Citation :
« Dans la vie d'un père, il existe toujours un point précis où il voit son enfant engagé trop avant sur une voie pour qu'il lui soit désormais impossible d'en choisir une autre. Je me demande quand mon géniteur a posé pour la première fois sur moi un regard chargé de jubilation et de regrets, en constatant que j'étais désormais incapable de devenir autre chose que ce que j'étais. Cette pensée m'habite présentement car c'est le regard que je pose aujourd'hui sur mon monde.
—Karn
Citation :
Extrait du journal de Jian, guérisseur sylvok :
J'ai vu beaucoup de douleur, mais c'est celle de cet Auriok qui me hante le plus.
Je ne connais même pas son nom. C'était l'un des nombreux migrants arrivés tout en même temps, l'infime partie d'un flux incessant de morts et de mourants. Une fois à son chevet, j'ai constaté sa respiration creuse, ses yeux écarquillés et vitrés, j'ai vu sa tête se détourner de moi. Il ne souffrait d'aucune blessure apparente, mais en ces jours d'empoisonnements phyrexians, je savais que cela ne voulait pas dire grand-chose.
« Comment vous sentez-vous ? » demandai-je. Il se contenta de regarder dans le vide. Je lui touchai doucement l'épaule. Il tourna le visage vers moi tout en s'asseyant, le corps secoué par une onde de panique... S'il en avait eu la force, il aurait certainement bondi sur ses pieds et détalé à toutes jambes.
« Je suis désolé, je... je l'entends encore, croassa-t-il. Au début, je ne savais trop qu'en penser... C'était une horreur semblable à toutes les autres auxquelles nous étions confrontés. Nous les avions quasiment toutes liquidées, sans trop de pertes. Cela nous avait rendus trop sûrs de nous. »
« Allongez-vous. Il faut vous reposer... »
« La bête a ouvert la gueule. Sa langue pourpre dégoulinait de sanie, et... oh non, il a... (Il se mit à trembler au point de faire bouger son lit ; son visage était baigné de larmes.) Il s'est mis à chanter. Les paroles... Je n'ai rien compris, mais elles m'ont brûlé les oreilles. Un chœur de rugissements lointains leur a répondu... (Se tournant vers moi, il fixa son regard dans le mien.) Bientôt, nous vîmes apparaître les créatures qui avaient rugi. Et le vrai carnage commença. (Il se rallongea enfin.) J'entends toujours cet hymne dans mes rêves. Et le pire c'est que... je commence presque à en comprendre le sens... »
Il mourut le lendemain. Je découvris par la suite que le chant phyrexian l'avait rendu complètement sourd. Je me suis souvent demandé ce qu'il avait entendu... et toujours conclu que je préférais ne pas le savoir.
Source : DailyMtG