroula, épuisé.

Il s'éveilla dans une petite cabane en bois, sur un lit de paille et de feuille, puis se leva.
"- Tu es enfin réveillé.", lui dit une voix d'homme étrangement accentué, en dehors de la modeste habitation. Le garçon sortit et demanda à l'homme :
" - Qui es tu ? Et où sommes nous ?
- Mon nom ? Je n'ai plus de nom, cela fait des années que je vis seul ici; et pour répondre à ta deuxième question, nous sommes dans les montagnes d'Hemeref, entre le Vide Zhalfirin et le Grand Désert." Le garçon regarda l'ermite comme s'il était fou et dit :
"- Mais ces lieux n'existent pas !
- Et où sommes nous si ces lieux n'existent pas ? Je me demande bien d'où tu peux venir, mais avant tout quel est ton nom, car tu doit bien en avoir un, toi ?
Je m'appelles Zeran, juste Zeran.
Eh bien Zeran, viens m'aider à couper du bois !" le garçon cligna des yeux, étonné.
" - Mais...
- Allez, dépêche toi !"
Zeran vécut plusieurs années avec l'ermite, voyageant autour des montagnes. L'endroit qu'il préférait, était, bien que cela puisse paraître étrange, le Vide Zhalfirin. Le jeune homme aimait le calme et la sérénité des lieux, mais surtout l'espace qu'il y avait, ainsi que le vent permanent qui fouettait ses cheveux. L'exact contraire des ruelles puantes et sombres où il était né. Un jour, lors d'une incursion dans ces magnifiques plaines désertes, il vit une forme humaine au loin. Il crut d'abord à une hallucination ou une illusion d'optique, personne ne venait jamais par ici. Plus il se raprochait, plus la silhouette devenait de plus en plus nette, et Zeran finit par se convaincre qu'il y avait réellement une personne là-bas. Il alla à sa rencontre et, alors qu'ils étaient à une dizaine de mètres l'un de l'autre, l'homme à la peau mate lui cria par dessus le vent :
"- Ne t'approche pas, qui es-tu ?
- Je suis un ermite, j'habite à quelques kilomètres d'ici.
- Ne te moque pas de moi, je sais que tu es un planeswalker, que me veux-tu ?
- Je ne mens pas et je ne sais même pas ce qu'est un planeswalker !" Face à la réponse du jeune homme qui paraissait plus que sincère, l'inconnu consentit à approcher.
" - Comment t'appelles-tu, et que fais tu ici, ermite ?
- Je m'appelle Zeran et je suis ici simplement car j'apprécie cet endroit; et vous qui êtes vous ?
- On me nomme Téfeiri, et je suis comme toi un planeswalker.
- Qu'est-ce qu'un planeswalker ?
- Tu ne sais donc vraiment pas qui tu es ? Tu as le pouvoir de voyager de monde en monde, et d'aider ceux qui en ont le plus besoin." Le garçon resta bouche bée devant l'importance d'une telle révélation.
"Raconte-moi ton histoire,"continua l'homme.
Alors Zeran lui raconta tout ce qu'il avait vécu, depuis sa naissance dans les bas quartiers de Vryn jusqu'à aujourd'hui.
"Zeran, tu es ici à Dominaria, un autre plan que celui où tu es né, et tu sembles avoir grand besoin d'un guide, je t'attendrai demain, ici même, à midi, pour te laisser le temps de dire au revoir et de rassembler tes affaires, libre à toi d'accepter cette offre ou non." Téfeiri tourna les talons et s'en fut.
Le lendemain, Zeran prit sa décision, il remercia le vieil ermite et partit rejoindre le mage du temps. Avec Téfeiri, il voyagea dans tout Dominaria et apprit à maitriser ses pouvoirs et à appréhender les différents environnements auxquels il pourrait être confronté pendant ses voyages interplanaires. Jusqu'au jour où son mentor lui dit : "Je n'ai désormais plus rien à t'apprendre, tu es presque plus puissant que moi; voyage de plan en plan, découvre et émerveille toi de chaque chose, et aide ce qui en ont besoin, car tu en as le pouvoir."

Zeran fut un des planeswalkers qui vit le plus d'endroits merveilleux et terrifiants dans tout le multivers. Les personnes à qui il avait porté secours le surnommaient le Mage Voyageur, et il en était fier. Un jour, un dragon planeswalker vint lui demander son aide pour empêcher la libération des eldrazis, une des rares menace que le mage n'avait jamais eu à affronter. Le dragon lui dit qu'il n'avait pas les pouvoirs adéquats pour fermer le sceau, que seul lui pouvait sauver Zendikar et qu'il le guiderait. Il le conduisit dans un endroit nommé l'Oeil d'Ugin. Zeran sentait la magie du sceau dans la pièce. Le dragon lui dit de concentrer ses pouvoirs dessus pour le sceller, et au moment où le mage eu terminé son sort, il ne reçut pas le soulagement auquel il s'attendait, mais plutôt un fardeau qui lui disait qu'il avait commis une grosse erreur.
" - Tu m'as menti !" cria-t-il au planeswalker en le pointant du doigt, "Et tu vas le regretter."
S'ensuit alors un combat acharné de magie bleu, verte, rouge et noire crépitantes de puissance. Le Mage Voyageur tint vaillamment tête à son opposant, mais il n'était pas de taille, et fut vaincu et laissé pour mort par l'infâme dragon.

Lorsqu'il se réveilla, il avait plusieurs côtes cassées et un mal de crâne affreux. Il tenta de se transplaner, sans y arriver. Pris de panique il essaya à nouveau plusieurs fois et n'y parvint pas. Il avait conservé ses pouvoirs, mais le combat lui avait fait perdre son étincelle de planeswalker. Sous le choc, Zeran tomba à genoux, vomit et pleura, pleura jusqu'à sa dernière larme. Il entendit alors un bruit derrière lui. Un buisson perdit ses feuilles et devint blanc. Un petit eldrazi en sortit et se dirigea vers le planeswalker déchu. Il ne réagit même pas, il était prêt à mourir et le scion vint se frotter contre lui, comme un chien affectueux. Le planeswalker ne tomba pas en poussière et regarda la chose, presque déçu. Il avança alors prudemment sa main, puis le caressa, toujours sans mourir. Il leva la tête vers le ciel et éclata alors d'un rire dément; pourquoi le destin s'acharnait-il autant sur lui ? N'avait il pas au moins droit à la libération de la mort ? Devant lui, tout était recouvert de poussière blanche; ou bien était-ce du sable ? ou même de la neige ? Il éclata de rire à nouveau. Tout cela lui faisait penser au Vide Zhalfirin, cet endroit qu'il avait tant aimé et où il ne retournerait plus jamais. Plusieurs eldrazis de sa taille lui passèrent devant sans même lui prêter attention pour commencer à blanchir tout ce qui n'était pas couvert de blanc. Le mage fou se décida enfin et dit, sûrement aux monstres, "C'est décidé, à partir de maintenant, je vous aiderai à purifier cette terre et à y apporter le calme et la tranquillité, mes amis."

En fait non t'a qu'à lire la version longue si tu veux connaître son histoire, non mais !