Partie V : Dans la forêt
Le Rhox prit alors la parole :
« — Bon, puisqu'on en est là, il vaut mieux que je vous dise exactement ce qu'il s'est passé...
Au commencement de cette histoire, était Rhicérock Ier, notre Roi, celui de tous les Rhoxs. Il était sévère, très sévère, et tenait la forêt d'une main de fer, dans un gant d'acier, mais, on ne peut le nier, avec lui, nous étions protégés de nos ennemis, et, même si nous n'étions pas heureux à cause de sa fermeté, nous aurions du, car ce fût une belle période, de prospérité et de paix.
Il avait deux enfants, des jumeaux, un frère et une sœur : Rhimroka, qui était l'aînée des deux, et Rhitrobrak, qui était le cadet.
Et aussi un autre enfant, Rhibrax. Mais cela, on ne le savait normalement pas. C'est un fils illégitime. A sa naissance, le Roi l'a confié à un couple de chasseurs/pêcheurs/cueilleurs. Il a appris ses origines, et estime avoir droit au trône. Il est sournois, manipulateur, et s'est enfui dans la forêt, dans sa partie la plus sombre. Autodidacte dans l'art de la magie noire, il a asservi et remodelé selon ses critères un grand nombre de créatures, notamment des spectres, invisibles, et qui ont l'art d'influencer les gens qui ne sont pas mentalement protégés. Ces spectres ont investi les proches des deux enfants du Roi, leur chuchotant les conseils malavisés de Rhibrax, de sorte que lorsque la mort de Rhicérock est survenu, Rhitrobrak s'est levé contre Rhimroka, à qui aurait du revenir le trône de droit, étant l'aînée. Le prince, invoquant les seules quelques minutes d'écart entre leur naissance et le sexe de la princesse, estime que le trône doit lui revenir. La princesse, sous les conseils des spectres de Rhibrax, refusa.
Chacun des deux prétendants au trône se retrouva avec une moitié du peuple Rhox derrière lui, et cela dégénéra. La guerre civile fut évitée de justesse, et le pays fut scindé en deux. La faute a Rhibrax, qui par l'intermédiaire de ses spectres avait faussé le jugement des conseillers des deux enfants du Roi, et sans qui le prince ne se serait pas opposé à l'accession au trône de la princesse, et sans qui celle-ci n'aurait pas réagi aussi violemment.
Sur ce, Rhibrax sort de son repaire, et attaque le royaume de la princesse. Comme il l'avait prévu, le froid entre les deux souverains empêche les Rhox de s'unir contre lui, sans quoi il aurait couru à la défaite. Avec son armée, patiemment fabriqué dans l'ombre, il tue la princesse, qui était en première ligne du combat, telle un véritable souverain Rhox, dans le but d'écraser l'envahisseur pour fédérer le pays en tant que héros de guerre. Tous ses principaux capitaines meurent avec elle, et Rhibrax s'emparent de son royaume. Les quelques Rhox survivants se réfugient dans une forteresse inexpugnable, et auto-suffisante. Le prince tente alors une attaque de front, voulant vaincre l'envahisseur et reconquérir le royaume de feu la princesse en même temps, mais il est tué durant le combat, ainsi que la plupart de ses gradés. Les forces restantes, infime, se retirent dans leur forteresse, elle aussi inexpugnable et auto-suffisante, pendant de la première forteresse dans ce royaume.
Rhibrax dominait alors la forêt, lui et ses créatures. Il avait tué quasiment toutes les personnes connaissant l'art de la guerre, s'assurant ainsi une plus grande tranquillité et une plus grande facilité à mater les probables rébellions. Désorientés et sans capitaines, sans chefs, les deux groupes de survivants ne pouvait que tenir leur forteresse respective, et c'était déjà beaucoup qu'ils y arrivent. Rhibrax les laisse vivre car il a d'autres projets bien plus importants pour ses troupes, et puis aussi parce que ce ne sont pas de vraies menaces...
Voilà ou nous en sommes. Mais je parie qu'il sait déjà que vous êtes là, car s'il a tué toutes les personnes haut placées, vous pensez bien que l'arrivée d'un Roi et d'un Lord dans sa forêt, même Elfique, ne peut que le faire réagir, et comme il a des dizaines d'yeux et d'oreilles partout dans cette forêt... Il ne sait peut-être par contre pas...»
Et là, le reste de la conversation fut mentale, de peur qu'un espion puisse la rapporter à Rhibrax
... que vous êtes très puissant, sinon je pense qu'il nous enverra son armée au grand complet...
Et la conversation dura encore un moment. Pendant ce temps, une mince et fine brume montait du sol, enveloppant les deux Elfes et le Rhox, les dissimulant aux yeux de tous, le recouvrant complètement. Puis tous trois sortirent du brouillard, et se mirent en marche, en direction du centre de la forêt, du palais des deux royaumes, guidé par Kabrura. Plus ils avançaient, plus ils sentaient que la forêt leur devenaient hostile, et de plus en plus sombre. Ils savaient qu'ils marchaient vers le cœur du problème. Soudain, une division entière d'une armée sortit d'entres les arbres, et les entoura, de telle sorte qu'ils ne pouvaient rien faire ; le loup était sans aucun doute un test permettant de jauger quelle force il était nécessaire d'envoyer pour appréhender les intrus. Cette division était composée d'ours, de loups, de toute sorte d'animaux de la forêt... Sous les ordres d'un Rhox ! Ainsi, certains Rhox s'était rallié à Rhibrax... Le capitaine fit un signe, et la compagnie se mit en marche, entourant, menaçant, escortant Evan, Dathëdr et Kabrura.
Ils marchèrent ainsi des heures, et à chaque pas en avant, leur certitude d'être en route vers la source du problème augmentait. Les soldats leur avaient pris leurs armes, le bâton de magicien de Dathëdr, l'épée d'Evan, la hache de Kabrura... L'un deux avait voulu sortir l'épée de l'Elfe de son fourreau, l'autre se servir du bâton de mage ; tous deux étaient morts foudroyés. Depuis, les soldats considéraient leurs armes d'un autre œil, avec respect et crainte, et n'osait que tout juste les toucher pour les transporter.
Partie VI : Dans la forteresse
Ils arrivèrent enfin devant une grande grille en fer forgé, avec des barreaux d'un diamètre plus que suffisant. Sur un mot du chef de groupe, le Rhox, qui marchait en tête, les grilles s'ouvrirent, et ils pénétrèrent dans un immense jardin, qui servait aussi de cour, qu'ils traversèrent de part en part, avant de passer sur le pont-levis qui enjambait la douve, et enfin ils furent dans le château. Ils étaient dans une immense salle, très haute de plafond, mais plongé dans la pénombre, de telle sorte qu'ils ne voyaient qu'a quelques mètres devant eux. Les gardes les firent descendre plusieurs volées de marche, arrivèrent dans les sous-sols, et les enfermèrent dans une petite cellule carré, avec juste une paillasse dans chaque angle. Ils leur apportèrent un peu d'eau et de nourriture et les laissèrent là.
C'est alors qu'Evan apparut, de l'autre côté de la grille, du bon côté, et se regarda dans la cellule. Il sourit, ironique, puis Dathëdr apparût à ses côtés, et enfin Kabrura. Tous trois avaient encore leurs armes, toutes leurs armes, et leurs bagages. Les illusions générées par Lord Dathëdr, enfermées, disparurent alors. Il les avait créés lorsque le brouillard les avait cachés, puis avait rendu le trio invisible, et ils avaient suivis leurs illusions à quelques mètres derrière. Lorsque les soldats avaient voulu se servir de la fausse épée d'Evandar et du faux bâton de mage de Dathëdr, ce dernier avait forcé l'esprit des deux soldats qui tenaient leurs armes, et, d'un mot, leur avait stoppé le cœur, tout en faisant apparaître une illusion d'éclair, pour éviter que les soldats ne s'aperçoivent que les armes n'étaient que des illusions. Ils avaient ensuite suivi le groupe avec leurs illusions jusqu'à la forteresse, et cela leur avait permis de rentrer sans aucun souci.
Ils partirent alors à la recherche du maître des lieux, mais ils ne rencontrèrent personne et se perdirent... Alors qu'ils étaient arrêtés au milieu d'un couloir, un bruit de pas se fit entendre. Dathëdr rendit alors immédiatement le groupe invisible, et une servante passa, sans soupçonner le moins du monde leur présence. Lord Dathëdr en profita pour sonder son esprit sans qu'elle ne s'en rende compte, obtenant une grossière mais néanmoins très utile carte du château. Et le petit groupe, toujours invisible, se dirigea vers les parties centrales du château. Chaque servante qu'il croisait permettait à Dathëdr d'affiner son plan des lieux, il évitait de sonder les soldats de peur de déclencher l'alerte.
Finalement, ils débouchèrent dans une immense salle, au milieu de laquelle était un trône, protégé par d'immenses gardes. Mais personne sur le trône, le maître des lieux n'étant pas présent. Écoutant les conversations des gardes, ils se rendirent compte qu'il était en route pour aller voir ses nouveaux prisonniers, qui, selon la rumeur, étaient de noble naissance et en possession d'armes magiques de très grande puissance. Ils se mirent alors dans un coin de la salle, attendant le retour de Rhibrax. Ils n'eurent pas à attendre longtemps, celui-ci revint bien vite, furieux, lançant des ordres à tout va aux gardes qui le suivait : il avait apparemment découvert l'«évasion» de ses prisonniers, et il hurlait à ses gardes de les retrouver. Il était en armure intégrale, prêt à se battre...
Finalement, seule sa garde d'élite resta avec lui dans la salle. Dathëdr se servit alors de sa magie et de son bâton pour sceller toutes les entrées et sorties de la salle, et les trois compagnons se révélèrent. La garde d'élite se précipita sur eux ; Evan en fit son affaire. Il fut magnifique, sautant, virevoltant, tournoyant, son épée décrivant des cercles toujours mortel, transperçant les armures avec une déconcertante aisance, décapitant avec une incroyable facilité, séparant ses ennemis en deux d'un gracieux mais néanmoins terrible mouvement, on aurait dit une valse, une valse avec la Mort elle-même comme cavalière, d'une fatale beauté, et bientôt il ne resta plus un seul cavalier pour continuer la ronde. Alors, Evandar s'arrêta, regardant Rhibrax, maintenant seul devant les cadavres de sa garde d'élite, disant :
« — Oui, en effet, Skyion avait raison, devenir un Arpenteur a encore augmenté mes capacités. »
Rhibrax le regardait d'un air effrayé, sans comprendre. Même Lord Dathëdr et Kabrura était étonné de voir à quelle vitesse Evandar avait tué tous ses ennemis, alors qu'eux le connaissait pourtant bien, surtout Dathëdr...
Puis Evan et Dathëdr s'assirent, les jambes en tailleur, les mains sur les genoux, et Kabrura s'avança et défia Rhibrax.
Ce devait être ainsi, ce n'était pas aux Elfes de défier ni de tuer Rhibrax, c'était à un Rhox, à Kabrura, de le faire.
Ce fut un duel à la hache à deux mains, comme l'affectionne les Rhox : le tranchant, voire le plat, permet de découper, ou d'écraser, et le long manche permet de parer les coups. Tous deux combattirent, enchaînant les attaques, les parades, les ripostes, les esquives, les feintes, dans un vacarme d'enfer. On voyait bien que Rhibrax se fatiguait de plus en plus... Finalement, Kabrura réussi à la toucher à la jambe ; profitant immédiatement de son avantage, il le décapita, d'un seul coup, net et sans bavures.
La tête de Rhibrax roula à terre, sortant de son casque. Kabrura se rendit alors compte que
« — Ce n'est pas Rhibrax ! C'est bien son armure, son casque, mais ce n'est pas lui ! Regardez, ce n'est pas sa tête, ce n'est pas lui! »
L'histoire d'un Elfe - Partie 2
L'histoire d'un Elfe - Partie 2
Au commencement de cette histoire, était Rhicérock Ier, notre Roi, celui de tous les Rhoxs. Il était sévère, très sévère, et tenait la forêt d’une main de fer, dans un gant d’acier, mais, on ne peut le nier, avec lui, nous étions protégés...
Au commencement de cette histoire, était Rhicérock Ier, notre Roi, celui de tous les Rhoxs. Il était sévère, très sévère, et tenait la forêt d’une main de fer, dans un gant d’acier, mais, on ne peut le nier, avec lui, nous étions protégés...
Articles
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L'auteur
Evandar
Seigneur Elfe | Hauts-de-Seine
Evan, Elfe et fier de l'être.
Evan, The Tiger's Touch.