Slivoïdes (partie 2) - Magic the Gathering

Slivoïdes (partie 2)

Slivoïdes (partie 2)

Amphraël repoussa d'un geste brusque les lianes qui se dressaient devant lui. La voix des Elfes résonnait encore dans sa tête. " La forêt t'aidera dans ton périple, va sans crainte. "

  Fun / Chroniques guerrières

Amphraël repoussa d'un geste brusque les lianes qui se dressaient devant lui. La voix des Elfes résonnait encore dans sa tête. " La forêt t'aidera dans ton périple, va sans crainte. "

  Fun / Chroniques guerrières



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le , par Exterminateur
17982 | Louanges 13


CHAPITRE VI

Amphraël, penché sur une cuve métallique, observait ses protégés qui se développaient. Dès leur arrivée au laboratoire de la Côterie, les Slivoïdes s’étaient montrés agressifs, et avaient attaqué sans pitié toutes les proies qui s’étaient offertes à eux. Il avait fallu les efforts conjugués d’une vingtaine de clercs pour les immobiliser et les enfermer. Ils étaient répartis dans des boxes magiquement isolés afin de ne pas partager leurs capacités les uns avec les autres. Cela avait demandé une quantité énorme de travail, mais les moyens étaient là, et le projet avait pris forme petit à petit.
Les Slivoïdes ne montrant aucun signe de dispositions amicales, les savants avaient eu l’idée de séparer des nouveaux nés afin que l’image de violence ne s’imprime pas en eux et qu’ils obéissent au doigt et à l’œil. Mais dès leur naissances les horribles créatures semblaient déjà affectées par le comportement de leurs semblables, comme si l’intelligence était innée chez eux.
Et cette intelligence avait permis aux nouveaux nés de passer pour inoffensifs, avant qu’ils ne s’échappent grâce à la surveillance relâchée pour libérer tous les adultes, obligeant les Clercs à intervenir une fois de plus. De surcroît, certains Slivoïdes ne pouvaient être approchés sans avoir pris les plus grandes précautions magiques, à cause de leur capacité à aspirer l’intellect ; si on avait réussi à les empêcher de partager leurs pouvoirs, ils conservaient néanmoins chacun celui qui leur était propre. Finalement, on avait fait appel aux Effaceurs. Curieusement, les Slivoïdes s’étaient alors calmé, comme résignés, et avaient alors obéi aux ordres avec un zèle jamais pris en faute.
Alors le Grand Projet avait été monté ; l’attaque de Brinbois.
Mais pour l’instant, Amphraël analysait les réactions d’embryons prélevés, et donc n’ayant aucun risque d’avoir été déjà en contact avec de quelconques congénères.
Sous leur forme originelle, sans l’influence bénéfique de leurs pairs, ils ressemblaient à de vagues caricatures d’animaux, un corps long et flasque, des griffes à peine pointues, une tête malingre et décolorée, dépourvue d’yeux, d’oreilles, ou de bouche. Et pourtant le savant aimait ses protégés comme s’il les avait lui-même engendrés.
Lorsque les créatures devinrent trop grosses pour toutes être contenues dans la même cuve, Amphraël les fit installer dans des récipients séparés. Alors commença la véritable évolution de ses protégés. Chacun développait une nouvelle capacité qui lui était propre ; ainsi, celui-ci avait le pouvoir de se rendre transparent ; celui-là pouvait passer à volonté se transformer en un gaz léger ; cet autre avait vu des ailes lui pousser petit à petit dans le dos ; ce dernier n’avait visiblement plus de besoins nutritifs… Au bout de trois jours seulement, quand Amphraël les réunit, chacun acquit les compétences des autres, et le savant jubila en les voyant s’approcher petit à petit de la perfection.
Mais l’heure de la guerre vint. Et il dut renoncer à ses créatures, chez qui il était sûr d’avoir perçu une vibration spéciale qu’il apparentait à de l’amour, de l’amour pour lui.
Il vit ses Slivoïdes partir, enfermés dans des cages, vers le futur champ de bataille. Les larmes qui coulèrent sur ses joues ne lui attirèrent que les quolibets des soldats.

De lourds nuages gris s’amoncelaient dans le ciel lorsque le combat commença. Des centaines de Slivoïdes avaient été alignés à l’orée de la forêt de Brinbois, et les Elfes commençaient d’en sortir, tout aussi nombreux. Derrière les monstrueuses créatures se tenaient les Clercs, préparant leurs sortilèges de mort. Le son d’une corne Elfique déchira le silence, signalant le début des hostilités. Alors, avec la force et la rage du désespoir, les Elfes se jetèrent sur leurs ennemis.

Rendu à demi fou par le départ de ceux qu’il considérait comme ses enfants, Amphraël était parti quelques heures après le départ des troupes à leur poursuite. Il était toujours temps d’éviter le carnage, songeait-il.
Lorsque, essoufflé d’avoir tant couru, il arriva sur le champ de bataille, le sol était jonché des cadavres Elfiques. En revanche, aucun corps de Slivoïde ne couvrait le sol.
La face soudain éclairée d’un grand sourire, Amphraël retrouva avec plaisir ses créatures. Mais tandis que les soldats se retiraient pour retourner à la Côterie, un Effaceur se dressa devant Amphraël et lui demanda de rester. Effrayé, il ne pu qu’obéir.
Quant enfin il n’y eut plus personne, l’Effaceur prit la parole :
- Je ne tenais que trop à vous remercier pour les services que vous nous avez rendu. Vos nouvelles races de Slivoïdes sont invincibles et nous offrent un inestimable avantage dans notre combat contre les races inférieures. Seul un problème subsiste. » L’Effaceur laissa choir la capuche qui lui recouvrait le visage. Son horrible faciès révulsa Amphraël, mais il n’en dit rien. « Vous en savez beaucoup trop sur nous, les Slivoïdes. »
Sous le regard tétanisé du savant, l’Effaceur reprit sa forme originelle de Slivoïde et poussa un léger cri. Un Slivoïde qu’Amphraël jura reconnaître comme étant son préféré surgit des cadavres et ficha une griffe dans la poitrine de son père.
Le Slivoïde reprit sa forme d’Effaceur.
- Lorsque le moment sera venu, lorsque nous devrons prendre le contrôle de la Côterie, personne ne devra être en mesure de contrecarrer nos plans.
Puis il se retourna, faisant virevolter les pans de sa cape, et s’éloigna à son tour du champ de bataille, suivi par l’autre Slivoïde qui avait pris la forme d’un simple humain.


CHAPITRE VII

La lune projetait ses rayons obliques sur le parquet, des rayons bleuis par les vitraux qui recouvraient presque entièrement la façade Est de la chambre. C’était tellement exceptionnel que l’astre nocturne transperce l’épaisse couche nuageuse qu’Oblic ne parvenait pas à dormir. Allongé sur une paillasse ridicule en comparaison du lit à baldaquin de Filp qui trônait juste à côté, il cherchait en vain le sommeil, contemplant tour à tour les étoiles, ces merveilles brillantes, ces fleurs de l’espace, puis la ville endormie, amas incohérent de huttes et de palais, de rues pavées et de chemins de boue, pleine de coupes jarrets, et enfin Filp, son maître à qui il était dévoué corps et âme, et même bien au-delà.
Le nouveau dirigeant de la Côterie l’avait sauvé dix ans plus tôt, alors que des barbares nordiques s’acharnaient sur lui. Semblant surgir du ciel sur un cheval de lumière, tel un ange iridescent, Filp avait froidement tranché la gorge de chacun des malfrats, avant de recueillir Oblic. Depuis ce jour, ce dernier vouait une admiration sans borne à celui qu’il considérait comme son maître, et n’avait plus jamais accepté de se séparer de lui, jurant fidélité jusqu’à la mort.
Et Filp avait commencé à bien l’aimer, cet être étrange qui le collait presque toujours. Alors il s’en était fait un ami, et avait obtenu du Conseil qu’il devienne son garde du corps. Donc Oblic dormait toujours dans la même chambre que son maître, le suivait quasiment partout, et goûtait tous ses plats.
Mais cette nuit, s’il ne dormait pas, ce n’était pas uniquement à cause de la percée de la Lune et des étoiles ; il avait constaté un éloignement brutal, il y quelques jours de cela, de son ami. Eux qui avant parlaient de tout et de rien, riaient ensemble, voilà qu’ils s’adressaient à peine la parole, comme s’ils étaient soudain devenus des étrangers l’un pour l’autre. Et Oblic s’inquiétait. Il n’avait trouvé aucune raison à cette séparation, si ce n’était, peut-être, l’intrusion des Effaceurs, et leur refus de voir le garde du corps assister au discours. Finalement, il finit par s’endormir, l’âme tourmentée.
Comme tous les matins il se réveilla avant son maître. Il goûta le petit déjeuner, délicieux au demeurant, et l’apporta lui-même à Filp. La journée se passa comme toutes les autres, et Oblic s’ennuyait. Cette pensée l’effara. Il n’avait pas le droit de s’ennuyer alors qu’il servait la personne qui lui avait permis de conserver son bien le plus précieux : la vie.
Troublé, il demanda un pause, qui lui fut bien évidement accordée. Il resta longtemps à réfléchir sur son sort, sur les derniers évènements inexplicables.
Lorsque son seigneur revint, il lui annonça avec une méchanceté insupportable qu’il le renvoyait. Oblic, qui n’avait jamais rien connu d’autre que de servir Filp depuis dix ans, ne compris d’abord pas. L’annonce était trop soudaine, il ne s’y attendait absolument pas. Il resta, hébété, stupide, à fixer l’homme qui lui faisait face. Ce dernier eut un rictus et fit demi-tour. Alors Oblic compris que réellement c’était terminé. Ses yeux s’humidifièrent, mais aucune larme ne coula. Il avait le sentiment que la vie l’abandonnait, se disant que parfois le cœur se brisait pour de bon.
Il se réveilla allongé dans la boue, devant le palais. Désemparé, il se releva et voulut entrer, mais un garde moustachu, vêtu d’une culotte bouffante jaune et verte, le repoussa violemment. Alors, la mort dans l’âme, Oblic rentra dans la ville. Il fut surpris par les visages mornes qu’il rencontra ; habituellement il n’allait en ville que lors des discours ou autres, et ne voyait donc que la joyeuse effervescence qui promettait une jetée de pièces d’or. Mais là, il n’y avait pas de mouvements, pas de cris, juste des habitants maussades sous des porches minables sous un ciel grisâtre.
Oblic erra toute la journée, ne sachant où aller. Au soir il s’endormit dans le caniveau, le ventre vide.
A peine venait-il de trouver le sommeil, ce qui lui avait pourtant prit longtemps, les images déformées de son maître lui revenant sans cesse, qu’une main lui saisit l’épaule et le secoua doucement. Oblic aperçut à travers la brume qui entourait son cerveau le visage d’un homme.
-Viens… dois haïr… maintenant qu’ils… viré… Suis moi… bien pour toi…
Comme dans un rêve, l’ancien serviteur se releva et suivit son interlocuteur. Ils marchèrent longuement, jusqu’à s’arrêter devant une porte de bois comme les autres. Son guide fit signe à Oblic de ne plus bouger, et tout deux tendirent l’oreille.
Un bruissement à peine perceptible retentit dans leur dos. Le froissement délicat d’une étoffe légère contre du bois.
Le guide d’Oblic fit lentement un tour sur lui-même, puis prononça une incantation, qui résonna contre les façades. Sitôt après qu’il l’ai finit, il sauta de côté et une flèche se ficha là ou il se trouvait quelques instants auparavant. Il hurla à Oblic :
-Trois brigands ! Là, là, et là ! A terre !
Oblic tomba lourdement, une flèche empennée de bleu plantée dans son épaule, poussant un râle de douleur. Il vit vaguement son guide esquiver de nouveaux projectiles, puis envoyer de ses paumes tendues des rayons colorés sur ses agresseurs, qui tombèrent tout les trois, mortellement touchés.
Le visage d’Oblic, décomposé, offrait un lamentable spectacle. La douleur irradiait tout son corps, partant de son épaule, allant jusqu’au doigts, au visage, au bas du ventre.
Il s’évanouit en voyant le visage de son guide se pencher au-dessus du sien.


CHAPITRE VIII

Amphraël ouvrit lentement les yeux. Il avait un mauvais goût de fiel sur la langue, et sa tête lui tournait. Il sentit qu’il était allongé sur un matelas d’herbe, et aperçut au-dessus de lui la voûte des arbres, qui laissait à peine quelques rayons dorés parvenir jusqu’à lui et s’échouer sur sa peau pâle.
Il tenta de se soulever sur un coude, mais une douleur fulgurante dans le torse l’en dissuada. Il resta une bonne heure ainsi, voyageant entre rêve et réalité, perdu dans ses pensées qu’il avait peine à organiser, délirant à demi. Puis une silhouette se pencha sur lui, et il distingua dans l’obscurité relative les oreilles pointues d’un Elfe. Le visage gracieux s’approcha du sien, et une voix douce et mélodieuse s’échappa de la bouche entrouverte.
- Il est réveillé ! Venez tous !
Le savant poussa un léger grognement lorsque la voix se tut ; il eut voulu qu’elle continue de chanter pendant des siècles, et qu’il s’endorme avec. Puis l’Elfe se retira, et d’autres de ses congénères observèrent à leur tour l’humain. Amphraël, mieux réveillé à présent, pu articuler :
- Qu’est… qu’est-ce que je fais ici ? Je… qui êtes vous ? Où ?...
Un autre Elfe apparut, et lui répondit d’une voix bien moins agréable :
- Tu es ici en Brinbois, humain. Lorsque nous nous sommes rendus sur le champ de bataille, nous n’avons trouvé que des cadavres Elfiques, aucun de la Côterie, et… toi ! Notre tribu ne contient à présent plus que des femmes, des enfants et des vieillards. Les hommes se sont faits exterminer. Mange.
On glissa d’office des herbes étranges dans la bouche d’Amphraël, qui les mâcha sans conviction. Mais sitôt qu’il les eut avalé, il sentit un courant de bien-être le parcourir, et il ouvrit à nouveau les yeux, sans difficulté cette fois.
- Pourquoi ne puis-je pas me lever ? demanda-t-il.
- Lorsque nous t’avons trouvé, tu avais une blessure béante au milieu de ton torse. Tu serais déjà mort si notre shaman ne s’était pas occupé de toi ! Nous voulions t’abandonner à ton sort, mais les pierres du sorcier ont été formelles. Tu as un rôle à jouer.
Amphraël se remémora les derniers évènements. Ses chers Slivoïdes… l’Effaceur… le meurtre ! Et alors, il se mit à haïr les Slivoïdes avec autant de force qu’il les avait aimé. Il rêva de pouvoir tous les exterminer, et les faire souffrir d’une douleur infinie. Il pleura encore, de rage, sentant tout une partie de sa vie occultée par le regret.
Malgré sa blessure il parvint à se redresser.
- Je dois partir.
Il tenta de se mettre debout, mais retomba lourdement.
Le premier Elfe qui s’était penché sur lui revint :
- Non, pas maintenant. Demain, lorsque le ciel aura guéri ta blessure, tu partiras à la recherche du Mirari, et aidé de lui, tu détruiras la Côterie, et ressusciteras nos frères tombés.
Amphraël referma les yeux, et s’endormit.

Lorsqu’il se réveilla, il était cette fois-ci allongé sur une pierre plate, et à découvert. Il eut le vague souvenir d’un inconfortable voyage, des Elfes le portant, le shaman à l’avant de la concession proférant d’étranges formules.
Mais il était pour le moment seul. Il voulut se relever, mais des cordes lui entravaient les mains et les pieds. Aussi il resta allongé, attendant qu’un élément nouveau se produise.
Au bout d’un certain temps, il perçut un grognement à sa droite ; le grognement était extrêmement faible, à peine audible, mais l’ouïe d’Amphraël s’était incroyablement développée durant son attente. Il vit apparaître, émergeant des fourrés d’or, une énorme bête. Sans doute Filp parlait-il de ce genre de créature, quand il énonçait les dégénérescences de Brinbois.
La créature s’approcha lentement d’Amphraël, et il crut défaillir. Le museau recouvert d’une carapace écailleuse fouilla quelques instants ses cheveux, son torse nu, ou trônait une plaie impressionnante. Puis elle s’éloigna. Le savant pu enfin respirer, et il devina que si la bête l’avait accepté, Brinbois tout entier ferait de même. Cela le rassura.
Les nuages commencèrent à s’amonceler au-dessus de lui, et une pluie drue se mit à tomber. Etonnement, les gouttes ne faisaient pas mal à Amphraël ; elles le soulageaient même. Il les sentait avec délice glisser le long de sa plaie.
L’orage éclata. Le tonnerre retentissait sans arrêt, puissant.
Le savant voyait avec inquiétude les éclairs fuser des nuages et s’abattre dans les arbres ; lui-même se trouvait au centre d’une clairière, en hauteur, particulièrement exposé. Il tremblait.
Soudain la Foudre tomba. Sur lui. Sur son torse, sur sa blessure. Il hurla, de douleur, et s’évanouit.


CHAPITRE IX

Pour la centième fois, son regard revint vers la statue qui trônait au centre de la salle. Elle représentait une femme d’un beauté extraordinaire, surnaturelle, et pourtant ce n’était pas cela qui passionnait le plus Oblic ; ce qu’il regardait avant tout, c’était les yeux, des yeux profonds et graves, à la fois rêveurs et perçants, qui semblaient voir par-delà la matière, qui donnaient l’impression d’être réels.
Oblic détourna une fois encore son regard, comme pris en faute, alors qu’il était seul dans la pièce. Il marcha jusqu’à l’unique porte, tenta de nouveau de l’ouvrir, mais n’y parvint toujours pas.
Il s’était réveillé quelques heures plus tôt, allongé sur le sol froid et mordant de cette salle. Il avait tout d’abord cherché à appeler quelqu’un, puis il avait longuement observé ce qu’il considérait comme sa prison. Un plafond très haut, de grands vitraux, et pourtant une chaleur agréable, des bougeoirs éclairant le tout, et, enfin, la statue. Il avait vainement attendu qu’une quelconque personne vienne le libérer, mais était resté seul bien longtemps.
Enfin, un léger déclic retentit, et la poignée de la porte tourna. Oblic ne pensa pas à se cacher, et jeta seulement un regard absent vers la porte. Celle-ci laissa passer un homme courtaud et trapu, et Oblic devina que c’était son guide d’hier soir, alors qu’il ne l’avait pourtant pas vu à cause de l’obscurité.
- Bien le bonjour, Oblic, et bienvenu dans la citadelle de la solitude ! Tu te demandes peut-être ce que tu fais là, n’est-ce pas ?
L’interpellé répondit, sans pour autant se départir de son mutisme, d’un signe de tête.
- Te rappelles-tu d’hier soir ? Nous t’observons depuis quelques semaines déjà, à cause d’une prophétie étrange flottant à ton sujet. Lorsque tu as été renvoyé, nous y avons vu comme un signe, et nous avons décidé qu’il était temps que tu rallies notre cause. » Oblic leva un regard interrogateur sur l’autre. « Bien entendu, tu auras le choix d’entrer ou non dans nos rangs ! Sache déjà que le royaume n’est pas contrôlé par Filp, mais par les Effaceurs qui se servent de lui, et que les Effaceurs ne sont que d’ignobles créatures du nom de Slivoïde. Le but de notre organisation est de les combattre, car nous avons percé leurs intentions à jour, à l’aide d’éléments dévoués, qui n’ont pas toujours survécu à leurs intrusions dans le système… » Un air tragique passa sur la figure de l’orateur. « Mais je ne suis pas ici pour te parler d’eux. Nous construisons actuellement une arme magique d’une puissance incroyable, un piège génial qui sera en mesure de stopper l’invasion des Slivoïdes. Mais nous avons besoin, pour le faire fonctionner, de l’énergie de l’Elu… Toi. Ne démens pas, nous savons que c’est toi, même si tu penses le contraire. Seul vos puissances alliées pourront enrayer l’expansion de ces monstres. Tu as jusqu’à ce soir pour réfléchir. »
Et il ressortit, sans autre forme de procès, laissant Oblic à ses pensées tourmentées. Il avait, pour tout dire, du mal à avaler cela. Bien que pauvrement cultivé, il avait conscience que la chose ressemblait beaucoup trop à un mauvais roman. Il n’avait jamais prêté foi aux histoires de prophétie ou d’Élu, mais commençait à sérieusement y penser…

- Voici notre Artefact.
Oblic observa un instant ce qui ressemblait fort à un puits.
Il avait évidement fini par accepter, conscient que sa vie ne lui offrait rien d’autre. Maintenant il voyait l’arme ultime. Située dans une petite cour, elle se présentait sous la forme d’un trou dont le fond n’était pas visible, en plein centre du petit jardin.
Oblic laissa un moment errer son regard dans les profondeurs insondables de l’Artefact.
- Et… Que devrai-je faire en attendant le moment… Propice, pour reprendre vos termes ?
- Je t’en prie, tutoie moi ! En attendant… Tu pourras travailler ici. Le souhaites-tu ?
Oblic repensa à son ancien bonheur, près de son maître.
- Oui.


CHAPITRE X

Amphraël repoussa d’un geste brusque les lianes qui se dressaient devant lui. La voix des Elfes résonnait encore dans sa tête. « La forêt t’aidera dans ton périple, va sans crainte. » Il maudit intérieurement la forêt de Brinbois qui négligeait sa promesse faite aux Elfes.
Lorsqu’il s’était réveillé quelques heures plus tôt, il se trouvait de nouveau dans le village des Elfes. Ils lui avaient indiqué que, pour trouver le Mirari, il n’aurait qu’à marcher tout droit vers le Nord. Ils lui avaient donné leur bénédiction, et maintenant il se retrouvait perdu entre les arbres, à pester contre ces demi-humains qui croyaient tout mieux savoir que lui. Sur le moment, il s’était senti empli d’une foi inébranlable, fantastique, qui s’était répandu dans tout son corps, lui avait enfiévré les sens, il avait cru être investi d’une mission sacro-sainte, extraordinaire.
Mais il avait peu à peu perdu tous ces sentiments initiaux, perdu de son allégresse pour chaque vague de moustiques repoussée. Car le véritable fléau de Brinbois n’était pas tant les énormes bêtes, qui restaient à l’écart, que les nuées de centaines de moustiques bourdonnants, insaisissables, qui voletaient en permanence autour de lui, formant une auréole ceignant sa tête. Ils étaient apparus dans la forêt de Brinbois alors qu’elle était encore vierge, quelques centaines d’années après l’Apocalypse : un savant, fier de ses prérogatives, avait cru bon de ne pas faire escale à la Côterie, qui n’était alors qu’un faubourg, afin d’y déposer les bocaux qu’il transportait, remplis de larves alors rares. Il s’était endormi, le soir venu, et un Serval Krosian, probablement chassé de sa tribu, errant donc dans les lointaines forêts de Brinbois, affamé, s’était chargé de le dévorer en quelques coups de dent. Puis il s’était allongé sur les bocaux, et ceux-ci s’étaient brutalement brisés, tuant net le prédateur. Ainsi les premiers moustiques avaient pu commencer à se reproduire dans la chair de leur libérateur. Les espèces se nourrissant d’insectes n’étant alors pas entré en Brinbois, les minuscules nuisibles n’avaient eu aucun mal à se multiplier à une vitesse fulgurante.
Amphraël pestait sans arrêt contre ces légions d’assaillants. Son cou et son visage étaient rouges des coups qu’il se portait en permanence. Son voyage était bien moins glorieux qu’il ne l’avait escompté… Toutes ces abominations n’avaient-elles survécu et évolué jusqu’aujourd’hui que dans le but de se repaître de son sang ? Mais le moment qu’Amphraël redoutait le plus, c’était la nuit. Outre les bêtes sauvages, il risquait de se retrouver dans l’eau jusqu’à la taille, les pluies diluviennes provoquées par les émulsions magiques du Mirari frappant n’importe où et n’importe quand, et, pire, il ne pourrait alors plus se protéger de ses adversaires inlassables : les moustiques.
Avant son départ, les Elfes l’avaient initié à leur magie ancestrale, la magie de la nature. Le Savant avait cru défaillir quand il était entré dans les mondes magiques, son esprit émerveillé en était resté époustouflé, tous ses fondements scientifiques s’écroulaient soudain, mais pour rien au monde il ne les aurait ramassés. Il avait vécu l’expérience la plus incroyable et la plus grisante de toute sa vie, tous ses sens avaient été balayés par ces quelques secondes. Lorsqu’Amphraël était ressorti de sa transe, il n’avait demandé qu’une chose : y revenir ! Mais le moment du départ était venu. Alors il était parti, ivre de bonheur.
Mais plus rien ne le reliait à présent à ces instants, et il maudissait les Elfes de lui avoir ouvert ce pouvoir. Et il marchait.
Il marcha trois jours. Trois jours durant lesquels il continua de subir l’attaque non-stop de ses invisibles adversaires. Extenué, il se réveillait le matin, trempé, couvert de boutons rougeâtre auxquels il ne voyait qu’un seul avantage : leur couleur criarde ferai probablement fuir les prédateurs… Il n’y avait plus un centimètre carré de se peau qui ne fut marqué du sceau d’un moustique. Il avait cessé de se gratter, et il marchait en automate, incapable de penser à quoi que ce soit d’autre que sa peau qui le tiraillait incroyablement, qui le brûlait ; il avait l’impression de se consumer vivant, d’être au centre d’un immense bûcher. Il n’avait pas non plus mangé, grâce à un aliment que lui avaient fait ingurgité les Elfes, et qui devait lui permettre de survivre plusieurs semaines. Seulement, la faim le tiraillait tout de même, et l’abrutissait encore un peu.
Et c’est cet état qui l’empêcha de distinguer une forme sombre à côté de lui.


CHAPITRE XI

56 sortit de sa cabine. Dès l’instant où il franchit le seuil, il revêtit l’apparence d’un courtisan, passant ainsi inaperçu dans les couloirs du palais. Il avança le long du couloir scintillant qui s’offrait à lui, et déboucha dehors. Le ciel empourpré était parsemé de lambeaux de nuages écarlates, et le disque étincelant, dont la teinte variait du jaune pur au rouge sang, commençait à disparaître derrière les montagnes pardiques. Celles-ci avaient beau se situer à plusieurs milliers de kilomètres de la Côterie, leur immensité, et les plaines qui tapissaient le sol de la ville aux reliefs, on les voyait distinctement, leurs silhouette sombres se détachaient sans mal du ciel lumineux. Comme chaque soir, c’était lorsque le jour finissait que les bas quartiers s’animaient. Et c’est là que 56 se rendait.
Il parcourut la ville bourgeoise, où l’on ne trouvait que de véritables palais, pour s’engouffrer dans les méandres des coupes gorges qui formaient la citée et la réputation de la Côterie comme ville dangereuse.
Peu à peu, la belle route pavée perdait de son éclat, les pierres qui la recouvraient se faisaient plus distantes, plus sales, jusqu’à ce qu’on n’en trouve quasiment plus. Le même decrescendo se jouait au niveau des maisons, dont la beauté était de plus en plus cachée, voir inexistante. Les grandes demeures de pierre laissaient place à de simples cabanons de bois branlants, exposés aux intempéries. Et cette transformation agissait également sur 56. Ses vêtements perdaient de leur éclat à chacun de ses pas, des trous se formaient, si lentement pourtant que les passants ne se rendaient compte de rien, et ses riches habits devinrent en quelques dizaines de minutes des défroques pouilleuses, des loques sales qui pendaient sur ses membres.
Enfin, lorsque 56 jugea s’être suffisamment éloigné du palais royal, il entama sa sinistre besogne. Ce n’était pas à proprement parler un travail, et son maître n’aurait probablement pas accepté qu’il se livre ainsi plusieurs fois par mois à son plaisir malsain. L’Effaceur commença d’effacer. Perdu dans la foule, il puisait l’intellect des manants dans leurs cerveaux, il avalait goulûment leurs facultés mentales.
Il ferma les yeux de bonheur, et un choc soudain le ramena à la réalité. Il était allongé à terre, les jambes prisonnières d’un bolas dont les pierres avaient été remplacées par d’étranges animaux boulimiques. 56 chercha à se relever, mais un homme surgit de la foule et lui assena un violent coup sur le crâne. L’Effaceur s’évanouit.

Lorsqu’il s’éveillât, il tenta un moment de se relever avant de se rendre compte que le choc l’avait vidé de son énergie et que, loin de ses congénères, il n’était plus capable de prendre une apparence humaine. Il en déduisit donc qu’il se trouvait loin de la Côterie. Il se tortilla un moment à terre. Il était au moins rassuré sur un point ; il n’avait rien à craindre des attaques physiques de ses adversaires, car il savait se régénérer dès que le besoin s’en faisait sentir. Ce pensant, il s’inquiéta immédiatement, car ses compatriotes n’étaient plus protégés par son don...
Il perçut qu’une porte s’ouvrait. Perçut seulement, car, comme la plupart de ses congénères, il était aveugle et sourd à la base. Un homme entra et envoya bouler le Slivoïde dans un coin de la pièce d’un coup de pied bien appliqué. Sa voix tonna, faisant résonner les capteurs extérieurs de 56.
- Voilà une de ces saletés de bestioles ! Voyez donc, elle est insensible ! On l’a fait analyser par les spécialistes, il est capable de régénérer seul ! Tiens, regarde donc.
Oblic regarda avec intérêt son interlocuteur saisir une hache et l’abattre pesamment sur le Slivoïde, qui se sépara nettement en deux parties. L’une, celle qui contenait ce qui pouvait s’apparenter à des membres inférieurs, prit une consistance soudain visqueuse, et fondit en quelques secondes. En revanche, l’autre remua longuement, et finit par se reconstituer entièrement.
- Il existe bien sûr des sorts capables de les détruire, mais les plus efficaces, à savoir les Pestes artificielle et endémiques, ont déjà été utilisé sur eux, et ils y sont maintenant insensibles. Aussi il faudrait les tuer un à un... Cela révèle quasiment de l’impossible !
Il prit le Slivoïde de sa main gantée et le transporta dans la cour extérieure. Là, il se pencha au-dessus du puit, et y lâcha sa proie. Celle-ci chut quelques dixièmes de secondes, puis se volatilisa purement et simplement dès qu’elle dépassa la limite des bords de l’Artefact.
- Il n’y a que l’Héritage – ce nom a été choisi à cause d’une de nos vieilles traditions orales – qui les détruise efficacement ! Mais... Pour que cela marche directement sur toute la ville, il faut une quantité d’énergie incroyable... La tienne. Faudra que tu sautes là dedans le moment venu...
Il baissa les yeux pour ne pas croiser le regard d’Oblic, qui lâcha simplement :
- Ces saloperies ont réduit ma raison de vivre à l’état d’une loque à peine capable d’obéir. Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour les exterminer !
Soulagé, le capitaine Maloirt hocha plusieurs fois la tête.
- Enfin... Z’avez des questions ?
- Oui, une, répondit Oblic. Pourquoi ce Slivoïde ne réagissait-il pas à la présence de ses frères ?
- C’est une protection magique que nos Clercs ont installée autour du bâtiment.
Oblic regarda quelques instants le ciel d’azur.


CHAPITRE XII

Hymlia dansait. Son corps en perpétuel mouvement effectuait des mouvements complexes connus d’elle seule. Un homme qui l’aurait vue à cet instant aurait immédiatement succombé à la grâce de son corps, mais seules les femmes étaient admises dans la case de la sorcière pendant qu’elle guérissait quelqu’un.
Résignés, les hommes devaient attendre à l’entrée de la case et se contenter d’humer les doux parfums qui émanaient des bâtons d’encens de guérison. Le petit village s’étalait autour de la maison en rangées successives, se construisant au fur et à mesure. Depuis toujours la guérisseuse était le centre du village, le chef, et la conseillère de tous. Aussi était-il normal qu’elle occupât une place aussi importante.
Hymlia agita quelques instants une branche d’un végétal bleuté au-dessus du front du blessé, et elle fit un brusque signe de la main. Aussitôt la musique lancinante s’arrêta. La Sorcière passa sa main sur les yeux de son client, et ceux-ci s’ouvrirent sans qu’elle n’ait à les toucher.

Amphraël ouvrit les yeux. Il le fit soudainement, comme si on lui avait donné l’ordre, et qu’il n’avait d’autre choix qu’obéir. Il distingua les formes de plusieurs personnes rassemblées autour de lui, pour l’instant grossières, mais qui allaient en s’affinant. Enfin, il pu se rendre compte qu’il était entouré de sauvages, d’humains mauvais et cannibales. Il eut un brusque mouvement de recul, mais une voix se glissa dans son crâne et lui susurra que toutes les légendes qui couraient sur les sauvages de Brinbois n’étaient peut-être pas fondées. Alors il se détendit curieusement, et patienta jusqu’à ce qu’un de ses hôtes veuille bien prendre la parole.
- Bonjour, Clerc. Je suis Hymlia, je t’ai sauvé de tes blessures.
Amphraël se remémora les derniers évènements qui avaient précédés son évanouissement. Perdu dans ses pensées, il n’avait pas pu échapper à la gigantesque plante carnivore qui s’était jeté sur lui, l’engluant et lui déchirant les flancs.
- Tu as pu survivre grâce aux moustiques. Sans l’immunisation que t’ont procuré leurs piqûres, tu ne serai probablement plus là aujourd’hui.
- Mais... » Amphraël voulut parler mais sa bouche pâteuse l’empêcha de dire ce qu’il voulait. « Pourquoi... m’avez... vous... sau...vé ? »
Hymlia secoua la tête, faisant rebondir ses nattes sur ses épaules.
- A-t-on besoin d’une raison pour sauver quelqu’un ? Ce sont mes pierres qui m’ont prévenue de ta visite. Tu es une personne importante. Je ne sais quel est ton rôle dans les rouages du destin, mais il doit avoir une forte influence !
Le savant se releva lentement, dut s’appuyer quelques instants à sa couche pour ne pas laisser céder ses jambes flageolantes. Il esquissa quelques pas et, repoussant le rideau, sortit de l’atmosphère étouffante et confinée de la case. Dehors il fut accueilli par les ovations des hommes qui patientaient.
On lui servit à manger, et il dévora tout ce qu’on lui tendait, puis la Sorcière s’approcha de lui et lui glissa :
- Que diriez vous que nous vous initions à notre magie ?
Amphraël se rappela la courte séance qu’il avait eue avec les elfes, et opina vivement du chef.
Il s’incrusta dans le cercle formé par les autres villageois, à côté d’Hymlia. Cette dernière poussa un long hululement, qui résonna longuement dans la voûte des arbres et qui fit frémir Amphraël de la tête aux pieds. Lorsqu’enfin il se perdit et que le silence fut rétabli, un feu s’alluma dans un craquement au centre du cercle. Le savant observa ses nouveaux compagnons et pu voir qu’ils avaient tous les yeux fermés et se balançaient lentement d’avant en arrière. Alors il les imita, et sa conscience personnelle fut happée par celles des autres.
Il se réveilla, bien plus tard, allongé à même le sol. Il se rappela les sensations enivrantes qu’il avait ressentit la veille. Il avait retrouvé à peu de différences près les mêmes qu’avec les Elfes.
Il se leva, croisa des hommes qui vaquaient à leurs occupations et se rendit devant la case centrale du village.
Avant même qu’il ait pu y entrer, le rideau de perles fut repoussé et Hymlia sortit de la case. Elle tenait à la main une petite sphère de verre qui semblait contenir des volutes de fumée et de vapeur en perpétuel mouvement. Elle la tendit à Amphraël, qui s’en saisit et bredouilla rapidement son étonnement. Hymlia, sans se départir de son calme, lui repoussa la main vers le torse et dit :
- Voilà le but de ta quête. Prends-en soin et ne te laisse pas corrompre. Cet Artefact peut poursuivre ses propres intérêts, tu deviendrais alors son esclave plutôt que le contraire. Il a ses propres buts. Utilise-le au maximum… Maintenant va ! Ne te retourne pas !
Sans avoir le temps de réagir, on lui fit tourner le dos à la Sorcière et des hommes le poussèrent tout le long du village, jusqu’à ce qu’il en soit exclu. Ignorant la recommandation d’Hymlia, il se retourna. Il n’y avait rien. Rien que la savane. A gauche, à droite, devant, derrière. Alors il se consacra à l’étude du Mirari.


CHAPITRE XIII

Oblic ferma les yeux. Il était debout devant le puits, et respirait profondément. Une voix l’avait averti le matin même que C’était le Jour. Le grand Jour. Il aurait aimé revoir le Capitaine une dernière fois, mais il se devait de protéger la Côterie des Slivoïdes, aussi il s’apprêtait à sauter.

Les Effaceurs avaient disparu. Affolé, Filp les cherchait partout. Finalement, il se rendit en ville. Depuis la terrasse du palais, il aperçut un étrange bâtiment qui dépassait des taudis, dont les contrastes se détachaient du reste, qu’il n’avait encore jamais vu. Intrigué, il décida de s’y rendre.

Le Capitaine Maloirt courait. Il s’était rendu tôt dans la matinée au palais, pour s’informer des dernières nouvelles, lorsqu’il avait ressentit un puissant étourdissement. Après qu’il se soit assis, une voix avait résonné dans sa tête. C’était le jour. Le grand jour. Et il avait entamé sa course pour revenir au repaire. Il devait absolument prévenir Oblic.

Amphraël arriva enfin au village Elfe. Un bourdonnement l’entourait, tous parlaient en même temps, mais la prêtresse sur imposer sa voix. C’est le Jour. Elle prit la parole :
-Transporte toi là bas, au centre de la ville, dans le nouveau bâtiment.
Le Mirari brilla, et, sans même savoir ce qui se passait, le savant disparut dans une minuscule tornade d’étincelles blanches.

Les Slivoïdes rampaient partout dans la ville, se faufilant dans les ruelles, tuant, tuant, tuant. Telle de la vermine, ils recouvraient tout ce qui se dressaient sur leur chemin, avant de n’abandonner qu’un squelette de bois ou d’os. Ils se dirigeaient vers le bâtiment qui était apparu à leur vision quelques minutes plus tôt seulement, menés par une volonté communautaire impérieuse.

Oblic sauta.
Exactement au même instant, une forme surgit d’une fenêtre qui se brisa, et bondit au-dessus du puits, attrapant au vol le corps d’Oblic. Ce dernier, les yeux écarquillés, contempla Filp, qui le maintenait fermement. Mais il n’eut pas le temps de réagir avant que son ancien ami ne lui enfonce au plus profond du cœur une dague effilée. Le sang coula aussitôt, imprégnant les vêtements.
Un long hurlement s’échappa du toit. Une flèche partit et s’enfonça à la base de la tête de Filp, qui s’écroula sur Oblic, et leur sang se mêla, comme lors du rituel que le serviteur avait proposé à son maître. Le Capitaine sauta à terre, et courut constater la mort de l’Elu. Tout était perdu.
Juste à côté de lui, la poussière commença alors à s’élever lentement, et un homme se matérialisa peu à peu. Son être irradiait d’une puissance extraordinaire ! Et en particulier une sphère aux mystérieux reflets qu’il tenait serrée entre ses deux mains. Un éclair traversa l’esprit du Capitaine. Le Mirari.
Une volée d’acide fit fondre le dos d’Amphraël, et ses viscères jaillirent par le dos. Il s’effondra sur Maloirt. Ce dernier, lucide, se saisit de l’Artefact et sauta vers le puit afin d’unir les deux objets magiques. Le dos en sang, il s’écroula avant d’avoir pu viser. Le Mirari volait en l’air, incontrôlé.


Les Elfes, qui observaient depuis leur forêt la ville sombre, furent soudain renversés à terre par une vague magique d’une puissance terrifiante. Ils se relevèrent, et se baissèrent à temps pour éviter la seconde onde. Ce qu’ils virent les fit frémir. Le ciel était devenu entièrement noir au-dessus de la Côterie, et un amas de nuages formait des cercles concentriques. Alors, dessiné dans les cumulus, un visage apocalyptique se forma, émergeant de la masse comme on émerge de l’eau. La Côterie se mit à rougeoyer, plusieurs bâtiments s’embrasèrent brutalement. Enfin, le visage tomba sur la ville. Une explosion sembla se produire, et tout devint d’un blanc éclatant, avant que les teintes normales ne reprennent leur règne. Les Elfes s’approchèrent doucement pour observer le résultat.

Alors c'était comment ?

13 Louange(s) chantée(s) en coeur



57 points
badwah
Le 04/06/2008

Tout à fait d'accord mais ou se situe donc la fin la suite de cette épopée tragique et aux accents gargantuesques (pas mal hein de placer ce mot ici).

Vite je n'en puis plus de me languir.

Je suis désolé je ne peut pas mettre dix car il ya quelques fautes d'orthographe qui m'ont fait hurler.

Note : 9/10


26 points
lover
Le 11/05/2008

Dans ma grande curiosité j'ai lut les première phrase qui m'ont paru longue vue le reste du texte mais très vite je me suis mis dans le sujet... je trouve ca très bien merci (en route pour la partie I)

Note : 10/10


66666 points
Exterminateur
Le 04/03/2007

En fait les deux parties sont séparées juste parce que sinon ça faisait trop long, mais le tout est censé ne former qu'un seul bloc

Et la suite se trouve dans Slivoïdes II, hélas à l'abandon...


160 points
Metis the Darkmind
Le 13/09/2006

Très bonne suite tout juste moins réussie que Slivoïdes I (mais de toute façon les suites ne sont jamais une réussite).

Mais il y a quelque chose qui m'intrigue: j'ai relu a plusieurs reprises ce texte en espérant à chaque fois y trouver la fin, et maintenant tu affirmes que c'est fini ? Mais il reste encore beaucoup de parts d'ombre (trop à mon goût à vrai dire).
Et quel est le résultat qu'observent les Elfes à la fin ?

Note : 9/10


66666 points
Exterminateur
Le 10/09/2006

Merci à Ylloh pour avoir rajouté la fin qui manquait A présent l'histoire doit être complète ! Bonne lecture à tous ceux qui passent par ici.


66666 points
Exterminateur
Le 21/05/2006

Euh O_o

Mince, je croyais qu'il y avait la fin '_' La fin est écrite depuis trois ans, je ne sais pas pourquoi elle n'est pas là '_' Je vais en parler avec Ylloh x_x


1947 points
YYZ
Le 20/04/2006

Zut ! Cette histoire à plus de 3 ans et il n'y a toujours pas la suite, voire la fin.
Exterminateur, s'il te plait, écrit-nous la! Merci d'avance.

Note : 9/10


20 points
slivoide des cryptes
Le 29/01/2006

J'espere que t'aura le temps un jour d'écrire la suite car c'est passionnant et les slivoides sont super.
c'est du bon boulot continue comme ca.

Note : 10/10


371 points
bosh
Le 05/10/2004

pas mal du tout mais moins bien que la premiére partie, j'aurai bien aimé que tu parle des slivoïdes je les adooooooooooore mais c'est toujours super

Note : 9/10


66666 points
Exterminateur
Le 06/08/2004

Ta réponse est juste avant : manque de courage, de temps, de motivation, et puis j'ai d'autres projets aussi.


12 points
Whitecrocs
Le 30/07/2004

Le texte est bien mais part rapport au premier on a l'impression qu'il est baclé.Comme j'adore les slivoide je sui s dans l'obligation de te demandé pourkoi tu ne fait pas une suite???

Note : 8/10


66666 points
Exterminateur
Le 28/06/2004

J'avais commencé à écrire une suite (que je vous mettrais peut-être) mais j'avais laissé tomber. Y a juste un début donc je le mettrai dans ce même comment.


58 points
vedalkendu57
Le 28/06/2004

plus courte et moin passionante que la partie1 mais quand meme interessant a condition d avoir lu la premiere partie
ps:esqu'il y aura une suite?

Note : 8/10

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L'auteur

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—Yaugzebul

Proposé par Dark Mogwaï le 19/06/2012

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